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Le directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat, Khassoum Wone, a déclaré avoir décelé des trafics de papiers administratifs dans les dossiers fournis par certains fonctionnaires dont le salaire du mois de décembre n'a pas été viré en banque, suite à l’audit physique et biométrique des agents de l’Etat.
« Je soupçonne qu’il y ait un trafic de faux papiers. Je le confirme et je signale qu’il faudrait qu’on fasse attention parce que si un agent nous présente un papier qui n’est pas la certification réelle du chef de service, là il est dans du faux et usage de faux », a-t-il déclaré.
M. Wone s’exprimait lors d’un entretien avec des journalistes au troisième jour des travaux de réception par des commission des pièces justifiant le statut de 12.221 agents dont les salaires ont été mis en billettage après les deux premières phases de l’audit. Des milliers de fonctionnaires accourent depuis au siège de l'Adie, situé au Technopole, à l'entrée de la ville de Pikine, pour justifier leur statut pour y faire valoir leurs droits. « Des fois, nous avons des papiers administratifs originaux datés de 2006, mais quand nous les observons, nous sentons que ce sont des papiers tout neufs. C’est un cas que nous sommes en train de voir de plus en plus », a expliqué le directeur général de l'Adie.
« C’est pourquoi je tiens à attirer l’attention de tout le monde sur le délit de faux et usage de faux qui s’attache à ce genre d’attitudes », a-t-il signalé. Le rush constaté ce jour n'aurait pas lieu si les concernés avaient pris leurs dispositions à temps opportun, a estimé M. Wone. « Parce que ce sont 12.000 agents que nous n’avions pas vus lors des phases d’audit », a-t-il indiqué. « Je commence de plus en plus à soupçonner cette affaire de trafic de papiers », a-t-il réitéré, sans donner plus de détail, se contentant de « mettre en garde les fonctionnaires détenteurs de faux papiers sur les conséquences que de tels actes auront ».
Des fonctionnaires dénoncent le non paiement de leur salaire
Plusieurs fonctionnaires ont exprimé, hier, leur colère et leur incompréhension après avoir constaté le non virement de leur salaire du mois de décembre, à la suite de l’audit physique et biométrique des agents de l’Etat.
Les 12.221 agents dont les salaires ont été mis en billetage après les deux premières phases de l'audit avaient été invités à se rendre à compter de lundi dernier dans les sept commissions chargées de la réception des pièces justifiant leur statut pour y faire valoir leurs droits, avait annoncé récemment Nouhou Demba Diallo, Dg de la Fonction publique. Depuis, des milliers de fonctionnaires dont les salaires du mois de décembre n’ont pas été virés dans leurs banques respectives, mais qui estiment être en règle avec l’administration accourent au siège de l’Adie pour exprimer leur incompréhension au sujet de leur situation.
« Je suis allé à la banque et j’ai constaté qu’il n’y avait pas mon salaire. On m’apprend que je devrais me présenter à Dakar. Personnellement, j’ai été audité aux mois de décembre et de juillet et on m’a remis un quitus attestant que la procédure était régulière. Et voilà ! Malheureusement, je ne trouve pas de salaire », a lancé, dépité, Boubacar Camara, professeur d’anglais au lycée Alpha Molo Baldé de Kolda. Venu avec l’espoir d’être rétabli dans ce qu’il considère comme étant son droit pour ainsi pouvoir toucher son salaire, il a dénoncé les conditions dans lesquelles les agents concernés se sont aujourd’hui retrouvés dans cette situation. Et cela, à leur « grande surprise ».
« De Kolda à Dakar, en passant par Tambacounda, j’ai déboursé 14. 000 FCfa pour mon transport seulement, alors que je n’ai pas mon salaire. Imaginez les conditions dans lesquelles je suis, et il y a parmi nous des handicapés régulièrement audités », a-t-il fustigé. « Je suis soutien d’une famille qui m’attend actuellement. Est-ce qu’aujourd’hui, je peux dire à mon commerçant ou celui qui me loue que je n’ai pas perçu mon salaire et tant d’autres problèmes ? », s’est-il demandé, l’air désemparé.
Il a dénoncé « l’incapacité » de l’Adie qui a piloté l’audit, demandant aux autorités d’assumer « toutes les conséquences » que la mesure de suspension des salaires pourrait entraîner si ces agents régulièrement audités et pourtant détenteurs de toutes les justifications n’étaient pas remis dans leurs droits.
Une masse humaine au Technopôle
Situant le problème au niveau des autorités, il a demandé à ces dernières d’avouer « leur impuissance » et d’assumer « toutes les conséquences qui suivront ».
« C’est une masse humaine qui se retrouve-là aujourd’hui et plusieurs d’entre nous viennent des régions et ont été régulièrement audités et ont avec eux leur quitus. On veut retenir leur salaire. Au nom de quoi ? Imaginez le tort fait à ces agents et leur famille », a-t-il fulminé. Le chef du service régional du commerce de Thiès, Serigne Diaw, qui dit avoir capitalisé 25 ans de service, est lui aussi dans une situation similaire. Une situation qu’il impute à un disfonctionnement des équipes chargées de mener les opérations d’audit.
« Oui, on a un problème avec cet audit que nous ne comprenons pas, parce que j’ai obéi à toutes les opérations. Nous avons été audités et on nous a remis un quitus pour nous dire que tout s’est bien passé. Au deuxième passage de l’audit, je n’ai même pas été convoqué. Et voilà, je me retrouve comme agent irrégulier de la Fonction publique, alors que j’ai tous mes actes de service avec moi », a-t-il expliqué.
Il a déploré la manière dont les salaires des agents ont été coupés, indiquant qu’en ce qui le concerne, il a été déclaré en règle à la suite de l’audit. « On nous coupe nos salaires. C’est ce qui est déplorable pour un Etat qui marche. Ce que nous déplorons, c’est la manière dont les salaires ont été coupés. Avec un audit bien fait, dans lequel on vous livre un quitus pour vous dire que vous avez satisfait à toutes les exigences de l’audit, je ne vois vraiment pas, il devrait y avoir des problèmes », a-t-il supposé. « Des fonctionnaires, des patriotes qui ont sué eau et sang pour leur pays, qui méritent même des décorations, voilà, un beau jour, on se lève pour te dire que ton salaire est coupé. A la fin, vous pensez cela raisonnable. Non ! Nous ne pourrons le pardonner. Vous mesurez l’état dans lequel nous sommes », s’est-il emporté. Mor Tall Kane, professeur au lycée de Nianing, dans le département de Mbour, dit lui aussi ne pas comprendre le non paiement de son salaire de décembre, alors qu’il a été « bien audité ».
« Personnellement, j’ai été audité au lycée Demba Diop de Mbour. Il y a un problème, parce que j’ai bel et bien été audité et j’ai satisfait à toutes les formalités. Je pense que le vrai problème, c’est au niveau de l’Adie et je doute même de la compétence des équipes dépêchées pour faire ce travail », a-t-il indiqué.Expliquant les raisons pour lesquelles ces agents se sont retrouvés dans cette situation, le directeur général de l’Adie, Khassoum Wone, déclare : « A la fin de la première phase de l’audit, nous avons pris toutes les données. Nous avons appelé les directeurs des ressources humaines et les Dage (Directeurs de l’administration générale et de l'équipement) des différents ministères pour qu’ils revérifient les résultats qui n’ont pas pu identifier certains agents et nous avons décidé de mettre ces agents au panier jaune ou panier rouge, selon le cas. »
« C’est cela qui explique que certaines personnes sont détentrices de ticket et se retrouvent aujourd’hui dans le panier jaune », a-t-il précisé.
« Il y a un cas qui concerne 169 agents pour lesquels il y a juste des derniers réglages qui sont en train d’être faits aujourd’hui au niveau de la Commission nationale de traitement des contentieux et de la solde. Ces agents, aujourd’hui ou demain, percevront leur salaire », a-t-il assuré.
498 agents obtiennent un ticket justificatif
Au total 498 fonctionnaires, sur 12.221 agents de l’Etat dont les salaires de décembre n’ont pas été virés, détiennent des tickets justifiant leur statut, a assuré jeudi le directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie), Khassoum Wone.
« J’ai entendu des gens dire qu’ils ont des tickets et que leur salaire de ce mois n’a pas été viré. Je voudrais préciser que les 12.221 agents concernés sont des personnes qu’on n’avait pas vues lors des différentes phases de l’audit physique et biométrique. Ceux qui sont dans le panier jaune, seules 498 personnes ont des tickets », a-t-il indiqué.
M. Wone s’exprimait lors d’un entretien avec des journalistes au troisième jour des travaux de réception par des commissions des pièces justifiant leur statut de 12.221 agents de l'Etat, dont les salaires ont été mis en billettage après les deux premières phases de l’audit physique et biométrique des fonctionnaires.
Selon le Dg de l’Adie, il y avait un cas qui concernait 169 agents pour lesquels il y a juste des derniers réglages qui sont en train d’être faits au niveau de la Commission nationale de traitement des contentieux et de la solde. Il a promis que ces agents allaient être payés « aujourd’hui où demain » (Ndlr : hier).
« A partir d’aujourd’hui, il y a un guichet unique de paiement installé au niveau Centre du Trésor au Cerf-volant, à la Zone B. Aujourd’hui, si un agent passe à la Commission qui l’a enquêté, il peut se rendre à la Solde qui lui remettra un bon à payer pour ensuite aller prendre automatiquement son salaire au niveau dudit centre », a assuré M. Wone.
« J’en appelle à la sérénité et au calme parce que je comprends que le salaire c’est quelque chose de sensible (…). Lorsqu’on coupe le salaire, il y a des inquiétudes qui naissent, mais ces agents ne devraient pas être là parce que ce sont des personnes que nous avons appelées à plusieurs reprises pour faire l’audit, elles ne sont jamais venues », a-t-il signalé.
(APS)