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Jeu, Nov

Résultats CNRI: entre Macky Sall et le peuple Sénégalais qui doit choisir ce qu'il faut prendre?

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DENIS NDOUR

Il est inadmissible qu' à chaque fois que des réflexions se fassent pour une meilleure orientation des politiques publiques, nos gouvernants s'arrangent toujours pour mettre les résultats dans des tiroirs. Par conséquent nous assistons à une perte de temps, d'énergie et de l'argent du contribuable Sénégalais d'une part et d'autre part c'est une tricherie de nos gouvernants envers les bailleurs de fonds car les séminaires, les fora et ateliers qui sont organisés, produisent des documents qui finissent toujours par dormir dans les tiroirs de l'Etat. Nous pouvons citer plusieurs exemples:

- Les Etats généraux de l´éducation

- Le Forum mondial sur l'éducation tenu à Dakar sous Wade

- Les différents Rapports du DSRP(Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté)

- Le Rapport général et la charte de bonne gouvernance des ASSISES NATIONALES

- Et si le peuple ne reste pas vigilant, le Rapport de la CNRI et le projet de Nouvelle Constitution vont subir le même sort.

J'ai vraiment honte quand des proMacky(ministres,deputés,conseillers...etc) s'acharnent contre le Président Amadou Makhtar Mbow, qui malgré son âge;continue de servir bénévolement son pays. C'est à la fois irrespectueux et un manque de reconnaissance que de pietiner le fruit du travail de son équipe tout en l'attaquant au lieu d'analyser objectivement les résultats de la CNRI ou encore de réflechir sur les motivations du Président Macky Sall qui lui a confié cette mission de réformes des institutions. Et ce qui est bizarre, on l'accuse d'avoir outrepasser sa mission, pour avoir mener des réflexions profondes pour des institutions fortes.

Par rapport aux résultats de la CNRI, en réalite même si , comme le disent les détracteurs du Président Mbow " ils vont choisir ce qui les intéressent et jeter le reste à la poubelle" (Moustapha Cisse Lô dixit), à mon avis cela n'est pas de leur prérogatives, il revient au peuple de disséquer le contenu de ce rapport (CNRI) et de prendre légitimement ( par référendum) ce qui correspond le plus à ses aspirations, face aux réalités du pays, à la globalisation et à ce qui peut impacter son développement.

 

Par ailleurs, pour en revenir aux polémiques sur certains points relatifs aux résultats de la CNRI, essayons d'en analyser objectivement quelques uns:

- Le Non cumul Chef de Parti et Chef d'Etat: une telle disposition est pertinente et réaliste car une fois élu, le président ne peut plus se dévouer à son organisation ou parti ( adieux aux réunions et meetings politiques au palais ou des célébrations d’anniversaires...etc) mais il va plutôt se consacrer à tout le peuple sénégalais sans distinction de partis,de statut social,d'éthnie ou de religions puisqu'il est le Président de tous les sénégalais.

-La pertinence d'une nouvelle constitution: Comment justifier le fait que parmi tous les constitutionalistes sénégalais, seul le Pr.Ismaila M.Fall ( auteur de l'acte 3 de la décentralisation fortement contesté par bon nombre de Sénégalais), par ailleurs conseiller de Macky Sall, défende l'idée qu'une nouvelle constitution est inopportune? Ce n'est ni lui, ni même le Président de la République qui doit décider de ce choix mais plutôt le peuple Sénégalais dans toute sa souveraineté. Que faisons-nous du slogan "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" dont se réclame notre République?

Si le Pr.Ismaila.M.FALL est convaincu que le Président à travers le decret de création de la CNRI ne voulait que d'une simple une révision et non d'une refondation pourquoi ne lui a t-il pas conseillé  de confier un tel travail à l'Assemblee Nationale? Pourquoi attendre maintenant pour le souligner je trouve cela intellectuellement malhonnête car si la remarque était faite avant, cela pouvait faire épargner l'argent des Sénégalais utilisé par la CNRI. Le Pr.Ismaila.M.FALL se contredit également quand il préfere défendre une constitution de 2001 qui n'est qu'une copie collée de la constitution française taillée à la mesure du Président Wade au détriment d'une nouvelle constitution qui a pour soubassement nos valeurs sociales et culturelles et qui tienne compte des dérives politiques de ces dernières décennies décriées autant par nos hommes politiques que par les citoyens. Ou encore brandir des arguments fallacieux du genre " notre pays n'est pas en guerre pour faire des réformes institutionnelles profondes".En effet nous n'avons pas besoin d'être un pays en guerre pour mener des réformes tant approfondies et attendues par le peuple.

Encore une fois, le désir de changement exprimé par le peuple sénégalais depuis 2000, ne peut voir le jour sans des ruptures profondes. Mais pour que cela puisse avoir lieu il faudrait du courage et des sacrifices venant aussi bien des citoyens que de nos gouvernants.

Et comme dit l'anglais"every journey towards something is a journey away from something" autrement dit on ne peut pas faire bouger ce pays si nous ne voulons pas nous séparer des mauvaises habitudes en matière de gouvernance. Sachons le, cela ne peut se faire qu'à travers des institutions fortes avec une constitution blindée contre les tripatouillages et pouvant assurer une stabilité du pays pour plusieurs années.

- Les Résultats de la CNRI, un reflet de Yonu yokuté ou des Assises nationales: c'est un faut débat car quand d'aucuns disaient à l'époque qu'il fallait appliquer les conclusions des Assises d'autres disaient non car Macky a été élu sur la base de son Yonnu Yokuté. Mais nous en sommes tous témoins le Président lui même a reconnu il n'y a pas longtemps les limites de son Yonnu Yokuté pour se réorienter vers un nouveau programme "Sénégal émergeant" afin d'accelerer la cadence du gouvernement.

- Le Non cumul du mandat deputé maire: Evidemment ceux qui se préoccupent le plus à se servir du peuple au lieu de le servir, détestent une telle disposition, mais nous savons tous que c'est de l'incohérence que de trouver un maire qui remplit son rôle de deputé à Dakar au détriment de sa fonction de Maire dans une des régions du pays par une gestion à distance.

- Je trouve que c'est un faux débat que de s'attarder sur l' âge limite du Président(35-70ans) il faut être raisonnable s’il y a des vieux de plus de 70 ans aspirant à diriger le pays pourquoi pas un jeune de 25 ans? D'ailleurs on peut bien servir son peuple et son pays sans devenir forcement Président de la République, l'exemple du Pr. Mbow est là parmi tant d'autres citoyens comme lui même s'ils ne sont pas connus...

- Les Réformes sur les partis politiques: Le congré annuel devient obligatoire ( renouvellement des Responsables de partis), et la transparence sur la comptabilité des financements du Parti( audit ou inspection) idem.Voilà une disposition qui enfin nous permettra de voir un renouvellement de la classe politique sénégalaise et la disparition des partis politiques fantômes qui n'ont même pas un siège social fixe.

- L'équilibre des 3 pouvoirs( executif,legislatif et judiciaire): Il ne s'agit nullement comme le disent certains, d'un affaiblissement du pouvoir executif avec un Président sans pouvoir mais plutôt un président qui n'empiète plus sur les deux autres pouvoirs d'une part et d'autre part un peuple qui a les moyens de contrôler le travail du Président pour empecher les dérives et les abus connus dans le passé.Désormais le peuple peut utiliser la pétition comme moyen légal pour exprimer au Président son mécontentement ou son désaccord par rapport à une décision qui ne reflète pas son  aspiration.

- La déclaration de patrimoine et d'intérêts: (Président,PM,Ministres,Maires,Magistrat,membres du bureau de l 'Assemblée Nationale;PCA...) à la cour constitutionnelle qui en confirme l'exactitude et en fait de même en fin de mandat.Ceci nous permettra enfin de parler moins des biens mal acquis et de détournements de deniers publics afin de de se focaliser sur le travail.

 

Cependant au delà de ces polémiques, il faudrait quand même souligner que certaines réformes ne reflètent que les aspirations du peuple et mieux, salutaires pour un Sénégal émergeant gouvernerné avec équité et transparence; pour cela nous pouvons citer les dix dispositions suivantes proposées par la CNRI:

1. La création de la cour constitutionnelle: de par sa composition et de par la nomination de ses membres elle est totalement différente d'un conseil constitutionnel qui il faut le dire a toujours été à la merci du Président de la République.

2. La rupture entre le ministère de la justice et le parquet: Une mesure salutaire dans le renforcement de l'indépendance de la justice. On se rappelle bien quand le Président disait à un guide religieux "je vais demander au ministre de la justice de ne pas l'interpeller" en parlant d'un des leader politique de l 'opposition.

3. Le Président ne peut plus avoir plus de deux mandats consécutifs: ( désormais plus personne ne pourra s'éterniser au pouvoir en tripatouillant la constitution ou en manipulant le conseil constitutionnel pour un extra mandat de forcing)

4. Non à la transhumance parlementaire voire politique:( C'est trop facile de changer de camp pour des intérêts personnels au détriment de la volonté de ceux qui t'ont élu; par ailleurs les mêmes personnes nous gouvernent depuis 50 ans et ceci n'est pas normal.)

5. Le renforcement de la cour des Comptes: comme institution superieure de contrôle des finances publiques: combien de détournement de deniers publics sont opérés chaque année à cause d'un système de contrôle non fiable...)

6. Le renforcement de l'Inspection general d'Etat: pour qu'elle soit véritablement une institution forte et indépendente et non sous le contrôle du palais.

7. Sur les libertés et droits des citoyens: desormais les personnes en garde à vue seront assistés par un avocat, auront le droit au silence, et droit à un examen médical.

8. Les membres du conseil économique, social et environnemental: ils vont désormais élire démocratiquement leur Président au lieu qu'il soit désigné par le Président de la République sur des bases de récompenses ou de deals politiques.

9. La suppression de l'article 80: utilisé le plus souvent à des fins politiques pour anéantir un adversaire politique ou un quelconque contre pouvoir( Societé civile ou presse).

10. La limitation du nombre de ministres à 25: Si un pays de 52 ETATS peut être gouverné avec moins de 20 ministres; alors pour un petit pays comme le Sénégal 25 ministres est un nombre raisonnable pour éviter des ministères inutiles et pour se débarasser du nombre plétorique de ministres conseillers qui n'ont ni ministère ni cabinet et pourtant Ils benificient des mêmes avantages que les autres ministres. Qui peut nous dire aujourd'hui le nombre officiel de ministres conseillers de Macky Sall?

 

Le Sénégal n'est pas certes l'Europe ou les Etats Unis pour se comparer à ces pays sur le plan institutionnel mais quand même après 50 ans d'indépendence, le Sénégal mérite d'avoir un sytème de gouvernance fiable transparent et démocratique avec une République qui garantit les mêmes droits à tous les citoyens. La vraie question qu'il faut se poser, est la suivante: Macky Sall avait -il l'intention de réformer nos institutions ou plutôt de museler les Assises Nationales et jouer au dilatoire?

A mon avis il faudrait instaurer un débat national sain sur toutes les propositions de la CNRI avec le projet de constitution disponible dans les différentes langues nationales pendant un temps déterminé puis demander au peuple à travers un référemdum de les accepter ou de les rejeter.

Je trouve abérant que le Président Macky Sall prenne l'initiative de dégager un budget de 700 millions de francs CFA ( à vérifier quand le rapport financier de la CNRI sera publié) de l'argent du contribuable sénégalais pour des réflexions pour ensuite les jeter à la poubelle parce que telle ou telle disposition ne l'arrange pas ou ne profitent pas à ses partisans.

Par conséquent cela signifie tout simplement que les gens actuels du pouvoir prétendent nous gouverner sans nous rendre compte mais aussi ils ont l'intention de s'éterniser au pouvoir afin de préserver des avantages et des privilèges. Si non comment comprendre ces proMacky qui veulent que ces changements se fassent après eux parce que disent-ils le contexte politique n'est pas encore propice pour de telles réformes? Ou le Président Macky Sall lui même qui dit qu'il va prendre son temps avant de se décider à propos du rapport de la CNRI, histoire de jouer encore au dilatoire. Qui trompent-ils? Restons vigilants chers citoyens, ceux qui nous gouvernent travaillent pour nous par conséquent ils ne devraient pas agir à notre place sans notre approbation.

 

DENIS NDOUR

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