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Le retour de l’ancien Président Abdoulaye Wade a tiré l’échiquier de la torpeur dans laquelle la vie politique s’était, jusque-là, assoupie. Autrement dit, c’est la fin de la nonchalance douce et reposante pour son successeur Macky Sall. C’est aussi le temps du réveil ou l’aube d’une fébrilité provoquée par un ouragan ambulant – Abdoulaye Wade – qui passe, repasse et papillonne. Un grand magicien des foules qui asticote rudement les nerfs des principaux responsables de la mouvance présidentielle.
Du coup, un vrai casse-tête se dévoile inexorablement : comment endiguer un ouragan sans abîmer les digues du système démocratique ? Une coupe anatomique du retour tumultueux s’impose ; car elle permet précisément de fouiller les entrailles de l’évènement. Toute lecture biaisée ou parcellaire enfantera une réponse inappropriée. Tout comme la paresse cérébrale et l’indigence politique des gouvernants provoqueront le très facile culte du muscle. Or, il s’agit de contrer une force politique (la famille libérale et ses appendices) par le déploiement d’une force supérieure en qualité et en crédibilité. Un boulot dur et exaltant (en démocratie) qui incombe à l’APR. Et non à la Gendarmerie. Voilà une évidence sur laquelle certains conseillers du Palais inclinent fâcheusement à mettre une croix.
C’est donc le moment de rappeler que la Gendarmerie est nationale et non partisane. Par conséquent, l’endiguement de l’ébullition sociale et la dissipation de l’effervescence politique ne sont pas de son ressort. En clair, la Gendarmerie ne saurait se substituer à l’APR qui nie avec véhémence, toute érosion de la popularité de Macky Sall. Si les 65% du chef de l’Etat sont intacts voire bonifiés, ils doivent pouvoir – au propre comme au figuré – neutraliser et ligoter les misérables et minoritaires 35% supposés intacts de Me Wade.
Dans cette conjoncture survoltée, le regain de lucidité reste l’unique planche de salut pour le pays. A cet égard, les hommes et les femmes qui ont le grand honneur et le redoutable privilège de gouverner le Sénégal d’aujourd’hui, doivent connaitre le passé et le présent des leviers (les forces de défense et de sécurité) qu’ils actionnent dans un environnement largement modifié aux deux échelles : nationale et internationale.
Au plan national, les gendarmes actuels n’ont rien à voir avec les garde-cercles des années 50-60. Ce sont de brillants bacheliers et d’éminents universitaires en uniforme. Certains Colonels et Généraux de ce corps hybride (situé au carrefour du militaire et du judiciaire) peuvent tomber la tenue puis enfiler la toge et se projeter dans les amphithéâtres. Par ailleurs, les OPEX (opérations extérieures sous la bannière de l’ONU) ont mis la Gendarmerie sénégalaise au contact fécond du monde en pleine mutation dans lequel le wagon de la CPI circule de gare en gare (Abidjan, Bangui, Belgrade, Kisangani etc.) pour embarquer les criminels civils comme militaires. En un mot comme en mille, la Gendarmerie n’est ni une Séléka ni une milice anti-balakas.
C’est l’attachement à la légalité qui fonde sa subordination à l’autorité politique qui, elle, est légitime. Une légitimité octroyée par le peuple souverain au nom duquel la loi est votée et appliquée. Comme quoi, le peuple est le parfait bouclier d’un Président démocratiquement élu comme Macky Sall. C’est pourquoi le Président de la république doit se convaincre que ceux qui pèsent sont plus précieux, autour de lui et dans le gouvernement, que ceux qui courtisent.
La politique, ce n’est ni le copinage ni la complaisance. C’est l’efficacité. Léopold Sédar Senghor (Professeur agrégé) s’est longtemps appuyé sur le quasi-analphabète Ousmane Ngom à Thiès ; et sur le commerçant (faiblement diplômé) Théophile James à Gossas. Pas étonnant alors qu’au summum de la contestation de mai 68, les paysans se soient massivement déplacés vers Dakar pour servir de boucliers à leur bien-aimé Président Senghor pourtant constitutionnellement chef suprême des armées qui ont effectivement obéi aux ordres, tout en se gardant de massacrer les étudiants et les syndicalistes.
Les faucons du Palais – les plus virulents contre Wade – « ont combien de divisions », pour paraphraser Staline ? Une Aminata Angélique Manga qui mouille le corsage à Ziguinchor est plus utile qu’une horde de conseillers (plus intrigants que stratèges) qui polluent l’espace présidentiel.
(Par Babacar Justin Ndiaye)
SOURCE/ http://www.dakaractu.com/La-Gendarmerie-n-est-ni-une-Seleka-ni-une-milice-anti-balakas_a65252.html