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Leur orientation sexuelle ne fait pas d’eux des personnes à part. Les hommes et femmes qui se sont exprimés le samedi dernier, à l’occasion de la journée de lutte contre l’homophobie, souhaiteraient que tout le monde au Sénégal les regarde comme ils se voient : comme des citoyens qui peuvent à leur manière, participer au développement de leur pays.
S’agissant du traitement de l’homosexualité, le Sénégal est très loin d’avoir atteint le niveau des pays comme l’Ouganda, même si Macky Sall s’est permis de dire à Barack Obama qu’il ne pouvait espérer une quelconque dépénalisation de la part de son gouvernement oubliant exprès que l’homosexualité n’est pas un délit dans le Code pénal du Sénégal. La célébration de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie a donné à certains l’occasion de voir que cette question, qui touche au respect des droits humains, a un impact bien profond dans la société.
Ils étaient une cinquantaine ce samedi. Réunis dans la quiétude de ce jardin d’une représentation diplomatique occidentale à Dakar, où ils se sentaient en sécurité et plus à l’aise pour s’exprimer. Car ces hommes et femmes, dont l’âge moyen se situe dans la trentaine, bien que tranquilles en apparence, en ont gros sur le cœur. Leur caractéristique ? Une orientation sexuelle qui les met en marge de la société sénégalaise. Ils se revendiquent tous comme gays ou lesbiennes, et assument avec plus ou moins de bonheur, leur état.
Plus ou moins, car tous parmi eux n’ont pas fait leur coming out, à savoir, révélé à leur entourage, leur penchant sexuel. Et ce 17 mai, Journée internationale de lutte contre l’homophobie, a été pour ceux présents, d’expliquer pourquoi. Et les récits sont poignants, et révèlent un fort déchirement.
Rejet ou alignement
Ceux d’entre eux qui ont été mis à jour sans préparation, presque malgré eux, comme certaines des filles interpellées dans le restau-bar Piano-Piano, ont tout perdu à la suite de cette affaire. Bien que blanchies par la Justice, la majorité se sont vues rejetées par leur entourage et leur famille, n’ayant plus comme ressource et possibilité d’existence, que la solidarité de certains d’entre eux. Ce qui renforce la conviction de ceux qui ne veulent même pas donner prise au soupçon. C’est ainsi que des hommes, sans se sentir nécessairement bisexuels, se sentent contraints de prendre femme, pour pouvoir donner le change et satisfaire leur famille.
La famille est, semble-t-il, un élément important de ces hommes et femmes. Aucun d’entre eux ne déclare souhaiter se voir couper des siens, des préoccupations tout à fait ordinaires. Et l’un d’eux explique que cela est assez facile, pour une personne qui se soumet aux préceptes de la religion (musulmane, pour la majorité de la population sénégalaise) et fait montre d’obéissance envers ses père et mère. «Quand tu gagnes bien ta vie, tu as un métier, tu te comportes poliment, tu ne t’affiches pas par des tenues extravagantes, personne ne viendra te manquer de respect, sous prétexte que tu es un ou une homosexuel(le)», conclura l’orateur.
Néanmoins, tout le monde ne sera pas d’accord avec cette assertion. L’un d’eux fera remarquer que l’on peut s’habiller de manière extravagante sans que cela ne soit le signe d’une quelconque orientation sexuelle. «Et si quelqu’un ose s’en prendre à moi parce que je porte ce qui me plaît, je réplique du tic au tac. Je ne suis pas disposé à me laisser faire sur ce point !» D’autant plus que les couleuvres que les gays et lesbiennes sont obligés d’avaler dans ce pays sont déjà grosses.
Désignant le drapeau arc-en-ciel, devenu la bannière du mouvement gay de par le monde, nombre d’entre eux indiquent que nul parmi eux ne serait assez téméraire pour l’étaler devant ses murs, s’il ne souhaite pas se faire agresser. Et d’autres expliquent qu’il suffirait qu’un logeur soupçonne un locataire d’homosexualité, pour chercher à le déloger, même si ce dernier s’acquitte normalement de ses devoirs, par ailleurs. Et que dire du traitement spécial qui leur est réservé dans les lieux de détention ? L’isolement imposé par les matons, les brimades et les insultes, juste pour souligner que l’on n’est pas «comme les autres», et que l’on ne devrait pas réclamer les mêmes droits…
A la fin, comme pour synthétiser, l’un des intervenants a demandé plus de cohésion, pour permettre aux associations des gays et lesbiennes, dites couramment Lgbt (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels), de pouvoir revendiquer avec plus de force les droits auxquels ils aspirent. «Non pas pour faire la promotion de l’homosexualité, mais pour revendiquer nos droits», souligne l’un d’eux. Pour le moment, il y a environ une centaine d’associations censées évoluer dans la protection des droits des personnes homosexuelles.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.SOURCE:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/31252-marginalite-journ%C3%A9e-de-lutte-contre-l%E2%80%99homophobie-%C3%A0-dakar--certains-veulent-juste-%C3%AAtre-ordinaires
MARGINALITÉ - Journée de lutte contre l’homophobie à Dakar : Certains veulent juste être ordinaires
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