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Première en Afrique francophone lors du classement Shanghai 2012, L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) a toujours eu bonne presse. Mais, derrière cette suprématie sous-régionale, se cache un ensemble de maux qui freinent son rayonnement. Aujourd'hui, la massification des effectifs avec comme corollaire un manque notoire de professeurs, et l'incompréhension d'un système en l'occurrence le LMD, (Licence Master Doctorat) sont autant d'écueils qui plombent l'avenir de l'UCAD.
La massification est l’une des causes profondes de la léthargie actuelle de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD). Elle compte aujourd’hui plus de 80 000 étudiants. Ce nombre s’accroît chaque année avec l’afflux massif de nouveaux bacheliers. L’année dernière, ils étaient plus de 34 000 bacheliers. Ce chiffre atteindra environ 50 000 à la fin de l’année 2014, de l'avis de bon nombre d'universitaires.
Un réel problème pour l’Université Cheikh Anta Diop qui accueille plus de 92% des nouveaux bacheliersLes premiers signes de ce mal apparaissent en conséquence dans les enseignements, notamment avec des infrastructures ne pouvant contenir toute cette pléthore d’étudiants. La politique de la formation est complètement biaisée, selon l’assesseur de la Faculté des sciences juridiques et politiques, Mayatta Ndiaye Mbaye.
“Aujourd’hui, le ministère de l’Enseignement supérieur est intéressé par l’orientation pour tous. On reçoit des étudiants dans un cadre qui ne peut pas les accueillir tous. Ce qui aboutit à la faiblesse du degré d’encadrement”, se désole-t-il.
La Faculté de droit est une illustration parfaite de cette massification. Elle compte en effet plus de 14 000 étudiants, alors que les conditions d’études et d’évaluations ne tiennent pas compte de l’augmentation des effectifs. “Nous entrons dans le mois de mai et nous en sommes toujours à notre premier semestre de l’année universitaire 2013-2014. Nous venons de faire six semaines de cours”, renseigne l'assesseur Mbaye.
Ce retard s’explique, dit-il, par l’obligation d’évaluer tout le monde et dans toutes les matières. Et de poursuivre : “Si nous avons 14 000 étudiants pour en moyenne 8 à 10 matières par semestre, multiplié par deux sessions, vous voyez le nombre de copies que l’on corrige. Et cela veut dire qu’il faudra avoir beaucoup plus de temps ou avoir beaucoup plus de bras.”
1329 enseignants pour 80 000 étudiants
Aujourd’hui, l’UCAD bénéficie de 1329 enseignants pour plus de 80 000 étudiants. Un ratio qui inquiète le directeur de l’Enseignement et de la Réforme Abdou Karim Ndoye. “Les professeurs se surpassent. Ils font cours de 8 heures à 22 heures, et même les samedis et dimanches. Si on continue comme ça, on va perdre notre place de première université d’Afrique francophone”, soutient-il.
L’insuffisance dans l’encadrement des étudiants se ressent profondément à la Faculté des lettres et sciences humaines. Qui totalise à elle seule environ 31000 étudiants. En réalité, les effectifs ont augmenté de façon exponentielle, alors que le recrutement d’enseignants n’a pas suivi, souligne le médiateur de l’université.
Et cela se reflète dans l’encadrement, notamment des Masters, puisque seuls les professeurs de rang A (professeurs titulaires, maîtres de conférences et chargés d’enseignement) peuvent encadrer un étudiant en Master. Alors que les professeurs de rang A ne sont pas nombreux.
Encadrement Master : Un professeur pour 15 étudiants
Au département de géographie, par exemple, seuls seize enseignants remplissent les conditions pour encadrer les Masters. Pourtant, ce département reçoit aujourd’hui environ 600 demandes d’admission en Master. Et objectivement, ces 16 enseignants de rang A ne peuvent pas encadrer tous ces étudiants. D'où l’établissement de critères de sélection pour s'inscrire en Master.
Si certaines facultés hésitent ou tardent dans l’application de la mesure à l'inscription en Master, l’administration de la FLSH, elle, n’a pas attendu longtemps pour la mettre en œuvre. En tenant compte de la capacité d’accueil du département. Ainsi, il a été décidé de retenir d’office les étudiants ayant obtenu la licence sans jamais redoubler. Puis, ceux qui ont redoublé une fois viennent en deuxième position. Les étudiants ayant redoublé deux fois dans le cursus viennent en troisième position et enfin, même ceux qui ont redoublé trois fois et qui ont obtenu une fois la mention dans leur parcours de premier cycle ont été sélectionnés”, renseigne le directeur de la Réforme.
Et sur cette base, 249 étudiants ont été sélectionnés. Raison pour laquelle dans ce département, chaque professeur pourra encadrer quinze étudiants. Ce que les étudiants rejettent de façon systématique. Pourtant, à la direction de l’Enseignement et de la Réforme, on estime qu’il a été fait appel aux raisons sociales pour faire la sélection.
“Si on continue sur cette lancée, l’université va sombrer. Et ce ne sera plus la peine de vouloir la moderniser”, alerte-t-il.
Dans un document dénommé “La réforme pédagogique en quatre-vingts questions”, il est mentionné : “L’accès en première année de Master (M1) reste de droit pour tout étudiant titulaire d’une Licence dans une discipline compatible ou par validation d’acquis.”
Et Saliou Mboup, coordonnateur du collectif des étudiants réclamant le “Master pour tous”, de faire appel à ce texte pour faire valoir leurs droits. “Jusqu’à présent, il n’y a pas un texte juridique qui dit clairement que les étudiants titulaires d’une Licence vont passer en compétition pour être sélectionné”, croit savoir l’étudiant Mboup.
L’obligation de former les étudiants se limitent au premier cycle
Cependant, le directeur de l’Enseignement et de la Réforme estime qu’il n’y a pas de texte juridique qui, de façon expresse, parle de sélection, mais les règlements intérieurs des facultés peuvent le prévoir. Il s'y ajoute que sur la base de la déclaration de l’ONU sur le droit à l’éducation et la loi d’orientation du Sénégal de 1991, la seule obligation qu’a l’État pour la formation des étudiants, c’est le cycle fondamental, c'est-à-dire le premier cycle.
En plus, dit-il, le LMD, c’est un système avec trois parcours qui sont discontinus, on fait un parcours de licence et à certaines conditions. Il y a aussi le parcours de Master qui doit aboutir au doctorat. Dès lors, poursuit-il, “nous ne céderons pas face à ces étudiants. D'ailleurs, ce ne sont plus des étudiants”, martèle le directeur de l'Enseignement et de la Réforme.
Face au blocage des enseignements à la Faculté des lettres. Abdou Karim Ndoye renseigne qu’ils prendront les dispositions de sécurité nécessaires pour y remédier. “Si ces étudiants sont pris, on va les traduire soit en conseil de discipline pour des raisons purement académiques, soit on porte plainte pour le civil parce qu’ils n’ont plus le statut d’étudiants”, menace -t-il.
Par ailleurs, le médiateur de l’UCAD rappelle que la sélection a toujours eu lieu à la Faculté des lettres, mais on ne pouvait le sentir ou remarquer parce qu’ils n’étaient pas nombreux, les effectifs n’étaient pas assez importants. Avec le système LMD, on se trouve face à une masse qu’il faut gérer.
Dans les autres facultés, cette sélection a été reportée à des niveaux supérieurs. C’est pourquoi à la Faculté des sciences et techniques, de même qu’à la Faculté de droit, elle est déjà en vigueur à partir du Master 1. D'ailleurs, la Faculté des sciences juridiques et politiques prévoit la mise en vigueur de la sélection en Licence cette année.
Entre le marteau de la grève et l’enclume de l’administration
Mais pour le syndicat estudiantin, il ne peut y avoir de sélection parce qu’il n’y a pas de licence professionnelle. “A part l’appellation, rien n'a changé, car les enseignements généraux demeurent”, soutiennent en chœur les étudiants grévistes.
Et selon Léonard Nzalé, secrétaire général de la coordination des étudiants de la Fac de droit, il y a une incompréhension du système LMD aussi bien par l’administration, les professeurs que les étudiants. Et ce sont ces derniers qui en subissent chaque fois les conséquences. Car, poursuit-il, “le quantum horaire n’est jamais respecté et nous n'avons aucun moyen pour faire valoir notre droit. Nous sommes entre le marteau de la grève et l’enclume de l’administration”.
Pour le médiateur de l’université, on a souvent une mauvaise image des étudiants qu’on qualifie comme violents, qui ne savent que casser et détruire.
Et l'on oublie qu’il y a de la violence aussi du côté des enseignants. Même si c'est une autre forme de violence. Explications : il arrive que des enseignants perdent des copies et qu’à la place de la note, ils mettent zéro. Le plus grave, dit-il, quand l’étudiant vient pour des réclamations, le professeur ne l’écoute même pas. C’est ce qui explique parfois les réactions violentes des étudiants.
MARY TEUW NIANE, MINISTRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
“Les textes en vigueur seront appliqués”
Face à la crise qui secoue les universités sénégalaises, le ministre Mary teuw Niane est monté au créneau. et c'est pour dire à qui veut l'entendre que les textes issus des concertations sur l'enseignement supérieur seront appliqués.
Les étudiants demandent sa démission ou son limogeage mais le ministre de l'Enseignement supérieur n'en a cure. Ainsi, à travers un communiqué parvenu à EnQuête, Mary Teuw Niane y va derechef : “Il n'existe pas une règle selon laquelle tout étudiant ayant obtenu la Licence passe automatiquement en Master. Les autorités ne comptent en aucun cas céder à la pression des étudiants.”
Et la note du ministère de l'Enseignement supérieur de poursuivre : “En application des textes qui régissent le LMD, les facultés et UFR procèdent, sur la base de critères établis par les universités, à la sélection des étudiants devant être inscrits en Master.”
Quid des autres points revendicatifs? Le ministère de l'Enseignement supérieur rappelle, à travers son communiqué, que le protocole d'accord qui était signé entre les délégués des différentes universités et le ministère comporte quatre points à savoir : les droits d’inscriptions, les modalités de renouvellement des bourses, la police universitaire et le cas Ibrahima Diouf.
“Ils ont tous été respectés à la lettre”, précise, le texte. Car, explique le communiqué, même le “paiement des bourses des nouveaux bacheliers est effectif depuis le 22 mai, sauf pour l’UVS“.
En outre, pour le cas de l'Université virtuelle sénégalaise, “le paiement des bourses et la mise à la disposition des étudiants d’ordinateurs portables dans le cadre du projet du Gouvernement, “un étudiant, un ordinateur” sont prévus dans les prochains jours”, renseigne le communiqué du ministre.
"MASTER POUR TOUS" : LA MÈRE DES BATAILLES
Depuis deux jours, l’université Cheikh Anta Diop est à feu et à sang. Une vraie guérilla estudiantine s’est installée au campus, s’opposant ainsi aux forces de l’ordre. Les conséquences des dernières réformes de l’enseignement supérieur s’ajoutant aux problèmes du système LMD avec la réclamation du “Master pour tous” ont réveillé les démons à l’université.
Payement des bourses, “Master pour tous”..., un chapelet de revendications ayant abouti à une paralysie des enseignements à l’Université Cheikh Anta Diop depuis mercredi dernier. Un mouvement d’humeur d’un collectif d’étudiants réclamant l’admission en “Master” que le doyen de la faculté des Lettres qualifiait de “groupuscule” s’est intensifié, regroupant des étudiants de tout bord et de tout niveau.
“Je soutiens le “Master pour tous”, ce combat vaut même plus que celui des bourses”, affirme Ndoumou Touré, étudiant en deuxième année au département d’Anglais. Abattu par les lancers de pierres, étalé à même le sol, torse nu, il ajoute : “Je suis prêt à mourir. Je suis écœuré par le comportement des forces de l’ordre qui, depuis des jours, investissent les amphis et la faculté des Lettres.”
Même les étudiants sélectionnés sont descendus battre le macadam. Apollinaire Diatta, étudiant en Master 1 à la fac des Lettres et Sciences humaines explique : “C’est une injustice qu’on ne puisse pas sélectionner certains de mes camarades alors que ceux-ci ont obtenu leurs licences”. Le plus désolant, dit-il, c’est la violation des franchises universitaires par les forces de l'ordre.
Pourtant, c’est l’Assemblée de la faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH) qui avait permis aux forces de l’ordre d’investir les amphis et la faculté des Lettres. Elle s’était réunie le vendredi 16 mai, d’abord pour confirmer le maintien de la sélection pour le Master suivant les critères retenus par les chefs de départements et les responsables de la faculté. Mais également, pour demander la présence des forces de l’ordre pour la sécurité des enseignants, des personnels administratifs et techniques et des étudiants.
“C’est nous-mêmes qui avons demandé la présence des forces de l’ordre dans le campus pédagogique, car, nous ne pouvons pas assurer la sécurité au sein de cette faculté”, disait le doyen de la FLSH. Il en avait profité pour rappeler le décret qui autorise la sélection. Il s’agit, dit-il du décret 2013-875 du 20 juin 2012 abrogeant le décret 2102-1115 Chapitre 8. Dans l’alinéa dudit décret, il est mentionné que les modalités d’admission aux études sont arrêtées par les instances délibérantes des institutions d’enseignement supérieur.
La désolation consistant à croiser les GMI dans le hall des amphis et couloirs, revêtus de leurs armures et boucliers, a débouché sur de vives réactions. Pour l’étudiant en Master Apollinaire Diatta, tous les moyens d’expression pacifique ont été utilisés en vain. “Si l'on assiste aujourd’hui (NDLR: mercredi 21 mai) à ces scènes de violence, c'est parce que nous sommes dos contre le mur. Nous n’avons plus le choix”, conclut-il.
Les autorités elles, ne semblent pas lâcher du lest. Tout au contraire, les forces de l’ordre consolident leur état de siège obligeant ainsi les étudiants à plier bagages et à rentrer chez eux. L’université se vide de ses occupants habituels, laissant la place aux “intrus”. L’État quant à lui a durci le ton et menace de ses foudres les fauteurs de troubles. “Nous n'accepterons plus que des étudiants, sous quelque prétexte que ce soit, saccagent des édifices publics”, a averti le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo.
192 enseignants pour 29 000 étudiants à la FLSH
Au Département d’Anglais, le nombre d’étudiants ayant obtenu la licence sur une période comprise entre 3 ans et 4 ans est de 1 370 et 870 ont été sélectionnés pour s'inscrire en Master. Au Département de Sociologie, sur 75 étudiants 66 ont été sélectionnés alors qu'au Département d’Arabe, sur 70 étudiants licenciés, 56 ont été sélectionnés.
Cependant, au Département de Géographie sur 645 étudiants licenciés, 254 ont été autorisés à faire le Master. Sur 51 étudiants en Russe ayant réussi la licence, 46 ont été sélectionnés.
Il y a au total 192 enseignants tous départements confondus pour environ 29 000 étudiants, 61 professeurs et directeurs de recherche, 97 Maîtres-assitants et 34 assistants.
YANKHOBA SEYDI, COORDONNATEUR DU SAES
“Si une réforme produit de telles levées de boucliers, il faut...s’arrêter”
Le système LMD, c’est une reforme très bonne, mais elle coûte cher. Il faut des moyens. Aujourd’hui, on veut pousser le bouchon à un niveau où les conséquences peuvent être fâcheuses. Il y a trop deconvulsions dans l’enseignement supérieur. ça grogne de partout. Les étudiants, les enseignants, le personnel, sont tous sur le qui-vive.
Alors si une reforme produit autant de levées de boucliers, il ne faut pas s’entêter. Il faut s’arrêter, évaluer et revenir. Les gens ne sont pas contre la réforme, mais il faut au préalable être prêt sur tous les plans. Réunir tout ce que cela nécessite comme moyens, humains comme financiers. Il faut se donner les moyens de ses ambitions. Le SAES se soucie de tout cela.
Tous coupables !
La crise dans laquelle patauge le système universitaire sénégalais a des racines très profondes. Presque tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir se sont cantonnés dans des solutions superficielles et simplistes s’ils n’ont pas reculé face à la mobilisation des étudiants.
L'on ne peut évacuer la responsabilité des élites politiques dans l’instrumentalisation des luttes estudiantines. Sur ce registre, le régime d’Abdou Diouf s’est toujours distingué par sa propension à imputer à l’opposition (surtout à Abdoulaye Wade) la responsabilité de la généralisation de la violence dans le campus de l’UCAD. Les pouvoirs publics actuels semblent s’inscrire dans cette logique de diabolisation et de “bouc-émissairisation” au lieu d’admettre leur propre responsabilité dans la crise actuelle. Les étudiants ne sont pas non plus exempts de reproches dans le climat de terreur prévalant à Dakar, à Saint-Louis comme à Ziguinchor et dans la persistance de la crise universitaire.
Le niveau de violence observé autant de la part des étudiants que des forces policières n’est guère rassurant. Il devrait interpeller l’ensemble des acteurs du système universitaire, des autorités religieuses, de la société civile. Ces acteurs devraient davantage s’impliquer dans la restauration du dialogue et de la communication entre les étudiants et le gouvernement. Dans le passé, devant des situations de crise sociale, syndicale ou scolaire, des personnalités charismatiques et unanimement respectées comme Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh n’hésitaient pas à s’activer dans la médiation pour apaiser la tension (comme l’atteste sa fameuse expression “Nañu tappe xol yi”.
Qu’attendent aujourd’hui les pacificateurs et les médiateurs pour amener les organisations estudiantines et le gouvernement à rétablir les fils du dialogue ? Il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'aujourd'hui, rares sont les personnalités qui ont l’aura, la légitimité, le respect et la force de persuasion de Dabakh. Néanmoins, les figures religieuses (musulmanes comme chrétiennes) et coutumières ainsi que la société civile doivent assumer pleinement leur rôle dans l’éradication de la violence. Qui s’est incrustée durablement dans les campus.
Faute de quoi l’escalade de la violence risque de déboucher sur des conséquences désastreuses pour un système universitaire fortement ébranlé par l’ensemble des maux qui ont été diagnostiqués lors de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES). Ces goulots qui étranglent l'enseignement supérieur ont pour noms : faiblesse des budgets, effectifs pléthoriques, pénurie d’enseignants, infrastructures délabrées, violence endémique, nombreuses grèves cycliques, gaspillage des ressources publiques, taux d’échec élevés, ampleur du chômage post-diplôme, etc.
Parmi les recommandations formulées par la CNAES, deux mesures-phares continuent de cristalliser la colère des étudiants et de nourrir leur sentiment d’avoir été “floués” par un régime qu’ils disent avoir contribué à élire. Il s’agit de l’augmentation des frais d’inscription et de la remise en cause du principe de la “généralisation des bourses et des aides”. La hausse substantielle des frais de scolarité peut être assimilée à un choc traumatique pour les étudiants habitués pendant de longues années à un taux resté inchangé (4 900 F Cfa).
Elle a nourri, cette hausse, une vague de contestations et de violences au cours de l’année 2013 chez des étudiants qui ont tout tenté pour faire avorter l’application de cette mesure. Malgré l’ampleur de leur mobilisation, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a maintenu le cap. Mary Teuw Niane a finalement réussi là où ses devanciers à l'enseignement supérieur ont échoué. En effet, tous les gouvernements passés ont toujours nourri le projet de hausser les droits d’inscription sans jamais avoir eu le courage de passer aux actes.
Le gouvernement actuel aurait dû faire des efforts sur la question ultrasensible et prioritaire des bourses. En les payant régulièrement pour éviter toutes les perturbations enregistrées cette année et qui portent de lourdes menaces sur l’avenir du système universitaire sénégalais. L'autre revendication des étudiants qui a mis le feu aux poudres ces jours derniers, c'est celle relative “au Master pour tous”. Sur ce sujet, le gouvernement et le SAES ont accordé leurs violons pour dire que le “Master pour tous” n'est valable dans aucune université du monde. Quoi qu'il en soit, le futur est parsemé d’incertitudes. La possibilité d'une année invalide ou blanche devrait être intégrée aujourd’hui.
Avec la stabilité notée cette année dans le cycle secondaire pourtant habitué aux longues grèves des enseignants ou des élèves, que faire des 30 000 bacheliers qui risquent de frapper, l’année prochaine, aux portes des universités? Certes de nombreux efforts ont été faits dans la densification de la carte universitaire, mais ceux-ci sont dérisoires devant l’augmentation exponentielle de la population scolaire, effet direct d’une croissance démographique rapide et non maîtrisée. Tout compte fait, il urge de prendre le taureau par les cornes et de régler une bonne fois pour toutes la crise universitaire. Il y va de la survie de notre enseignement supérieur.
source:http://www.seneplus.com/article/l%E2%80%99ucad-dans-tous-ses-%C3%A9tats
l’Ucad dans tous ses états : massification des effectifs, système LMD....
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