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Sam, Nov

Brulot de Aziz Ndaw : Le deal entre Bécaye Diop et le Général Fall

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Le Général avait encore besoin du Colonel SY à la tête du CTGN pour gérer, avec le Ministre Bécaye DIOP, un dossier encore plus juteux. 
Il faut reconnaître que cette fois-ci, le Général n’était pas demandeur. Le Ministre lui-même avait monté un dossier pour virer des crédits des Armées vers la Gendarmerie, sur le Budget Consolidé d’Investissement, profitant de la faiblesse du CEMGA, à qui le Président avait annoncé son départ dans les mois à venir, et la complicité du Directeur des Affaires administratives et du Budget de cette époque. 


Devant le retard pris par les Armées pour consommer des crédits BCI, destinés à la réparation des navires militaires, le Ministre décida, sans consulter personne, de faire virer, en procédure d’extrême urgence, un milliard sept millions dans la Gendarmerie, pour renforcer la mobilité. Le Général, surpris par cette mesure, voulut lui opposer le plan de mobilité voulu par le Président, il crut même à une avance sur le programme SALEH, qui n’était pas budgétisé. 

L’intendant DAAEB, un ami commun, lui fit part de l’aubaine et lui expliqua que les Forces Armées risquaient de perdre ses crédits, du fait que les Armées n’étaient pas en mesure de les consommer sur le champ. Avec les élections, l’Etat voulait renforcer davantage les moyens de la Gendarmerie, en lui assurant une mobilité totale et exceptionnelle. La seule condition était que ces crédits devaient être géré directement par le Ministère, en accord avec la Gendarmerie. Je ne fus au courant de tout ce programme qu’en signant l’ordre de mission du Colonel SY, chef du CTGN, qui devait se rendre en urgence en Allemagne, pour commander des camions Mercedes. Il n’y eut aucune étude de l’Etat-major pour ces véhicules, le Général nous fit juste savoir un besoin de camions d’allègement, pour les Escadrons d’intervention et les Compagnies territoriales. 

Ce besoin n’était pas une priorité pour les services logistiques, le Colonel Lafoix nous donnait dans le cadre de la Coopération, vingt camions et vingt bus français qui devaient arriver incessamment. Le Général me rétorqua que ce programme ne coûtait rien à la Gendarmerie : le Ministère allait perdre les crédits et n’avait d’autre choix que de nous les octroyer pour acheter des véhicules. Ce marché de véhicules fut octroyé, de gré à gré à Thierno BA, un jeune, qui était ami du ministre Thierno squattait les bureaux du Ministère depuis belle lurelle à la disposition du ministre. Thierno fit le voyage d’Allemagne avec le Colonel SY. 

Effectivement, ils nous ramenèrent vingt camions Mercedes de seconde main, dont le coût tota l pouvait être estimé à 200 000 euros, à raison de 10 000 euros pièce. Ces camions, non révisés, vinrent augmenter le parc. Pour faire bien, Thierno réalisa dix pick-up Mitsubishi et cinq Toyota land-cruiser de commandement, petite gamme. 

Les 20 camions furent affectés à un escadron fictif de transport, comme les dix pick-up. Les cinq Toyota furent distribuées : un au domicile du Général, un chez le Ministre, un au Directeur de Cabinet, un remplaça mon Nissan Terrano 4X4 de Commandement, et le dernier fut donné au Chef d’Etat-major général qui venait juste d’être nommé, en qualité de cadeau de bienvenue. J’eus la chance de ne jamais bénéficier de ce véhicule. Le lendemain de la distribution, le Colonel Faty, officier de liaison FRONTEX, ramena pour la Gendarmerie, un 4X4 Nissan Pathfinger, des Pick-up et des « Quatters », comme appui espagnol au plan FRONTEX. 

La Police, les Armées et la Gendarmerie avaient reçu chacune, un bon lot de véhicules. Je choisis la Nissan Pathfinger et retournai au CTGN, la Toyota Land Cruiser que l’on m’avait affectée la veille. Le marché de Thierno BA était estimé à un milliard sept cents millions, les moyens que la Gendarmerie venait de percevoir de ce marché, pouvaient, de toute bonne foi, s’estimer entre trois et quatre cents millions. 

Le Trésor Public venait de perdre, par cette opération, un milliard trois cents millions, que les protagonistes du marché allaient se partager. Thierno fit la distribution et faillit même commettre l’erreur de me donner ma part. On dut lui dire que le Colonel NDAW n’était pas concerné, ce qui l’obligea à annuler le rendez-vous qu’il m’avait déjà fixé. Mon propre chauffeur fut témoin de ce partage. Le Colonel SY et Thierno, que je connaissais bien depuis mon séjour au Ministère, étaient arrivés ensemble, un matin, pour voir le Général dans une voiture banalisée. 

Ils sont montés voir le Général. Le chauffeur du Général est descendu prendre une mallette dans la voiture, comme si une telle action pouvait échapper aux autres chauffeurs. Je présidai une réunion quand Thierno voulut venir me voir : il m’appela sur mon portable, pour solliciter un rendez-vous urgent. Je ne pouvais arrêter ma réunion pour le recevoir, il me fixa rendez-vous à mon domicile, l’ après-midi, pour respecter le repos du mercredi. Il ne vint jamais et il ne reprit jamais contact. Mon chauffeur me rendit compte du choc des mallettes dans l’Etat-major, le Colonel TINE me confirma la distribution. 

Quelques mois après ces faits, juste après les élections de février 2007, le nouveau Chef d’Etat-Major Général, après l’audit des programmes majeurs des armées, découvrit le virement illégitime du budget de réparation des navires vers la Gendarmerie. Il profita de la réunion de répartition du BCI pour demander la réinscription des crédits, en insistant sur la nécessité vitale pour les Armées de réparer les quelques rares navires de la Marine Nationale. Sa démarche et son opiniâtreté décidèrent le Ministre à affecter les crédits inscrits pour la deuxième partie de la dette Gendarmerie au BCI des armées, pour la réparation des navires. 

La Gendarmerie, et moi en tête, refusera cette affectation et il y eut des correspondances acerbes et explicatives entre le Ministre et le Général. Ce dernier ne voulut rien entendre et l’Etat-major Gendarmerie lui donna assez d’arguments pour refuser la décision du Ministre. Le CEMGA mit tout son poids et ses services dans le retour des crédits volés aux Armées sans aucune raison pérenne. Il fit relever et sanctionner le Directeur des Affaires administratives et du Budget, qui était partie prenante du virement douteux, et obligea le Ministre à réaffecter ce qui a été pris. Le Ministre n’eut d’autre solution, pour éviter la confrontation, que d’accéder à la demande des Armées. 

Le Haut Commandant de la Gendarmerie ne l’entendit pas de cette oreille. Il mobilisa ses agents de la Présidence et sollicita, après avoir bien travaillé ses complices de la Présidence, l’arbitrage du Président de la République. Une fiche très explicative de l’Etat-major Gendarmerie, démontra les risques courus et les difficultés que la mesure aurait sur le programme de relance entamée dans la Gendarmerie. Le Président convoqua une réunion des trois parties, Ministère, Armées et Gendarmerie. Les Armées, par la voix du CEMGA, expliquèrent avoir perdu dans le budget 2006 la somme d’un milliard sept cent millions - budget inscrit au BCI pour la réparation des navires de la Marine. Ce budget, sans aucune raison apparente, avait été viré à la Gendarmerie pour des motifs erronés et inacceptables. Il était demandé la réinscription de ces crédits dans le budget 2007 pour réparer les navires. 

La Gendarmerie, par la voix de son patron, remercia le Président de la République de la relance de la Gendarmerie par deux mesures salutaires : le plan SALEH, pour la mobilité, et le paiement de la dette en deux tranches. Ce paiement allait être compromis par la décision d’affecter ces crédits à la marine, pour rembourser le virement non sollicité et non géré par la Gendarmerie. Le Ministre, seul, est responsable de la gestion des crédits virés. 

Le Président de la République demanda à Bécaye ce qu’il avait fait de ces crédits et pourquoi il avait mis fin, délibérément, à des programmes qu’il avait ordonnés, sans s’en référer à lui. Il l’engueula comme un poisson pourri, le menaça, devant les explications tordues et indignes de ce Ministre farfelu, incompétent et malhonnête. Bécaye expliqua au Président avoir gagné largement le Kolda pendant les élections présidentielles qui venaient de se passer, alors que le parti ne lui avait remis aucun sou.  

Il avait été obligé de recourir au Budget d’Investissement pour mobiliser ses militants. L’argent avait servi à élire le Président WADE, selon ses dires et devant tous les Généraux des Forces Armées. Le Président, sans autre forme de procès, décida de rembourser aux Armées, lui-même, les crédits nécessaires à la réfection des unités navales. La Gendarmerie pouvait conserver sa part, dédiée au paiement de ses dettes, et, enfin, interdiction formelle était faite au Ministre de toucher au budget des forces. 

Becaye sauva sa tête par cette interdiction. Becaye en voulut au Général Haut Commandant de la Gendarmerie qui avait tout fait et manigancé pour le faire renvoyer de son poste de Ministre des Forces Armées. Il suffoquait de rage, estimant n’avoir eu le salut que par la protection sans faille de ses marabouts. 

Il décida d’en finir avec le Général, Haut Commandant de la Gendarmerie, à qui il pouvait reprocher toute sorte de malversation. Bécaye mit tous ses amis et agents dans le combat contre le Général. Il rassembla pas mal de dossiers sales et d’accusation, qu’il fit établir dans un document avec la complicité effective du Colonel Loumbol SY, chef du CTGN. 

Ce dernier en profita pour régler quelques comptes avec des Officiers de l’Etat-major Gendarmerie, notamment TINE et moi. Bécaye n’osa pas entreprendre un combat frontal. Il fit remettre son dossier sous forme de document anonyme au petit- fils et garde de corps du Président de la République, Lamine FAYE.

source:http://www.dakaractu.com/Brulot-de-Aziz-Ndaw-Le-deal-entre-Becaye-Diop-et-le-General-Fall_a71486.html