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Va-t-on vers la décrispation, à plus ou moins court terme, des rapports tendus entre le pouvoir (Apr) et le plus grand parti de l’opposition (Pds) ? En tout cas, bien des signaux et autres gestes annonciateurs qui se sont déroulés, lors de la fête de l’Aid El Kébir, pourraient pousser à le croire. Même si du coté des états-majors politiques, les sons de cloche divergent dans l’appréciation des congratulations que se sont adressées Macky Sall et Me Wade tout comme de la rencontre entre le Pape du Sopi et Mahmoud Saleh, le ministre et directeur de Cabinet politique du président de la République.
En effet, le jour de la Tabaski, juste après la prière des «Deux Rakka» à la mosquée Massalikoul Djinaan, le Premier ministre Mahammad Dionne, en compagnie d’une forte délégation gouvernementale, a délivré un message de «respect et les vœux de santé du Chef de l’Etat, Macky Sall, à son prédécesseur Me Abdoulaye Wade».
L’ex-Président a lui aussi, selon le Premier ministre «promis de prier pour le Sénégal et pour le Président Macky Sall». Mieux, il a selon lui transmis ses «vœux de santé et de succès à son successeur, Macky Sall». Comme par hasard, dans la même journée, l’ancien président de la République du Sénégal reçoit à son domicile, à Fann, le ministre et directeur de Cabinet politique du Président Macky Sall, Mahmoud Saleh, souvent chargé par le chef de file de l’Apr de nouer contact et de tisser langue avec les anciens opposants à Macky Sall (n’est-ce pas lui qui a diligenté, il y a juste une semaine, le ralliement à l’Apr d’Abdou Fall, ancien ministre de la Santé de Me Wade et patron de l’initiative citoyenne Ande nawlé ?).
Selon les informations parues dans la presse nationale, les échanges entre Me Wade et Saleh ont tourné autour des enjeux du moment et des possibilités d’être ensemble. Autant de coïncidences constatées en une seul journée et qui militent en faveur d’un possible rapprochement, alors que les deux entités politiques (Apr et Pds) ne se sont pas rencontrées depuis l’alternance politique survenue en 2012.
Du côté des états-majors, le dégel envisagé des relations entre les deux partis politiques concernés suscitent des commentaires variés et les appréciations les plus divergentes. Pour certains responsables politiques, il semblerait ainsi qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Selon Moustapha Diakhaté, membre de l’Apr et non moins président du Groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (Bby) qui se prononçait sur les congratulations entre Macky et Me Wade, par Mahammad Dionne interposé, «c’est seulement deux musulmans qui se rencontrent dans une mosquée. Cela n’a rien de politique».
A l’en croire, rien ne se trame entre les deux hommes et «ça ne présage rien du tout». Moustapha Diakhaté a même tenu à préciser que le Premier ministre n’a pas été un quelquonque émissaire pour le Président Sall et que c’est le fruit du hasard.
Ces commentaires du patron des parlementaires de la majorité semblent trouver l’assentiment de son homologue Modou Diagne Fada, membre du Pds et président du groupe parlementaire du même parti. A en croire le dernier ministre de la Santé du régime libéral, «c’est tout à fait normal que deux autorités musulmanes, qui se rencontrent dans un lieu de prières à l’occasion de la Tabaski qui est un moment de pardon, s’échangent de tels propos. Je ne vois rien d’extraordinaire». Il n’empêche que les deux responsables politiques sont d’avis qu’il est anormal, dans une démocratie digne de ce nom, que le pouvoir et l’opposition ne puissent pas dialoguer pour l’intérêt du pays, depuis plus de deux ans. Et Modou Diagne Fada d’indiquer : «aujourd’hui si nos contributions, nos idées peuvent régler de manière très rapide certains problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés, on n’hésitera pas».
DE L’OMERTA AU JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS
A l’opposé de Moustapha Diakhaté et Modou Diagne Fada plus ou moins partisans de l’omerta dans cette esquisse de rapprochement Macky-Wade, le Directeur des structures de l’Apr Mbaye Ndiaye, non moins ministre d’Etat, s’est montré beaucoup plus explicite. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur sous le gouvernement Abdou Mbaye, « Le président Macky Sall n’a jamais cessé de lancer un appel à tous les Sénégalais en particulier à Me Wade », en vertu du devoir de compagnonnage historique qui lie Macky Sall à Me Wade.
Dans cette relation qui exige des conditions, dira toutefois Mbaye Ndiaye, il est hors de question de greffer les « dossiers judiciaires». Et le Directeur des structures de l’Apr d’avertir : «il y a des gens qui attisent le feu pour créer des situations en essayant d’impliquer le Président Sall dans un processus qui intéresse une institution de la République, c’est-à-dire la Justice».
Dans cette relation qui exige des conditions, dira toutefois Mbaye Ndiaye, il est hors de question de greffer les « dossiers judiciaires». Et le Directeur des structures de l’Apr d’avertir : «il y a des gens qui attisent le feu pour créer des situations en essayant d’impliquer le Président Sall dans un processus qui intéresse une institution de la République, c’est-à-dire la Justice».
Pour Babacar Gaye, le porte-parole du Pds et ancien patron du Conseil régional de Kaffrine, le développement noté entre le nouveau pouvoir et Me Wade entre dans l’ordre normal des choses. «L’un dans l’autre, j’estime que Mahammed Dionne a la légitimité et toute la légalité pour parler au Président Wade au nom du président Macky Sall. Et que Mahmout Saleh rencontre le chef de l’opposition, je trouve que c’est tout à fait normal », a-t-il tenu à indiquer sur les ondes de la Rfm (radio privée).
Dans la foulée, Babacar Gaye a fait savoir que « Si cela doit déboucher sur une décrispation, tant mieux pour le Sénégal parce que nous n’avons pas besoin d’une démocratie déchiquetée, une crise de la gouvernance politique. Le Sénégal gagnerait à se retrouver autour de l’essentiel. Si c’est le cas et qu’un consensus large se dégage, que le gouvernement gouverne librement et que l’opposition fasse son travail, en tenant compte des lois et règlements du pays, il peut arriver que le niveau de concordance soit tellement élevé que les gens se retrouvent autour d’un même creuset pour gouverner ensemble». Une probabilité de retrouvailles qui sera difficile à digérer pour les ennemis quasiment irréductibles du Pds réunis au sein de la coalition présidentielle Bennoo Bokk Yaakaar.
Dans la foulée, Babacar Gaye a fait savoir que « Si cela doit déboucher sur une décrispation, tant mieux pour le Sénégal parce que nous n’avons pas besoin d’une démocratie déchiquetée, une crise de la gouvernance politique. Le Sénégal gagnerait à se retrouver autour de l’essentiel. Si c’est le cas et qu’un consensus large se dégage, que le gouvernement gouverne librement et que l’opposition fasse son travail, en tenant compte des lois et règlements du pays, il peut arriver que le niveau de concordance soit tellement élevé que les gens se retrouvent autour d’un même creuset pour gouverner ensemble». Une probabilité de retrouvailles qui sera difficile à digérer pour les ennemis quasiment irréductibles du Pds réunis au sein de la coalition présidentielle Bennoo Bokk Yaakaar.
SOURCE:http://www.sudonline.sn/apr-et-pds-dans-le-clair-obscur_a_21110.html