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Hospitalité sénégalaise mise à rude épreuve quand le Sénégal «chasse» ses hôtes

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culture   Connu dans le monde entier pour son ouverture démocratique, son respect des droits humains et son hospitalité (la Teranga), le Sénégal a montré ces dernières années une autre face en expulsant des personnes réfugiés ou présents sur son territoire pour le simple délit d’avoir librement exprimé leur opinion. Sophie Malibeaux, Makaïla N’Guébla, Kukoi Samba Sanyang, Tiken Jah Fakoly, pour ne citer que ceux-là, en attendant Cheikh Sidia Bayo suspendu à son appel de l’arrêté ministériel prononçant son expulsion, ont différemment fait les frais de ces mesures anti-démocratiques prises sous Abdoulaye Wade et Macky Sall.  

Depuis quelques années, le Sénégal a montré à la face du monde une image qui écorne sa renommée internationale, sa position de «chantre» de la démocratie et des droits humains. Le pays de la «Teranga» (hospitalité) s’est subitement transformé en terre de restriction de la liberté d’opinion. L’une des premières victimes les plus célèbres de ce «coup franc» démocratique est Sophie Malibeaux, correspondante de Radio France Internationale (Rfi) à Dakar. 

 

 

 

 
Elle a été expulsée, le jeudi 23 octobre 2004, par les autorités sénégalaises, après son arrestation, le 7 octobre à Ziguinchor, en Casamance. Elle est accusée «d’ingérence grave» dans les affaires intérieures du Sénégal. 
 
Le démocrate Wade se fâche
 
Sophie Malibeaux, passée par Banjul (Gambie), était allée couvrir les assises du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Les autorités sénégalaises avaient alors estimé que la journaliste française avait «tenté de saboter le processus de paix entrepris par le gouvernement». Un an plus tard, au mois de juin 2005, Rfi rouvrira, sans elle bien évidemment, son bureau de Dakar à la suite de l’entretien qu’a eu, le 21 janvier 2005 à Paris, Jean-Paul Cluzel, Pdg de la radio mondiale, avec le président Abdoulaye Wade. Le célèbre reggae man ivoirien sera le deuxième sur la liste. Le mercredi 12 décembre 2007, Tiken Jah Facoly s’attire les foudres du président Abdoulaye Wade dont le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur d’alors Me Ousmane Ngom, l’a déclaré «persona non grata», à la suite de ses déclarations «fracassantes, insolentes et discourtoises» tenues dans la presse locale en marge d’un concert, dans le cadre du festival Hip Hop Awards. 
 
Le musicien avait demandé au président Wade de «quitter le pouvoir sans conditions» après avoir obtenu deux mandats. Il avait également demandé au président sénégalais de tenir son fils Karim Wade «loin du pouvoir s’il ne veut pas rendre des comptes». Du coup, dans un communiqué officiel transmis à la presse, le ministre de l’Intérieur annonce avoir pris un arrêté d’interdiction de séjour et de sortie du territoire national contre l’artiste ivoirien. Mieux, il avait été déclaré, à partir de ce jour-là, «persona non grata au Sénégal».
 
Macky Sall assainit pour ses pairs
 
Une autre victime de la machine est le blogueur tchadien. Makaïla N’Guébla, une figure de l’opposition tchadienne, avait été convoqué à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) à Dakar, le mardi 7 mai 2013 au matin. Il était accusé d’avoir échangé des mails avec Eric Topona, Secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens, lui-même arrêté la veille lundi 6 mai à Ndjamena pour «atteinte à l’ordre constitutionnel» de son pays. 
 
Cette arrestation avait coïncidé avec la visite à Dakar du ministre de la Justice du Tchad, Jean-Bernard Padaré. Makaïla N’Guébla sera retenu à la Dst avant d’être expulsé vers la Guinée Conakry la nuit du 7 au 8 mai 2013. Il aura la chance de joindre Rfi dans la nuit, un peu avant de prendre l’avion pour Conakry. La Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et la section sénégalaise d’Amnesty International, avaient fermement condamné cette expulsion.
 
Comme si cela ne suffisait pas, le 17 avril 2013, les autorités sénégalaises se sont illustrées encore par l’arrestation à Dakar du dissident politique gambien, Kukoi Samba Sanyang, cerveau du coup d’état avorté du 31 juillet 1981 contre le régime du président Dawda Jawara de Gambie. Entré «clandestinement» au Sénégal, il détenait une carte nationale d’identité sénégalaise, au moment de son arrestation, il sera néanmoins déporté au Mali. 
 
Les organisations de défense des droits de l’homme avaient demandé à l’Etat du Sénégal de préserver sa réputation de terre d’asile, de défenseur des libertés d’expression, de réunion et d’association pour tous les réfugiés qui viennent s’y installer. La santé fragile de l’intéressé et la carte nationale d’identité sénégalaise qu’il détenait mises en avant pour obtenir de l’Etat de sursoir à la mesure n’y fera rien. Kukoi Samba Sanyang décédera à Bamako le 18 juin 2013 et enterré le lundi 24 juin 2013 au cimetière musulman de Yoff.
 
Cheikh Sidia Bayo suspendu à la décision de la Cour suprême
 
Le dernier en date est l’arrestation de l’opposant gambien, Cheikh Sidia Bayo, en exile à Dakar, depuis quelques temps. Le leader (du parti) du Conseil national pour la transition en Gambie (Cntg), a été arrêté le samedi 3 janvier 2015 à Dakar. Son interpellation est directement liée au putsch manqué contre le président Jammeh en Gambie. Ce qui est qualifié de véritable opération de charme de Macky Sall vis-à-vis de son homologue gambien Yayah Jammeh qui avait ouvertement accusé le Sénégal d’avoir une main derrière le coup d’état qui visait son régime. 
 
L’Etat du Sénégal a décidé, par la voix de son ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo, de renvoyer Cheikh Sidia Bayo vers Paris en vertu de sa citoyenneté française. Seulement, ses avocats ont introduit un recours auprès de la Cour suprême pour l’annulation de l’Arrêté ministériel qualifié d’«excès de pouvoir». Ce qui entraine la suspension de la décision de l’Etat, en attendant le verdict de l’instance suprême de la justice.  
 
Au plan culturel, il est interdit dans notre société d’éconduire tout être qui cherche à se protéger chez nous. Sur le plan démocratique, l’article 8 de la constitution sénégalaise garantie la liberté d’expression à tous les citoyens, même les étrangers qui vivent parmi nous, car le Sénégal a signé la Charte internationale des droits de l’homme et des peuples. Mais étant donné que «l’Etat est le plus froid des monstres», comme l’a dit le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, dans «Ainsi parlait Zarathoustra», il n’a pas d’amis, il ne gère que des intérêts. Ce qui est bien illustré par ces différents cas d’expulsion susmentionnés qui ont écorné l’image de sa démocratie.
 
source:http://www.sudonline.sn/quand-le-senegal-chasse-ses-hotes_a_22517.html