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Archidiocèse de Dakar
Samedi 04 avril 2015
04 AVRIL 2015 A LA CATHEDRALE
HOMÉLIE DE L’ARCHEVÊQUE DE DAKAR
Lectures : Gn 1,1-2,2 ; Ex 14,15-15,1a ; Is 55,1-11 ; Rm 6,3b-11 ; Mc 16,1-7
Chers frères et sœurs en Jésus Christ,
ALLELUIA ! Sainte et Joyeuse fête de Pâques à vous tous ! Que la lumière du Christ Ressuscité d’entre les morts illumine vos existences, pour vous faire vivre pleinement dans la joie du Dieu Vivant qui nous libère de tout mal. Que la lumière du Christ, que nous avons acclamée au cœur de la nuit, vous apporte la paix du cœur et cette sérénité qui vient de l’assurance que « rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8,39b).
En cette nuit très sainte, nous accueillons le surgissement de la vie divine dans la victoire du Christ Ressuscité sur le péché, et sur la mort qui est le fruit du péché. Soyons donc desmissionnaires de la joie pascale par notre témoignage. N’hésitons pas à partager, avec les personnes que le Dieu d’amour met sur notre chemin, le bonheur que nous avons de connaître le Christ et d’avoir part à sa mort et à sa résurrection dans notre identité baptismale.
En communion avec vous, chers fidèles du Christ, je me réjouis de pouvoir baptiser, tout à l’heure, au Nom du Dieu trois fois Saint, des catéchumènes qui ont pris à cœur de se préparer, au fil des étapes de leur cheminement d’initiation au mystère chrétien, à devenir des disciples du Christ. Leur témoignage de persévérance est un signe concret de la vitalité de notre Eglise-Famille-de-Dieu qui va s’agrandir ainsi par de « nouvelles naissances ».
Avec vous, je remercie bien sincèrement tous les catéchistes qui se dévouent vaillamment à assurer le service ecclésial de la catéchèse, permettant ainsi aux candidats au baptême de connaître et d’approfondir les données essentielles de la foi chrétienne, pour demeurer fermes dans la foi.
L’apôtre Paul, dans l’extrait que nous avons entendu de sa lettre aux chrétiens de Rome, nous rappelle le sens du baptême chrétien, qui est participation à la mort et à la résurrection du Christ. En effet, le baptême efface le péché et fait naître à une vie nouvelle en Dieu.
Pour signifier ces deux effets principaux de mort etd’engendrement, le baptistère était, dans l’architecture ancienne des églises, un bassin creusé à même le sol, généralement sous la forme d’une croix. Le candidat au baptême y descendait par quelques marches d’escalier, pour être plongédans l’eau du bassin et baptisé au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Cette descente dans l’eau symbolisait l’ensevelissement avec le Christ dans sa mort et, en même temps, la délivrance de tout péché. Une fois baptisé, le néophyte (nouveau disciple) remontait du bassin par un autre escalier, pour signifier ainsi son passage de la mort à la vie, en prenant part à la Résurrection du Christ sorti vainqueur du tombeau, afin de mener une vie nouvelle. « Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts ».
Nous avons écouté le récit de l’Exode, nous relater le passage de la Mer Rouge et la délivrance du peuple de Dieu. L’apôtre Paul y voit précisément une annonce du baptême chrétien : « Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer que, lors de la sortie d’Egypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et que tous ont passé à travers la mer. Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer » (1Co 10,1-2).
Demandons au Seigneur Jésus, mort et ressuscité, qui actualise et accomplit ce qui était annoncé au temps de l’Exode, de nous conformer davantage à lui, en aiguisant notre conscience baptismale. Morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ, puissions-nous vivre à la lumière du Ressuscité, en nous rappelant constamment ces paroles de l’apôtre Pierre : « Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ » (1P 3,21).
L’évangéliste saint Marc nous a rapporté l’annonce de la Résurrection du Christ, qui est la source originaire de notre foi, en ces termes : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : « Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit ».
Nous découvrons trois femmes, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé. Nous nous rappelons qu’elles étaient déjà là, lors de la mort de Jésus, regardant à distance, (cf. Mc 15,40).Le sabbat terminé, dès le coucher du soleil, elles s’empressent d’acheter des aromates. Et le lendemain, de grand matin, le premier jour de la semaine, au lever du jour, dans un décor de lumière qui rappelle le matin de la création (cf. 1ère lecture), elles se rendent au tombeau de Jésus, pour embaumer son corps. Elles sont venues s’occuper d’un mort et, sur place, elles apprennent, avec cette nouvelle plutôt bouleversante, qu’un nouveau jour se lève, et que c’est le temps d’une nouvelle création : « Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé ».
Sans plus d’explication d’ailleurs, ces trois femmes sont immédiatement chargées d’une mission : « Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : « Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit ».
Le lieu du rendez-vous est significatif, puisque c’est par laGalilée que Jésus a débuté son ministère public (cf. Mc 1,14). En y conviant ses disciples, avec l’apôtre Pierre, Jésus entend en faire des témoins de sa Résurrection. La Galilée, appelée par le prophète Isaïe Galilée des nations (cf. Is 8,23), parce que se situant au confluent de diverses civilisations, doit devenir la tête de pont de la mission évangélisatrice universelle confiée par le Ressuscité à ses disciples.
D’après la suite du récit évangélique toutefois, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé n’ont pas honoré leur mandat missionnaire d’aller informer les disciples. Prises des panique, après avoir entendu l’annonce de la résurrection du Christ, elles ont préféré s’enfuir et garder le silence.
Il faudra donc aux disciples, et à Pierre que l’évangéliste cite nommément, vivre au préalable l’expérience d’une rencontre vivante personnelle et communautaire avec le Christ Ressuscité, pour en devenir les témoins, et sillonner le monde, à partir de la Galilée, annonçant la Bonne Nouvelle du salut à tous les peuples.
C’est ce que confirme ce credo ancien rapporté par l’apôtre Paul : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois […] ; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres » (1Co 15,3-7).
Telle est la chaîne de témoignage dans la transmission de la foi, qui fonde l’expérience spirituelle de la présence du Ressuscité dans nos vies. Nous accueillons cette présence avec joie et reconnaissance. Et nous prions avec ferveur le Christ Seigneur, vainqueur du péché et de la mort, de nous soutenir dans notre participation au progrès de notre société. Que nous soyons davantage, dans ce Sénégal qui vient juste de célébrer l’anniversaire de son indépendance, des artisans de justice et de paix, pleinement engagés à promouvoir l’accroissement de la cohésion sociale, pour le bien des populations.
Que la lumière pascale contribue à l’amélioration de nos comportements, dans une conscience citoyenne plus concrète, au-delà des discours et des bonnes intentions. Que nos prédications et nos enseignements, dans le domaine de la foi et de la pratique religieuse, toutes confessions confondues, aient plus d’impact dans les changements profonds que nous devons opérer, individuellement et collectivement, pour un meilleur vivre-ensemble, qui respecte les personnes, le cadre de vie et le bien commun. Que le Christ Ressuscité fasse descendre sur nous tous les bienfaits de Dieu. Amen ! Alléluia !
source: http://www.dakaractu.com/Veillee-Pascale-2015-Homelie-de-l-Archeveque-de-Dakar-Mgr-Benjamin-Ndiaye_a87509.html