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Ven, Nov

Journée mondiale de la santé mentale : allocution d’Ansoumana Dione, Président de l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM)

SANTÉ & ENVIRONNEMENT
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iGFM – (Dakar) « Madame le Ministre de la Santé et de l’Action Sociale,

Madame le Représentant Résident de l’Oms à Dakar,

Monsieur le Chef de Service du SNEIPS,

Mesdames, Messieurs les participants,

 

Honorables invités,

 

 

Aujourd’hui, le Sénégal, à l’instar de la Communauté internationale, célèbre la Journée Mondiale de la Santé Mentale. Cette année, le thème choisi est : « Vivre avec la schizophrénie ». Pour rappel, cette manifestation a pour but de sensibiliser les populations sur les troubles mentaux et mener un plaidoyer à l’endroit des autorités pour amener les décideurs à mieux considérer la lutte contre les maladies mentales, liées à plusieurs facteurs que sont : les difficultés de la vie, le chômage, la déception, les catastrophes naturelles, les conflits armés, l’usage de l’alcool et de la drogue, l’enfance de la rue, la pauvreté, les violences conjugales, les accidents domestiques ou de la circulation, le stress, etc.  Et, parmi ces pathologies extrêmement graves, nous allons en citer quelques unes seulement dont : les troubles mentaux courants ; la dépression ; l’épilepsie qui provoque beaucoup de dégâts au Sénégal à cause de certaines croyances culturelles, la psychose, le surmenage intellectuel et enfin, la schizophrénie qui est à l’honneur, présentement.

Et, pour combattre toutes ces maladies mentales énumérées, entre autres, les populations s’appuient notamment sur les structures que sont : le Centre National Hospitalier Psychiatrique de Thiaroye, les Services de Psychiatrie des Hôpitaux de Fann et de Principal, les Centres de Dalal Xel de Thiès et de Fatick, Djim Koré à Tambacounda et Kénia à Ziguinchor, avec un personnel très qualifié, des médecins, professeurs, psychiatres, des psychologues et des assistants sociaux, pour ne citer que ceux-là. D’ailleurs, nous saisissons cette opportunité pour leur témoigner toute notre gratitude pour le travail vraiment  remarquable qu’ils ne cessent d’accomplir au profit des malades et de leurs familles, souvent désespérés et désemparés, avant de se rendre dans ces différents services. Seulement, vu le nombre insuffisant de spécialistes et de ces structures face à la demande croissante, vous conviendrez avec nous qu’il reste beaucoup à faire et nous devons donc agir très vite pour apporter des réponses adéquates à ces multiples besoins des populations. Pour cela, il appartiendra à l’Etat de faire ouvrir des services de psychiatrie dans les centres hospitaliers régionaux et permettre aussi à l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS), de pouvoir former des Techniciens Supérieurs en Santé Mentale pour combler le déficit criard noté au niveau du personnel soignant. Aussi, des efforts sont à déployer pour l’ouverture d’une filière pour la formation de Psychologues à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, cette catégorie de personnel presque inexistante au Sénégal, ce qui complique davantage la situation. Egalement, les populations devront être suffisamment sensibilisées sur les comportements à adopter devant une personne atteinte de maladie mentale, surtout pour l’utilisation précoce des services spécialisés, en vue de mieux prévenir ces maladies qui, de nos jours, constituent un véritable casse-tête, surtout pour les nombreuses familles totalement gagnées par la pauvreté. En outre, vu la longue durée de la plupart des traitements, d’ailleurs source d’abandon de ces derniers, des mesures idoines devront être prises par les autorités pour la gratuité de certains médicaments psychotropes, comme cela se fait par exemple avec le SIDA ou la Tuberculose. Enfin, pour délivrer les nombreux citoyens, devenus prisonniers de l’alcool ou de la drogue, l’ouverture du Centre de cure et de désintoxication de Darou Mousty, construit depuis 2004, en même temps que le Centre d’Encadrement et de Traitement de Malades Mentaux Errants, situé à Kaolack, que les initiateurs ne cessent de réclamer la gestion à juste raison, la création de structures similaires, l’acquisition de médecins addictologues, presque introuvables au Sénégal, s’avèrent nécessaires, vu les importantes quantités de substances psychoactives, consommées dans notre pays.

Pour tout cela, il sera donc louable de mettre en place une politique de santé mentale que le Sénégal ne dispose pas jusqu’ici. Mais, toutefois, l’espoir est permis avec la création au sein du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, d’une Division de la Santé Mentale. C’est pourquoi, nous vous invitons ici, Madame le Ministre, à bien vouloir faire prendre toutes les dispositions pour l’installation d’un Comité National de Coordination de la Santé Mentale qui aura pour mission première, l’élaboration d’un document stratégique de santé mentale, intégrant toutes les préoccupations des acteurs et des usagers. Justement, c’est parce que notre pays ne possède pas encore de programme de santé mentale, que nos populations éprouvent d’énormes difficultés, surtout dans les régions, pour accéder aux soins et cela engendre beaucoup de conséquences néfastes sur notre société. En ce moment, Dakar est inondée de malades mentaux errants et ce triste spectacle désolent est visible également dans toutes les autres grandes villes du pays, causant d’innombrables préjudices aussi bien pour ces derniers eux-mêmes que pour la sécurité publique. A Tambacounda, par exemple, neuf malades mentaux errants ont été sauvagement assassinés, pour des raisons jusqu’ici inconnues, par des malfaiteurs non encore identifiés, sans compter les autres qui meurent un peu partout à travers le pays, à cause d’intoxication alimentaire, de la faim ou par accident de la circulation, de maladies ou blessures graves, par suicide, etc. A cela s’ajoutent, les agressions très souvent mortelles, perpétrées par ces malades mentaux errants, sur de paisibles citoyens malchanceux, ce qui ne met alors aucune personne vivant au Sénégal, à l’abri de leurs agissements, inhérents à leurs maladies. Aussi, il est très fréquent de voir des d’ordures rassemblées sur la voie publique par ces individus inconscients, images très négatives qui n’honorent surtout pas un pays comme le Sénégal.

C’est la raison pour laquelle, Madame le Ministre, nous sollicitons votre intervention auprès du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Macky SALL pour une cohésion nationale autour des malades mentaux errants, comme cela a été le cas tout récemment avec la maladie à virus Ebola. Et, vu l’approche multisectorielle que requiert la résolution de ce vaste phénomène de société, il est impératif de mettre en place une Commission Nationale sur l’Errance des Malades Mentaux regroupant, entre autres, tous les Ministères concernés dont : la Santé et l’Action Sociale ; l’Intérieur ; la Justice ; l’Aménagement du Territoire et des Collectivités Locales ; les Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur ; la Femme, la Famille et l’Enfance ; les institutions telles que l’Assemblée Nationale, le Conseil Economique Social et Environnemental, etc. Ceci, pour permettre non seulement à ces concitoyens ne jouissant pas de leurs facultés mentales, abandonnés dans les rues sans la moindre assistance, au nombre de deux mille cent quatre vingt douze (2192), de pouvoir retrouver enfin leur dignité humaine, mais,  aussi, de sécuriser les populations par rapport à leurs comportements, surtout en cette période préparatoire du quinzième Sommet de la Francophonie, prévu chez nous, du 29 au 30 novembre 2014. Madame le Ministre, nous profitons d’ailleurs de cette occasion pour vous réitérer nos vives félicitations pour votre courage de faire face à cet unique cas de maladie à virus Ebola qui nous avait été malheureusement importée de la République de Guinée, par ce jeune étudiant. Grace à votre détermination, les spécialistes du service des maladies infectieuses de l’Hôpital de Fann ont pu vaincre cette terrible maladie qui constitue encore une réelle menace pour l’humanité toute entière. Donc, nous vous en remercions très sincèrement du fond du cœur puisqu’il fallait agir rapidement pour mettre notre pays à l’abri de cette pathologie si mortelle et contagieuse. En fait, cette promptitude constitue pour nous, une très belle action de santé mentale, du fait de cette peur bleue, cette psychose qu’elle avait déjà installée chez nos concitoyens, au-delà même des conséquences graves qu’elle pouvait avoir sur notre économie, de façon générale.

Maintenant, Madame le Ministre, nous voudrions attirer votre attention sur notre capacité, en tant qu’Associations constituées d’organisations de promotion de la santé mentale, de tradipraticiens, de lutte contre la drogue et de soutien aux malades mentaux, entre autres, de participer activement à la résolution des problèmes des populations en matière de santé mentale. C’est pourquoi, nous vous prions de bien vouloir faire prendre toutes les dispositions nécessaires pour la signature de convention de partenariat ou accord de siège, entre votre Département et nos Organisations dument reconnues par l’Etat du Sénégal, notamment, entre autres, dans le domaine de la sensibilisation, la prise en charge et le traitement des personnes victimes de troubles mentaux. En vérité, c’est une chance pour notre pays d’avoir des citoyens engagés aux côtés des spécialistes, pour la seule cause de la santé mentale, trop longtemps considérée comme le parent pauvre de notre système de santé. Et, pourtant, personne ne l’ignore : « Sans santé mentale et sans bien-être, il n’y a pas de vraie santé ». Donc, c’est avec un esprit patriotique élevé, fondé sur un bénévolat proprement dit, que nous nous évertuons tous, chacun en ce qui le concerne, pour améliorer le cadre et la qualité de vie de ces nombreux individus marginalisés par la société. Alors, pourquoi ne pas mettre à profit notre disponibilité pour résoudre de façon pérenne et efficace, les nombreux problèmes des populations en matière de santé mentale ? Nous avons choisi d’œuvrer dans le social et cela mérite vraiment d’être soutenu et encouragé, en nous laissant seulement faire correctement notre travail au même titre que les autres, surtout après avoir épuisé tout notre temps pour cette mission haut combien noble et exaltante.

Avant de terminer, nous voudrions, Madame le Ministre, vous faire part de notre souhait de rencontrer le Chef de l’Etat Macky SALL, pour des discussions afin que les besoins tous pressants des populations en matière de santé mentale, puissent être correctement pris en charge. D’ailleurs, c’est le monde entier, aujourd’hui confronté à ces problèmes récurrents, qui a fortement besoin d’un leader charismatique pour porter le plaidoyer auprès du Système des Nations Unies, ceci, pour beaucoup plus de considération vis-à-vis de la lutte contre les maladies mentales et les toxicomanies. Et, le Président Macky SALL peut effectivement y jouer un rôle déterminant, s’il comprend parfaitement bien sûr les enjeux d’une telle coopération. De toutes les façons, c’est le Sénégal qui en gagnera et la Communauté internationale ne manquera pas de lui être reconnaissante, s’il parvient à faire entendre auprès de ses pairs, la voix de centaines de millions de personnes victimes de troubles mentaux et de leurs familles souffrant en silence, à travers les continents, sans exception.

Maintenant, pour finir, Madame le Ministre, après vous avoir chaleureusement remerciée de votre présence, comme d’habitude à nos côtés en pareille circonstance, nous vous invitons à bien vouloir nous mettre immédiatement au travail, juste au sortir de cette journée pour que d’ici l’année prochaine, à la date du 10 octobre, une partie au moins de tous ces défis qui nous interpellent tous à la fois, puisse être relevée, progressivement. Cela est bien possible mais, à la seule condition que vous preniez, vous-mêmes, personnellement, à bras le corps, ce problème des malades mentaux. Aujourd’hui, en ce 21e siècle, il est inadmissible de voir des concitoyens mourir seuls en pleine rue, au cœur de la Capital ou ailleurs sans que la société ne leur apporte sa solidarité, surtout dans un pays dit de Téranga où toutes les conditions étaient déjà réunies depuis très longtemps, pour leur prise en charge médicale, totale et gratuite. En prenant tous nos responsabilités par rapport à ce vaste fléau national, nous permettrons à ces nombreux individus abandonnés dans les rues et d’autres attachés parfois dans des chambres, tels des animaux, faute de moyens, de pouvoir retourner à la vie normale et participer au redressement du pays.

Madame le Ministre, chers participants, honorables invités, mesdames, messieurs les journalistes, nous vous remercions infiniment de votre aimable attention ».

source: http://www.gfm.sn/journee-mondiale-de-la-sante-mentale-allocution-dansoumana-dione-president-de-lassociation-senegalaise-pour-le-suivi-et-lassistance-aux-malades-mentaux-assamm/