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Si l'actualité sanitaire est dominée par la fièvre Ebola, que le Sénégal vient de circonscrire, cette menace ne doit pas constituer l’arbre qui cache la forêt aux autorités médicales face aux nombreux autres défis pathologiques.
L'épineuse prise en charge des cancers qui ravagent la société en est un et pas des moindres quand on sait l’étendue de cette maladie chronique. Entre les nombreux cas de cancer affectant le sein et le col de l’utérus, les malades prennent leur mal en patience car, ne pouvant subir les séances de radiothérapie différées jusqu’à 2015. Pour cause, l’unique service de radiothérapie au Chu Le Dantec assailli quotidiennement par les innombrables malades sénégalais et ceux provenant de la sous-région, ne compte que deux médecins spécialisés et deux techniciennes. De quoi pousser la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (LISCA) à promouvoir le mois d’«Octobre rose» pour sensibiliser davantage et détecter les cas précoces qui se multiplient.
Face au déficit de spécialistes (le Sénégal ne disposant que de deux radiothérapeutes et deux techniciennes), les malades voient désespérément les rendez-vous de leur traitement programmés en 2015.
A l’hôpital Aristide Le Dantec, ils sont nombreux, les malades, qui assaillissent le service de radiothérapie de l’institut Curie qui ne peut recevoir que quelques 30 malades par jour. Alors que si le personnel, était renforcé, 60 à 80 malades pouvaient être traités par jour. Une des techniciennes trouvée sur place nous renseigne que les malades viennent de toute la sous région notamment du Mali, de la Gambie, de la Guinée, du Burkina Faso, du Niger ou même de la Cote d’Ivoire pour se faire traiter par l’unité de radiothérapie.
Pourtant, malgré cette situation inquiétante, les acteurs de la lutte contre le cancer s’activent à organiser «Octobre Rose» pour détecter de nouveaux cas précoces.
Selon les professionnels du secteur, il revient aux autorités sanitaires de réagir face à ce mal dont souffrent des milliers de Sénégalais. «Il y a un délai à ne pas dépasser pour les malades qui doivent faire des séances de radiothérapie après leurs phases de chimiothérapie et d’intervention chirurgicale », renseigne notre interlocutrice qui déplore le fait que des malades sont programmés en 2015 pour la radiothérapie. Toutefois, précise-t-elle, les cas d’urgences sont pris en charge dans des délais plus courts. C’est le cas des patientes qui souffrent du cancer du col et qui saignent et que seule la radiothérapie peut soulager.
D’ailleurs, une patiente âgée d’une trentaine d’années, trouvée sur place et dont le cancer du sein a récidivé alors qu'elle avait suivi un traitement en 2008, traduit, à elle toute seule, le désarroi des malades.
Souffrant d’un cancer de type avancé, elle est abattue par la maladie. En proie à des vertiges, elle s’étend sur les bancs et attend son mari pour rentrer après la consultation. En plus des douleurs interminables, les malades souffrent atrocement du coût onéreux de la prise en charge. Mme Borelli Syvie Alihonou surveillante de l’unité de la radiothérapie nous confie que les malades peinent à débloquer des millions pour la chimiothérapie, l’intervention chirurgicale et les séances de radiothérapie indispensable auprès de certains malades.
Ainsi, la radiothérapie dans sa forme curative nécessite au moins de 150.000 Cfa pour les 23 séances, alors que la radiothérapie palliative servant à calmer les douleurs coûte 75.000 F Cfa pour 10 séances.
Face à ces frais jugés onéreux, Mme Borelli Syvie Alihonou s'inquiète surtout des cas de patients qui disparaissent et reviennent pour dire que faute de moyens, ils préfèrent rester chez eux et supporter leur mal en attendant la mort. Dans ce service, une pile de dossiers des cas sociaux remplit les tiroirs.
L’autre hic dans ce service, c’est l’utilisation de la bombe à cobalt qui est dépassée par les unités de radiothérapie moderne.
En effet, les nouveaux centres de radiothérapie et d’oncologie sont équipés à la pointe de la technologie avec de nouveaux traitements. Même si des informations distillées ça et là avancent que le nouvel hôpital Dalal Diam en est équipé.
Mais, la structure sanitaire tarde à ouvrir ses portes. D’autres spécialistes soutiennent cependant que si cette structure est équipée, il faudra dés à présent, penser, à la formation des radiothérapeutes pour l’utilisation des nouveaux appareils.
Au chapitre du bilan du traitement du cancer, l’année dernière a enregistré 451 malades traités en radiothérapie à Le Dantec dont 383 femmes (85%) contre 68 hommes. La même étude a révélé que 175 cas de cancer du col de l’utérus ont été traités et 102 du sein tandis que 32 cas d’ancephaletotal ont bénéficié des séances de radiothérapie.
Selon toujours les spécialistes, la moyenne d’âge des cas détectés, sont de 53 ans pour le cancer du col et 46 ans pour les attaques du sein, le rectum à 52 ans, l’hypo pharynx à 32 ans.
DR SERIGNE NIANG CHEF DU BUREAU DU CANCER AU MINISTERE DE LA SANTE - «UN PLAN NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE CANCER EST EN ELABORATION»
Les milliers de patients souffrant du cancer doivent encore prendre leur mal en patience. Car, selon le chef du bureau du cancer au ministère de la Santé et de l’Action sociale, tous les diagnostics des principaux maux dont souffre la prise en charge du cancer ont été établis et connus. Un plan de résolution de lutte contre les Maladies non transmissibles (MNT) dont le cancer a déjà été défini, et l’espoir est permis.
C’est du moins la conviction du Dr Serigne Niang, qui dans un entretien a laissé entendre que d’ici 5 ans, on devrait pouvoir être beaucoup plus à l’aise dans la prise en charge du cancer en terme de structures de prise en charge, en accessibilité, à la chimiothérapie mais également de suivis des malades en stade terminal pour les soins palliatifs. Le plan national de lutte contre le cancer s’appuie fondamentalement sur trois aspects.
D'abord, faire la promotion de la prévention basée sur le dépistage précoce. Ensuite, pour certains cancers, un peu liés à des modes de vie, par exemple le tabagisme, l’alcoolisme et la mauvaise alimentation, le ministère de la Santé a engagé la promotion des mécanismes de dépenses par ces facteurs de risque. C'est-à-dire, par la taxation du tabac, de l’alcool, des produits dont l’utilisation est abusive et nocive pour la santé : déconseiller le sel de rajout par les bouillons qui entre autres font partie des leviers sur lesquels vont s’appuyer les autorités pour contrer les mauvaises habitudes alimentaires. D’autres volets de lutte seront adoptés pour inciter les gens à faire du sport, à manger sain mais également à faire le dépistage précoce des cancers. Dr Niang de souligner en outre qu’en termes de décentralisation, il est prévu la création de pôles régionaux de cancer.
De la même manière qu’il y a une augmentation de la prise en charge des maladies rénales, il y en aura pour les cancers. Mais, pour cela, précise le chef du bureau du Cancer, il va falloir plus de personnels, plus d’équipements et cela est inscrit dans le plan national de lutte contre le cancer qui sera bientôt finalisé et dont les ministères du commerce, de l’Intérieur entre autres départements concernés, seront intégrés.
Il faut que les bailleurs de fonds s’y mettent, a-t-il ajouté, en mettant l'accent sur le diagnostic du cancer tout en révélant que le registre du cancer est actuellement opérationnel dans les dix hôpitaux de Dakar.
Et tout commence par là, car selon lui, pour lutter contre une maladie, il faut décrire les contours des prévalences en termes d’incidence pour avoir une réponse adéquate.
C’est pour cela que l’’enregistrement est une réalité. C’est une phase test qui va devenir national en intégrant les privés et les districts des régions. Cela a nécessité 25 millions de F Cfa parce qu’il fallait registrer et équiper les hôpitaux mais également avoir toute une organisation et le personnel. Ceci a fait qu’aujourd’hui les tendances se dessinent et le cancer du sein vient devant le cancer du col.
Par rapport aux besoins de ressources humaines, le chef du bureau du cancer a fait savoir que des efforts sont en train d’être faits pour renforcer la spécialisation des médecins. Etant donné que jusqu'à présent le choix de spécialisation en médecine revient à la volonté de l’étudiant, le ministère de la Santé est dans l'optique d'offrir des bourses de façon ciblée en spécialisation. Par exemple, en 2015, quatre bourses en radiothérapie sont prévues et seuls les étudiants spécialisés en radiothérapie vont y accéder. Si on le fait d'ici cinq à dix ans, les questions de déficit de personnel spécialisé seront réglé.
Donnant son point de vue sur l'hôpital Dalal Diam qui n’a pas encore ouvert ses portes, il soutient que cette structure de santé est appelée à jouer un rôle fondamental dans la prise en charge du cancer en Afrique de l’Ouest. Etant donné que le Chu A. Dantec souffre d'étroitesse, Dalal Diam devrait pouvoir héberger un pole régional pour la prise en charge du cancer. Maintenant, il suffit juste d'y mettre des équipements de dernière génération. Ce qui est le souhait de la cellule de lutte contre le cancer.
SOURCE : http://www.sudonline.sn/la-grande-tumeur-dans-le-traitement-du-cancer_a_21227.html