Le personnel déclare l’acp non grata hôpital de Diourbel

Amadou Lamine Ndoye, Agent comptable particulier (Acp) du Centre hospitalier régional Heinrich Lübke, est dans une mauvaise passe. Serigne Mbaye, secrétaire général de la sous-section du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), liste les points de désaccord avec l’Acp. Il dit : «Nous avons un problème avec l’Acp. Il était en service à Ziguinchor. Et là-bas, l’ensemble du personnel avait fait bloc pour demander son départ. Il a été affecté en catimini à Diourbel. Présentement, nous vivons les mêmes difficultés avec cet Acp. Les motivations étaient payées au plus tard le 5 du mois. Nous sommes le 15 aujourd’hui (l’interview a eu lieu à cette époque) et ces motivations ne sont toujours pas payées. Le plus grave, c’est le non-reversement des cotisations sociales et c’est très dangereux.»

Chèques sans provision
Aujourd’hui, les urgences s’accumulent. «Dans quelques mois voire un an, des agents vont partir à la retraite et ils risquent de ne pas percevoir de pensions. C’est presque un détournement dès lors qu’il régularise les fournisseurs et refuse de verser les cotisations sociales. D’ailleurs, tout dernièrement, le payeur a pris la décision de faire, chaque fin du mois, un chèque pour reverser ces montants», dit le syndicaliste. 
Par ailleurs, il est reproché à l’Acp d’avoir remis deux chèques sans provision pour le paiement des motivations qui devaient être payées le 15 juin. Face à la pression, il a remis 3 chèques dont deux sans provision à Saliou Ndiaye le «billetteur» du centre hospitalier. Joint par téléphone, Saliou Ndiaye confie : «Il m’a remis 3 chèques dont deux sans provision. Le montant du chèque avec provision est de 2 millions. Ce qui ne couvre pas le paiement des motivations qui sont de l’ordre de 7 millions. Cela ne constitue même pas le tiers de ce que je dois payer.» Interpellé, Amadou Lami­ne Ndoye, l’Acp, reconnaît avoir remis trois chèques dont deux sans provision. Il l’explique par une tension de trésorerie et des charges élevées. Face à ces «agissements» de l’Acp, les travailleurs entament à partir de ce lundi, une série d’actions pour réclamer son départ.

Amadou Lamine Ndoye, Acp de l’hôpital 
«J’ai embelli la situation financière»
«J’ai embelli la situation financière parce qu’à mon arrivée lors de ma passation de services, j’ai trouvé un passif de 326 millions F Cfa qui se trouve dans le procès-verbal de passation de services. Je persiste et signe que les cotisations sociales sont payées en même temps que les salaires mais j’ai trouvé des arriérés qui ne sont pas encore payés. Pour l’Ipres, le montant est 7 761 832 francs. Depuis que j’ai pris service ici, jamais les agents ne sont restés au-delà du 5 sans percevoir leurs salaires. Pour la Caisse de sécurité sociale, le solde est nul. A l’instant, on ne doit rien à la Caisse de sécurité sociale. 
S’agissant des impôts, ils se chiffrent à 110 millions. Avant mon arrivée, l’hôpital ne payait pas les impôts. Actuellement, on a reçu un avis à tiers détenteur déposé à la trésorerie de Diourbel parce qu’on n’a pas payé les impôts. Je rappelle que les charges de l’hôpital sont très élevées parce que nous avons une masse salariale de 32 millions de francs par mois. Des fois, c’est ce qui nous empêche de payer les dettes fiscales et sociales. La loi vous impose de défalquer sur les recettes propres 25 % qu’il faudra partager au personnel qui est actuellement de 215 agents. Après cela, il faut payer le carburant, les dépenses permanentes, les réactifs. L’hôpital a beaucoup de charges qui grèvent son budget. L’Acp ne refuse pas de payer une dépense parce que c’est interdit par la réglementation. Une dépense ne peut être payée par un comptable public qu’au vu d’un ordre donné par écrit et revêtu de la signature d’un ordonnateur préalablement accrédité. Il y a une procédure à respecter.»

Les faits qui enfoncent l’Acp
Les faits démentent l’Acp. En se fiant aux statistiques périodiques des recettes sur la période allant du 1er au 31 mai 2015 dont Le Quotidien détient copie, sont de l’ordre de 52 478 500 francs. Ce qui est loin des 26 000 000 de francs dont parle l’Acp.
A la date du 17 juin, l’hôpital régional Heinrich Lübke doit à la Caisse de sécurité sociale 2 724 166 francs dont 322 176 francs de majoration. Et à l’Ipres, l’Acp n’a encore rien versé. Alors qu’il est en contentieux avec la société Air Liquide Sénégal à qui il doit la somme de 43 736 625 francs.

source: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/incendie-de-ses-proprietes-a-touba-cisse-lo-reclame-1-milliard-a-l-etat