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Le président Macky Sall qui entame son deuxième et dernier mandat présidentiel, si l’on en croit à l’opposition, est véritablement maître du temps de son règne. En effet, comme lors de son premier mandat où il était parvenu, d’une part, à ferrer des «dinosaures» de la scène politique qui sont avec lui au sein de Benno Bokk Yaakaar (BBY) et, d’autre part, à amadouer l'opposition avec la traque des biens supposés mal acquis, le chef de l’Etat semble être dans cette même logique avec son refus du débat sur le troisième mandat.
Sans occulter le dialogue national qui a fini par diviser l'opposition. Elu le 25 mars 2012 président de la République du Sénégal devant son «père» et ancien mentor, Me Abdoulaye Wade, au terme du second tour d’une élection présidentielle très mouvementée du fait des violences notées à cause du forcing du président sortant pour briguer un troisième mandat, l’actuel chef de l’Etat ne cesse de surprendre par sa capacité de musellement de ses alliés comme de ses adversaires.
En effet, présenté au début de son magistère comme un novice qui aurait du mal à imposer sa vision des choses devant des « dinosaures » de l’histoire politique du Sénégal indépendant au sein de sa vaste coalition des coalitions, Benno Bokk Yaakaar, Macky Sall est pourtant parvenu, contre tout attente, à déjouer tous les pronostics des observateurs. Pour se garantir d’un mandat sans problème, il est non seulement parvenu à domestiquer la plupart des ces «vieux nouveaux amis» à travers la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et des postes de nomination pour les mettre à son service exclusif au prix de l’éclatement de la plupart de leurs partis (Afp, Ps, Ld…) . Mais aussi à réduire comme il l’avait annoncé «l’opposition à sa plus simple expression» notamment à travers la procédure de la traque des biens supposés mal acquis contre des dignitaires de l’ancien régime libéral, principale formation de l’opposition, les obligeant à consacrer toutes leurs forces à la lutte sur le terrain judiciaire.
Aujourd’hui, le président de l’Apr qui a obtenu le 26 février dernier sa réélection dès le premier tour, semble remettre au goût du jour sa recette gagnante du premier mandat. Et pour cause, alors que la plupart des observateurs de la scène politique lui prédisaient un second mandat «chaud» du fait d’une part des velléités de succession au sein de son propre camp vu qu’il entamerait son dernier mandat et d’autre part de la détermination de l’opposition réunie au sein du Front de résistance nationale (Frn) à faire de la question des supposés scandales sur les contrats pétroliers et gaziers, son fer de lance, dans la bataille d’opinion avec le pouvoir, Macky Sall semble pour le moment dominer sur tout son monde. Comme le soleil au zénith !
Dans son camp, sa sortie musclée contre Sory Kaba et Moustapha Diakhaté, tous deux limogés de leurs postes respectifs de Directeur général des Sénégalais de l'Extérieur et de ministre-conseiller, pour leurs sorties sur l'idée d'un troisième mandat, a fait calmer les ardeurs. Par crainte de défénestration automatique de son poste, la question de la succession est devenue en quelque sorte un sujet tabou dans son entourage. De l’autre côté, son projet de dialogue national lancé dans la foulée de la publication des résultats définitifs de la présidentielle par le Conseil constitutionnel a fini par diviser l’opposition que les scandales supposés dans les contrats pétroliers et la généralisation du parrainage citoyen à tous les candidats avaient pourtant regroupé au sein du Frn.
Comme ce fut le cas lors du premier mandat avec la procédure de la traque des biens supposés mal acquis, le démarrage du dialogue politique en plus de diviser le camp anti-Macky, lui a fait également perdre tout son esprit d’opposition. Aujourd’hui, en dehors de quelques figures à l’image du leader de Pastef, Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, président de l’Act et le président de Tekki, Mamadou Lamine Diallo qui se font rarement remarqués, tout le reste de l’opposition semble être dans une logique de non-agression avec le pouvoir en place. Ceci pour ne pas griller la carte du dialogue politique pour les membres du Frn et celle d’une amnistie pour Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall.
La preuve, depuis l’élection présidentielle du 26 février dernier, on a l’impression que c’est le consensus total autour du président réélu. On n’entend presque plus des critiques sur la marche du pays. Surtout, en cette période où le Sénégal est empêtré dans divers scandales qui menacent non seulement ses fondements existentiels mais aussi ont fini de ternir son image à l’international comme l’a rappelé hier, jeudi, Sud quotidien dans sa livraison. «Vol» de 80 kilogrammes (Kg) cocaïne sur les 798 Kg saisies au Pad ; libération par grâce présidentielle de Mamadou Oury Diallo, condamné pour des faits de trafic de faux médicaments et dans l’attente de son jugement en appel ; trafic de faux billets impliquant un député du parti au pouvoir (Apr).
Sur toutes ces affaires, y compris les difficultés notées en ce début de campagne agricole où les paysans contestent la rumeur désignant le prix du kilogramme de l’arachide à 210f ou encore les difficultés dans l’orientation des nouveaux bacheliers, c’est le silence radio total. Aussi bien du coté du régime que de l’opposition, ces questions sont passées sous silence.
Le gouvernement qui avait l’habitude dans de pareilles affaires, surtout quand ça concernait un opposant, d’actionner son «très docile» procureur de la République, lequel s’empressait de convoquer la presse pour anticiper sur le verdict des juges avant même le procès semble cette fois opter pour la politique de l'autruche dans toutes ces affaires qui relèvent pourtant de sa compétence exclusive. Cette situation amène au final à se demander si le Sénégal n’est pas en train de se diriger aujourd’hui tout droit vers une démocratie consensuelle.