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Sénégal : Aminata Touré quitte la majorité présidentielle

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POLITIQUE
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En froid avec le président Macky Sall, l’ancien Premier ministre quitte le groupe parlementaire qui n’a pas voulu l’élire au perchoir de l’Assemblée nationale du Sénégal. Aminata Touré refuse par avance l’hypothèse d’un troisième mandat présidentiel.

La majorité présidentielle est à nouveau fragilisée. Aminata Touré, très critique envers le président Macky Sall depuis plusieurs semaines, a quitté le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, rejoignant les députés non-inscrits. La coalition parlementaire, tout juste majoritaire grâce à l’appui d’un député indépendant, perd donc la majorité absolue à l’Assemblée.

Aminata Touré ne cache pas sa colère après avoir été écartée, au dernier moment révèle-t-elle, de la candidature au poste de président de l’Assemblée nationale. Surtout, l’ancienne Premier ministre du Sénégal (2013-2014) refuse par avance de cautionner l’hypothétique candidature de Macky Sall à un troisième mandat, en 2024. La concrétisation d’une telle hypothèse lui ferait rejoindre les rangs de l’opposition, a menacé Aminata Touré, qui a convoqué la presse le dimanche 25 septembre 2022.

Quel avenir pour Aminata Touré ? En conférence de presse, répondant à la question de savoir si elle serait elle-même candidate en 2024, elle a répondu, mi-sérieuse, mi-amusée, « y penser sérieusement ».

Au préalable, dans un long communiqué, l’ancienne Première ministre avait donné ses explications. Elle a d’abord détaillé sa version des faits sur l’élection mouvementée du poste de président de l’Assemblée nationale. À l’en croire, le président Macky Sall aurait, de longue date, donné son aval à l’élection de son ancienne Premier ministre au « perchoir », confiant ses intentions à ses proches. Et ce n’est que « 17 minutes » avant l’élection que le Président aurait informé son ancienne Premier ministre qu’il avait changé d’avis, envoyant ses émissaires soutenir la candidature d’Amadou Mame Diop. Aminata Touré aurait refusé, poursuit-elle, « des propositions de poste que le président Macky Sall a envoyées ses émissaires me faire nuitamment ».

Quoi qu’il en soit, « je considère qu’il est plus que temps que l’on remette de l’éthique dans la politique. La politique, ce n’est pas la ruse, l’abus de confiance et la préférence familiale », poursuit Aminata Touré, dans une allusion directe aux liens entre le nouveau président de l’Assemblée et le chef de l’État.

Pour la femme politique, le cœur de son départ est bien « la question du troisième mandat impossible, juridiquement et moralement ». En 2011, alors haut fonctionnaire aux Nations unies, Aminata Touré, en effet, s’était engagée auprès de l’opposant Macky Sall « pour lutter contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade ».

Respect de la parole donnée

Lutte qui s’était accompagnée de son lot de violences, qu’elle avait d’ailleurs dénoncé au Conseil des droits de l’homme de Genève. « Comment, dix ans après, des acteurs politiques qui se sont ainsi battus peuvent-ils évoquer l’idée d’un troisième mandat ? Ce que les Sénégalais n’avaient pas accepté il y a dix ans, comment peut-on imaginer une seule seconde qu’ils l’acceptent en 2024 ? » D’autant, fait observer Aminata Touré, que le référendum de 2016 a « définitivement réglé la question des mandats ».

Et son ancienne Première ministre, expliquant aux journalistes qu’elle ne peut ainsi se déjuger, d’appeler Macky Sall à « respecter sa parole » ; et qu’en tant que président de l’Union africaine, « il a l’obligation de donner l’exemple à l’Afrique ».  

Quel avenir pour Aminata Touré ? En conférence de presse, répondant à la question de savoir si elle serait elle-même candidate en 2024, elle a répondu, mi-sérieuse, mi-amusée, y penser sérieusement. Dans cette hypothèse, « j’irais au préalable à la rencontre des Sénégalaises et des Sénégalais pour prendre leur avis et leur soutien ».

Il ne fait pas de doute que le président Macky Sall, à quinze mois de l’échéance présidentielle, sera de plus en plus sollicité pour répondre à la question de son mandat. Les partisans d’un nouveau mandat fondent leur argumentation sur la proposition inverse de celle d’Aminata Touré ; à leur sens, le référendum de 2016 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiel a, en quelque sorte, « remis les compteurs à zéro ». Macky Sall n’en serait donc qu’à son premier mandat…

Il n’est pas sûr que l’opinion sénégalaise se laisse convaincre par cette argutie, et beaucoup d’observateurs, rejoignant les craintes d’Aminata Touré, redoutent que l’annonce d’une nouvelle candidature ne déclenche des émeutes, tout comme en 2010. Il n’est pas sûr non plus que les élus aujourd’hui fidèles à Macky Sall aient l’envie, ni le talent, de justifier un troisième mandat présidentiel. Leur attitude sera cruciale pour les mois à venir.

@NA

 

source: https://magazinedelafrique.com/politique/senegal-aminata-toure-quitte-la-majorite-presidentielle/?mc_cid=27843d40b4&mc_eid=c75cc7b72a