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A l’initiative de son bureau de l’Afrique de l’Ouest, la Fondation Rosa Luxemburg a conduit une conférence internationale à Dakar. Autour du prisme de l’action et du positionnement des mouvements sociaux dont la société civile se veut l’avant-garde, les participants ont fait une introspection, bien conscients des ornières dans lesquelles se confondent ceux qui portent la transformation sociale en bandoulière dans la sous-région, mais plus généralement au-delà.
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Les mouvements sociaux qui ont émaillé la dernière décennie ont mis à nu l’émergence de soupapes civiques et participatives. Se dressant face à la société politique autant qu’à la société étatique, les formes de représentation de la société civile ont cristallisé par leurs revendications sectorielles ou générales, une attention médiatique en manque de rupture.
Au Sénégal par exemple, le Mouvement du 23 Juin ou Y’en a marre, par leur discernement et leur capacité à mettre en mots et en mouvements les souffrances et les atteintes démocratiques, ont su capitaliser leur aura médiatique pour se constituer en bastion. Une fois l’objectif de faire chuter Abdoulaye Wade du pouvoir atteint, cette aura s’est, semble-t-il, fossilisée pour ne ressurgir que lors de la diffusion à la télévision de documentaires retraçant les grandes heures du mouvement.
Modou Diome, sociologue, n’y est pas allé de mains mortes pour analyser les mutations dont ces mouvements ont fait l’objet. Auteur de travaux sur les mouvements sociaux au Sénégal, il estime que ces deux mouvements se sont bureaucratisés, perdant du coup la légitimité populaire que l’occupation de la scène médiatique leur avait conférée. Selon lui, ils ne sont plus aujourd’hui en mesure de mobiliser les Sénégalais à partir des revendications qu’ils portent, quelle que soit la manière. Leur combat pour préserver le littoral ou bien dénoncer la corruption des fonctionnaires de police ne remue plus les foules. Pis, selon le sociologue, ils deviennent suspects aux yeux de beaucoup pour leur manque d’autonomie vis-à-vis de la classe politique et des influences extérieures.
A leur image, les mouvements sociaux de ces dix dernières années sembleraient même s’être perdus dans les bois, d’après Ndongo Samba Sylla, auteur de Pour une autre Afrique. Eléments de réflexion pour sortir de l’impasse. Ce chercheur, associé à la Fondation Rosa Luxemburg, a avec cette dernière coordonné une étude sur les mouvements sociaux en Afrique de l’Ouest, axée autour de la crise de la démocratie libérale et le potentiel d’action de la société civile en termes de transformation sociale.
Y’en a marre et le M23 au banc des accusés
Couvrant treize pays de la région et prenant en compte les spécificités historiques et contextuelles de chacun, cette étude met en exergue de nombreuses similarités bien que les trajectoires politiques des différents pays modifient l’ordre des revendications exprimées. Dans les pays qui sont au seuil de leur transition démocratique, l’attention des mouvements sociaux est focalisée sur les questions de gouvernance et de respect des droits humains et de l’ordre constitutionnel à l’image de la Guinée, du Burkina Faso ou du Togo.
Au Sénégal, ces revendications se sont adjointes à celles contre la vie chère. Alors que dans des pays qui viennent juste de sortir de conflits comme la Côte d’Ivoire, les revendications matérielles ne constituent pas l’apanage de la société civile. Dans l’ensemble, il apparaît qu’au-delà des revendications, la société civile, censée servir de contre-pouvoir à un Etat omniscient, n’œuvre pas toujours dans le sens du renforcement de la démocratie et de l’unité nationale. Elle se constitue souvent en une arène politique où les luttes partisanes se sont déplacées et deviennent des marchepieds vers le pouvoir étatique.
Cette dynamique allant de paire avec l’institutionnalisation de ces organisations issues de la société civile, le combat initial se vide de toute substance et de crédibilité auprès des populations. Le risque de se couper de leur légitimité première pour rejoindre le combat oligarchique aux côtés de partis politiques qui ont une histoire plus empirique des luttes de pouvoir rend les mouvements sociaux inertes et illégitimes pour porter et accompagner les ruptures, susceptibles d’apporter les transformations sociales dont les populations aspirent et qui ont amené à les propulser sur la scène publique.
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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/societe/item/32368-conference-entre-le-marteau-du-pouvoir-et-l%E2%80%99enclume-des-populations--la-soci%C3%A9t%C3%A9-civile-invit%C3%A9e-%C3%A0-retrouver-ses-marques
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