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S’il y a un journal que la débâcle — à tout le moins la contreperformance — de l’Alliance Pour la République (APR) aux élections locales de dimanche dernier n’a pas surpris, c’est bien « Le Témoin ».
A plusieurs reprises, en effet, nous avons tiré la sonnette d’alarme et dit au président de la République qu’il allait droit dans le mur. Avec la régularité d’un métronome, nous avons dénoncé les décisions qui ne nous paraissaient pas aller dans le bon sens — celui de la satisfaction des besoins et de l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais.
En même temps, les erreurs de casting en matière de nominations à certaines fonctions ministérielles ou à la tête de sociétés nationales, nous les avions aussi soulignées. Par exemple, lorsque Mme Aminata Touré avait été nommée à la Primature, alors que la plupart de nos confrères, pour ne pas dire tous, s’enthousiasmaient et se nourrissaient d’illusions, nous avions dit que la brave dame ne ferait pas le poids.
Nous avions même titré à la une que l’équipe alors formée était « une dream team sans tête », la tête étant, bien sûr, le Premier ministre. Mieux, au cours d’une émission à la radio « Sud Fm », devant le confrère Baye Oumar Guèye, l’auteur de ces lignes avait même souhaité une défaite du camp présidentiel à ces joutes afin d’emmener le président de la République à changer de cap et à donner un grand coup de pied dans la fourmilière de son parti.
Plus exactement, nous l’invitions à nettoyer les écuries d’Augias que constitue son camp. Nous n’allons pas revenir ici sur tous les reproches faits à la politique du président de la République, en particulier dans le domaine économique. Nous rappellerons simplement ici que, à la manière du général et homme politique Caton l’Ancien qui, dans la Rome antique, terminait ses discours par « Carthago dalenda est » (il faut détruire Carthage), nous répétions que la politique dite de « traque des biens mal acquis » et qui avait débouché pour l’essentiel sur l’emprisonnement de M. Karim Wade, fils de l’ancien président de la République, était contre-productive.
En décrétant que tout enrichissement était suspect et que seul l’argent propre aurait droit de cité dans ce pays, en déclenchant une chasse aux sorcières sans précédent contre les « voleurs » de l’ancien régime — alors que ceux d’entre eux qui ont rejoint le camp présidentiel étaient curieusement épargnés —, le président de la République plombait gravement l’économie nationale qui n’en avait pas besoin.
Cette interdiction de séjour faite à l’argent dit sale a contribué de manière décisive à l’impécuniosité actuelle du pays. Ensuite, en se faisant le valet de la Cour pénale internationale (CPI) — au cours des festivités marquant le 10ème anniversaire de ce Tribunal conçu pour punir les Africains seulement, il était le seul chef d’Etat présent — et des Ong de défense des droits de l’homme au point d’emprisonner le président Hissène Habré réfugié dans notre pays depuis 1990, le président de la République se coupait de secteurs significatifs de l’opinion nationale.
Et apparaissait comme une marionnette de l’Occident, une réputation que le retour en force des sociétés françaises dans l’économie nationale au détriment des sociétés créées par des compatriotes, ne contribue pas à arranger. Exemples les plus patents : Necotrans, Eiffage, Total qui rachète les réseaux des sociétés nationales d’hydrocarbures…
Par dessus tout, l’impression d’immobilisme qui prévaut, le manque de réalisations dans le domaine des infrastructures et surtout, surtout, l’incompétence de la plupart des cadres de l’APR propulsés aux responsabilités ministérielles, à la tête des sociétés nationales et aux directions des administrations centrales, tout cela a contribué à décrédibiliser le président de la République. Lequel, bien que prétendant dans le discours faire passer « la patrie avant le Parti » fait exactement l’inverse dans ses actes de tous les jours.
Un président de la République qui fait trop de politique partisane et pas assez d’économie, s’entourant de proches encore une fois très incompétents. Cela ne pouvait bien évidemment pas le rendre populaire aux yeux des Sénégalais.
Au contraire ! De ce point de vue, l’accueil plus que chaleureux réservé à l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, chassé du pouvoir il y a deux ans à peine — et dont le fils est présenté comme un grand voleur ! — cet accueil, donc, aurait dû alerter le Président.
Comme nous l’écrivions à l’époque, à travers ce triomphe réservé à Wade, il fallait moins lire un soutien enthousiaste à ce dernier qu’un signal adressé au président de la République pour lui signifier que les Dakarois, en particulier, n’étaient pas contents de sa politique et étaient plus fâchés encore contre ses hommes.
Dès lors, le meilleur service qu’ils pouvaient rendre au président, estimaient ces habitants de la capitale, c’était de lui infliger une raclée du genre de celle que son camp a subie dimanche, afin de l’inviter à changer de politique et d’hommes. C’était un dernier avertissement sans frais qu’ils tenaient à lui adresser, histoire de lui demander de redresser la barre, avant de le congédier sans ménagement en 2017 si rien n’est fait d’ici là.
Tout n’est pas perdu pour autant puisqu’il lui reste encore deux ans pour faire bouger enfin les choses dans le bon sens, en faisant notamment sortir des infrastructures de terre. Car à ce rythme, ce n’est pas de Sénégal émergent que l’on parlera mais de « Sénégal immergent », de la même manière que, plutôt que d’accélérer la cadence comme elle l’avait promis, l’encore Premier ministre n’avait fait au contraire que décélérer le rythme des réformes promises !
LE TEMOIN
source:http://www.seneplus.com/article/le-dernier-avertissement-sans-frais-des-s%C3%A9n%C3%A9galais-au-pr%C3%A9sident%E2%80%A6-avant-un-%C3%A9ventuel
Par Mamadou Oumar Ndiaye : le dernier avertissement sans frais des sénégalais au Président… avant un éventuel congédiement
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