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Le rapport de la CNRI a été déposé depuis plusieurs mois, mais les réformes tardent à être concrétisées. Qu’est-ce qui bloque à votre avis ?
Détrompez-vous ! La question institutionnelle est le cadet des soucis du Président Macky Sall. Visiblement, ce sont le Plan Sénégal Emergent – le fameux PSE – et le second mandat présidentiel qui meublent les pensées et stimulent les cogitations du chef de l’Etat. Il s’y ajoute qu’indiscutablement l’urgence n’est pas institutionnelle dans le pays.
Avec une SENELEC qui prive les foyers mais répand l’électricité dans l’air – en accentuant la colère et la grogne – d’un côté ; avec une SDE qui distribue plus d’explications, plus de communiqués que d’eau, de l’autre, vous conviendrez avec moi que c’est la surchauffe sociale, en gestation ou en perspective, qui cristallise davantage l’attention du successeur de Maitre Wade.
Est-ce que le chef de l’Etat a intérêt à mettre présentement en œuvre ces réformes, au vu des résultats des élections locales ?
Justement, Macky Sall se penche très certainement et très sérieusement sur ces résultats gonflés d’enseignements. Et qu’est-ce qu’il y trouve ou découvre ? Tout, sauf les motifs de satisfaction et de sérénité verbalement distillés par ses conseillers, mais réellement faux. Au contraire, les motifs d’inquiétude abondent. Tenez, ces élections ont donné une leçon effarante à ceux qui n’ont pas la berlue : la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) apparait désormais comme le stabilisateur de la majorité à l’Assemblée nationale et le fossoyeur du régime APR sur le terrain électoral, à travers le surgissement de Khalifa Sall sous les traits – et avec les atouts – d’un adversaire farouche en 2017 ou en 2019. Moralité : le Parti Socialiste est aussi bien un partenaire politique qu’un concurrent électoral. Devant un panorama politique aussi insaisissable, comment voulez-vous que Macky Sall qui n’a jamais été un fanatique des Assises nationales, embraye sur des réformes institutionnelles ? Même dans les grandes démocraties, les hommes politiques ne tissent pas et ne nouent pas la corde avec laquelle ils pourraient être électoralement pendus.
Si jamais le Président de la république ne respecte pas sa promesse de faire les réformes, ne risque-t-il pas une sanction populaire ?
Dois-je rire avant de répondre ? Un ancien Premier d’Israël, des années 60, du nom de Levi Eskhol – il est le prédécesseur de Mme Golda Meir – avait l’habitude de dire immédiatement après les scrutins : « J’ai fait des promesses, mais je n’ai pas fait la promesse de tenir mes promesses ». Au demeurant, la promesse de Macky Sall – si elle existe – a été mi-figue, mi-raisin. Il a dit en substance qu’il prendra du Rapport de la CNRI, ce qu’il jugera bon, après étude. A mon avis, les citoyens sénégalais sont plus soucieux de leurs ventres et de leurs poches que des textes de loi et des chartes fondamentales.
source :http://www.dakaractu.com/ENTRETIEN-AVEC-BABACAR-JUSTIN-NDIAYE-POLITOLOGUE-Le-Parti-socialiste-est-a-la-fois-le-stabilisateur-et-le-fossoyeur-de_a70408.html