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À l’étranger, il bénéficie d’une image très positive. À l’intérieur du pays, il compte de sérieux atouts. Mais, à l’approche des législatives de juin 2017, les critiques se multiplient. Pour la première fois depuis son investiture, le chef de l’État sénégalais sera confronté à une échéance électorale majeure.
«Vous êtes impressionnant, monsieur le président de la République. » Le 11 novembre, à Washington, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, roucoulait face à Macky Sall, invité à présenter les ressorts de la croissance sénégalaise et les fondements de son grand œuvre, le Plan Sénégal émergent (PSE). Au jeu des questions-réponses, au terme de son exposé, les reparties du chef de l’État sénégalais – qui a plaidé successivement en faveur de la nécessaire révision des procédures de l’aide au développement, du financement des infrastructures de transport en Afrique et de la promotion du statut des femmes – ont manifestement marqué son hôtesse. « Vous êtes féministe ? » l’interroge-t-elle. « Je suis humaniste », répond-il. « Comment peut-on aider l’Afrique ? » s’enquiert-elle. « En écoutant l’Afrique », tranche-t-il.
Apprécié à l’étranger
À peine avait-il engrangé le satisfecit du FMI à propos des performances économiques du Sénégal que Macky Sall s’en allait vanter auprès des représentants du secteur privé américain les opportunités d’investissement qu’offre le pays de la Teranga. L’occasion pour lui de recevoir un prix d’excellence décerné par la chambre de commerce des États-Unis, avant de mettre le cap sur Marrakech pour la COP22, où il allait retrouver le roi Mohammed VI, quelques jours après la visite de ce dernier à Dakar. Pour la première fois, le monarque alaouite avait en effet choisi de prononcer hors des frontières du royaume son discours rituel du 6 novembre – allocution célébrant la Marche verte du 6 novembre 1975, qui marqua le processus de libération du Sahara du joug espagnol. Selon la Maison royale, ce choix s’explique par « la profondeur des liens fraternels, spirituels et humains qui unissent le Maroc et le Sénégal ».
Macky le globe-trotter sera reçu à Paris dans le cadre d’une visite d’État, prévue du 19 au 21 décembre, la première d’un président sénégalais depuis celle d’Abdou Diouf en juin 1992. Son mentor en politique, l’ex-président Abdoulaye Wade, n’avait pas bénéficié d’un tel honneur durant ses deux mandats, quand bien même l’aurait-il souhaité. Une consécration protocolaire précédée par le défilé du trio de tête du gouvernement français à Dakar, où se sont succédé, depuis le mois de septembre, le Premier ministre, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le chef de la diplomatie, Jean-Marc Ayrault. Quant au ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il y est attendu les 5 et 6 décembre dans le cadre du troisième Forum sur la paix et la sécurité en Afrique.
Cerise sur le gâteau, Macky Sall fait partie des happy few du continent ayant eu l’honneur d’avoir été invités à la Maison Blanche par Barack Obama, mais aussi de l’avoir accueilli au cours d’une de ses très rares escapades africaines. Macky Sall est le seul, en Afrique subsaharienne, à figurer sur les deux tableaux. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir développé, en parallèle, un partenariat économique fructueux avec Pékin. « En très peu de temps, la Chine est devenue notre deuxième partenaire commercial en matière d’exportations du Sénégal vers l’extérieur, alors que, il y a quatre ans, à mon arrivée [au pouvoir], elle était le vingt-quatrième », déclarait-il fièrement à Canton, en septembre.
En mal de popularité au Sénégal
Si ses homologues et les grands bailleurs de fonds pouvaient élire le prochain président du Sénégal, nul doute que Macky Sall serait l’heureux gagnant en 2019, tant sa cote de popularité à l’international est élevée. Mais c’est dans l’arène sénégalaise que l’actuel chef de l’État devra affronter les deux défis qui l’attendent à court terme. Il devra d’abord consolider sa majorité – aujourd’hui confortable – à l’Assemblée nationale aux législatives de juin 2017, face à une coalition d’opposition tentaculaire qui entend bien le mettre en difficulté, voire le contraindre à une cohabitation forcée. Ensuite, il lui faudra distancer ses rivaux, voire leur infliger le fameux tako kélé (« un coup KO ») dès le premier tour de la présidentielle, en février 2019.
Ces échéances cruciales se dérouleront bien évidemment sur le sol sénégalais, où la popularité du chef de l’État, à défaut d’être compromise, se fait moins assurée qu’à l’étranger. « Il y a un contraste saisissant entre le Macky de l’extérieur et celui de l’intérieur », confirme le politologue Babacar Justin Ndiaye. Et vu « de l’intérieur », à l’aube de cette année test 2017, le chef de l’État dispose d’atouts mais souffre aussi de quelques handicaps.
D’abord, les atouts. Si le mode de gouvernance discret de Macky Sall, 54 ans, contraste avec la roublardise de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, tous deux ont en commun une connaissance intime du pays profond et des rouages de la classe politique nationale. Pour remporter la présidentielle de 2012, Macky Sall a su labourer les terres sénégalaises pendant trois ans, n’hésitant pas à dormir dans des villages reculés, privés de tout, tandis que certains de ses challengeurs, moins inspirés, scandaient leurs slogans sur la place de l’Obélisque, à Dakar.
Un pouvoir et une légitimité affaiblies
Parlant couramment trois des principales langues nationales – le wolof, le sérère et le pular –, Macky Sall a en outre su consolider son élection en ralliant durablement deux des cinq principaux partis du pays : l’Alliance des forces de progrès (AFP) et le Parti socialiste. Sans parler d’autres leaders, moins influents électoralement mais qui, d’Amath Dansokho à Djibo Kâ, lui sont redevables. Ces atouts seront-ils suffisants ?
L’affaire Karim Wade et son lot d’anomalies judiciaires – sans parler des autres procédures contre des cadres du Parti démocratique sénégalais qui ont fini en queue de poisson –, l’interdiction à répétition de manifestations dans la capitale, l’apologie de la transhumance formulée par Macky Sall lui-même en avril 2015, la volte-face présidentielle (à la suite du refus constitutionnel) sur la promesse de réduire de sept à cinq ans son premier mandat, les doutes de l’opposition sur la refonte du fichier électoral, ou encore les soupçons de pratiques népotiques de la famille Faye-Sall sont autant de « casseroles » que s’emploient à faire tintinnabuler ses adversaires d’un bout à l’autre du pays.
Macky Sall sera-t-il victime du mauvais sort que lui jettent ses bruyants opposants, désireux de le bouter hors du palais présidentiel ? Les conseillers du chef de l’État, un sourire en coin, assurent qu’il n’en est rien.
Source Jeunafrique
URL REF ! http://www.leral.net/Senegal-2017-annee-test-pour-Macky-Sall_a187601.html