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Seule femme candidate à l’élection présidentielle du 28 juillet 2013, Mme HaïdaraAïssataCissé dite Chato, député élue à «Bourem» dans le nord du Mali, est un cas atypique dans le champ politique malien. Pour bien de raisons qui ont été d’ailleurs un prétexte pour Sud quotidien de dresser le portrait de cette battante ou icone rencontrée à Bamako, en marge du forum des femmes « Genre et développement » en prélude au sommet Afrique France qui s’y est tenu du 13 au 14 janvier dernier. Zoom sue un député qui ne manque pas l’occasion pour dénoncer la défaillance des femmes dans la politique, tout en arguant que « le jour où la femme décidera de voter pour la femme, les choses vont bouger».
La député Aïssata Cissé Haïdara est très connue dans le monde syndical. « J’ai démarré en tant que syndicaliste pour sauver l’entreprise. Cela n’a pas été possible à cause de la volonté
politique. Cette situation m’a amenée à m’engager dans la
politique, car je me disais, qu’en le faisant, je pourrais aussi changer les choses», a-t-elle fait savoir. Ce fut alors le début d’une longue et épineuse aventure qui l’a amenée en 1997 à se présenter aux élections législatives, hélas sans succès. « Je suis de «Bourem» dans le Nord du Mali. Là encore, la religion ne pouvait pas comprendre qu’une femme cherche à avoir des responsabilités ». L’élue «chato», malgré cette défaite, ne se décourage pas. Elle revient en 2007 avec des arguments plus convaincants et voila qu’elle est nommée député. Très engagée dans la recherche de la paix au Mali, la député « chato » fera ainsi savoir : « les temps forts de mon engagement peuvent être trouvés pendant l’occupation du Mali où j’ai joué un rôle déterminant en bravant les Djiadistes, les membres du Mnla,en leur portant la contradiction. J’étais tout le temps dans les chaines internationales. Et cela a été un moment déterminant dans ma vie, surtout que j’ai subi des menaces de mort qui ne m’ont pas découragé », a-t-elle fait savoir.
CANDIDATE A LA PRESIDENTIELLE DE 2013
Aïssata Cissé Haïdara sera dans la foulée candidate à l’élection présidentielle malienne de 2013. Pour elle, ce fut une grande expérience avec des hauts et des bas. Toutefois, elle a avancé : « je ne le regrette pas, car cela m’a permis de savoir jusqu’où peuvent aller les femmes». Membre du PDES (Parti pour le développement économique et la solidarité), Aïssata Cissé Haïdara ne s’est pas présentée à la présidentielle sous la bannière de son parti politique, mais plutôt d’une coalition. Et d’expliquer : « la crise que traverse la classe
politique dans son ensemble n’épargne pas ma propre famille
politique ou du moins ses dirigeants et j’en suis consciente. Je l’ai déjà dit, notre pays connait une crise multiple et la plus profonde est celle des politiques qui, à cause de petits calculs et de compromis, ne sont pas en mesure de faire les bons choix, ceux de l’intérêt général du Mali et des Maliens ». c’est la raison pour laquelle, a-t-elle fait comprendre, «…j’ai décidé de poursuivre ma candidature, la grande majorité de la base du PDES m’a soutenue et ils font partie de l’Alliance CHATO 2013. Comme d’autres, ils ont rejoint cette alliance pour soutenir ma candidature indépendante et populaire, c’est-à-dire portée par la base et la société civile ».
LE SENS D’UN COMBAT
Quid de sa vision et du sens de son combat ! Aïssata Cissé Haïdara dira : « J’ai changé de vision et de combat après ma défaite la présidentielle de 2013 ». Aujourd’hui, il est question de faire comprendre aux femmes qu’elles ont tort de ne pas faire confiance à leurs semblables. « Au départ, ce sont les femmes même qui ont payé les 10 millions de caution pour que je me représente. J’avais leur soutien complet. Tous les hommes qui étaient candidats, au nombre de 27, ont fait leur campagne de lancement au Palais de congrès avec 1000 places. Pour ma part, je l’ai fait au Palais de la culture avec 3000 places et c’était plein à quel point que l’on était obligé de mettre des écrans géants pour permettre à la foule qui était dehors de vivre cet instant».
Et de poursuivre : «ce jour même, il y a une femme qui est à l’Union européenne et qui m’a dit qu’on a échoué. Elle avait raison, car mes adversaires ont changé de stratégie et ils ont convaincu les femmes individuellement pour qu’elles les suivent. Le vendredi, on devait clôturer la campagne mais la veille, il y a eu des défections et même des déclarations à la radio pour dire non à ma candidature » a-t-elle fait comprendre. Pour la député «Chato», cette expérience vécue lui a permis de comprendre que les femmes aiment bien accuser les hommes alors que ce sont elles mêmes qui ont des problèmes. «Car autant je peux comprendre que, pour les postes nominatifs, c’est la volonté des politiques, mais pour les postes politiques, ce sont des élections. En général, les femmes font la campagne pour les hommes, pour qu’ils soient élus. Cependant, le jour où la femme décidera de voter pour la femme, les choses vont bouger. Mais on n’est pas solidaire» se désole-elle. Dans la foulée, Aïssata Cissé Haïdara révélera que son combat, aujourd’hui, reste de convaincre les femmes de se soutenir mutuellement pour faire bouger les choses. Et comme elle le dit : « je suis en train de faire un travail de fond chez les femmes pour leur montrer qu’elles peuvent se présenter et qu’elles ont les potentialités de le faire».
EN MARCHE VERS LA PARITE
Autre chose qui fige le volontarisme de Aïssata Cissé Haïdara, la question de la parité. «En parlant de parité, le Mali est à 30%. Ce progrès, je l’apprécie à sa juste valeur et je peux dire en tant que président du Réseau des femmes parlementaires du Mali que j’ai joué un rôle déterminant dans ce combat» déclare la député «Chato».
De son avis, cela a été difficile, car au moins, à cinq reprises, le projet a été présenté à l’Assemblée nationale pour être rejeté. «Il a fallu qu’on fasse des stratégies et j’ai proposé que chaque femme député essaie de convaincre 4 hommes. Puisqu’on était 14 femmes sur 137 députés, on l’a fait et moi seule, j’en ai convaincu 18. Et c’est ainsi qu’on a pu faire passer notre loi», souligne la ressortissante de Gao. Et d’attester pour finir : « on a eu le soutien
politique, c’est malhonnête de ne pas le dire, car le président de la République s’est impliqué personnellement ». Seulement pour la donne liée à l’institution de la parité, Aïssata Cissé Haïdara avance que c’est un progrès qu’il ne faut pas quantifier et qu’aujourd’hui, l’urgence est de faire en sorte que dans l’application, cela soit une réalité.
Réalisé par Denise ZAROUR MEDANG (A Bamako)
source: http://www.sudonline.sn/le-jour-ou-la-femme-decidera-de-voter_a_33225.html