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C’est apparemment la guerre ouverte entre Pastef-Les Patriotes, le parti d’Ousmane Sonko, et le tout nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Et pour cause, suite à la campagne de levée internationale des fonds déclenchée par la formation du candidat arrivé troisième à la présidentielle de 2019, le ministre de l’Intérieur a sorti une note circulaire menaçant de dissoudre le parti de Sonko pour non-respect de la loi sur le financement des partis.
Et du même coup, le successeur d’Aly Ngouille Ndiaye à la Place Washington a suscité une véritable levée des boucliers de la part de la classe politique et autre qui lui oppose une méconnaissance de la loi en question et… le mode de financement de la campagne de Macky Sall en 2012, fortement soutenue par les subsides de ses militants et sympathisants vivant hors du Sénégal.
La levée de fonds internationale enclenchée depuis samedi par Pastef Les Patriotes n’agrée nullement le régime en place, et en premier le nouveau ministre de l’Intérieur. Dans une note circulaire, Antoine Félix Abdoulaye Diome menace ouvertement le parti Pastef-Les Patriotes d’Ousmane Sonko de dissolution. Le ministre rappelle ainsi dans son texte que les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion des manifestations. « Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal, s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 alinéa 2 de la loi de 1981 susmentionnée », a-t-il fait savoir dans la foulée.
La sortie du ministre Diome a fini par occasionner une véritable levée des boucliers des acteurs politiques et autres (voir ci-dessous) qui se portent-en-faux contre la lecture de la loi en question faite par le ministre de l’Intérieur. Sur son compte Twitter, Cheikh Bamba Dièye qui dit ne pas comprendre le ministre de l’Intérieur écrit : «L’Apr et Bennoo Bokk Yaakaar usent des ressources publiques à des fins politiciennes et jamais ils n’ont été inquiétés. Des Sénégalais soutiennent librement un parti de l’opposition, Pastef pour ne pas le nommer, on le menace de dissolution. Rewmi neex na torop. Fan lañu jëm ak ñii », (Ce pays est trop bon. Où va-t-on avec ces gens-là? Traduction approximative) ? De son côté, le parti d’Ousmane Sonko a répliqué au ministre de l’Intérieur via un communiqué en date d’hier, dimanche. En snobant royalement Antoine Félix Diome. Dans son communiqué, Ousmane Sonko et cie relèvent que « Pastef-Les Patriotes a décidé d’innover dans le financement des partis politiques, au Sénégal, en faisant appel public et transparent aux contributions volontaires de nos compatriotes : le Nemmeeku Tour.
La première édition du Nemmeeku Tour, lancée hier, 02 janvier 2021, a été un succès retentissant, surpassant même nos attentes. Elle a permis, en seulement quelques heures, de lever 125 millions de francs CFA en donations effectives et plus 81 autres de promesses de donations ».
Et de poursuivre, à l’endroit des Sénégalais : « En souscrivant si massivement au Nemmeeku tour 2021, vous avez démontré avoir compris le vrai sens de notre combat patriotique, qui exige de chacune et chacun d’entre nous un ”don de soi” sincère et profond. Cela est très prometteur pour l’orientation que nous avons opté de donner à nos rapports individuels et collectifs à l’État, à la chose et aux biens publics ;
- En souscrivant si massivement au Nemmeeku tour 2021, vous avez démontré avoir compris l’importance, pour un parti bâti et adossé sur l’Éthique, de se conformer à la législation sur les partis politiques ;
- En souscrivant si massivement au Nemmeeku tour 2021, vous avez également et surtout compris l’exigence de rester autonomes, indépendants de tous lobbys et autres sources de financements occultes, nationaux ou étrangers, afin de garder la pureté de la ligne patriotique et toute notre liberté d’action et de décision gouvernementale, une fois au pouvoir ».
Cette nouvelle polémique semble remettre au goût du jour l’épineuse question au Sénégal du financement des partis politiques, maintes fois évoquée, aux mille et une esquisses de solutions, mais jamais réglée.
AYMEROU GNINGUE, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE BENNOO BOKK YAAAKAR : «Force doit rester à la loi»
«La loi 75-37 relatif aux partis politiques, dans son exposé des motifs, a proscrit l’utilisation des subsides venant de l’étranger et d’étrangers vivant au Sénégal pour éviter que des groupes de pression manipulent des partis politiques légalement constitués pour leurs propres intérêts et entretiennent des relations de domination avec notre pays. Cette loi amendée par les députés de la 4ème Législature, avec comme rapporteur l’honorable Samba Yela Diop avait introduit une précaution supplémentaire interdisant aux partis de se faire financer par des Nationaux, amendement accepté par le gouvernement. Les lois 81-17 et 89-36 ont clairement défini les limites de financement des partis politiques que sont les cotisations de leurs membres, leurs dons et legs de leurs membres et sympathisants nationaux et les bénéfices tirés de leurs propres manifestations. Ce champ exclut tout étranger installé au Sénégal et en dehors du territoire national. C’est pourquoi, tout “appel de levée de fonds internationale” ne peut s’inscrire que dans l’illégalité la plus parfaite. Tout État qui se respecte doit avoir un contrôle rigoureux sur les flux financiers qui inondent son marché. C’est une question de souveraineté nationale, de sécurité publique et de viabilité de notre système économique. Nos États, en faisant appel à l’épargne publique dans notre espace UEMOA sont soumis au contrôle et à l’autorisation du conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers qui délivre un visa. Dans un monde en plein péril sanitaire, où le péril jihadiste est à nos frontières, il serait hasardeux de laisser prospérer des initiatives enfantines où la provocation l’emporte sur l’esprit de responsabilité qui doit caractériser nos hommes politiques. D’autant que le Président de la République, en lançant le dialogue politique invite tous les acteurs, majorité, opposition comme société civile pour un large consensus sur notre modèle de gouvernance démocratique, y compris la question du financement des partis politiques qui concerne tous les partis politiques du pays. Dans un tel contexte, je trouve tout à fait farfelu qu’un acteur décide à lui seul des modalités de financement de son propre parti à l’exclusion de tous les autres. Quelle marque de considération pour tous les autres dirigeants politiques du pays. Force doit rester à la loi ».
MOCTAR DIENG