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En séminaire avec les cadres de son parti au cours du week-end, à Saly, Idrissa Seck, le leader de Rewmi et candidat à la succession de Macky Sall, a lancé les bases de sa gouvernance, si bien évidemment, il est porté à la tête du pays au soir du 24 février 2019. Dans un discours séquencé, parfois même railleur, ou aussi anecdotique, le patron des «Oranges» a décliné quelques pans d’une feuille de route devant être soumis au crible des cadres du Rewmi et du citoyen lambda.
Avant de pouvoir solliciter le suffrage des Sénégalais et matérialiser ce programme alternatif pour le Sénégal, Idrissa Seck a toutefois demandé «pardon» à tous ceux qu’il a eu à heurter par ses paroles et gestes en tant qu’homme politique et homme d’Etat. Non sans manquer de jeter quelques piques au régime de Macky Sall. Il faudra compter avec le président du parti Rewmi pour les prochaines joutes électorales qui s’annoncent déjà épiques. En effet, Idrissa Seck fera face au président de la République, Macky Sall, candidat à sa propre succession. Même si le patron des «Oranges» ne le dit pas explicitement, il a posé des actes clairs, le samedi 14 avril dernier, lors du séminaire consacré aux Cadres de son parti, en vue de présenter un programme alternatif aux Sénégalais. En effet, le président du Conseil départemental de Thiès a tenu d’abord à régler un préalable avant de solliciter le suffrage des Sénégalais. Devant des militants acquis à sa cause, sans oublier les invités venus nombreux assister à cette rencontre tenue dans un hôtel à Saly, Idrissa Seck a présenté ses excuses au peuple sénégalais. Il déclarera ainsi : «Je voudrais, aujourd’hui, avant de solliciter le suffrage des Sénégalais, vous regarder dans les yeux et convoiter d’Allah, qu’ils me pardonnent mes offenses comme je pardonne aussi à ceux qui m’ont offensé». L’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade présente ainsi ses excuses à tous ceux qu’il a eu à heurter, blesser ou choquer par la parole ou par son comportement tout au long de sa carrière d’homme politique ou d’homme d’Etat. Faisant d’une pierre deux coups, il a demandé pardon à Fatou Sock, une responsable de son parti qui aurait gelé ses activités politiques. Pour avoir reconnu publiquement ses erreurs, la mise en cause a appelé à l’instant pour annoncer son retour aux affaires à Rewmi. Des propos tenus après avoir répondu à un appel.
LE SENEGAL SOUS IDRISSA SECK
Tout en annonçant un programme qui sera concocté par les cadres de son parti et discuté avec l’ensemble des corps de métier, puis enfin posté sur le net pour recueillir les avis des uns et des autres, l’ancien maire de Thiès a décliné sa feuille de route dans bien des domaines. Ainsi donc, dans le secteur éducatif, en rendant hommage aux enseignants et chercheurs, il a annoncé la création d’un Conseil supérieur de l’éducation. Cette institution, qui ne sera confiée ni à un Premier ministre, encore moins à un ministre, sera présidée par le président de la République. Elle inclura, à son avis, les meilleurs dans tous les domaines, notamment recteurs d’université, proviseurs de lycée, directeurs de collège, d’écoles élémentaires et d’écoles maternelles. Faisant ainsi les yeux doux aux enseignants, dans un contexte marqué par une tension entre ledit corps et le régime, il dira «qu’il est inadmissible que, qui que ce soit, soit mieux payé que les enseignants». Il trouve ainsi inacceptable qu’au Sénégal, les enseignants soient négligés.
INAUGURER L’ERE D’UNE GESTION JUSTE, EFFICACE ET AMBITIEUSE
Poursuivant son esquisse de programme à mettre en œuvre, si toutefois les Sénégalais lui faisaient confiance au soir du 24 février 2019, le président de Rewmi a promis d’inaugurer, au Sénégal et en Afrique, l’ère d’une gestion «juste, efficace et ambitieuse». Jetant des piques aux tenants du pouvoir, il a trouvé que «les notions de gouvernance sobre et vertueuse sont vagues». Ainsi donc, à l’image des Américains qui soutiennent vaille que vaille leur fils, “Idy“ a promis d’augmenter les pensions des anciens combattants et celles des blessés de guerre. Il a donné la garantie de faire en sorte que les soldats sachent qu’il veillera personnellement à ce qu’ils aient des conditions convenables, quand il les enverrait en mission.
Sur la justice, Idrissa Seck a certifié qu’il fera en sorte que le président ne préside plus le Conseil supérieur de la magistrature, une des doléances des magistrats. Toutefois, il précise qu’il ne veut pas «un gouvernement des juges». «Je veux un Conseil supérieur de la magistrature dont la composition sera remaniée», préconise-t-il. Pour avoir fait le constat selon lequel, «aucun magistrat n’est hors de sanction en dehors d’un seul cas», le natif de Thiès pense qu’il n’est pas question de laisser aux juges libre cours. Ainsi donc, il pense «qu’il faut associer à l’indépendance de la magistrature, leur responsabilité». Ce qui suppose qu’il faut les sanctionner quand ils fautent.
Déclinant ses ambitions dans le domaine économique, il a révélé qu’il fera en sorte qu’en 2029, fin de son deuxième mandat, que plus personne au Sénégal ne demande de l’électricité et que l’accès soit universel. Avec la découverte du pétrole et du gaz, «s’il n’est pas volé par la famille Sall d’ici là», raille-t-il, Idrissa dit vouloir faire du Sénégal «un hub de production d’électricité». Dans la même veine, notamment sur le mix-énergétique, il a exprimé son souhait de voir environ 30% de la puissance installée en énergie renouvelable. Tout en déplorant les taxes imposées au niveau du secteur tertiaire, il a promis de revoir la fiscalité des entreprises du secteur numérique.
VOTE DE LA LOI SUR LE PARRAINAGE : Rewmi manifestera le 19 avril prochain
Le président du parti Rewmi n’a pas manqué de décrocher quelques flèches en direction du président Macky Sall. Il a ainsi accusé le chef de l’Etat et son gouvernement d’avoir tenté d’empêcher la réunion de son parti à Saly, Mbour. «Ils ont exercé des pressions sur les réceptifs hôteliers de Saly, y compris sur des propriétaires de domiciles privés que nous avions réservés pour accueillir nos hôtes étrangers et dont les contrats ont été annulés cette après-midi même (le samedi) pour motif de travaux. Alors que les maisons avaient été visitées et étaient dans un excellent état», déplore-t-il. En effet, la manifestation allait tomber à l’eau à cause d’un désistement de dernière minute d’un propriétaire d’hôtel. Finalement, elle a été tenue dans un jardin d’un hôtel à Saly, avec tous les désagréments qui en ont suivi, notamment l’exiguïté des lieux pour contenir tout le monde.
S’agissant du vote de loi modifiant la Constitution et le Code électoral, le président du conseil départemental de Thiès a confirmé sa présence à la manifestation prévue par l’opposition et certaines organisations de la société civile. En ce qui concerne la médiation entreprise par la Société civile, Idrissa refuse la main tendue du chef de l’Etat car, à son avis, la société civile «cherche à renouer les fils d’un dialogue rompu». Il a dit clairement qu’il ne dialoguera pas avec Macky Sall «parce que sa parole n’est pas stable». En revanche, il a demandé aux médiateurs, d’aller dire au président de faire ce qu’il doit faire, à savoir : «de ne pas violer notre Constitution, de ne pas instaurer ce parrainage». Cela, tout en précisant qu’ils ne veulent pas brûler le pays, mais qu’ils resteront déterminés. Il a promis par ailleurs que «si Macky Sall viole la Constitution du Sénégal, nous le dégagerons de là».
SOURCE : http://www.sudonline.sn/idrissa-seck-esquisse-sa-feuille-de-route_a_39176.html