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L’OBS – La présente campagne agricole prendra fin ce 31 mai 2014. A quelques encablures de cette échéance cruciale, le monde rural est au bord de la rupture. L’espoir suscité par les premières pluies tombées la semaine dernière devient presque une espérance évanescente, au regard des craintes nées du retard constaté dans la distribution des intrants agricoles. Aussi bien au Sud qu’au Nord du pays, en passant par le bassin arachidier, les paysans déclarent n’avoir reçu ni semences ni engrais. Une situation qui les installe dans l’inquiétude et l’impatience. Paradoxalement, les semences sont disponibles dans la plupart des régions, mais le rythme de ventilation est très lent. Pis, dans certaines localités comme Tambacounda, les semences ne sont pas distribuées à cause d’une absence d’arrêté autorisant la mise en place des commissions locales. Et pour ne rien arranger, là où le matériel agricole (houe, semoir, presse à huile…) existe, les prix sont jugés exorbitants par les paysans.
Du côté des autorités, notamment du ministère de l’Agriculture, l’on annonce que plus de 60% des semences sont disponibles dans les régions et que l’Etat a injecté plus de 23 milliards FCfa, au titre de la subvention des intrants agricoles.
KAOLACK- DISTRIBUTION D’INTRANTS
Pas l’ombre de semences
Le constat est amer à Kaolack. Les paysans nourrissent des craintes. Alors que le ciel commence à ouvrir ses vannes dans certaines localités de la région (Ndoffane), les paysans du Saloum sont dans le désarroi. Après une campagne agricole désastreuse avec des séquelles encore visibles sur le quotidien des producteurs, notamment les bons impayés, les producteurs du bassin arachidier doivent encore faire face à un autre défi. Celui d’un bon hivernage. La campagne agricole 2013-2014 sera bouclée le 31 mai prochain alors que certains producteurs ne sont même pas encore rentrés sur leurs fonds. Malgré cette situation, ces paysans ont déjà labouré et défriché leurs terres, en attendant les intrants et le matériel agricole. Des produits nécessaires pour une bonne campagne agricole. Dans 13 des 14 collectivités locales que compte le département de Kaolack, la situation est la même. Les producteurs n’ont reçu ni intrants ni matériel agricole. Selon Ibrahima Badiane, président des producteurs du bassin arachidier, «les cultivateurs n’ont pas encore vu l’ombre de semences, encore moins le matériel agricole». Ce que confirme Sidy Ba, Secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs agricoles. Selon lui, le matériel est certes disponible, mais pas encore acheminé vers les producteurs. «Les semences ne sont pas encore disponibles et ceci, à cause de la mauvaise campagne de commercialisation qui a tardivement démarré. Mais, pour ce qui est de l’engrais, il est disponible dans certaines zones à 60%.» 225 houes occidentales, 540 houes Sines, 945 semoirs, 58 charrues ucs, ainsi que 18 Presses à huile sont octroyées à la région de Kaolack. Mais le problème majeur est que tout ce matériel est bloqué à cause de la non-fonctionnalité des commissions locales. «Des manquements administratifs qui font que les producteurs n’ont pas encore reçu ce matériel», explique-t-il. Le cauchemar de la précédente campagne continue de hanter le sommeil des producteurs. Jusqu’au mois de Mai, alors que des précipitations sont enregistrées, le gouvernement traîne encore les pieds par rapport à la distribution des intrants. Des retards qui peuvent avoir de graves conséquences sur le rendement des producteurs, car certaines zones sont inaccessibles en période hivernale.
MARIE BERNADETTE SENE
LOUGA - MISE EN PLACE DES SEMENCES ET DES INTRANTS
Timide démarrage
Il a plu avant-hier à Louga. Avec des grondements de tonnerre annonçant l’hivernage. Les paysans, eux, sont en train de mettre les bouchés doubles pour une bonne préparation de la saison des pluies. Cependant, avec le timide démarrage noté dans la mise en place des semences et des intrants, ces mêmes paysans commencent à s’inquiéter. Depuis une semaine, les semences (l’arachide, les céréales et le niébé), l’urée et le matériel agricole sont en train d’être ventilés sur toute l’étendue de la région à un rythme faible. Une quantité de 240 tonnes de niébé est déjà distribuée dans 11 points. L’opérateur semencier, Cheikh Diop, fournisseur, que nous avons joint par téléphone, confie ceci : «J’ai réalisé ma distribution à 100%. J’ai convoyé en brousse 240 tonnes de niébé.» Les autres opérateurs sélectionnés sont toujours sur le terrain. Les besoins de la région de Louga (qui assure 50% de la production nationale en niébé) ne sont pas encore satisfaits. Par contre, dans la quasi-totalité des communautés rurales, aucune graine d’arachide n’est encore distribuée.
Pour ce qui est des intrants, une quantité de 89 tonnes d’urée (destinée aux cultures céréalières) est déjà placée par la Semac. L’autre formule d’engrais, communément appelée «06-20-10» et «15-10-10», très attendue, car utilisée dans les champs d’arachides, n’est pas encore disponible. La distribution du matériel agricole n’est pas non plus effective, mais elle a atteint sa dernière phase. Les houes occidentales (vendues à 24 000 FCfa) et les semoirs (vendues à 67 500 FCfa) dorment toujours dans les magasins des commissions locales mises sur pied pour sélectionner les bénéficiaires.
ABDOU MBODJ
KOLDA – MISE EN PLACE ET CESSION DES SEMENCES ET INTRANTS AGRICOLES
La grande inquiétude chez les producteurs de Kolda
La mise en place et la cession des semences et intrants agricoles se déroule de manière très timide à Kolda. Les paysans et producteurs de la région qui déplorent ce retard, après les premières pluies enregistrées, se disent très inquiets.
Le président de la Fédération régionale des paysans du Fouladou, Mamadou Kandé, par ailleurs coordonnateur de l’encadrement des paysans et producteurs de la zone sud-est, demande à l’Etat et à ses partenaires d’être plus anticipatifs, afin de mettre les paysans sur les rails d’une production abondante.
«Rien n’est mis en place», déplore-t-il. A la date d’aujourd’hui (hier mardi 27 mai 2014), précise-t-il, seules 60 tonnes d’arachide de l’opérateur Gora Niang, plus 40 tonnes d’urées et 20 tonnes d’engrais 15/15 du Sahélien d’entreprise de développement agro-bisness (Sedab) sont mises en place», a fait savoir Mamadou Kandé qui ne cache pas son inquiétude. «Nous sommes vraiment inquiets, il y a un grand retard dans la mise en place des semences et intrants agricoles», se désole-t-il. «À ce jour, ajoute-t-il, du côté des cultures céréalières, pas de semences. Idem pour l’engrais.» Les premières pluies sont tombées depuis plus d’une semaine et la région a déjà enregistré trois à quatre pluies, souligne M. Kandé. «Le matériel agricole est arrivé depuis plus de trois mois pour le département de Kolda, mais on déplore sa mise en vente tardive.» Au total, il y a 200 semoirs à raison de 67 500 FCfa l’unité, 218 houssines, à raison de 25 500 FCfa l’unité, 70 houes et quatre presses à huile dont l’unité est vendue à plus de 2 millions de FCfa. Les paysans et producteurs de la région regrettent, cependant, le fait qu’il n’y ait aucune charrette dans les matériels agricoles envoyés à Kolda.
SOULEYMANE SALL
ZIGUINCHOR- CAMPAGNE AGRICOLE
La région a anticipé sur la mise en place des semences et intrants agricoles
«La mise en place des semences et des intrants agricoles pour la présente campagne agricole en Casamance est très correcte. Mieux, la région a anticipé sur la mise en place de ces semences et intrants agricoles.» C’est du moins ce qu’a révélé hier, le Directeur régional du développement rural, El Hadji Mamadou Lamine Konté. Avant de reconnaître que les semences sont aujourd’hui présentes dans la région de Ziguinchor. «La situation de l’hivernage de cette année augure de bonnes dispositions. D’ailleurs, nous n’avons jamais démarré dans des conditions aussi bonnes. Le matériel agricole est disponible depuis plus d’un mois dans la région. La distribution des semences d’arachides a également démarré depuis une semaine et nous sommes à 40% de mise en place. La balle est désormais dans le camp des producteurs qui doivent acheter les semences», a fait savoir M. Konté. Revenant sur la pause pluviométrique observée depuis un certain temps dans la partie sud du pays, le Directeur régional du développement rural pense qu’il ne peut avoir d’incidence négative sur certaines cultures qui sont déjà mises en place dans une contrée où la plupart des paysans viennent juste de commencer les labours. Des paysans en Casamance qui croient ferme qu’avec ce début prometteur de la pluie on peut bien avoir une bonne campagne agricole pour la présente saison. Le petit matériel agricole ainsi subventionné à 70%, les semences sont vendues pour l’arachide à 140 FCFA/Kg, le maïs à 150FCFA/Kg, le riz à 100FCFA/Kg, le sorgho à 150FCFA/Kg et le fonio à 150FCFA/Kg. L’année dernière, le régime pluviométrique était correct dans la région avec plus de 1400 mm.
ABDOURAHMANE THIAM
TAMBACOUNDA- DISTRIBUTION DE SEMENCES
Les paysans croisent les doigts
L’attente risque encore d’être longue pour les paysans du département de Tambacounda. 2 685 tonnes d’arachides écrémées sont déjà sur place, mais tardent à être ventilées à cause d’un arrêté de l’autorité.
Les besoins en semences dans la région de Tambacounda sont estimés à 2 685 tonnes. Sur le terrain, les cultivateurs s’adonnent à des opérations de débroussaillage et d’écobuage pour préparer les parcelles de cultures dans l’attente des pluies. Une réalité qui inquiète les producteurs du département avec aussi la croissance des centres urbains. Les quartiers spontanés gagnent sur les espaces ruraux et contribuent à réduire les terres de cultures. Les conséquences de l’urbanisation sont redoutables pour le monde rural confronté à certaines mutations comme l’intégration de nouvelles stratégies en vue de changements de comportements. Les vivres de soudures tant attendus par les ménages ruraux tardent encore. Le chef de village de la communauté rurale de Dialacoto, département de Tambacounda, Sounkarou Dianbang, interrogé, dit être dans des «besoins urgents» et attend la réaction du gouvernement. Pour ce qui est des semences, le chef de village se dit indigné de voir que sa communauté rurale attend toujours les semences. Du côté de la Direction régionale du développement rural, le chef de service rassure que 2 685 tonnes d’arachides écrémées sont déjà disponibles pour toute la région de Tambacounda et les tests effectués. Pierre Diouf souligne que 1078 autres tonnes d’arachides certifiées R3 sont attendues. Seulement, l’heure est à l’attente d’un arrêté pour mettre en place les commissions et ventiler l’arachide écrémée dans les différents points. Pour le bétail, c’est la même situation. Les réserves de pâturage ont disparu avec l’intensification de la collecte de la paille. Les bergers se rabattent sur les feuillages des arbres, un fait du reste préjudiciable pouvant entraîner une forte désertification.
Pape Ousseynou DIALLO
LINGUERE-DISTIBUTION DE SEMENCES
Les producteurs s’impatientent
Après le démarrage de l’hivernage dans certaines parties du pays, les agriculteurs du département de Linguère s’inquiètent toujours. Ils n’ont toujours pas de semences. Pape Cissé, un des leurs, avertit qu’ils ne sont pas prêts à recevoir des semences issues de la collecte de la saison, parce que, soutient-il, le tri n’a pas été fait. Son souhait est de disposer de semences certifiées.
Il explique qu’à pareil moment, l’année dernière, tout était déjà fait et dès les premières pluies enregistrées le 4 juillet, bon nombre de paysans étaient déjà prêts. Même s’ils louent l’effort consenti par le gouvernement pour subventionner le matériel agricole à hauteur de 70%, les paysans souhaiteraient davantage de réduction, puisqu’ils désirent acquérir le semoir entre 40 000 FCFA et 50000 F CFA et non à 60 000 FCFA. Pour d’autres matériels agricoles comme la houe occidentale que le gouvernement a cédé au producteur à 24 000 F CFA, les paysans souhaitent encore une baisse jusqu’à 15 000 FCFA. En attendant, des sources bien informées expliquent que les 19 collectivités locales du département attendent un total de plus d’un millier de tonnes d’arachides. Ces mêmes sources rassurent les paysans en confirmant qu’effectivement, des localités comme Linguère, Gassane, Ouarkhokh, Dahra, Sagatta, disposent de leurs semences, alors que d’autres localités, la mise en place des semences n’est pas encore effective.
Papa Ibra Ndiaye
Kaffrine
Aucune graine reçue par les cultivateurs
L’hivernage approche à pas de caméléon dans la région de Kaffrine. Malgré les quelques traces de pluies que la localité a enregistrées ces derniers jours, les cultivateurs qui ont déjà commencé à préparer leurs champs vont devoir s’armer de patience et de courage avant de recevoir leurs intrants. Dans cette partie du bassin arachidier, les paysans n’ont encore reçu aucune graine d’arachide, encore moins d’engrais pour la saison des pluies de cette année. Une situation qui, de l’avis du chef de la Direction régionale du développement rural, (Drdr) va connaître sous peu des avancés considérables. Selon Abiboulaye Sidibé, bien que la distribution des semences et des engrais n’ait pas été encore effectuée auprès des bénéficiaires, toutes les dispositions nécessaires permettant à ces derniers d’avoir à temps leurs intrants ont été, cependant, prises par sa direction et les autorités compétentes. A l’en croire, en rapport avec les commissions chargées de la planification et la distribution des semences et engrais, tous les stocks ont été notifiés aux opérateurs économiques et leur mise en place effectuée. Donc, de son avis, il ne reste que la distribution. Et, elle ne va pas tarder à démarrer.
Cependant, contrairement aux explications du patron de la Drdr (Direction régionale du développement rural) qui a tenté de rassurer ces hommes de la terre sur la disponibilité et la mise en place des intrants agricoles, force est de reconnaître, selon les paysans rencontrés, que la réalité est autre dans la plupart des zones de la région. De l’avis de nos interlocuteurs qui affichent déjà leurs inquiétudes quant à une bonne qualité des semences qu’ils n’ont pas encore reçues, aucune mise en place n’a encore été effectuée dans leurs localités respectives. D’ailleurs, à les en croire, jusqu’ici, certains paysans ne savent même pas qui sera l’opérateur qui va être chargé de la distribution des semences. Car, de leur avis, aucun fournisseur n’aurait encore débarqué chez eux. En outre, même s’ils gardent l’espoir d’avoir cette année une bonne qualité de semences et des engrais en quantité suffisante, les paysans du Ndoucoumane attendent avec impatience leurs produits qu’ils désirent mettre sous la terre en attendant les premières pluies.
MARIAMA GUEYE
YOUSSOU DIALLO, CONSEILLER TECHNIQUE AU MINISTERE DE L’AGRICULTURE
Plus de 60% des semences sont en place dans les régions
Dans sa volonté d’abréger la souffrance du monde rural, le gouvernement de Macky Sall est en passe de réussir le pari de la reconstitution du capital semencier. Faisant le point sur l’état des intrants pour la présente campagne agricole, le conseiller technique du ministère de l’Agriculture, Youssou Diallo, indique que plus de 60% des semences sont déjà en place dans les régions. Concernant les semences d’arachide, il souligne que 50 000 tonnes de semences écrémées et 24 000 tonnes de semences certifiées ont été déjà distribuées. Il note au passage que le prix des semences écrémées a baissé de 60 FCFA le kilogramme, passant de 200 à 140 FCfa. Le kg des semences certifiées a lui aussi chuté de 50 FCFA, s’échangeant à 150 FCFA au lieu de 200. Précisant que les semences céréales et autres sont vendues au même prix que l’année dernière, M. Diallo relève que d’importantes subventions ont été consenties par l’Etat sur toutes les semences. Ainsi, elles s’élèvent à 1,5 milliard pour les semences céréales, 6,5 milliards pour les semences arachides et les semences certifiées d’arachide 2,8 milliards ; soit un total de 10,8 milliards. Pour les engrais, indique toujours Youssou Diallo, les subventions varient de 50% pour les semences triple 15, 15-10-10 et 9-23-30 à 55% pour les engrais arachides 6-20-10. Il mentionne que le volume total des engrais ainsi distribués est de 90 000 tonnes pour une subvention totale de 13 milliards FCFA. Il informe dans la foulée que 6 000 tonnes d’engrais sont présentement disponibles dans les régions Sud (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou).
3,5 milliards investis dans le stockage et la conservation des produits agricoles
Déroulant toujours les efforts consentis par l’Etat en faveur du monde rural, Youssou Diallo signale que le gouvernement dispose de trois programmes d’appui en matériels agricoles pour les paysans. Il s’agit des programmes «Equipements motorisés», «Coopération brésilienne» et la mise en place du réseau national d’infrastructures de stockage et de conservation de produits agricoles. Le premier programme est doté d’un financement de 25 milliards FCFA sur 5 ans. Il permet de doter les agriculteurs sénégalais de 16 800 unités de culture attelée, 9 000 houes, 7 000 semoirs et 800 charrues. Ce programme prévoit également des équipements motorisés de 50 tracteurs, 180 motopompes et 100 presses à huile. Pour l’essentiel, note le conseiller technique, ce programme est mis en place dans les régions pour la distribution de ce matériel. Il ajoute que l’Etat subventionne le petit équipement à hauteur de 70% et 60% pour les équipements motorisés.
Pour la coopération brésilienne, elle se chiffre à 43 milliards FCFA. Ce programme vise à équiper les gros producteurs et les entreprises agricoles de 1024 tracteurs. Selon M. Diallo, la particularité de ce programme réside dans le transfert de technologies car les tracteurs arrivent en pièces détachées pour être montées au Sénégal.
Il souligne enfin que le programme concernant la mise en place d’un réseau national de stockage est exécuté par le gouvernement à hauteur de 3,5 milliards FCFA, avec le concours de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa). Sa mise en œuvre, note-t-il, est confiée à l’Agetip qui prévoit la création de 150 infrastructures de stockage et de conditionnement. Avec un ciblage particulier des programmes horticoles.
IBRAHIMA DIAKHABY
source:http://www.gfm.sn/linquietude-et-limpatience-sinstallent-chez-les-paysans/