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ABDOULAYE VILANE, MAIRE DE KAFFRINE : « Nous avons entamé le dialogue politique dans notre commune »

Kaffrine
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Élu maire à la suite des élections locales de mars 2009, le socialiste Abdoulaye Vilane est plus que jamais déterminé à faire de Kaffrine une ville moderne. Pour cela, il compte y réaliser 11 km d’éclairage public. Dans cet entretien, il a fait le bilan de son premier anniversaire à la tête de l’équipe municipale. Il est revenu aussi sur ses priorités pour les années à venir sans oublier les vicissitudes de la coalition Bennoo qui l’a porté au pouvoir et la situation du Parti socialiste. Pour le jeune socialiste, la capitale du Ndoucoumane est en train de se transformer.

ABDOULAYE VILANE, MAIRE DE KAFFRINE : « Nous avons entamé le dialogue politique dans notre commune »
M. le maire, vous venez de boucler un an à la tête de la commune de Kaffrine. Pouvez-vous nous faire un bilan ? 

Il est très tôt pour moi de faire un bilan chiffré ou physique. Il s’agirait plutôt pour moi de dire si oui ou non l’enthousiasme et l’euphorie qui étaient de rigueur au lendemain du 22 mars est toujours là. A l’épreuve du temps, des faits et de la réalité, je suis plus que jamais motivé et de plus en plus, ceux qui étaient sceptiques ou hésitants adhèrent à notre démarche. Parce qu’il s’agit d’avoir une démarche partagée, inclusive, une approche participative, l’implication des citoyens, des forces vives, des personnes ressources et, enfin, avoir les meilleurs relations avec les partenaires au développement et les partenaires institutionnels pour, de concert avec la déconcentration et la décentralisation, nous puissions avoir un dialogue franc et sincère, une sorte de partenariat avec l’administration territoriale, les services déconcentrés, les Ocb. Comme vous le savez, la mode c’est non pas le budget participatif mais une démarche inclusive et participative. Et ça nous le devons au processus des Assises nationales, en particulier nous élus de Bennoo. Et ici à Kaffrine nous avons réussi à mettre en place un cadre de concertation communale, des cadres de concertation dans les quartiers. Nous avons pour la première fois adopté un budget après avoir fait toutes les étapes d’élaboration dans les quartiers, au sein du conseil municipal avec l’orientation budgétaire et maintenant nous commençons à réaliser cela. 

Mais si vous voulez des énumérations, concernant les ordures nous avons fait un grand pas. Des tas d’ordures vieux de plus de dix ans ont été enlevés et nous nous efforçons de faire le suivi entretien. Nous avons trouvé un réseau d’électrification vétuste que nous avons rallumé et dont nous nous occupons de l’entretien en attendant 11 km d’éclairage public que nous allons réaliser d’ici le 31 décembre dans le cadre du contrat de ville. Sur le plan des infrastructures, nous avons à cœur de construire une maternité cette année à Pèye Mbamba, ensuite un poste de santé à Travaux publics. Nous ajouterons la réalisation d’infrastructures sportives pour le basket et le handball. Nous allons essayer de rénover le stade municipal, et grâce à l’appui du chef de l’Etat, sur initiative du ministre en charge des collectivités locales, nous aurons un nouvel hôtel de ville et rénover la salle polyvalente. Nous mettons à profit la réalisation de la route Birkelane-Tambacounda sur initiative du président de la République pour embellir notre ville. Le réseau routier sera rénové et puis nous engrangerons d’autres réalisations. 

Vous avez tantôt parlé de l’euphorie consécutive à votre élection à la tête de la commune de Kaffrine. Qu’en est-il aujourd’hui ? 

Après notre victoire du 22 mars, le dialogue politique a été enclenché ici à Kaffrine. Ce qui a été à l’origine de mon élection. J’ai toujours dit que le dialogue politique se fait dans les institutions de la République. La mairie en est une. Et nous l’avons réussi. C’est pourquoi l’équipe municipale à Kaffrine est une équipe « Bennoo-Sopi Kaffrine ». C’est ce qui me pousse à dire que je serais le maire de tous les Kaffrinois sans exclusive. Ce même dialogue, nous le déroulons dans le Conseil régional. Je le déroule aussi dans le cadre de l’Association des maires du Sénégal. Je le déroule à l’image de ce que je fais avec le préfet, le gouverneur dans le cadre de mon commun chef lieu de région, avec le ministère en charge des collectivités locales. Ce qui nous donne un dialogue civilisé, responsable et républicain. Le tout sur fond de loyauté républicaine et de respect réciproque. L’essentiel est que les uns et les autres n’oublient pas que notre génération n’a pas le droit de faire moins que nos devanciers. Parce que simplement, nous n’avons pas le droit de passer notre temps, durant ce mandat, à nous crêper le chignon, à nous chamailler en laissant en rade les aspirations des populations. Feu Momar Talla Cissé et Mata Sy Diallo l’ont vécu. De 2000 à 2010, Babacar Gaye et Aliou Sow se sont affrontés en se neutralisant du fait de leur opposition. Aujourd’hui, grâce à notre façon de voir, que ce soit le ministre Aliou Sow ou Babacar Gaye nous allons dialoguer pour prouver qu’il y a une autre façon de faire de la politique. 

Est-ce que les attentes pour lesquelles les Kaffrinois vous ont élu ont été prises en compte ? 

Je vous ai dit qu’on a débarrassé la ville de ses saletés. Nous avons rallumé les lampes et nous sommes en train de payer les dettes. Nous sommes en train de réorganiser le travail municipal. Nous avons créé des types d’actions à portée sociale mais qui s’inscrivent dans le développement. Nous sommes en train de transformer les mentalités pour que les jeunes ne reçoivent plus, à travers les Asc, de simples subventions mais que les moyens qu’on leur donne puissent leur permettre de créer des emplois ou de faire dans l’auto emploi ou de transformer les Asc en Asc génératrices d’emplois. Nous avons décidé également de venir en aide aux élèves comme nous l’avions promis dans le cadre du concept de la « diatiguia », le parrainage. Nous donnons des bourses et des aides scolaires. Puis, nous sommes en train de mutualiser et d’organiser les Gpf, les Ocb pour qu’elles prennent en charge la lutte contre la saleté et l’insécurité. Nous allons mettre en place un système Roc (ramassage des ordures par des charrettes) et le contractualiser. Ce qui nous permettra de réduire la masse salariale et d’organiser ces Gpf et Ocb dans leurs quartiers en attendant d’avoir suffisamment de moyens pour faire plus et mieux et aller dans la mécanisation. Nous allons saisir tous les ministres compétents dans les domaines de compétence transférés : l’urbanisme et l’habitat, l’assainissement, l’environnement, l’équipement et les infrastructures. Nous allons les voir pour que, accompagnant la volonté du chef de l’Etat qui est allé dans le sens de faire de Kaffrine une région et de notre commune un chef lieu de région, discuter avec eux, pour drainer vers Kaffrine, indépendamment des différences d’opinion politiques et de sensibilités, des actions qui vont la sortir de son état d’antan. Vous êtes là et vous avez vu Kaffrine. Regardez et vous verrez que Kaffrine se transforme même si c’est dans le cadre des actions de l’Etat. En prenant la mairie, nous souhaitions porter bonheur à Kaffrine et que Kaffrine nous porte bonheur. 

Vous parlez d’esprit Bennoo, alors que lors du vote du budget de la commune, 8 conseillers municipaux ont voté contre. N’est-ce pas un signe que le malaise existe toujours dans votre coalition ? 

On ne fait pas de la politique le cœur plein d’amertume et de rancœur ou de rancune. Mais comme je vous l’ai dit, mon Sénégal à moi et le Sénégal de ma génération ne sont pas le Sénégal de mes aînés. Leur culture et leur mentalité politiques diffèrent de ma vision et de mon rapport à la politique. Même ma culture démocratique diffère de la leur. Je leur concède le droit de voir comme ils voient, de penser comme ils veulent mais ils ne peuvent pas m’arrêter. En 2009, 20 conseillers municipaux étaient d’accord avec celle qui me disputait le poste de maire (Ndlr : Mata Sy Diallo). Aujourd’hui, seuls 8 conseillers ont décidé avec elle de ne pas voter le budget. Quand bien même après l’adoption du budget, la plupart d’entre eux viennent nous voir pour bénéficier des actions de la mairie surtout sur le plan social. Ainsi va la vie. J’ai dépassé le cap du vote du budget. Ce qui me reste, c’est de le réaliser et en terme de prévision, de recettes et de dépenses mais surtout de réalisations concrètes. Et nous y travaillons dans la transparence, la légalité et la régularité. Le reste, comme disent les autres, quand la caravane passe, les bruits qui s’en émeuvent ne doivent pas distraire le contingent. 

N’est-ce pas que l’unité de Bennoo n’est qu’une vue de l’esprit à Kaffrine ? 

De toutes les façons, Bennoo à Kaffrine a une locomotive. C’est le Parti socialiste, qu’on le veuille ou non. C’est le seul parti massif, structuré, lucide qui n’a aucune responsabilité comptable dans le bilan d’Abdoulaye Wade, au niveau d’arriération de notre terroir. Alors ceux qui étaient habitués aux querelles de tendance et de leadership, ils ont le droit de persévérer dans cela, mais vous savez « errare humanum est diabolicum perse vara » (l’erreur est humaine mais ce qui est dommage c’est de persévérer dans l’erreur). Et malheureusement le résultat est là. 

En voulant se mettre à dos les hommes de confiance des Kaffrinois, il y a qui en perdent leur base. C’est dommage. J’aurais souhaité que Bennoo se renforce en voyant chacune de ses composantes se renforcer. Mais que voulez-vous ? On ne peut pas choisir les autres parce qu’on est sur le bon chemin. Il faut du temps au temps. Ou bien ils vont venir dans le sillage de ce que nous faisons, et on va ranimer le processus des Assises nationales, vulgariser leurs conclusions, travailler à préparer les prochaines échéances. Quels que soient les schémas ou les conclusions auxquels vont aboutir les concertations de nos leaders et des plénipotentiaires, ou alors ils vont être abandonnés. Mais la retraite, ou bien vous la voulez, vous l’acceptez, vous y allez, ou on vous l’impose. 

D’aucuns disent que c’est grâce au leadership de Mata Sy Diallo que Bennoo a pu gagner à Kaffrine. 

Vous voulez vaille que vaille donner l’impression qu’il y a des querelles ici. Ce que je vous dis, si vous le pensez, vous avez tort, vous avez tout faux. Si d’autres le pensent, ils ont tort et ils ont tout faux. De toutes les façons, allez dans les différents bureaux de vote où les leaders ont voté et comparez les résultats en 2009 aux résultats antérieurs. Moi, j’étais tête de liste pour les élections régionales dans le département de Kaffrine que j’ai gagné. Bien gagné. Dans la commune, j’étais colistier, co-tête de liste de Mata Sy Diallo. J’ai gagné dans la bande de terre où j’habite, Travaux, Diamaguène, Centre, Tp, Escale. Aller voir ce que les gens ont eu comme résultat à l’école 1. Et là où également j’avais des candidats à Kaffrine 2 nord et sud j’ai gagné. Le reste, ce sont des vues de l’esprit. Mais vous savez les symboles on en connaît plusieurs. Mais avec le temps, les mythes s’effondrent. Les légendes finissent comme toutes les légendes. 

Comment se porte aujourd’hui le Ps à Kaffrine ? 

Nous faisons un travail patient, méthodique sans bruit ni tambour en commençant même par la façon dont nous dirigeons la mairie. Le Ps est incarné par une nouvelle génération d’élus, de responsables que cela soit à mon niveau, des enseignants, des jeunes, des femmes. C’est une régénérescence socialiste qu’on vit à Kaffrine. Nous allons assainir les mœurs politiques, urbaniser les rapports entre protagonistes. Ce qui rassure et motive. Cela rallie les gens qui croient que la politique, ce n’est pas pour diviser, ce n’est pas pour combattre, ce n’est pas pour haïr mais c’est organiser et s’engager au service du bien commun. 

Ensuite c’est diffuser les idées qui, une fois qu’elles pénètrent les masses, deviennent une force matérielle irrésistible. En tout cas, vous allez voir avec les élections à venir. Nous nous préparons dès maintenant à aborder les différents rendez-vous qui se profilent à l’horizon et au-delà, nous préparons l’avenir dés maintenant. 

Quelles sont vos priorités pour les années à venir ? 

C’est résorber le déficit en infrastructures, créer des investissements structurants, assainir la gestion du patrimoine communal. Mais également développer un partenariat avec les collectivités locales du pays ou de l’étranger. Cela nous permettra de booster le développement économique et social de notre terroir. Sans oublier sa vocation agrosylvopastorale. Nous allons signer un partenariat avec le Plan Reva et dans quelques mois, Kaffrine aura un pôle de développement intégré sur le plan agricole et économique. Si le gouvernement promeut sa politique de transformation des produits agricoles, vous allez voir que Kaffrine aura de petites unités industrielles. Nous avons de grandes ambitions. Nous savons que les moyens nous font défaut. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre du dialogue citoyen, nous allons sensibiliser les uns et les autres pour que chacun y mette du sien. Si l’Etat augmente le montant de la cote part que nous recevons dans le cadre du fonds de dotation, vous allez voir qu’on va gérer correctement les moyens mis à notre disposition. 


Propos recueillis par Aliou KANDE 
Source Le Soleil