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Les révélations des détenus dans l’affaire des insurgés de Vélingara lors de leur procès ont fini d’installer un réel malaise dans le Fouladou. Aujourd’hui, les traces des sévices corporels subis entre les mains des gendarmes sont encore visibles.
(Correspondance) - Les 36 jeunes insurgés de Vélingara doivent attendre le 5 Mai prochain pour être fixés sur leur sort. Après une audience de 18 heures d’horloge, le juge des flagrants délits de Kolda a mis ce procès en délibéré plongeant toute la population locale dans une véritable consternation. Dans son réquisitoire, le substitut du procureur, Théophile Turpin a requis une peine d’emprisonnement ferme de 45 jours contre 30 jeunes avant de demander la libération de Baïty Bah, Abdoulaye Touré, Samba Diao, Lassana Soumboundou et Moustapha Kane.
Ces derniers ont déclaré n’avoir pas participé à la marche pacifique, organisée le 18 mars dernier par l’Asc Kawral pour dénoncer leur forclusion en ligue 2 professionnelle.
Quant aux huit avocats, ils ont plaidé non coupable pour leurs clients. Après avoir étalé les incohérences constatées dans les procès-verbaux, les avocats ont attaqué le tribunal exigeant que les juges prouvent l’imputabilité des faits. Ce qui s’est avéré très difficile pour ces derniers d’autant plus que la majorité des prévenus sont passés aux aveux à cause des traitements dégradants subis dans les locaux de la gendarmerie de Vélingara. C’est le cas du jeune Ibrahima Baldé, présenté au public par Mes Khoureychi Bâ et Demba Ciré Bathily pour démontrer que les faits de torture sont avérés.
Ce jeune menuisier innocent habitant le quartier Samba Quinze ans est connu pour sa docilité. Mais, pris de panique, il a libéré des selles. Des selles que les gendarmes lui ont fait manger de force le jour de son anniversaire, c'est-à-dire le 19 mars 2010 à la place d’un gâteau qu’on devait lui offrir. Et le plus grave, c’est qu’il y a actuellement de nombreux jeunes de la famille de feu Babou Seydi, dont Boubacar Seydi et Cherif Seydi qui ont été arrêtés aux environs de 4 heures du matin. Ils seront humiliés devant leurs enfants et épouses avant de subir des tortures dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Vélingara. Alors qu’ils étaient au moment des faits dans leur lieu de service. Ce qui semble bizarre, selon Bouba Seydi, c’est que ces gendarmes se mettent à frapper sans chercher à identifier la personne à qui ils avaient affaire. Aujourd’hui encore, les traces de ces sévices sont visibles sur leurs corps.
C’est ce qui explique que de nombreux innocents ont pris la poudre d’escampette pour éviter ces sévices corporels. Autre fait signalé par un prévenu lors de son témoignage au tribunal : c’est le fait qu’on lui imposait d’uriner sur ces co-prévenus lorsqu’il a émis le souhait de pisser. Sans oublier, les chants qu’on leur imposait comme dans les cantonnements de l’armée. Il s’agit de chanter en Wolof ‘Abdoulaye Wade construit, Vélingara détruit et la gendarmerie l’en empêche’.
Pour Me Aliou Sow, avocat des prévenus, ‘le procès a été ouvert avec une contradiction très fort’. ‘Ce que nous continuons de déplorer et de dénoncer dans la conduite de ce dossier, c’est le traitement dégradant, avec toutes ces formes de tortures infligées à ces jeunes, notamment à Ibrahima Baldé’, regrette Me Sow. Selon lui, l’enquête n’a pas eu une orientation objective, elle a été tronquée, et biaisée. ‘Ce que nous exigeons, ajoute-t-il, c’est que les gendarmes fassent leur travail dans le cadre du respect des règles qui encadrent l’action judiciaire. Je rappelle que cette marche est légale pour avoir été autorisée par l’autorité administrative’. ‘Le parquet n’a apporté aucune preuve matérielle pour fonder l’accusation. C’est pourquoi, la défense a plaidé non coupable’, fait remarquer l’avocat.
Au lendemain de la mise en délibéré de ce procès rocambolesque, les réactions ne se sont pas fait attendre. Et pour cause, les élèves du lycée Chérif Samsidine Aïdara de Vélingara ont, après avoir délogé les écoles primaires, décrété un nouveau mot d’ordre de grève qui va jusqu’au 5 mai prochain, jour retenu par le tribunal pour le délibéré.
Auteur: Cheikh DIENG
SOURCE :Walfadjri