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Kédougou - traite de personnes, proxénétisme et mauvais traitements

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L’OBS – La Nigériane se paie 2 prostituées à 2,5 millions CFa, puis elle les bat et verse du piment sur leurs blessures

Les hommes de l’adjudant chef Arouna Diop, commandant la brigade de gendarmerie de Kédougou, ont réussi un joli coup de filet. Ils ont démantelé un vaste réseau de trafic d’êtres humains au site aurifère de Bantaco.

L’histoire a pris forme hors de nos frontières, là-bas au loin, dans la vaste République fédérale du Nigéria. Mais c’est ici au Sénégal, à 730 kilomètres de Dakar, à Kédougou, terre ocre d’affliction et de corruption, qu’elle a été accouchée. Suite à l’interpellation le 24 juin 2014 dernier, de la nommée Nemdi Guifted, de nationalité nigériane, principale porteuse de ce bébé qu’elle a fait dans le dos des lois nigérianes et sénégalaises.

Au Sénégal depuis des lustres, Nemdi Guifted a effectué il y a quelques années un retour dans son pays natal. Un pèlerinage qu’elle a effectué avec des projets plein la tête. Ex-femme de joie, qui a longtemps agrémenté les nuits des mâles de Kédougou,  devenue concubine d’un minier malien, Nemdi a décidé d’investir dans le commerce du plaisir. Son plan bien ficelé, elle s’approche de Christopher, un compatriote négrier, qui lui vend deux jeunes filles : Joe Emmanuelle, âgée de 21 ans et Mora Joséphine, âgée de 20 ans. Elle a acquis les deux donzelles au prix de 2, 5 millions de FCfa.

Son séjour au Nigéria terminé, elle décide de rentrer au Sénégal avec sa «marchandise». Comme on n’achemine pas des humains comme du bétail, elle explique à ses deux jeunes compatriotes qu’elle va les faire travailler dans une société minière qui s’active dans l’exploitation de l’or. Mais, avant de se mettre en route, Nemdi Guifted prend le soin de prélever des cheveux sur la tête et le pubis de ses compagnonnes pour les besoins d’un sacrifice. Au cas où les deux filles ne lui verseraient pas son argent, elles seraient victimes d’un mauvais sort.

«Vous allez vous prostituer pour acheter votre liberté»

Le jour-J, elles prennent départ de Lagos et arrivent le soir à Cotonou au Bénin. Nemdi fait confectionner de faux passeports pour ses «sœurs» par un certain Two Pack. Elles passent deux nuits dans la capitale togolaise avant de reprendre la route, direction Bamako. Le périple sera soigneusement préparé pour que les filles arrivent dans la capitale malienne la nuit. Après une brève halte de trente minutes à Bamako, les trois femmes se rendent au village Massakama où elles séjournent quatre semaines avant de passer la frontière sud-est du Sénégal pour se rendre au site aurifère de  Diyabougou dans le département de Bakel. Après deux jours, elles prennent la direction de Kédougou où elles arrivent vers 17 heures. Le même jour, elles se rendent au village aurifère de Bantaco.

C’est là-bas, dans ce pays coin sec, sans aucune aide possible, que Nemdi explique à ses deux compatriotes ce qu’elles sont venues faire au Sénégal : «Vous allez vous prostituer», leur dit-elle, sans détour. Pour ces jeunes Nigérianes, qui viennent juste de sortir de la puberté, la terre se dérobe sous leurs pieds. Mais Nemdi, insensible à leur tristesse, ajoute à leur endroit : «Chacune d’entre vous doit me verser la  sommes de 2 millions de FCfa pour payer sa liberté». La psychose du sacrifice effectué au Nigéria en tête, les deux filles se mettent au travail pour recouvrer leur liberté. Inscrites au fichier sanitaire, elles se prostituent de jour comme de nuit. Au bout de deux mois, Joe Emmanuelle, 21 ans, parvient à verser entre les mains de sa maîtresse, Nemdi Guifted, la somme de 1 285 000 FCfa et Mora Joséphine, 20 ans,  moins chanceuse, verse 740 000 FCfa. L’argent, converti en naira (₦), la monnaie du Nigéria, semble être beaucoup pour les jeunes filles, qui ne sont pas trop habituées au franc Cfa. Mais pour leur proxénète de patronne, c’est peu. Rien du tout par rapport à ce qu’elles peuvent lui rapporter.

 

Nemdi tabasse ses deux prostituées et verse du piment liquide sur leurs blessures

La fermeture des sites d’orpaillage ayant entraîné plusieurs fâcheuses conséquences dans Kédougou et ses environs, le secteur très lucratif de la prostitution est aussi touché. Ainsi, les deux belles de nuit sont confrontées à de sérieux problèmes pour honorer leur engagement. Impatiente, Nemdi s’en prend à elles et les fait passer à tabac jusqu’au sang. Après quoi, elle leur verse du piment liquide sur leurs nombreuses blessures. Incapables de supporter le supplice, les deux filles se confient aux gendarmes de la brigade de Kédougou, qui n’ont pas tardé à mettre la main sur la mise en cause. Nemdi, soumises au feu roulant des questions, reconnaît les faits qui vont motiver son arrestation pour les délits de traite de personnes, proxénétisme et mauvais traitements.

Informé du placement en garde à vue de sa concubine, Boubacar Traoré, le minier malien, qui se trouvait à Kharakhéna au moment des faits, se rend au village de Bantaco. A son arrivée, il menace de mort les deux jeunes filles si  toutefois sa concubine est placée sous mandat de dépôt. Comme avec Nemdi, les deux filles alertent de nouveau les gendarmes. Le Malien est à son tour est arrêté pour le délit de menaces de mort et complicité de proxénétisme. «Au moment où Guifted faisait travailler les deux filles, il assurait la garde des lieux comme videur», explique-t-on.

Gardés à vue dans les locaux de la brigade de Kédougou, Nemdi et son concubin malien ont été déférés au parquet de Tambacounda hier jeudi 26 juin 2014.

PAPE OUSSEYNOU DIALLO

source:http://www.gfm.sn/kedougou-traite-de-personnes-proxenetisme-et-mauvais-traitements/