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Un chef-d’œuvre architectural ! C’est ce qu’on peut dire de la nouvelle grande mosquée de Tivaouane, dont les travaux sont en finition, pour la qualifiée. Une visite guidée a permis de déchiffrer le message de la conception.
De l’intérieur comme de l’extérieur, une seule figure est dominante : des lignes courbes. Rien de carré dans la structure de la nouvelle grande mosquée de Tivaouane, dont les travaux ont duré plus de trente ans. De loin, on n’aperçoit que le long tube rond qui forme le minaret entouré par des escaliers en serpentin. Au sommet, un petit toit en une légère forme de chapeau est entouré de tubes en fer qui servent d’échafaud. Cette partie la plus visible de l’édifice attend toujours une couche de ciment pour les finitions et de la peinture pour l’embellir. D’innombrables petites fenêtres courbées introduisent les rayons lâchés par le soleil dans cette tour raide.
Elle surplombe un dôme rond soutenu par une autre structure de même forme. Sauf que celle-ci est décorée par d’autres figures. La structure extérieure laisse apparaître les belles rondeurs de d’édifice.
Mais elles attirent plus à l’intérieur où, on a l’impression d’être dans une boule. L’immense salle est circulaire. La toiture en dôme de l’extérieur est creuse à l’intérieur. Des pieux en béton armé partent de tous les coins de la bâtisse pour se joindre au milieu du creux. Ces dizaines d’arcs soutiennent le haut de la mosquée peint en bandes de couleurs vives. Le rouge côtoie le jaune, l’orange est alignée au vert et le bleu est cassé à une autre couleur tirant vers le mauve.
L’enceinte de la mosquée est constituée de deux niveaux reliés par quatre escaliers disposés suivant la forme circulaire de l’édifice. La partie supérieure s’ouvre sur le rez-de-chaussée, en formant un balcon continu et circulaire. Le mur de séparation est une bande de ciment peinte en noir et doré. De gigantesques poteaux en béton, recouverts de carreaux en faïence blancs, partent du bas pour heurter le fond. Le sol, beau de ses carreaux en rose et blanc, a besoin d’un coup de balai. Une épaisse couche de poussière finit par altérer la couleur des carreaux. Comme si les plafonniers suspendus ne suffisaient pas pour apporter de la fraîcheur, des ventilateurs sont accrochés aux pieux. Des lampadaires ornent les murs du premier niveau.
Au bas, des ouvriers qui sont perchés sur des échafauds restent concentrés sur leur sujet : la décoration. Le faux-plafond est en cours de pose. C’est un Marocain du nom de Abdourahme qui supervise les travaux. Le blanc qui est utilisé pour les finitions casse nettement l’harmonie des couleurs. Le travail est apparemment soigné. Une belle sculpture est appliquée sur une partie du plafond, à l’entrée, et sur les pieux qui soutiennent la dalle de l’étage. Les figures de la décoration (les stucs) sont multiformes : carré, rectangle, triangle, cercle… Elles sont minuscules. Des espaces sont ainsi aménagés pour les lumières et la climatisation. Des tas de pâtes blanches jonchent sur le sol pourtant bien carrelé. En face de l’entrée, la place de l’Imam, décorée par des carreaux marron, attire par sa brillance. Cette couleur contraste d’avec le marron clair et le blanc des fenêtres d’où l’on aperçoit la grande cour que meuble du sable fin.
ECLAIRAGE- Cheikh Ngom, Architecte, concepteur du projet : «L’originalité de la mosquée, c’est sa forme»
Il y a eu beaucoup de commentaires et de supputations autour des travaux de la construction de la grande mosquée de Tivaouane. Toutes les questions qui étaient jusque-là en suspense, aussi bien dans la conception que dans le financement du projet, ont trouvé une réponse. C’est l’architecte Cheikh Ngom, penseur de l’ouvrage, qui dévoile les plans. Non sans faire part de ses inquiétudes sur les travaux de finition confiés à des Marocains.
Comment est née l’idée de cette nouvelle grande mosquée de Tivaouane ?
Cette mosquée a fait l’objet d’un projet ancien. Car, vous savez qu’a Tivaouane, la mosquée de El Hadji Malick Sy existe toujours. En fait, c’est le Khalife El Hadji Abdoul Aziz Sy qui a eu l’idée de construire une mosquée de cette dimension pour El Hadji Malick Sy. Le projet a été parrainé par El Hadji Seydou Nourou Tall, un disciple de Maodo. Avec la contribution du gouvernement, l’assistance de El Hadji Habib Sy, jeune frère du Serigne Abdou, un homme très effacé et qui est le parrain du Gamou de cette année, le projet a vu le jour. J’ai été choisi, je ne sais comment ! C’est ainsi qu’il me revenait de présenter des esquisses. J’ai fait une première maquette de volume qui a été acceptée.
On a fait une maquette définitive que tout le monde voit et le projet qui a été initié depuis 1976 est en cours de réalisation. Nous n’avons pas encore réalisé toutes les parties de l’ouvrage. Le projet a comporté la grande mosquée avec la salle de prière et la Mezzanine, il y a aussi la mosquée des femmes, la bibliothèque qui est constituée de l’ancienne mosquée et les bâtiments annexes qui doivent accompagner la mosquée.
Nous avons aujourd’hui réalisé la grande mosquée, mais nous ne l’avons pas complètement terminée. Les travaux de finition sont en cours et c’est l’actuel Khalife général qui en est le dépositaire. Il est important de préciser que c’est Serigne Abdou qui avait confié la gestion des travaux à son jeune frère, Serigne Habib. Il avait également mis en place un comité de suivi de la finition. Qui était composé de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, feu Serigne Lamine Diop, Rawane Mbaye, Serigne Mbaye Sy Mansour, l’ingénieur Mansour Guèye qui était le maître d’ouvrage délégué et moi-même en tant qu’architecte.
Peut-on avoir une idée sur le coût global du projet ?
Je ne saurais vous le dévoiler, mais un édifice comme cela-là coûte cher.
Combien approximativement ?
Non, ce n’est pas la peine de le dire, car ce serait trahir une confidentialité. En tout cas, Seydou Nourou Tall a été le premier à donner 3 millions tout en tenant que les travaux démarrent aussitôt. Nous avons eu la contribution de tous les Sénégalais, de l’Arabie Saoudite, du Maroc, entre autres. C’est dans ces conditions qu’on en est arrivé là et aujourd’hui, c’est le Khalife Serigne Mansour Sy qui fait tout pour apporter sa contribution, très importante, dans les travaux de finition.
L’on constate que l’exécution des travaux a duré plus de 30 ans, qu’est-ce qui explique cette lenteur ?
Une mosquée n’est jamais terminée. Allez à Médine ou à La Mecque pour vous en rendre compte. Mais on peut bien prier dans la mosquée actuellement, elle est fonctionnelle. Les autorités religieuses de Tiavouane peuvent opter de ne pas l’ouvrir officiellement, car il y a des raisons qui expliquent cette décision.
Quelle est la capacité d’accueil de la grande mosquée ?
On peut aller jusqu’à 10 000 personnes, parce que le site est costaud. Nous avons 10 000 mètres carrés et, si les gens resserrent les rangs, ça peut aller au-delà. Il est possible de prier à l’extérieur, car nous avons laissé une grande cour pour permettre d’installer des tentes ou de prier à ciel ouvert.
Dans la conception du projet, l’on constate que la structure générale est courbée. Pourquoi une telle option ?
C’est une question d’inspiration. Pour prier, on n’a pas besoin d’être dans un espace carré. Il y a des motivations qui nous ont poussées à prendre des lignes courbes. Tout notre environnement est fait de lignes courbes. C’est pourquoi, je dis que cette mosquée tire son originalité de sa forme qui est assez souple. Même à l’intérieur, nous avons opté pour des arcs, les dômes sont en arcs circulaires, des demi-cercles circulaires.
Quid des couleurs vives sur les dômes ?
Pour les couleurs vives à l’intérieur, nous avons travaillé pour innover avec l’artiste peintre Pape Ibra Tall, qui est un natif de Tivaouane. Sa compétence et son talent ne sont plus à démontrer. Il faut avoir une autre perception des couleurs vives. D’ailleurs, elles ne sont pas toutes vives. Il faut se souvenir qu’on est dans une œuvre d’art et le choix des couleurs relève de l’inspiration de l’auteur, et c’est son auteur Pape Ibra Tall, dont la famille est très proche de celle de Tivaouane qui a apporté sa contribution que j’ai appréciée et respectée. Les Marocains sont venus avec leurs formes, leurs styles, mais nous avons voulu conserver une africanité à notre création.
Justement, est-ce que la sculpture marocaine qu’on est en train d’appliquer sur la finition colle à l’œuvre ?
Ce sont des stucs et les Marocains sont très spécialisés sur ce type de décoration, ils s’appuient sur l’existant pour sortir une décoration. Nous n’avons pas travaillé ensemble, ils sont venus pour décorer et ils l’ont fait selon leur conviction.
Est-ce qu’elle ne fausse pas l’harmonie de l’œuvre ?
Bien sûr, ce ne sera pas la chose que nous aurions souhaitée telle que rendue. Peut-être que si nous avions collaboré étroitement, on aurait pu améliorer tout en étant en phase avec notre conception et notre façon de voir l’intérieur du projet. Le projet devait être, à l’intérieur, assez léger avec les formes courbes. J’ai toujours craint que ces stucs ne viennent alourdir les structures apparentes que j’avais voulues très légères.
Est-ce que vous en avez parlé au Khalife ?
Ce n’est pas un problème du Khalife. C’est le problème des techniciens, il appartenait aux décorateurs de s’approcher de nous et de ne pas venir imposer leur affaire. Nous sommes très sensibles à la sculpture marocaine, mais cela ne veut pas dire aliéner notre façon de voir. Ici, on aurait pu faire autre chose.
A quand la livraison complète du projet ?
La mosquée est terminée. Elle peut être ouverte, mais ce n’est pas à nous de le décider. C’est le Khalife qui en décide.
Est-ce que les finances sont disponibles pour les autres composantes du projet ?
Les finances, il y en a toujours et une œuvre d’art de cette dimension n’a pas de limites budgétaires.
POUR UN ACCES FACILE AUX LIEUX DE CULTE : Pas d’activités marchandes sur un rayon de 2 Km !
Cette année, les pèlerins, tout comme les véhicules, pourront accéder facilement au centre-ville de Tivaouane et aux différentes mosquées. La municipalité a pris un certain nombre de décisions allant dans le sens de parfaire l’organisation.
Des étals le long de la longue rue qui mène à la grande mosquée. Des souks d’occasion installés le long des murs de clôture des maisons. Des sonorités de musique mélangées à la déclamation des chants religieux sont distillées par des enceintes acoustiques dont le volume est au maximum. Et des ambulants qui se disputent la chaussée et les trottoirs avec les voitures et les piétons. Ce décor visuel et sonore s’est toujours imposé aux abords de la grande mosquée de Tivaouane. Mais cette année, ce spectacle ne va pas rythmer l’ambiance du Gamou.
Ainsi, en a décidé l’institution municipale conduite par le maire, El Hadji Malick Diop. Ce dernier étant indisponible, c’est son adjoint, Ibrahima Ndiaye qui annonce la décision prise par la mairie de décréter «l’érection d’une zone non-marchande sur un rayon de deux kilomètres de la grande mosquée de Khalifa Ababacar Sy».
Cette décision s’explique, selon M. Ndiaye, par «la nécessité de permettre aux pèlerins d’accéder facilement aux lieux de culte pour effectuer leur ziarra. Ainsi, la circulation sur ces axes sera fluide, car ce sont les marchands qui obstruaient la voie publique». Ce n’est pas de gaîté de cœur que les autorités municipales ont pris cette décision, en ce sens qu’elle cause «une perte en recette de plus de 20 millions de FCfa». «Mais ça vaut le coup, car nous privilégions une bonne organisation et le bien-être de nos hôtes», raisonne-t-il. A cette interdiction d’activités commerciales sur ce périmètre, s’ajoute la délocalisation du marché central en service depuis 1904 au quartier Keur Matar. «Ces actions combinées visent à réussir le pari de l’organisation du Gamou et la décongestion du centre-ville», ajoute l’adjoint au maire.
D’ailleurs, dans le but de parfaire l’organisation des activités marchandes et pour éviter l’anarchie dans les installations, l’équipe municipale a innové en s’attachant les services de l’entreprise Mads qui va installer 4 000 stands dans les différents sites commerciaux.
La désinfection
Les autorités municipales se sont aussi investies dans l’hygiène. Ibrahima Ndiaye révèle que, «pendant dix jours, 50 jeunes ont été recrutés, à raison de 2 500 FCfa par jour, pour assurer la désinfection des maisons de la ville. Aucune maison de la ville n’a été épargnée». Cette action de prévention est précédée d’une «vaste opération de nettoiement du périmètre communal qui a duré six semaines. Avec l’appui des Industries chimiques du Sénégal (Ics), les grandes artères de Tivaouane ont été désensablées et bien entretenues».
Outre ces actions ponctuelles d’envergure, la mairie s’est aussi illustrée dans les actions sociales. L’adjoint au maire révèle que l’institution vient en aide aux populations qui accueillent des hôtes. En effet, une enveloppe estimée à 30 millions de FCfa a été dégagée pour des appuis Gamou. Sans compter les efforts consentis pour les règlements de factures d’électricité, entre autres.
COUVERTURE MEDICALE DU GAMOU : Tivaouane guette la grippe A, un dispositif particulier en place
Les autorités médicales de Tivaouane prennent très au sérieux la menace de grippe A au Sénégal. Une batterie de mesures a été prise pour la prévention. Le médecin-chef, Dr Dial, prescrit son ordonnance.
Une semaine avant le Gamou, Tivaouane déroule déjà son plan de bataille médicale qui s’articule autour de «deux axes : la prévention et la prise en charge», confie le médecin-chef du district sanitaire de Tivaouane, Dr Yankhoba Dial. Il révèle la mise en œuvre d’un «dispositif particulier» pour la prévention de la grippe A. «Il s’agit de faire des prélèvements sur tous les patients qui présentent des signes de grippe et d’envoyer les échantillons à Dakar pour confirmation», explique-t-il. D’ailleurs, Dr Dial rapporte que des médecins, des infirmiers et des agents du service d’hygiène ont reçu une formation dans ce sens.
Pour le volet de la prévention, des relais communautaires sont dépêchés sur le terrain pour «sensibiliser les populations sur les comportements individuel et collectif. Et les émissions à la radio de boucler le plan de prévention contre la grippe A».
Toujours au titre de la prévention, les maladies diarrhéiques sont au cœur de la bataille. Le médecin-chef révèle que «des opérations de désinfection et de désinsectisation sont menées dans les maisons». Cette action est complétée par le travail des agents du servies d’hygiène qui contrôlent la conservation des eaux de boisson. Cette campagne de prévention médicale sera aussi étendue aux gares routières où les chauffeurs seront sensibilisés sur les risques d’accidents.
Pour la prise en charge, Dr Dial annonce des points de dépistage du diabète et d’hypertension artérielle. Ainsi, «6 postes médicaux fixes seront opérationnels pour une durée de 5 jours», liste-t-il. Ce dispositif est appuyé par l’érection de «38 postes avancés dans les zones stratégiques de la ville et dans les maisons des chefs religieux qui accueillent beaucoup de monde». Ces postes commenceront à fonctionner dès la veille du Gamou. Pour la logistique, Dr Dial annonce «trois pools d’ambulances pour les évacuations à l’intérieur de la ville et vers Thiès». A cela, s’ajoutent trois autres ambulances médicalisées du Samu national.
Comme chaque année, l’Armée sera aussi active dans le domaine de la prise en charge médicale des pèlerins. Si l’on en croit le médecin-chef de Tivaouane, «un camp- hôpital sera installé durant toute la période du Gamou». Ce dispositif de l’Armée est complété par une «Equipe médicale d’intervention rapide (Emir) avec un hélicoptère en service pour les évacuations d’urgence». Pour toute la couverture du Gamou, une valeur de 30 millions de FCfa de médicaments est dégagée.
NDIAGA NDIAYE (ENVOYE SPECIAL A TIVAOUANE)
Source: L'observateur