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«L’ordre institutionnel est d’une grande faiblesse dans toutes les institutions auxquelles on a recours, l’offre est quasi inexistante parce l’accueil est tout à fait nul. Et ça, tout le monde en souffre, il y a comme une situation de chaos, de désordre et de confusion dans les rôles, dans les statuts, dans l’offre, dans l’organisation. Senghor (1er président Léopold Sédar Senghor) avait créé le Bureau organisation et méthodes (BOM), c’était à des fins certainement de recherche d’une offre de service de qualité au sein des institutions de l’Etat.
Mais là, je pense que tout le monde est victime, ceux qui travaillent aussi, parce que lorsque tu observes, que tu ailles à la Police, à la Gendarmerie et partout, il y a comme une obésité de la demande à laquelle les autres ne peuvent pas répondre parce qu’ils sont en quelque sorte submergés. Par ailleurs la qualité des ressources humaines aussi au sein de ces institutions pose problème parce qu’on recrute à tire-larigot et je ne pense pas qu’on recrute qualité au sein des institutions publiques ; c’est des recrutements claniques, politiques qui, fondamentalement, révèlent que les institutions pédalent dans la farine. Mais elles nous coûtent chère, en tant que citoyens, et elles n’offrent pas le service que nous attendons.
Par ailleurs il y a un problème de gouvernance, bien évidemment, parce que les modèles, les élites parasitaires qui gouvernent ont montré leurs limites et leurs valeurs parce que où que tu ailles au niveau des institutions, tu vois qu’ils n’ont aucun respect pour le bien public… Regardez ceux qui font le trafic de passeports, le trafic de monnaie… et ces modèles-là sont des modèles dominants… Chacun tire de son côté sans pour autant intégrer la position républicaine de service. Donc il y a tout à réinventer au Sénégal dans ce climat de crise des institutions et j’avoue que ça dure depuis plus de trois décennies et il y a une dépravation de l’offre de service public. Et bien souvent l’offre de service est dispersé et à côté de l’offre de service, il y a un doublon, il y a ceux qui travaillent dans le service public et une autre offre de service à côté ; donc il ya une sorte de concurrence du service public.
C’est tous les jours que de telles situations arrivent au Sénégal. Ce n’est pas nouveau, chaque Sénégalais peut vous dire, quel que soit son rang ou son statut, comment il a été mal accueilli et comment il a eu un trauma du fait d’une offre de service qui a mis en péril sa vie ou la vie d’autrui ou sa liberté ou sa dignité. C’est ça la problématique.
Donc le pays est carrément chaotique. C’est un pays d’escrocs ; le modèle dominant, c’est l’escroquerie, ce n’est pas le respect du bien commun… Et cette impunité-là au sein de ces élites parasitaires qui peuvent piller le bien commun, et il n’y a rien qui s’en suit, naturellement c’est un modèle dominant. C’est le pays du « sauve qui peut », le pays du désordre, du chao et de la faiblesse institutionnelle. Et comme je dis, il faudrait quelque part faire en sorte que les Sénégalais prennent conscience qu’ils n’ont pas un pays et qu’ils souffrent tous de la faiblesse de l’offre institutionnelle. Il faut que les sénégalais le sachent et qu’ils se réorganisent pour réinventer autre chose. Mais le modèle actuel est un modèle de désordre, un modèle de chaos ou un modèle clanique.
Regardez comment on recrute les ressources humaines du service public ; bien souvent ce sont des magouilles, tout le monde le sait. Donc on ne recherche pas la qualité on est plus centré sur la politique qu’autre chose. Alors que quand un service public ne marche pas, un pays ne peut pas marcher et quand rien n’est planifié c’est le chaos. De mon point de vue tout est désordre parce qu’il n’y a pas de planification, il y a des magouilles partout. Et après on se met à chercher qui sont présents dans les institutions et qui ne sont pas présents, vous avez vu la traque des personnes qui ont détourné l’argent public et qui ne sont pas inquiétés. C’est tout ce désordre qui mérite qu’on réinvente autre choses ; mais les blessures sont graves, les traumatismes, n’en parlons pas. Tout le monde en souffre. Même ceux qui sont dans l’offre de service, sortent du service public, il n’y a pas de motivation, on a l’impression qu’on fait semblant de les payer et ils font semblant de travailler. Mais on ne ressent pas de motivations chez ces personnes-là.»
Par Adjaratou Marème Diaw MBAYE (Stagiaire)