Account
Please wait, authorizing ...
Not a member? Sign up now
×

Sidebar

27
Mer, Nov

Réflexions de lycéens sur la prochaine décennie : Notre Sénégal en 2024

SOCIÉTÉ
Outils
Vos reglages
  • Plus petit Petit Moyen Grand Plus grand
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Fast backlinks and Guest-post hosting

Sénégal

L’exercice n’a pas été facile : faire réfléchir des lycéens, qui ne sont pas habitués à rédiger des articles de presse, sur comment ils voient le Sénégal d’ici les 10 prochaines années. Se projeter sur l’horizon 2024 avec un regard prospectif a conduit des élèves de la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée, du Lycée Lamine Guèye et des Cours Sainte Marie de Hann à passer à la loupe la situation de leur pays, à décrire ses handicaps, à mettre le doigt sur les faiblesses de divers secteurs d’activités de son économie, à analyser les comportements de leurs concitoyens. 

 Le Sénégal de 2024, au regard de ces lycéens, s’annonce globalement sous de bons auspices avec des airs d’un pays caractérisé, entre autres, par «l’émergence», «un taux de croissance de 8%», une population très jeune, des femmes à la tête de toutes les institutions du pays, l’intégration du cercle du «G8 africain». 
Seul bémol à ces perspectives radieuses, un autre regard pas rassurant est projeté sur cet horizon avec un pays qui «ne sera pas totalement indépendant sur le plan alimentaire», une vie politique qui sera difficile à humaniser.

La réalité désespérante en ce début de la seconde décennie du XXIe siècle, c’est que notre Nation ne roule plus sur les rails du développement. Elle occupe une position catastrophique en matière d’émergence. Le contexte mondial actuel est marqué par l’émergence d’une société planétaire. Cette nouvelle société se caractérise par une économie fructueuse avec un taux de croissance qui doit être maintenu à un bon niveau sur une longue période. 
Mais si notre pays ne se trouve pas dans le bain, il est temps de réfléchir sur notre devenir. Notre seul objectif doit être de faire de notre pays une puissance émergente. Car, au moment où nous désespérons tous, qui pourra guider les enfants de demain ? Qui leur fera comprendre les grands défis de l’avenir ? 
Dès lors, il faut restaurer la confiance des Sénégalais et leur faire comprendre qu’un développement stable doit se construire sur une durée déterminée. C’est pourquoi nous avons choisi une décennie pour installer une croissance durable qui s’accompagne d’un développement. Non seulement les conditions sont réunies pour une nouvelle relance économique mais de plus en plus d’hommes sont prêts à mettre des moyens, car le Sénégal dispose de ressources matérielles et humaines suffisantes pour assurer son développement dans la dignité. 
Pour mettre tout cela en place, nous devons nous fixer l’objectif d’atteindre un taux de croissance de 8% dans les dix prochaines années. Il est temps que l’on fasse preuve d’audace, d’imagination et de créativité. Ainsi, la solution la plus fiable et la plus rapide à notre problème de développement reste l’agriculture. Le Sénégal ne s’en sortira pas sans l’agriculture, donc sans les agriculteurs. Cela signifie que nous devons substituer progressivement l’agriculteur au paysan traditionnel. La paysannerie ainsi encadrée et à l’abri de toute exploitation par l’Etat et des bureaucrates déguisés en hommes d’affaires, sera le véritable support de la croissance économique, en ce sens que le surplus de productions engrangé pourra être investi dans les industries de transformation et nous permettra d’amorcer notre révolution industrielle. 
Cependant, il faut éviter que le taux de croissance soit une illusion. Dans ce cas, il vaudrait mieux parler d’emploi que de croissance. Car, tant que la croissance ne génère pas d’emplois, il s’agit alors d’une croissance sans développement. 
C’est dans ce contexte que le débat sur l’emploi et le chômage des jeunes prend place. En effet, il est plus que jamais important de faire participer les jeunes au processus de développement. Enjeu du monde de demain, nos jeunes sont au cœur des problèmes que nous vivons. Investir dans la jeunesse est source d’avantages pour les individus, les communautés et les sociétés. 
En revanche, le chômage et le sous-emploi des jeunes ont un coût social et économique élevé en termes de possibilités de croissance économique, d’accroissement de la pauvreté, de la délinquance et de la toxicomanie. Bien qu’il n’existe pas de solution unique, relever le défi de l’emploi des jeunes d’ici 2024 au Sénégal impose une approche intégrée et cohérente des interventions macro-économiques. L’emploi des jeunes devrait figurer dans l’ensemble des politiques économiques et sociales. 
Ce serait un péché que de parler de jeunesse sans pour autant évoquer la question de l’éducation. Devant la croissance démographique très rapide et l’intérêt manifesté de plus en plus par les parents pour l’instruction de leurs enfants, le système éducatif se montre de plus en plus incapable de remplir sa mission ; bien que l’Etat lui consacre plus 40 % de son budget. Il est donc temps de pouvoir régler les «accidents éducatifs». 
Même si le problème persiste entre acteurs de l’enseignement et autorités étatiques, notre Nation a besoin d’une nouvelle politique éducative basée tout d’abord sur la création d’infrastructures scolaires, une bonne qualité du corps professoral, une formation de haut niveau ; ensuite le respect des accords signés entre les syndicats et l’Etat ; et enfin sur une modernisation de l’université sénégalaise qui sombre dans le désespoir, ces dernières années. 
Il nous faudrait de même un nouveau type d’intellectuel, qui sera au centre des grandes décisions mondiales, formé par l’école sénégalaise. 
D’ici 10 ans, le professeur ne doit plus écrire sur un tableau noir dégradé avec de la craie qui le salit tout au long de la journée. Donc, il serait normal de mettre à sa disposition les nouvelles technologies, car comme le disait l’ancien Président Abdoulaye Wade : «La domination de l’informatique créera de nouveaux analphabètes, à savoir ceux qui ne sauront taper sur un clavier, lire sur un écran d’ordinateur, transmettre et décoder un message ; ils seront aussi analphabètes que ceux qui aujourd’hui, ne sauront utiliser la plume.» 
La santé, elle, est l’élément essentiel qu’il faut à une population pour pouvoir se développer. C’est pourquoi une augmentation du budget alloué à ce secteur est obligatoire, dans les prochaines années, pour assurer une bonne couverture sanitaire à la Nation. De ce fait, il faut que nos gouvernants arrêtent d’élaborer des projets qui ne mènent nulle part. 
Les députés doivent bien maîtriser certains dossiers - comme «Obama care» voté par le Congrès aux Etats-Unis - avant de les voter à l’unanimité. Une politique sanitaire durable et transparente permettrait aux populations d’avoir accès à de bons soins. Ainsi, l’éradication de certaines maladies comme la tuberculose, le paludisme, la rougeole, etc. 
La dialyse avec la prise en charge subventionnée par l’Etat serait accessible à tous ceux qui souffrent d’insuffisance rénale. Tous ces facteurs doivent être accompagnés par une culture qui doit solidifier notre civilisation. 
Pour la décennie qui s’ouvre à nous, le mot d’ordre culturel sera : se blinder contre les agressions culturelles. Sachons donc tirer profit des bienfaits des autres cultures, comme le disait Thomas Sankara. Mais que plus jamais personne ne se sente complexé pour n’avoir pas pu faire comme le bourgeois de Paris ou le gentleman de Londres, si ce n’est le jeune frétillant de l’«American way of life». Cette culture serait mieux perçue au moment où elle œuvrera pour le sport. 
Etant un domaine de loisirs, le sport peut bel et bien devenir un facteur de développement. Dès lors, nous devons mettre en place des infrastructures sportives implantées dans chaque région du pays, pour donner à la jeunesse ce qui lui revient de droit. Le sport peut entretenir l’espoir, tout en assurant la promotion de notre Nation à travers le monde. Les sportifs sénégalais mis dans de bonnes conditions pourront faire retentir l’hymne de notre cher pays dans toutes les compétitions internationales. 
Sur le plan énergétique, le Sénégal doit jouer un rôle avec son beau soleil ou ses vents côtiers pour assurer une distribution suffisante de l’énergie, car ne disposant pas d’un sous-sol très riche en pétrole. Ces milliers de milliards de francs injectés dans l’achat de produits bruts (pétrole et charbon) pourraient bien financer l’implantation de panneaux solaires au Nord du pays. 
Chers compatriotes, durant ces dix prochaines années qui s’ouvrent à nous, le combat pour la libération est économique. Et de notre propre cadence dépendra le Sénégal en marche vers l’émergence. Tous, ensemble, nous devons avoir la claire conscience qu’une dépendance économique prolongée nous mènera, à terme, à l’érosion de notre indépendance politique.

Mouhamed BA
TL2B
Lycée Lamine Guèye

source : http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6501-reflexions-de-lyceens-sur-la-prochaine-decennie--notre-senegal-en-202