A l’aune de l’application du Programme d’amélioration de la qualité, l’équité et de la transparence (Paquet), le système éducatif sénégalais, passé en revue présentement par le comité de pilotage des Assises nationales de l’Education dirigé par le Pr Abdou Salam Sall, bat de l’aile. En effet, la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (Dpre) du ministère de l’Education nationale vient de rendre public un rapport national sur la situation de l’Education en 2013 et qui est disponible sur le portail dudit département.
Les informations livrées par ledit rapport relatives aux effectifs scolaires, aux personnels, aux infrastructures, au mobilier, au matériel didactique, portent à croire que malgré l’augmentation substantielle des dépenses d’éducation et des réformes répétitives, l’efficacité du système sénégalais a de la peine à s’améliorer.
Ainsi toutes les conditions sont réunies dans ce rapport pour montrer que le système traverse de sérieuses difficultés. Les défis sont nombreux et ils ont, entre autres, pour noms accès difficile à l’eau et à l’électricité dans les établissements, manque criard de tables bancs, de manuels scolaires. Ce qui, par conséquent, conduit à un taux de redoublement et à un faible taux de réussite au moment où les politiques éducatives sont axées sur les résultats, avec des contrats de performance liant le niveau central et celui déconcentré, ainsi que les inspections et les établissements scolaires.
L’accès à l’eau et à l’électricité dans les écoles publiques en zone urbaine est totalement en deçà de la moyenne dans certaines localités du Sénégal, surtout les zones rurales. En ce qui concerne la présence des latrines dans les établissements publics, Kédougou enregistre le pourcentage le plus bas avec un taux de 46,4%.
«Pour mettre en sécurité les élèves, qui, pour satisfaire leurs besoins naturels partent dans le voisinage, l’installation de latrines séparées et distantes garçons/filles devient pressante dans le système éducatif là où il n’en existe pas», lit-on dans le rapport.
Si en 2013, 23,2% des écoles élémentaires publiques disposent d’électricité contre 22,0% en2012 la Dpre indique qu’à l’ère des TIC en éducation,« il s’avère nécessaire de régler ce problème préalable et en priorité dans les écoles de grande taille situées dans des localités disposant d’électricité ». Pour le cas de l’électricité, la région orientale, Kédougou, enregistre toujours les proportions les plus faibles avec 8,6%. En dehors de Kaffrine, Kolda, Matam et Sédhiou, partout ailleurs le taux d’électrification des écoles est supérieurà50% ».
Le rapport de la Dpre a aussi donné des indicateurs pour mesurer l’amélioration des conditions de travail des élèves avec le ratio places assises par élèves. Le déficit de tables-bancs au niveau national qui se traduit par un ratio places-assises par élève(0,9 )inférieur à 1 en 2013, reste notoire au regard des normes internationales. Le rapport précise qu’il « n’existe que 90places assises pour100élèves, soit une surcharge sur les tables-bancs. Cependant in cette situation globale ne devrait pas masquer les disparités. Au niveau du public, seules les régions de Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou et Louga ne connaissent pas de déficit de tables bancs ».
A l’heure de la promotion de la qualité de l’offre éducative, le rapport constate un manque criard de manuels scolaires considérés comme un intrant de qualité. Si le Ministère de l’Education ambitionne de doter tous les élèves d’un livre pour chaque discipline fondamentale, soit deux manuels (Calcul et Lecture) pour les élèves de la première étape (CI-CP) et cinq manuels (Calcul, Lecture, Histoire, Géographie et Sciences d’Observation) pour les élèves des deuxièmes et troisièmes étapes (CE1-CE2 et CM1-CM2), il demeure néanmoins qu’aucune région n’a atteint l’objectif de deux (2) livres par élève.
«On observe également d’importantes disparités régionales à Kédougou (1,7), Matam (1,2) et Diourbel, Fatick, Kaolack et Ziguinchor (1,1) où le taux est plus élevé. Les régions de Sédhiou, Saint-Louis, Tamba, Kolda, Thiès, Dakar et Kaffrine enregistrent des ratios inférieurs à 1. En2013, le ratio-livres/élèves au niveau national est de 0,9 pour la première étape», indique le rapport de la Dpre.
C’est le cas dans l’Enseignement Moyen où le ratio livre/élève n’est pas encore suffisant, en dépit de l’amélioration de la moyenne de 2,8 livres par élève en sixième, 3,6 en cinquième,3,2 en quatrième et 4,8 pourla classe de troisième. Les classes de troisième sont les mieux dotée sen manuels avec4,8 livres par élève.
L’admission en première année de l’élémentaire bat toujours de l’aile dans la région de Kaffrine qui enregistre le plus faible au au CI avec 81,1%. L’introduction de l’enseignement arabe dans les écoles, rappelons-le, est une source de motivation pour l’inscription des enfants à l’école, avait laissé entendre l’Inspecteur Académie, Karim Kébé, à l’occasion d’un Comité régional de développement (Crd) consacré à l’éducation. Autre facteur bloquant des inscriptions des enfants à l’école est le problème de l’étatcivilqui se pose encore avec acuité.
Des résultats catastrophiques
Le rapport de la Dpre qui a passé en revue les conditions exécrables sur lesquelles les élèves étudient, n’a pas laissé en reste la question du taux de redoublement et d’abandon dans les cycles élémentaires et moyen secondaire. Il revient ainsi sur l’ampleur du redoublement dans les régions de Sédhiou (3,5%), Diourbel et Thiès(3,3%), Dakar (3,2%), Louga (3,0%), Ziguinchor et Kaolack(2,9%). Selon le rapport, ces régions ont un taux de redoublement supérieur à celui du niveau national (2,8%) dans l’élémentaire. Si letaux d’abandon s’élève à 9,8% au niveau national, les régions de Kaffrine,Kolda, Kédougou et Tambacounda atteignent respectivement 19,5%, 16,1%, 14,6% et 14,2%.
Le taux de redoublement global au niveau du secondaire général est de 19,5% contre 20,9% en 2010/2011, soi tune diminution de 1,4point de pourcentage. Il est de 20,6% chez les garçons et de 18,1% pour les filles. Le plus fort taux est enregistré à Sédhiou (27,8%) et le plus faible à SaintLouis (12,0)%.
En plus des taux de redoublement et d’abandon notés dans les régions, les résultats du Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee) et le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) sont jugés catastrophiques nonobstant la réforme basée sur l'Approche par les compétences (Apc). Entre 2012 et 2013, le taux de réussite au BFEM chute à 18,4 points et s’établit à 41,2%. Cette situation découle de la baisse des scores dans toutes les académies. Une baisse d’au moins de 20points est enregistrée dans six académies avec un pic de26,7points à Kolda.
PAQUET pour corriger les failles
Le budget du ministère de l’Education nationale pour l’exercice 2014 est arrêté à la somme de 366 milliards FCfa contre 352 milliards FCfa, soit une hausse de 14 milliards FCfa. Mais en dépit des besoins pressants de matériel didactique, de tables-bancs, la résorption des abris provisoires entre autres, il revient au personnel dont le fonctionnement coût presque 84% des ressources du secteur, soit 310 milliards FCfa d’améliorer la situation actuelle. Pourtant un espoir est permise avec le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et la Transparence (Paquet). Le Paquet dégage trois axes prioritaires pour la période 2013-2017 du secteur de l’éducation qui s’articule autour de l’amélioration de la qualité des enseignements et de l’apprentissage avec la Réforme curriculaire, la formation des enseignants, le renforcement des cantines scolaires ; la résorption des disparités par un accès plus équitable à l’éducation et la promotion d’une gouvernance inclusive.
source : http://www.sudonline.sn/les-tares-du-systeme-mises-a-nu_a_18548.html