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Le divorce est devenu un phénomène de mode. À ce propos, les chiffres de l'Association sénégalaise des femmes juristes font froid dans le dos. EnQuête a essayé d'en connaître les raisons, en donnant la parole à des femmes divorcées, mais aussi à des belles-mères. Sans oublier les spécialistes de la question.
Le divorce est à la mode au Sénégal. Les chiffres publiés par l'Association des femmes juristes du Sénégal (AJS) le confirment. L'association a installé deux boutiques de droit à la Médina et à Pikine. Elle révèle qu'entre décembre 2013 et février 2014, 384 cas de divorce ont été enregistrés au niveau des deux boutiques. Celle de Médina a enregistré 291 divorces.
Pikine a enregistré 33 cas. L'autre constat est que ces mariages ne durent que le temps d'une rose. Pour en savoir un peu plus sur les raisons de ces séparations, souvent prématurées, EnQuête est allé à la rencontre de ces femmes divorcées. Combien sont-elles ? Combien sont celles qui ont été répudiées et contraintes de partir, alors qu'elles rêvaient d'une vie de couple heureuse ? Difficile d'y répondre.
''Du temps perdu''
Mais, le constat est qu'elles quittent le foyer conjugal, pour différentes raisons. Chacune avec son histoire. Aby* fait partie de ces jeunes filles qui ont vécu un véritable calvaire dans leur domicile conjugal. Son époux a émigré, alors qu'ils sortaient encore ensemble. ''Une fois en Europe, on a scellé le mariage. J’avais de bons rapports avec mon époux. Mon problème, c’était les membres de ma belle-famille, surtout ma belle-mère''. Selon la jeune divorcée, ''elle était insupportable''. ''Elle me menait la vie difficile’’, confie la belle nymphe qui malgré le divorce n'a rien à envier aux nymphettes de 19 ans.
‘’J’ai vécu dans la maison conjugale, pendant plusieurs années, sans voir l’ombre de mon mari'', poursuit-t-elle. Aby aurait pu s'accommoder de cette situation, si son opération de séduction envers sa belle-mère avait porté ses fruits. Poulets, argent, tissus de valeur et autres présents n'y ont rien fait. ‘’Elle était difficile à satisfaire. Pour un rien, elle pétait les plombs et me lançait des vertes et des pas mûres. Mes parents et mon mari me demandaient d'être patiente avec elle. Étant donné que la patience a des limites, j’ai fini par craquer et demander le divorce''.
Au début, dit-elle, le visage baigné de larmes, son mari n'a pas voulu en entendre parler, mais, il a fini par se rendre à l'évidence que c'était la meilleure chose à faire. D'une voix pleine de regret, Aby confie : ''On s’aimait vraiment, mais on ne pouvait plus continuer à vivre ainsi, car sa mère était devenue insupportable''. Aujourd'hui, avec le recul, elle considère avoir perdu du temps, ''car, après plusieurs années, on n'a même pas pu consommer notre mariage'', dit-elle. Selon la jeune dame, le divorce était nécessaire pour préserver les rapports entre les deux familles. ''J’ai préféré perdre un mari que de voir éclater toute une famille''.
''Mon mari manquait de poigne''
Si Aby* a eu la chance de ne pas consommer son mariage, ce n’est pas le cas d'Astou*. Son mariage est parti en éclats, au bout de deux ans, à cause des commérages et ''du manque de poigne'' de son mari. ''J’ai divorcé après plus de deux ans de mariage, alors que tout allait à merveille entre nous. Mais, mon mari manquait de poigne'', soutient Astou. ''Il écoutait toutes les salades qu’on lui racontait sur moi, du genre : 'ta femme n'est jamais à la maison' ; 'des hommes viennent en ton absence lui rendre visite'.
Je lui disais à chaque fois de prendre ma version, mais il ne le faisait jamais''. ''Il revenait verser toute sa colère sur moi. Pour préserver notre mariage, je faisais la sourde oreille ou la politique de l’autruche, sur tout ce qu’il disait'', raconte Astou* d'une voix furieuse, confortablement installée dans le salon de ses parents, dans un appartement huppé du centre-ville. De crise en crise, le mariage a fini par voler en éclats.
''Ma belle-famille voulait me remplacer par la cousine de mon mari''
Raby*, elle, a su très tard que sa belle-famille voulait se débarrasser d'elle pour marier son mari à une de ses cousines. ''Je n’avais plus droit à une bonne et je m’acquittais de tous les travaux domestiques. Je me réveillais à 6h du matin pour me coucher vers minuit''. Entre le linge, la vaisselle, la cuisine, le thé, bref et tout le reste, elle a fini par craquer.
''Avec tout ce travail, la nuit, quand mon mari revenait du travail, ma belle-mère et ses enfants l'interceptaient à la devanture de la maison, pour lui raconter des contrevérités sur moi’’, raconte-t-elle. Lorsqu'elle s'en est ouverte à sa famille, son père lui a fait savoir que par principe, il était contre le divorce. Mais, il a fini par se rendre à l'évidence et accepter l'idée du divorce. Aujourd'hui, Raby s'exerce dans le commerce.
''Mon mari m'a demandé d'arrêter mes études''
Fatou Kiné* est longtemps sortie avec son mari, avant de convoler en justes noces. ''Nous nous aimions comme Roméo et Juliette''. Cette femme, à l’allure d'une grande dame, au calme olympien, n'en revient toujours pas, de cette histoire qui s'est terminée en cauchemar : ‘’Quand on s'est marié, je préparais mon Baccalauréat. Il était convenu entre nous qu’une fois mon diplôme en poche, j’allais continuer mes études supérieures, car mes parents comptaient sur ma réussite, étant donné que je suis leur aînée. A ma grande surprise, quand j’ai eu mon premier diplôme universitaire, mon mari m'a demandé d'arrêter mes études, en arguant qu’on ne peut pas allier études et ménage''.
Dans un premier temps, l'employée dans une entreprise de marketing de la place pensait que son mari n'était pas sérieux. Mais lorsqu'elle a su qu’il n’allait pas changer d'avis, elle a averti ses parents. ‘’Je ne savais pas quoi faire avec un mari qui m'avait menti sur une chose aussi importante que mon avenir. Je n’avais plus confiance en lui. Au début, je voulais céder, en laissant tomber mes études. Mais, après réflexion, je me suis dit que si jamais je laissais passer cela, il allait exiger autre chose’’, se désole-t-elle. Aujourd'hui encore, avec son sourire d'ange, son nez aquilin, Fat, comme l'appelle les intimes, ne comprend pas comment son ex-mari a pu lui demander de choisir entre les études et le mariage.
LA REPLIQUE DES BELLES-FAMILLES
Les principaux accusés, à savoir les membres des belles-familles, ont été approchés par EnQuête. Ils balaient d'un revers de main certaines accusations qu’ils jugent gratuites. Dans la quasi-totalité des cas, les réponses sont unanimes et presque identiques. ‘’Les filles actuelles veulent la facilité. Dites-moi quelle mère de famille dans ce monde va accepter qu’une fille, sortie de nulle part, vienne la séparer de son fils ? La plupart du temps, les filles viennent dans le domicile conjugal pour faire éclater la famille de leur époux. Elles vous disent qu'elles veulent un appartement à deux, alors qu'au moment où vous économisiez pour payer les frais de scolarité de votre fils, personne n’était là’’, réplique mère Diallo.
Maman Yacine, elle, va plus loin. ‘’Moi, dit-elle, j’ai vendu mes bijoux pour faire voyager mon fils. Donc, je ne laisserai aucune fille me le prendre ou le séparer de moi. J'enverrai balader toute fille, aussi belle soit-elle, qui tenterait de le faire''. Ferme, mère Yacine de marteler : ''Du temps des vaches maigres, personne n’était là pour nous épauler. Aujourd’hui que tout est rose, que des profiteuses viennent me le voler, je ne l’accepterai jamais’’.
Son fils est à son deuxième mariage. Mais si, pour l'heure, les relations sont au beau fixe avec sa belle-fille, elle assure que cette dernière quittera le foyer conjugal, si elle essaie de semer la zizanie. ‘’Ce n’est pas que je suis difficile, mais c’est cela ma philosophie en matière de couple’’, conclut-elle.
1313 mariages célébrés dans 5 centres d’état civil, en 2013
Autant les cas de divorce se multiplient, autant des couples naissent chaque jour. En 2013, dans les 5 centres d’état civil des départements de Pikine et Guédiawaye, visités par EnQuête, 1313 nouveaux couples y ont été enregistrés : 677 mariages au centre principal d’état civil de Pikine, 201 à Pikine Ouest, 200 à Ndiarème Limamoulaye, 175 à Golf Sud, 60 à Médina-Gounass.
CHEIKH THIAM
source:http://www.enqueteplus.com/content/distance-belle-famille-incompr%C3%A9hension-jalousie-dans-lunivers-des-femmes-divorc%C3%A9es