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La pénurie d’eau qui sévit depuis plus de quinze jours à Dakar est partie pour perdurer. Nonobstant la «forte demande en cette période de chaleur» pointée du doigt comme étant à l’origine de cette pénurie, Dakar fait face à un déficit de plusieurs m3 d’eau pourtant connus des autorités de la SDE et la SONES depuis très longtemps.
Moins d’un an de la dernière pénurie d’eau de septembre 2013 causée par le fameux tuyau en «Y» de l’usine de Keur Momar Sarr, voilà encore que la population de Dakar est à nouveau privé du liquide précieux. Une diète dont les contours sont loin d’être cernés. En effet, si pour la première pénurie, le retour à la normale dans l’approvisionnement était conditionné par la réparation du tuyau en «Y», cette fois-ci tel n’est pas le cas.
Le mal est beaucoup plus profond. Tout porte à le croire, les explications fournies par les responsables la Sénégalaise des eaux (SDE) et la Société nationale d’exploitation des eaux (SONES), les deux sociétés en charge de la distribution et du contrôle de l’exploitation de l’eau au Sénégal, dans leur premier communiqué relatif à cette pénurie d’eau, daté du mardi 8 juillet dernier n’étant que de la poudre aux yeux. La «forte demande en cette période de chaleur» désignée comme étant à l’origine de cette pénurie n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Au regard des dernières évolutions de cette question de la distribution de l’eau dans la capitale sénégalaise, tout porte à croire qu’il y a négligence de la part des autorités notamment les responsables de la SDE et la SONES. Ces derniers n’ont pas pris au sérieux les nombreuses alertes lancées sur cette question.
En 2012, lors de la revue annuelle conjointe du Programme eau potable et assainissement du millénaire (PEPAM) on annonçait déjà un déficit de 14.000 m3 pour cette année. Cette insuffisance passera à 35.000 m3 et à 150.000 m3 en 2017 et en 2025. A cela s’ajoute également la sortie même de l’actuel Directeur général de la SDE en 2009. Dans une interview accordée au quotidien Walfadrji le 31 mars, Mamadou Dia, faisant allusions aux dispositifs en place, avait lui-même confirmé cette tendance déficitaire en affirmant que la demande en eau, est à peu près de 3 à 4% par an, c’est-à-dire 15.000 m3 par jour chaque année.
Poursuivant, il ajoute que les installations actuelles permettaient de couvrir la demande de pointe jusqu’en 2010 et la demande moyenne jusqu’en 2015. A ce titre, il avait ainsi alerté sur la nécessité de nouveaux investissements au plus tard en 2013 pour, dit-il, éviter tout déficit dans l’approvisionnement en eau dans la capitale et les autres centres.
Toujours dans ce chapitre d’alerte, le 05 juin 2012, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement d’alors, Oumar Guèye, a tiré la sonnette d’alarme en déclarant que «notre pays risque de connaître, entre 2014 et 2017, un déficit de 47.000 mètres cubes par jour. Ce déficit sera, d’après lui, à 200.000 mètres cubes par jour en 2025».
Suite à ces alertes, la SONES a lancé un programme d’urgence dénommé AEP Dakar, financé à hauteur de 2,1 milliards Cfa sur deux ans (2012-2014) pour une production de 34.500 m3/j supplémentaire à Dakar grâce à la construction de 10 forages et à l’optimisation de l’usine de Ngnith. Cependant, à quelque mois de la fin de l’échéance pour la réalisation de ce programme, pourtant censé apporter un ouf de soulagement à l’approvisionnement en eau de la population dakaroise, force est de constater que le liquide précieux ne coule toujours pas dans certains robinets de la capitale.
source :http://www.sudonline.sn/quand-la-sde-et-la-sones-montrent-leurs-limites_a_19893.html