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L’OBS – Le magistrat-instructeur chargé d’enquêter sur la mort de l’étudiant Bassirou Faye semble vouloir sonner une suite à la plainte contre X déposée par la famille de Tombong Wally. Mahawa Sémou Diouf a même fixé la consignation. Ce qui fait qu’on se retrouve avec deux procédures et deux suspects pour le même meurtre.
L’enquête sur la mort de l’étudiant Bassirou Faye n’a rien à envier aux films d’action avec suspense. A la fin de chaque épisode, le réalisateur s’arrange pour laisser les téléspectateurs sur leur faim. Pour cette enquête sur le meurtre commis dans l’enceinte du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, après chaque acte posé pour débusquer le véritable meurtrier, un autre vient l’ensevelir. Ce qui fait qu’on se retrouve aujourd’hui avec deux suspects.
Après la sortie du procureur de la République pour exprimer à l’opinion qu’il tenait le «bon suspect» dans cette affaire de meurtre, on croyait que le plus difficile venait d’être fait. L’enquête sur le meurtre de l’étudiant semblait close et on croyait que justice allait être rendue. Puisque le suspect désigné par Serigne Bassirou Guèye a été mis aux arrêts par les hommes du commissaire Ndiarra Sène de la Division des investigations criminelles (Dic). Mais en réalité, ce n’était que le début des complications pour cette procédure. Du fait que pour ce même dossier, il allait y avoir deux instructions pour le même magistrat Mahawa Sémou Diouf, mais surtout deux suspects. Du fait qu’en plus de celui de Serigne Bassirou Guèye, la famille tenait, elle-aussi, son suspect. Le portrait robot cette fois-ci a été peint par le témoin oculaire
Ce qui fait qu’après l’inculpation et le placement sous mandat de dépôt du policier Tombong Wally par le doyen des juges d’instruction, la famille du suspect désigné par le maître des poursuites a déposé une plainte contre X avec constitution de partie civile. Les Wally avaient, cette fois aussi, voulu que leur dossier soit instruit par Mahawa Sémou. Pour la simple raison que les membres de la famille Wally n’ont jamais été convaincus par la thèse des enquêteurs. Ils avaient plus foi aux déclarations du témoin oculaire Sette Diagne. L’étudiant qui a assisté au drame du 14 août 2014 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a insisté sur un portrait physique du tireur qui ne collerait nullement avec la morphologie du limier Tombong Wally. Tout ceci est ajouté au fait que le témoin a plusieurs fois identifié le suspect de la famille parmi un groupe de 60 personnes. En plus, Sette Diagne est toujours resté constant dans ses témoignages.
Après le dépôt de cette plainte par la famille de Tombong, certains ont pensé que cette nouvelle procédure déclenchée par les membres de la famille du policier accusé de ce meurtre n’avait aucune chance d’aboutir. Mais la suite de ce dossier et de cette plainte semble déjouer ces pronostics. Le magistrat-instructeur, Mahawa Sémou Diouf a reçu la plainte avec constitution de partie civile de la famille de Tombong Wally. Mieux, le juge du premier cabinet d’instruction du Tribunal régional de Dakar a fixé la consignation pour cette affaire. Ce qui signifie que cette affaire pourrait être instruite également par le doyen des juges.
Alors, les choses se compliquent. Parce que le magistrat-instructeur devra instruire deux procédures avec deux suspects pour le même meurtre de Bassirou Faye même si la plainte de la famille vise une personne non encore déterminée. Si l’on sait que Tombong Wally est le suspect désigné du Procureur de la République. Cependant, le suspect serait selon la famille un gradé de la police. Et son nom sonne étranger.
Des avocats proches de ce dossier estiment que cette nouvelle procédure peut aboutir à l’arrestation du suspect désigné par le témoin oculaire Sette Diagne. «Si l’on en arrive à l’arrestation de ce suspect désigné par le témoin Diagne, d’autres têtes de responsables de la police risquent de tomber. Car quand on va en intervention pour le maintien de l’ordre public, on n’y va jamais avec l’ordre de tirer. Une fois sur le terrain, si les choses dégénèrent, le dispositif n’a pas besoin d’autres ordres pour ouvrir le feu. Ce qui semble coller avec le témoignage de Sette Diagne qui dit que le tireur avait le téléphone collé à l’oreille», indique un avocat qui a requis l’anonymat. Comme pour dire que si le suspect désigné par le témoin tombe, il ne sera pas seul dans sa chute.
Par ailleurs, l’ouverture d’une information judiciaire pour donner suite à la famille de Tombong pourrait laisser une toute petite lueur d’espoir à Tombong Wally. Puisque le fait même de recevoir la plainte de la famille de Tombong et d’envisager d’en donner une suite judiciaire constitue un acte plein de chance selon ce même avocat. L’affaire de la mort de l’étudiant Bassirou Faye est loin d’être réglée dans tous les cas.
Makhaly Ndiack Ndoye
De la nécessité de protéger Sette Diagne
S’il y’a une pièce maîtresse dans l’affaire du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, c’est bien Sette Diagne. Depuis les premières heures de cet assassinat, l’étudiant Sette Diagne a toujours était au devant de la scène pour dire ce qu’il a vu ce 14 août au pavillon D du campus social de l’Université de Dakar. Il a été convoqué et entendu par la Dic. L’homme fait tout pour restituer la vérité des faits. «Il n’a jamais changé dans ses déclarations. Et, il a toujours désigné le même policier», renseigne une source. Ce qui fait qu’il détient toute la vérité sur ce dossier. D’où la nécessité de le protéger. Lui même savait qu’il court de graves risques et s’en était ouvert à Seydi Gassama d’Amnesty International et au Garde des Sceaux ; ministre de la Justice. Il n’y avait que des actes conservatoires. Mais le pilier de ce dossier sensible mérite une protection sérieuse. On ne prédit rien, mais Sette Diagne mérite une protection digne de ce nom même si la protection de témoin n’est pas chose courante sous nos cieux. La sensibilité du dossier qui implique des policiers en vaut la peine.
M. N. Ndoye