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Sam, Nov

Sénégal - Agressions physique et verbale, disputes, injures, etc. Dans les transports en commun urbains voyage au cœur d’une vitrine de l’incivisme

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En milieu urbain sénégalais, notamment à Dakar, les moyens de transport en commun (Tata, 3D, Ndiaga Ndiaye, cars rapides, taxis, taxis-clandos) qui relient les banlieues au centre ville sont des lieux d’agressions de tous genres: verbale, physique etc. Cette mauvaise conduite engage la responsabilité de tous, des chauffeurs eux-mêmes, taxés d’indisciplinés par les voyageurs, à ces habitués et autres usagers de ces moyens de transport. Ces derniers ne sont pas exempts de reproches, car ils participent à ce jeu dans les cars, se disputant avec les contrôleurs et les conducteurs ou tout simplement entre eux.

Des comportements qui en disent long sur l’incivilité totale de citoyens sénégalais, qui ne font pas la différence entre les bonnes et les mauvaises manières. Or, dans une ville ou pays qui aspire à l’émergence, les habitants ne doivent pas passer outre la civilité pour «un Sénégal des valeurs». Voyage au cœur de l’indiscipline notoire dans les transports en commun à Dakar.  «Fii moy Senegal; lou neex way deff; maa tay. » Cela veut dire respectivement «Ici, c’est le Sénégal, tout le monde fait ce qu’il veut; j’ai fais exprès.» Voilà des expressions passe-partout qu’on a l’habitude d’entendre ou de partager, c’est selon, au Sénégal. Erigées presqu’en règle d’art, en disent long sur l’indiscipline caractérisée de certaines populations. Ces réactions qui ne font qu’accroître le non-respect de l’autre constituent un véritable problème de comportement citoyen. Pour beaucoup, cette tare sociale est liée à un manque d’éducation de base. Et, parmi les personnes, catégories socioprofessionnelles incriminées dans «cet incivisme» notoire, ce sont les transports en commun qui sont au cœur de cette «crise comportementale», avec nombre de heurts entre usagers de la route (chauffeurs, passagers, piétons, charretier motocyclistes, cyclistes, etc.). Des Sénégalais sont chaque jour témoins d’un incivisme patent des uns et des autres sur les routes, dans la circulation.
 
«LES CHAUFFEURS ET APPRENTIS SONT INDISCIPLINES ET N’ONT AUCUNE EDUCATION»
 
 A travers les moyens de transport en commun, l’on assiste tous les jours à des scènes de disputes frôlant même le combat… à mort. A la descente de l’école, du travail et une fois arrivée chez-soi, il arrive à des passagers des différents moyens de transport en commun de raconter leur aventure ou mésaventure dans les bus «Tata»; «cars rapides», «Ndiaga Ndiaye», taxis, «taxis-clandos» et même avec des cochers, des conducteurs de deux roues, entre autres. Et, en conclusion, il ressort que «les chauffeurs et apprentis sont indisciplinés et n’ont pas reçu une bonne éducation». Des histoires pour corroborer ces comportements indécents ne manquent pas.
 
A titre d’exemple, une passagère K. Sall raconte: «un jour, en rentrant chez-moi aux Parcelles, j’ai pris la ligne «tata 38» qui part de l’hôpital Abass Ndaw. En cours de route, un des passagers, un jeune homme dit au receveur de lui vendre un ticket pour Guédiawaye, celui-ci répond que c’est 250 F Cfa le tarif au lieu de 200 F Cfa. Le jeune homme n’appréciant pas la manière insolente avec laquelle le receveur lui a parlé, lui répond qu’il n’achètera pas de ticket et que, si le receveur le pouvait, qu’il vienne le faire descendre du minibus. Assis dans sa cabine de vente, le receveur exige de lui de payer l’argent du transport, mais le jeune homme campe sur sa position et commence à l’insulter. Le receveur lui lance «xana goor jigene nga» («t’es surement un gay raison pour laquelle tu ne fais que parler comme une fillette.») Et là, le jeune homme se lève et l’attaque dans sa cabine. Ils allaient descendre régler leur compte quand les passagers sont intervenus pour les calmer. C’est alors que le jeune homme promet de lui régler son compte une fois au Terminus du car. Je n’ai pas pu connaître le fin de cette dispute».
 
Le plus choquant, estime-t-elle, c’est manière blessante avec laquelle les autres passagers s’insultaient de mères réciproquement, de sales injures mettant à nu leurs propres mamans. «Dama ci rouss» (j’en ai eu honte). Il faut le dire, la mère occupe une place importante, de choix dans la vie de l’enfant en Afrique, et particulièrement au Sénégal. Mais, c’est ce respect qui devrait faire en sorte qu’on n’agresse pas verbalement les mères d’insultes étant donné qu’elles donnent la vie, quitte à y laisser la leur.» 
 
LA SURCHARGE DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN, SOURCE DE MALAISES ET DISPUTES…
 
Quelquefois, c’est la surcharge dans les bus qui est à l’origine de disputes dans les cars. En général, des cars transportent plus de personnes qu’il n’en faut, ce qui provoque un inconfort extrême, avec des passagers collés les uns contre les autres, certains étouffant, à cause d’excès de chaleur; bref tout le monde ou presque étouffe. Ces conditions influent sur les humeurs des gens qui s’emportent facilement. C’est là qu’on peut comprendre la thèse selon laquelle «le milieu influe sur l’individu», démontré par les sciences sociales notamment la sociologie.
 
A titre d’exemple, un jeune homme nommé A. Diaw qui a assisté à une dispute entre deux voyageurs d’un bus de Dakar Dem Dikk (DDD ou 3D) explique: «à cause d’une surcharge excessive de passagers dans le 219 Guédiawaye-Ouakam, deux mâles ont failli en venir aux mains. L’un demande à son vis-à-vis de bien se tenir, l’accusant de prendre assez de place; l’autre estime qu’il exagère et qu’il ne bougera pas. Le receveur s’en mêle, prenant le parti du premier; de celui qui accuse. Moi, j’ai pensé comme le receveur que le premier avait raison car il faut penser aux autres qui veulent prendre le bus, qu’il faut faire une économie de place. Et là, la dispute a éclatée entre les deux. Le conducteur a arrêté le bus. Et le receveur de leur intimer l’ordre de se calmer sinon le car ne roulera pas.»
 
Quid des prises de gueule entre filles et garçon qui tournent souvent en invectives et prise de positions rangées entre homme et femmes dans ces minibus ou bus bombés de passagers. Tout part souvent de phrases «assassines» proférées par les unes contre les autres accusés de profiter de l’entassement des passagers dans les cars pour… «voler du plaisir». En atteste, au niveau des lignes desservant les banlieues (Parcelles, Pikine, Guédiawaye, Thiaroye, Keur Massar, Rufisque…), il n’est pas rare d’entendre des filles qui n’en peuvent plus de voir des garçons, profitant de l’étroitesse des cars, pour se frotter contre elles, crier: «bayil lingay def, yangui may sëssu». Ces derniers, n’ayant pas leurs langues dans la poche, de rétorquer: «wahoo dëgg. Soo bagné kula la laal dangay duggu taxi…». Suffisant pour que cela devienne le sujet de débat dans les cars jusqu’au terminus.
 
PLUS DE MENTION: «DEFENSE DE PARLER AU CHAUFFEUR»
 
Force est de constater que ces comportements influent sur  le conducteur, qui a besoin de concentration de même que les passagers. Cela est d’autant plus vrai que, il y a de cala quelques années, il était écrit devant et au-dessus du tableau de bord de tous les cars de transport en commun ou presque la mention: «Défense de parler au chauffeur». Il y va de la sécurité dans le transport. A ce niveau, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement est interpellé. Abdoulaye Daouda Diallo et son équipe son invités à insister davantage, en plus des infrastructures modernes, sur la sensibilisation des acteurs routiers, sur le comportement à adopter sur la route comme la discipline et le respect.
Car, ces comportements sur la route constituent un vrai danger pour les usagers. La preuve, beaucoup d’accidents surviennent vite à cause de disputes et échanges qui ont mal tournée. «C’est le comportement des Sénégalais qui n’est pas le bon. Le drame du Stade Demba Diop du 15 juillet 2017, qui a fait des victimes, est en grande partie dû à un mauvais comportement: des échauffourées entre les supporters ont viré au désastre. A quoi serviront ces infrastructures si elles sont vouées à la disparition de la population ?», s’interrogent certains
 
«…LE DIALOGUE COMMENCE PAR LA BASE»
 
Pour nombre de nos compatriotes, «cette manière africaine d’en venir aux mains, à chaque fois qu’il y a un problème, doit être dépassée. Il faut, en lieu et place, prôner le dialogue. Le même dialogue national auquel convie le président de la République Macky Sall. Pour ce faire, il faut d’abord que le dialogue commence par la base. Si, de ce côté, les gens préfèrent se battre au lieu de dialoguer, discuter calmement, alors il est compréhensible qu’au sommet, au niveau de l’élite, ce soit le désordre total, que les invectives se multiplient entre le parti au pouvoir et l’opposition, tels des bêtes de somme refusant de s’asseoir autour d’une table. La notion de dialogue doit être une leçon à apprendre à tous les Sénégalais.»
 
«CHANGER CETTE MENTALITE QUI CONSISTE A AVILIR UN METIER NOBLE…»
 
Un constat, la plupart des chauffeurs de ces cars de transport en commun (privés) de voyageurs n’ont pas fait les bancs de l’école occidentale ou, c’est le cas de certains, ils ont arrêté très tôt les études pour diverses raisons (pauvreté, perte de parent très tôt…) D’ailleurs, nombreux sont les gens qui estiment «qu’ils sont toujours sur la défensive, parce que mécontents et du train de vie qu’ils mènent. Etre chauffeur ou receveur dans ce secteur n’est pas payant. C’est un travail qui ne leur rapporte rien. C’est pourquoi, ils déversent leurs colères sur les passagers, qui eux ont des conditions de vie favorable.»
 
Justement, pour d’autres, c’est cet esprit, ce mépris, cette sous estimation de l’autre du fait de son travail qu’il faut corriger chez des citoyens Sénégalais. «Les Sénégalais doivent changer cette mentalité qui consiste à avilir un métier noble, exercé par d’honnêtes gens qui n’ont pas opté pour la facilité. Car, c’est grâce à ces braves citoyens qu’ils se rendent au travail, se déplacent facilement pour aller là où ils veulent et à tous les moments de la journée. Par contre, quels que soient les conditions de vie des acteurs du transport, ils ne doivent pas perdre de vue les bonnes manières, les bases de la vie en société. Une société qui a des normes et des règles à respecter. C’est le propre de chacun, individuellement, de bien se comporter pour donner un bon exemple aux enfants qui fréquentent aussi les bus.»

Donc, il ne reste plus qu’à espérer, d’ici peu, que l’incivisme deviennent un mauvais souvenir dans le milieu des transports en commun qui sont des espaces de rencontre publique. Mieux, tous les acteurs et usagers devraient bien se comporter, le temps d’un voyage qui ne dure pas longtemps.
 
PAR Aminata SARR (STAGIAIRE) ET ID

SOURCE:http://www.sudonline.sn/voyage-au-c%C5%92ur-d-une-vitrine-de-l-incivisme_a_37684.html