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Dans cet entretien exclusif, accordé à Dakaractu, l'ancien garde des sceaux, ministre de la justice Sénégalaise et par ailleurs avocat de la défense dans l'affaire Karim Wade, revient sur les sujets qui occupent l'actualité depuis quelques jours, notamment l'affaire Mittal, entre autres. Interview!
Dakaractu : Maître, quelles sont vos impressions après votre meeting de ce vendredi qui a connu un franc succès?
Me Amadou Sall : C’est la première sortie publique du Président Abdoulaye Wade depuis qu’il a quitté démocratiquement le pouvoir. Les Sénégalais, particulièrement les Dakarois, sont venus très nombreux écouter son message. Cette mobilisation exceptionnelle est pour nous un motif de satisfaction. Elle est l’expression de l’attachement de notre peuple à un homme qui a donné le meilleur de lui même à cette nation et qui a posé les véritables jalons de l’émergence. Elle est aussi la preuve que notre parti le Pds, accompagné de ses alliés autour du Front Patriotique pour la Défense de la République, cristallise la volonté des Sénégalais et des Sénégalaises de préserver nos acquis démocratiques et les avancées significatives de notre économie et des infrastructures qui sont la condition et un moteur de la croissance. Nous sommes fiers d’avoir communié avec notre peuple et d’être le levier de son espérance.
Dakaractu : Votre mentor, Me Wade n'a pas été tendre avec le régime en place. Des révélations, il en a fait. Mais, d'aucuns croient savoir que Me Wade entend juste créer un rapport de force pour mieux négocier la libération de son fils Karim Wade. En tant qu'avocat de ce dernier, quelle est votre appréciation?
Me Amadou Sall : Le Président Wade n’a pas fait dans les révélations. Il a informé et il a informé juste, devant ce qui apparaît comme une déprédation de nos ressources naturelles à l’autel des intérêts personnels et familiaux. Il a rappelé que le Sénégal est une République et nul, y compris son Président, n’a le droit de procéder comme le fait Monsieur Macky Sall. Notre peuple a le droit de savoir, la Constitution le proclame, l’éthique le recommande et la vertu l’exige. Il n’est pas possible de concéder des droits rapportant des sommes aussi considérables à son propre frère pendant que l’État du Sénégal se contente de la portion congrue de nos ressources naturelles. En vertu de quoi le Président Macky Sall concède t-il des droits de recherche et d’exploitation pétrolière à son frère ? Qu’y a t-il derrière ? Celui-ci serait il le prête nom de celui là ? Le peuple s’interroge et a le droit de savoir. Comme il s’interroge sur les circonstances sombres dans lesquelles l’État s’est empressé de signer avec la société MITTAL. Le Président Wade est dans son droit : il s’interroge et informe les Sénégalais qui s’interrogent avec lui. S’il y a rapport de forces, c’est sur le terrain politique qu’il se crée et non dans des déclarations. Nous avons déjà créé un rapport de force et il ne s’agit pas de négocier, mais de se battre pour la défense de notre démocratie et l’élargissement des espaces de libertés menacées par un régime incapable et incompétent.
Dakaractu : Selon vous, quels sont les facteurs qui militent pour une élection anticipée en 2015 comme le prône Me Wade?
Me Amadou Sall : Tout le monde s’accorde à reconnaître que notre pays vit une crise sans précédent. L’université de Dakar, qui a formé l’essentiel de nos cadres, qui a été fréquentée par la crème de nos étudiants et même par le fils du premier président de la République tant le niveau de ses enseignements et de ses enseignants étaient reconnus, est devenue l’ombre d’elle même. Cette crise de l’université et de l’école en général met notre nation en péril et notre jeunesse dans le désarroi ; le monde rural est désespéré et l’entreprise se meurt. Les libertés sont confisquées et un régime d’autorité et de terreur se substitue au système démocratique qui a permis de battre par les urnes deux présidents élus par les urnes. Nos ressources sont bradées aux puissances étrangères revenues en force au détriment de nos capitaines d’industrie et d’initiatives. Le récent limogeage des directeurs généraux des impôts et domaines et des douanes constitue un signe plus que préoccupant de la situation de nos finances publiques. Notre pays est en péril par le fait de politiques non pensées et dirigées depuis l’étranger. Nous allons droit vers la catastrophe si cette incurie perdure. Les Sénégalais, qui ont déjà exprimé leur inquiétude, veulent abréger leur indicible souffrance et mettre un terme aux errements de ceux qui n’ont pas été préparés à conduire les affaires. Dans ces conditions il faut arrêter le massacre, éviter l’effondrement et offrir de nouvelles perspectives. C’est le sens qu’il faut donner à l’appel du Président Wade.
Dakaractu : Restons sur la situation économique du pays qui n'est pas des meilleures. Que vous inspire une telle morosité, notamment cette ardoise salée de dettes estimées à 3.341 milliards CFA?
Me Amadou Sall : La grave crise de notre économie ne se mesure pas seulement par le niveau très élevé de la dette. Le Président Macky Sall propose l’autosuffisance en riz pour 2017, alors que pour l’année dernière les surfaces cultivées ont diminué et le rendement n’était pas des meilleurs, ce qui a donné une récolte en riz paddy autour de 400 mille tonnes, alors que la GOANA avait permis d’atteindre 600 mille tonnes de riz paddy en 2010. Dans la vallée du fleuve Sénégal les surfaces emblavées ainsi que les récoltes ont fortement diminué. Pour cette année, toutes les récoltes (pour les céréales comme pour l’arachide) vont diminuer entraînant de sérieuses inquiétudes dans le monde rural. Depuis que le Président Macky Sall est élu, pas un seul investisseur n’a mis le moindre sou dans notre pays. Les entreprises ferment les unes après les autres. Nous vivons une crise sans précédant et la seule explication que nous en donne le pouvoir c’est de nous dire que c’est l’argent sale qui ne circule plus. C’est aussi cette morosité qui explique l’appel du Président Abdoulaye pour abréger les souffrances des sénégalais et remettre le pays au travail.
Dakaractu : Revenons à votre meeting agrémenté de surprenantes et graves révélations de l'ancien chef de l'Etat. Voulez-vous nous édifier sur ces fameux émissaires de Macky Sall, lesquels selon Wade sont venus le voir en catimini, aux fins de négocier l'élargissement de votre client Karim Wade?
Me Amadou Sall : Je ne suis pas en mesure de répondre à votre question. Par contre, ce que je peux dire c’est que depuis plus de trois mois que dure le procès de Karim Wade, tous les observateurs s’accordent sur le manque total de preuve rapportées par l’accusation. En dehors des témoignages de personnes dont tout le monde doute de leur sérieux, il apparaît clairement que Karim Wade est innocent des accusations portées contre lui. La preuve est faite que le régime de Macky Sall instrumentalise la justice pour régler des comptes personnels et liquider des adversaires politiques. Sous nos yeux, le pouvoir est en train d’écrire les pages les plus sombres de la justice de notre pays.
Dakaractu : Maître, vous êtes l'un des rares avocats qui rencontrent souvent Karim Wade. Quel est son état d'esprit? Une anecdote concernant Wade-fils qui vous marque encore?
Me Amadou Sall : Karim a la conscience de ceux qui ont fait leur devoir avec honneur. Jamais, il n’a été gagné par le découragement. Il a toujours dit à ses juges et à ses accusateurs que s’ils trouvent de l’argent planqué quelque part, il est prêt à leur signer un chèque pour le rapatrier le plus rapidement possible et permettre à Macky Sall de n’avoir aucun prétexte pour justifier son inertie. Il est surtout prêt à signer pour le rapatriement des sommes prétendument « trouvées » à Singapour. Il dit qu’il attend qu’on lui montre la couleur de cet argent. Moi aussi, j’attends avec lui.
Dakaractu : Vous avez un dernier mot?
Me Amadou Sall : Je demande au Président Macky SALL d’avoir un sursaut d’orgueil et de regarder son peuple en face pour lui dire simplement ceci : « vous m’avez fait confiance, mais je dois reconnaître que la tâche est plus ardue que je ne pensais. Je regrette d’avoir fait du Sénégal une prison à ciel ouvert pour les responsables de l’opposition, je regrette d’avoir mis en prison des citoyens innocents et je regrette surtout d’avoir bâillonné les libertés et porté atteinte aux efforts collectifs des Sénégalais pour aller vers l’émergence. Je n’en peux plus, j’arrête ! ».
source:http://www.dakaractu.com/Les-verites-de-Me-Amadou-Sall-Macky-SALL-instrumentalise-la-justice-pour-regler-des-comptes-personnels-et-liquider-des_a79069.html