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Les présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf ont réussi à mettre sur place une administration qui n’était pas fondamentalement politisée, même si la corruption existait. C’est la conviction du Docteur en étude du développement, Cheikh Tidiane Dieye, invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm du dimanche 13 janvier. Auteur du livre “La corruption bureaucratique au Sénégal: trajectoires, ressorts et représentations populaires”, publié aux éditions l’Harmattan, le sociologue renseigne que la cassure a été notée dès l’avènement d’Abdoulaye Wade au pouvoir, mais accentuée sous Macky Sall qui disposait pourtant de beaucoup plus de leviers et de ressources politiques pour réussir la lutte contre la corruption.
Dans la lutte contre la corruption, les présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf auraient mieux fait que leurs successeurs, en l’occurrence Me Abdoulaye Wade et l’actuel président Macky Sall. Cette conviction est du Docteur en étude du développement, Cheikh Tidiane Dieye, sur les ondes de la radio Sud Fm. En effet, invité de l’émission politique Objection d’hier, dimanche 13 janvier, Cheikh Tidiane Dieye, subdivisant la séquence entre les quatre présidents en deux blocs, trouve que sous Senghor et Diouf, même si la corruption existait, «c’était encore dans des proportions qui pouvaient laisser à l’administration une marge pour exister».
Comme explication, il commence tout d’abord par faire part de la volonté du président Senghor qui consistait, à son avis, «de construire une bourgeoisie nationale», car ayant constaté que «l’essentiel de l’économie était entre les mains des Français et des Libano-Syriens». Malheureusement, s’est-il désolé, il y a eu une sorte de «confusion ou de collusion dans l’appareil entre la sphère administrative et la sphère politique». Pour autant, il reconnait à Senghor «d’avoir mis en place une structure administrative avec des règles légales et des procédures».
Le président Abdou Diouf, poursuit-il, avait voulu changer d’approche car ayant compris que le modèle de Senghor ne créait pas les conditions du développement économique et social du Sénégal. Ainsi donc, il a voulu créé une rupture entre la classe du parti politique et une classe technocratique qui viendra aux affaires, notamment dans le gouvernement. Malheureusement, selon lui, Diouf avait géré le pays les 10 premières années dans la pénurie, l’austérité, etc. Ce qui aurait mis en échec son combat contre la corruption car, justifie-t-il, «le parti utilisait, quand il le pouvait, les rouages de l’administration pour promouvoir ses intérêts politiques et partisans». Pour autant, il reste formel que l’administration a réussi à se constituer en tant que «corps indépendant qui n’était pas forcément politisé au niveau où elle l’est aujourd’hui». Surtout que, poursuit-il, sous Diouf, la société civile et la presse commençaient à émerger et portaient ledit combat.
WADE-SALL : LE POINT DE RUPTURE DANS LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Vint alors la séquence Abdoulaye Wade et Macky Sall caractérisée par l’auteur du livre “La corruption bureaucratique au Sénégal: trajectoires, ressorts et représentations populaires”, comme la «déconnexion» dans la lutte contre la corruption. En effet, Cheikh Tidiane Dieye, membre de la plateforme “ Avenir Sénégal Bi nu Beug, renseigne qu’à partir de 2000, «on commence à détricoter l’Etat et l’administration publique». Il explique qu’avec Me Wade, l’administration publique, qui devait fonctionner hors du champ politique, a commencé à être politisée. «Cela a entrainé l’enrichissement sans cause», se désole-il. Comme raisons, il dit que cela correspondait à une période où le pays commençait à s’ouvrir à l’investissement public privé étranger. «Le niveau de corruption a explosé parce que les marchés publics ont commencé à être très importants», a-t-il souligné.
Finissant avec l’actuel chef d’Etat, le sociologue s’est désolé de l’absence de volonté du président Macky Sall qui avait pourtant des atouts pour réussir le combat contre ledit fléau. De l’avis de Cheikh Tidiane Dieye, l’actuel président disposait de plus de leviers et de ressources politiques que ses prédécesseurs. Tout d’abord, il montre que Macky Sall a bénéficié, dès son arrivée, des réflexions des Assises nationales (2008-2009), et plus tard de celles de la Cnri. Comme deuxième atout, il fait cas des demandes «impérieuses formulées par les citoyens» en 2012, avec les contestations de la gouvernance de Wade. Mieux, sur le plan politique, «il avait le soutien d’au moins 65% de Sénégalais». Hélas ! Même s’il constate une certaine diligence dans la mise en place des Institutions, dès son installation, M. Dieye fait noter que «le système qui avait été combattu revient».
Jean Michel DIATTA
SOURCE:https://www.sudonline.sn/la-deconnexion-est-arrivee-en-2000_a_42501.html