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«L’un des défis les plus importants que le Sénégal doit relever, c’est l’éradication de la corruption car elle sape le développement»

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L’OBS – L’ambassadeur de la Grande Bretagne au Sénégal est convaincu que parmi les nombreux défis du Président Sall, figure la lutte contre la corruption. Un fléau qui entrave toute action de développement. Pour le diplomate, il n’y a aucun doute que la coopération entre la Grande Bretagne et le pays de la «Téranga» se porte à merveille. Aussi annonce-t-il que son pays ne ménagera aucun effort pour appuyer le Plan Sénégal émergent à travers les institutions multilatérales et les investissements privés britanniques. Entretien…  

Excellence, dans quels pays de la sous-région êtes-vous accrédité ?

Je suis accrédité au Sénégal, en Guinée-Bissau et au Cabo Verde.

Quelle appréciation faites-vous des élections  en Guinée-Bissau ?

J’étais récemment à Bissau où je suis arrivé juste après l’annonce des résultats. Les élections ont été une grande réussite. Elles se sont déroulées dans le calme, avec un fort taux de participation. Environ 89% de participation au premier tour et 78% au second. La Commission nationale électorale a fait un travail très professionnel, avec le soutien de la communauté internationale. Je pense que le président de la Commission s’est montré très professionnel, avec une intégrité absolue. Les missions  d’observation de plusieurs organisations telles que l’Ue (union européenne), l’Ua (Union africaine), la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et la Cplp (Communauté des pays en langue portugaise) ont évalué les élections d’une manière très positive. Nous félicitons tous les partis politiques et les militaires, qui ont accepté les résultats, expression de la volonté populaire. Nous nous félicitons également de l’accord entre le PAIGC et le PRS, qui visent à œuvrer de concert  pour entamer des réformes. Nous souhaitons que les nouvelles autorités soient installées dans les plus brefs délais. Nous nous réjouissons d’avance d’avoir l’opportunité de travailler avec elles. L’Ue est prête à les accompagner.

Est-ce que votre pays était impliqué dans l’organisation de ces élections ?

Le Royaume-Uni a contribué de manière bilatérale au Panier de fonds  géré par le PNUD. L’Union européenne a également alloué 2 millions d’euros au Panier de fonds du PNUD. Il y avait une équipe restreinte de parlementaires envoyés par le Groupe d’amis de la Guinée-Bissau, du Parlement britannique pour l’observation des élections. Il y avait également une ONG britannique qui a apporté un soutien technique au GOSCE, plate-forme de la société civile spécialisée dans le monitoring d’élections. 

Qu’en est-il des investissements britanniques au Sénégal?

Nous sommes impliqués dans plusieurs secteurs au Sénégal, notamment l’énergie et les hydrocarbures. Actuellement, il y a une plateforme de forages offshore. Et contrairement à ce que disent beaucoup d’articles de presse qui l’ont attribuée aux Australiens, c’est une société britannique du nom de CAIRN ENERGY qui y travaille. C’est un investissement énorme. Et c’est la première en 20 ans au Sénégal. Il y a également la société anglo-néerlandaise, VIVO ENERGY, qui dispose de plus de cinquante stations d’essence connues sous l’appellation SHELL. Il y a une autre société britannique qui s’appelle AGGREKO, spécialisée dans la fourniture temporaire d’électricité. Elle a proposé des solutions HFO, au lieu du diesel. Ces solutions vont aider le gouvernement à faire des économies considérables. Nous sommes aussi impliqués dans le secteur minier. Il y a au moins trois sociétés britanniques implantées au Sénégal depuis des années, qui ont des permis d’exploitation aurifère. Nous sommes aussi très présents dans le secteur agricole, avec notamment des investissements dans la Vallée du Fleuve Sénégal. En gros, ce sont les trois secteurs dans lesquels des entreprises britanniques sont actives, entre autres. 

Parlons maintenant de West Africa Farms (WAF) qui a été prise comme modèle par la Banque mondiale. Quel est le secret de cette prouesse ?

Il y a deux gros investissements britanniques dans le secteur de l’agriculture, dont West Africa Farms, qui se trouve à Yamané (Communauté rurale de Nguith). On y cultive des oignons verts et des radis sur une superficie de 300 hectares. Ces produits sont exportés en Grande-Bretagne et commercialisés dans les plus grands supermarchés.  C’est une grande réussite, parce que les relations avec les populations locales sont excellentes. L’accord avec West Africa Farms a été signé en 2011. Dès la fin de la même année, WAF avait déjà récolté et exporté ces produits agricoles. S’agissant de la main d’œuvre, WAF emploie 1500 personnes pendant la période des récoltes, de novembre à mai, avec une masse salariale de 60 millions de FCFA. WAF a construit un poste de santé pour ses employés et emploie des populations venant de 16 villages. Ils ont également construit un poste de santé pour la communauté rurale. Vu les termes du contrat, WAF est même allée au-delà de l’accord. Les investisseurs britanniques sont des cultivateurs chez eux. En conséquence, ils savent ce qu’ils font. C’est cela qui explique le succès de WAF.

N’envisagez-vous pas d’étendre ces investissements à d’autres domaines  comme l’élevage par exemple ?

 Les investisseurs britanniques de WAF n’interviennent pas dans le domaine de l’élevage. Toutefois, celui qui gère ce projet est un Sud-africain qui s’intéresse à l’élevage.

Est-ce que la coopération entre le Sénégal et la Grande-Bretagne est au beau-fixe ?

Nous avons parlé d’investissements du secteur privé jusqu’à présent. Ceci est important parce que le développement à long terme du Sénégal dépendra plus du commerce et des investissements que de l’aide. C’est la raison pour laquelle dans un monde compétitif, le Sénégal doit offrir un environnement des affaires aussi attractif que possible. Pour ce qui a trait à la coopération au développement, nous n’avons pas de programme de coopération bilatérale avec le Sénégal. En dépit de ce fait, la Grande-Bretagne est fortement impliquée dans le développement du Sénégal. Pourquoi ? Parce que nous finançons 14% du budget de l’Ue. Nous sommes l’un des plus grands donateurs de la Bad (Banque africaine de développement). Un tiers du financement de la GAVI, partenaire très important du Sénégal en matière de santé,  vient de la Grande-Bretagne, etc. C’est une manière de soutenir le développement du Sénégal par le biais des organisations multilatérales. A ce titre, je peux dire que les relations sont au beau fixe. 

Est-ce que la Grande-Bretagne va appuyer le PSE ?

Cela se fera à travers nos contributions aux institutions multilatérales et à travers les investissements privés britanniques. Dans le secteur agricole, vous exportez en ce moment 60 000 tonnes de fruits et légumes. Vous ciblez 157 000 tonnes en 2017 dans le cadre du Plan Sénégal émergent. Les deux sociétés britanniques susmentionnées sont parmi les exportateurs les plus importants. Toutes les deux sont en phase d’expansion. Elles sont en train d’obtenir de nouvelles terres. Elles peuvent augmenter leurs activités et employer encore plus de personnes. Si  l’on peut obtenir plus facilement des terres  pour investir, il y aura également beaucoup d’autres investisseurs. Donc, ce sera gagnant gagnant pour les investisseurs, les populations et l’Etat du Sénégal. Dans le secteur de l’énergie, il y a des sociétés qui veulent accompagner le Sénégal dans les reformes à mettre en œuvre, notamment par le biais des énergies renouvelables. La société INFRACO/ELEQTRA fait depuis trois ans des études de partenariat à Leona dans la région de Louga. Une autre société espère aider le gouvernement à construire une usine de dessalement pour qu’il puisse  élaborer une meilleure stratégie  dans le domaine de l’approvisionnement en eau et ne pas dépendre continuellement de Keur Momar Sarr et du Lac de Guiers. Il est certain que les besoins en eau vont augmenter avec la mise en service de l’Aéroport de Diass par exemple. 

Combien de Britanniques résident dans ces trois pays ?

Ils ne sont  nombreux ni en Guinée-Bissau ni au Cabo Verde. Ici, il y en a 200, voire 300, éparpillés dans le pays. Les Britanniques travaillent dans le secteur privé, la société civile, etc. En Guinée-Bissau, il y en a quelques-uns seulement. Toutefois, le Cabo Verde accueille environ 100 000 touristes britanniques chaque année. Dans ce pays, les Britanniques sont la nationalité la plus présente. 

Qu’est-ce qui explique cela ?

La raison est que ce pays offre un bon produit et répond mieux aux besoins des visiteurs anglophones. Par ailleurs, il n’est pas trop éloigné, il a un bon climat (on peut jouir du soleil en hiver) et il a le même fuseau horaire que  la Grande-Bretagne. Si le Sénégal développe un produit touristique que les agences de voyage britanniques sont disposées à vendre, les touristes vont venir. 

Du point de vue de l’intégration, est-ce que les Britanniques sont à l’aise au Sénégal ?

Au Sénégal, les Britanniques sont à l’aise. Nous n’avons pas de problème. Les Sénégalais sont très accueillants. Dakar est une ville qui nous plaît.

S’agissant du football, est-ce qu’il est possible que nos  deux pays coopèrent?

Nous avons la chance d’avoir des joueurs sénégalais qui évoluent en Grande-Bretagne depuis longtemps. Il y a un projet dénommé Premier Skills, géré par le British Council, qui a permis à des techniciens britanniques de venir encadrer des coachs sénégalais. Il se peut que nous menions à bien quelques actions similaires dans le domaine de l’athlétisme d’ici à 2017 lorsque nous organiserons les championnats du monde d’athlétisme. 

Parlez-nous maintenant de la procédure d’obtention des visas ?

Nous n’octroyons pas de visas à l’Ambassade. Nous acceptons les demandes et nous les envoyons au Haut Commissariat de Grande-Bretagne à Accra au Ghana. En Afrique subsaharienne, il n’y a que quatre pays dans lesquels la Grande-Bretagne octroie des visas. Il s’agit du Ghana, du Kenya, du Nigéria et de l’Afrique du Sud. Si vous êtes au Sénégal, en Ethiopie ou ailleurs, vous pouvez déposer votre demande de visa, mais elle est envoyée dans les pays susmentionnés. Pour obtenir un visa, il faut déposer la demande très tôt et non au dernier moment, remplir dûment le formulaire, fournir beaucoup de documents justificatifs. Il faut dire également qu’on octroie souvent des visas à des personnes qui vont visiter la Grande-Bretagne en tant que touristes, homme d’affaires ou pour des études. Une personne qui veut y aller en tant que  touriste ou pour des études, et qui a les moyens de financer son voyage, peut obtenir un visa sans problème, à condition de remplir toutes les conditions. Le visa vous sera refusé si votre objectif est de trouver du travail en Grande-Bretagne. Il faut savoir que la question de l’immigration est un grand souci au plan politique chez nous, étant donné qu’un nombre très important d’Européens vient chercher du travail chez nous sur la base de la libre circulation des personnes et des biens en Europe. Cela met des pressions énormes sur les services que nous mettons à disposition en matière de santé et d’éducation. 

Combien de demandes de visas reçoit l’Ambassade de Grande-Bretagne chaque  année ?

En 2013, nous avons reçu 1300 demandes de visas  environ.

Quelle analyse faites-vous de la situation politique au Sénégal ?

Il ne m’appartient pas de me livrer à une analyse des tendances, à un mois des élections locales. Toutefois, je pense que les élections locales sont extrêmement importantes dans la vie politique d’un pays.  Il est essentiel que la démocratie existe à tous les niveaux. Les populations doivent s’impliquer. 

Quelle appréciation faites-vous de la démocratie sénégalaise ?

Le Sénégal est un excellent exemple en matière de démocratie. Pendant longtemps, le pays a eu deux atouts : la stabilité et la démocratie. Il doit y ajouter maintenant la bonne gouvernance. A cet égard, il faut saluer les efforts déployés par le Président Macky Sall pour améliorer la gouvernance dans le pays. Promouvoir la bonne gouvernance n’est pas seulement l’affaire du gouvernement, mais concerne également  le citoyen. Le gouvernement à lui seul ne peut pas éradiquer la corruption sans la participation de tous les Sénégalais. L’un des défis les plus importants que le Sénégal doit relever, c’est l’éradication de la corruption car elle sape le développement. C’est un  défi pour toute  la société. 

Depuis deux ans, on parle de traque des biens mal acquis. Qu’en pensez-vous ?

Je ne vais pas faire de commentaires sur les affaires  spécifiques qui sont pendantes devant  la justice. Toutefois, je suis d’accord sur le principe.  C’est bien d’insister sur la nécessité de lutter contre la corruption. J’aime bien cette phrase du Président Macky Sall et le jeu de mots quand il dit : «On est là pour servir et non se servir.»

Réalisé par EL HADJI TALL

 

source : http://www.gfm.sn/lun-des-defis-les-plus-importants-que-le-senegal-doit-relever-cest-leradication-de-la-corruption-car-elle-sape-le-developpement/