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L’OBS – Abou Ngom, accusé du meurtre de la belle de nuit Louise Diop, a été déféré hier devant le procureur de la République. Le jeune restaurateur de 19 ans, originaire de Diourbel, a fait l’objet d’un retour de parquet. Le temps qu’un juge d’instruction se saisisse de son dossier. Mais, en attendant ce face-à-face crucial pour son sort, Abou Ngom a déjà nié devant les policiers les faits qui lui sont reprochés. Il fait porter le lourd chapeau de ce crime odieux à un autre quidam. Confessions d’un homme aux abois.
«Dans la nuit du 31 mai dernier, aux environs de 00 heure, j’ai quitté la maison de mon employeur à Fann résidence pour me rendre à la Zone A. C’était pour assister à une communion. En cours de route, je tombe sur une prostituée disant se nommer Louise Diop, juste à hauteur de l’hôtel «Le Relais». J’ai démarché avec elle une passe et nous sommes tombés d’accord pour 7 000 FCfa.
Nous avons pris un taxi et nous apprêtions à nous rendre à son domicile. Mais un autre homme qui est aussi un client de la belle de nuit s’est joint à nous. Il a aussi pris place dans le taxi et nous nous sommes rendus ensemble au domicile de Louise, à Sacré-Cœur 2, près de la Boulangerie Jaune. Arrivés sur les lieux, nous avons trouvé un autre homme qui attendait Louise. En fait, c’est elle qui lui avait donné rendez-vous chez elle. Nous sommes entrés dans la villa et avons accédé chez elle par les escaliers. Et le gars a commencé à l’engueuler dès qu’il l’a vue : «Où étais tu ? Cela fait un bon moment que je t’attends là», lui disait-il. Louise lui répond qu’elle a été cueillie par les policiers. Il lui ordonne d’ouvrir la porte de sa chambre et elle s’exécute, sans broncher. Après le gars en question me force à entrer dans la chambre de Louise. Dès que la porte s’est refermée derrière nous, le gars me réclame ce que je détenais par-devers moi. Avant que je ne pipe mot, il commence à fouiller mes poches. C’est ainsi qu’il a pris la somme de 10 500 FCfa que j’avais. Il m’assène ensuite un violent coup de pied qui m’a projeté dans les toilettes intérieures et ma tête a cogné sur le rebord de la chaise anglaise. J’ai perdu conscience durant un bref instant. Quand je me suis relevé, il s’attaquait violemment à Louise. Il a fait semblant de revenir à moi avant d’ouvrir la porte et de s’enfuir. Je n’ai pas eu le temps d’entretenir de relation sexuelle avec Louise. Vous (les policiers) m’avez trouvé nu parce que ce gars m’a obligé à me déshabiller. Quand je me suis réveillé, Louise Diop respirait à peine à cause des violents coups qu’elle avait reçus. Je n’avais aucune arme avec moi, c’est le gars qui en détenait et il m’a blessé avec. J’ai du tenir la lame du couteau que détenait le gars pour sauver ma vie.»
MAKHALY NDIACK NDOYE
Le vrai film du meurtre
C’est le quotidien «Le Populaire» qui avait défloré l’affaire dans sa livraison d’hier. «La belle de nuit, Louise Diop, poignardée à mort, chez elle, par un de ses clients», titraient nos confrères. La scène macabre s’est déroulée à Sacré-Cœur 2, juste à côté de la Boulangerie Jaune. Et le présumé tueur est le jeune «Samba Ngom», âgé de «25 ans», expliquait l’auteur de l’article qui n’a fait que traduire sur papier et de bonne foi les informations de ses sources. D’ailleurs, la formule «selon nos sources» a été mentionnée dans le texte à chaque fois de besoin. Mais, si les faits racontés par «Le Pop» touchent parfois à la vérité, ils sont souvent en contradiction avec ceux issus de l’enquête préliminaire menée par les limiers de la police de Dieuppeul. Une enquête qui a été bouclée hier et transmise au procureur de la République.
«Wooy, elle m’a coupé le sexe !!!!»
C’est dans la nuit du dimanche 31 mai au lundi 1er juin que la police de Dieuppeul a été informée par une dame du meurtre de sa colocataire, Louise Diop. Malgré l’heure tardive (il était 2 heures du matin), les limiers prennent la direction de Sacré-Cœur 2. Une foule nombreuse devant la villa 8633/E leur indique qu’ils sont à la bonne adresse. Les sapeurs-pompiers étaient déjà sur place. Ils attendaient juste le constat de la Police pour évacuer le corps sans vie de Louise Diop dans une structure sanitaire pour les besoins de l’enquête. La native de Thiès, âgée de 36 ans, gisait dans son sang au deuxième étage de l’immeuble. Elle était plongée dans le sommeil éternel au milieu de son écrin de près de 12 m². Deux matelas étaient superposés à même le sol faisant face à une armoire de trois battants. Il y avait aussi ses effets vestimentaires éparpillés dans toute la chambre, laissant penser à une bagarre. Louise était couchée à même le sol, la tête tournée vers le sud. Ses bras étaient allongés le long de son corps et ses jambes écartelées. La belle de nuit portait encore un legging noir un peu transparent et un T-shirt de même couleur. Elle avait les pieds et la tête nus. Sur place, les policiers-enquêteurs constatent qu’elle portait des égratignures sur le côté droit du visage et une blessure à la cuisse gauche. En plus, la victime garde au niveau du cou une partie de la lame de couteau qui venait de lui couper la carotide droite. La manche de l’arme du crime entre les mains du supposé criminel.
Abou Ngom, principal accusé, a été trouvé sur les lieux, les yeux hagards, avec le reste de l’arme. Le jeune restaurateur de 19 ans, et non 25, a été stoppé dans sa tentative de fuite par la clameur. Il a été arrêté, vêtu que d’un caleçon. Les témoins Babacar Sène et Wadje Fosto sont revenus devant les enquêteurs sur l’arrestation d’Abou Ngom. Voisins de palier de la défunte, ils ont entendu des cris de secours provenant de la chambre de Louise Diop. Quand ils sont allés voir ce qui s’y passait, ils trouvent la porte verrouillée. Les deux secouristes n’ont d’autre choix que de défoncer la porte. Bien qu’Abou Ngom, qui était encore dans la chambre, a voulu les en empêcher. Malgré tout, ils ont réussi à entrer dans la chambre de leur colocataire qu’ils ont trouvée baignant dans son sang. Ils y ont aussi trouvé, disent-ils, Abou Ngom dedans, un couteau entre les mains. Il a voulu même les tenir en respect avec l’arme avant de se mettre à crier : «Wooy, elle m’a coupé le sexe !!!! Wooy, elle m’a coupé le sexe !!!» Pour en avoir le cœur net, les deux secouristes l’invitent à se déshabiller pour vérification. Abou semble marcher et feint d’enlever son caleçon. C’était juste pour ensuite prendre la rue. Babacar Sène et Wadje Fosto, décidés à le rattraper, lui courent après, criant au voleur. Et après quelques mètres de course-poursuite, le présumé meurtrier est arrêté, presque nu. Il a été gardé dans la maison jusqu’à l’arrivée des policiers.
MAKHALY NDIACK NDOYE
Profil
Abou Ngom, du délit masculin à la bêtise humaine
Qui n’a pas pensé à un sadique sanguinaire ? Un radié ou un réformé de l’Armée, victime de névrose post-traumatique, tueur ambulant qui tente de prendre la revanche sur ses propres démons ? Qui ne s’est pas fait son petit profil du parfait tueur avec les traits sombres d’un maniaque sexuel qui prend son plaisir par le sang et non par la chair ? A la description de l’odieux meurtre perpétré sur la prostituée Louise Diop, on a été sûrement nombreux à tomber dans le panneau de nos propres fantasmes, de nos croyances bâties sur des films fiction. Mais, si beaucoup d’entre nous ont pensé à ces pires bourreaux, vedettes des films policiers diffusés sur la lucarne, celui présumé de Louise n’en est pas un. C’est un garçon de 19 ans, un pubère qui vient à peine d’être admis dans la jungle de la majorité avec ses mille et une misères. Abou Ngom est un fils de paysans, échappé de son baol natal (Diourbel) pour venir tâter un métier de restaurateur à Dakar. Et de ses émoluments de misère, le garçon qui ne parle pas un mot de français, souvent important pour draguer les filles qu’il côtoyait à Fann Résidence chez son (riche) patron, a voulu se taper une meuf. Quoi de plus masculin, de plus humain. Malheureusement, son enthousiasme à se faire la belle Louise a viré au regret. Au drame. Est-il vraiment le coupable de ce crime abominable, en tout cas, pour l’instant, rien ne l’y disculpe. Et s’il est condamné, il sera sûrement prêt à tout donner pour retrouver son lit de Ben Tally, mille fois préférable aux nattes de Rebeuss où son âge en fleur va moisir derrière la torpeur des murs glauques.
M. Nd. Ndoye
source:http://www.gfm.sn/les-confessions-du-presume-meurtrier-de-la-prostituee-louise-diop/