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L’OBS- L’histoire de drogue des trois étudiants Ibadou de l’Université Cheikh Anta Diop a été évoquée à la barre de la Cour d’Assises de Dakar. Après avoir bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire, seule Wasila Ichiti a été jugée par la Cour d’Assises. Hier vendredi, elle a été acquittée.
On dirait une maure. Habillée en «Meulfeu (voile traditionnel mauritanien)» aux rayures noires et blanches, la Française de 26 ans affiche une mine patibulaire. La demoiselle, en détention depuis le 28 janvier 2014, a perdu ses habitudes françaises pour se plier aux contraintes de la détention. Mêlée à une sale affaire de drogue qui avait entraîné l’arrestation de 6 personnes, dont 3 étudiants membres de l’Association des étudiants musulmans de l’Université de Dakar (Aemud) et deux postiers qui, par la suite ont bénéficié d’un non-lieu, Wasila Ichiti a, hier vendredi, fait face à la Cour d’Assises de Dakar.
Seule à comparaître, elle s’est expliquée sur le crime de trafic international de drogue qui lui a, depuis 4 ans, volé sa liberté. Une liberté qu’elle a perdue au Sénégal, pays qu’elle avait choisi pour sa «stabilité» et sa «Téranga».
Après son divorce en France, Wasila a décidé de s’installer au Sénégal, le 17 janvier 2008. Agent commercial à Nice, elle a tout laissé derrière elle pour la tranquillité du Sénégal. Mais deux courtes années, pour quelqu’une qui a décidé d’y vivre le reste de sa vie, lui suffiront pour se mettre dans le pétrin. Après s’être fait des amis avec qui elle sortait pour se distraire, Wasila a croisé au Café de Rome un homme «gentil et respectueux» avec qui elle débute une nouvelle vie amoureuse. Mais la fille «extravertie», qui pensait connaître le bonheur avec Raul Baldé, s’est vue élevée au rang de trafiquante de de drogue. Durant quatre ans, elle a été prisonnière pour un crime qu’elle a toujours nié. Hier vendredi, la Cour l’a acquittée au bénéfice du doute. Des moments forts qui ont fait craquer l’Azuréenne. Emue aux larmes, elle s’est jetée dans les bras d’un de ses avocats, Me Abdourahman Sô, Lénine.
Me Mbaye Jacques Ndiaye : «Dans ce dossier, on a un parquet qui hésite et un juge d’instruction qui esquive…»
Le malheur a pris quartier dans la vie de Wasila en janvier 2009. En une matinée frisquette dakaroise, alors qu’elle rentrait chez son amie Elisa, une Bissau-guinéenne avec qui elle est en colocation, Raul, son petit ami, lui a, explique-t-elle, demandé d’aller lui récupérer des colis à La Poste. Pour passer un coup de main à son «chéri», Wasila accepte après avoir pris les références des 4 colis à récupérer au bureau des Douanes des colis Postaux sis à l’Avenue El Hadj Malick Sy. Mais une fois à La Poste, Wasila observera, sans y comprendre grand-chose, la trajectoire de sa vie déclinée, après que l’agent en service lui a signifié que l’un des colis qu’elle était venue récupérer a été déjà pris et de la cocaïne d’une valeur 17,6 millions FCfa a été trouvée dans les autres colis contenant des habillements sportifs de l’équipe de Paraguay et quatre drapeaux aux couleurs de ce même pays. Wasila est arrêtée sur le champ.
Dans le symbole en forme de cercle cousu au centre de chaque drapeau, une épaisseur anormale avait attiré l’attention des douaniers qui y ont retrouvé 1 400 grammes de cocaïne. Wasila, qui n’a pas donné de ses nouvelles durant toute la journée, fera naître des soupçons chez Raul qui, joint au téléphone, dira être à Tambacounda alors que sa localisation le situe Dakar. Malgré les recherches pour son arrestation, Raul restera introuvable durant toute l’enquête.
Les autres qui ont été épinglés sont les trois étudiants de l’Aemud. Sûrement trompés par Raul qui avait perdu tout signal de Wasila, et voulant retrouver sa came, leur a envoyé deux semaines plus tard chercher les mêmes colis. Raul leur avaient dit que c’était un don pour leur association. Comme Wasila, l’envoyé sera arrêté sur place avec deux agents de La Poste. L’un avait confectionné l’avis permettant de retirer le colis avec une signature imitée et l’autre avait omis de relever le récupérateur du premier colis. Au finish, seule Wasila Ichiti, qui ne considère plus Raul comme un ami, a payé pour le crime au moment où les étudiants qui ont aussi récupéré des colis avec la même destinataire ont été libérés.
Pour ses avocats Mes Mbaye Jacques Ndiaye et Abdou Rahman Sô dit Lénine, il n’a pas été prouvé que Wasila Ichiti savait qu’il y avait de la drogue dans les colis. Dans ce dossier, crache Me Ndiaye : «C’est un parquet qui hésite et un juge d’instruction qui esquive.» Mais le président Abdoul Khadir Khaoussou Diop a tranché.
T. MARIE LOUISE NDIAYE
source: L'OBS