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Depuis quelques mois, des Agents de sécurité de proximité alimentent les pages des faits divers des quotidiens. Entre escroquerie, extorsion de fonds, trafic de drogue, ils sont rattrapés par des vieux démons qui sont réveillés par l’absence de formation, d’enquête de moralité ou la précarité. Inquiétant !
Dans un récent communiqué, l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp) se séparait d’une brebis galeuse. Clairement, elle disait ceci pour motiver sa décision : «Pour avoir délibérément violé son engagement civique, l’Asp Moussa Sagna, affecté au service régional des Eaux et Forêts de Fatick, est radié définitivement des effectifs de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité.» Il a été chassé de ce corps «à la suite de son audition le 17 novembre 2014» par la Commission de discipline.
L’Agent de sécurité de proximité (Asp), Babacar Ndiaye en service à la Brigade de gendarmerie de Bambey, est en détention à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel. Le bonhomme passait le plus clair de son temps à détrousser d’honnêtes citoyens de leurs biens. Le dernier en date a été l’agression d’une dame. Il arborait aussi sa tenue après ses heures de service pour commettre des actes délictuels. Sans oublier, ceux qui sont cités avant-hier dans une affaire d’extorsion de fonds à Ngaparou. On peut répéter les exemples…
plusieurs Agents de sécurité attendent dans les couloirs des Tribunaux. Dans un corps aussi étoffé, les personnes incontrôlables mettront leurs démons sur la place publique. Peut-on rester dans la banalisation de certains comportements de certains Agents de proximité ? L’arrestation à Fatick de 5 Asp qui seraient trempés dans une affaire ubuesque : En même temps que deux policiers, ils ont été placés sous mandat de dépôt pour recel de drogue, arrestation arbitraire, extorsion de fonds, associations de malfaiteurs, abus de confiance, arrestation arbitraire, coups et blessures volontaires. Ces délits visés les rapprochent de la Cour d’assises.
Aujourd’hui, plusieurs Asp sont emportés dans ce tourbillon de faits divers. Avant les agents de Fatick trempés dans une affaire présumée de drogue, d’autres l’étaient pour vols, contrefaçons d’uniformes de service, de trafic de drogue. Loin de concurrencer les Forces de défense, ils sont chargés aussi de réguler la sécurité des personnes et des biens. Et ces hommes, qui, d’habitude, doivent garder leurs distances avec la délinquance, ne répriment plus leur besoin de traquer d’honnêtes citoyens. Inquiétant ? «Absolument ! Parce que les gens essaient de profiter de leur proximité avec les Forces de sécurité pour se donner un pouvoir qu’ils n’ont pas», regrette un agent de sécurité.Tourbillon de faits divers
Le Pandore affiche un sourire gêné sur son visage émacié sur lequel sont tatoués des années de durs labeurs. En cette matinée de pur soleil, il observe le mouvement des Asp au milieu du capharnaüm de la circulation. A 11h, la circulation atteint son point culminant dans une capitale qui se relooke avec le Sommet de la Francophonie. Il dit : «Ce sont des gosses disponibles. Mais, la plupart ne bénéficient d’aucune formation et sont jetés comme ça dans la rue. On est obligé de les canaliser pour qu’ils ne dépassent pas leurs attributions. Je n’y peux rien mais je ne vois pas trop leur utilité à part soulager les agents de circulation de quelques heures de travail sous le soleil.» On peut sursauter d’embarras et afficher un rictus d’inquiétudes. «Allez savoir ! En tout cas, ça ne rapporte pas grand-chose à ces gamins.»
Peuplant les coins et recoins de la capitale, les Agents de sécurité font partie du décor et de la circulation dakaroise. Les récits «d’abus de pouvoirs», renforcés par une proximité avec les Forces de sécurité, sont légion. Toussant de rancœur devant la direction de son vieux «Car rapide», un chauffeur, quinqua chahuté par un impitoyable destin, ahane : «Ils commencent à se plaire dans la circulation. Surtout que certains n’hésitent plus à demander des pièces d’argent comme des policiers ou des gendarmes. Je les envoie balader. Je ne peux rien contre les autres (policiers et gendarmes) parce qu’ils ont un pouvoir contraignant sur nous.» Un autre chauffeur renchérit : «Ils sont utiles à la circulation. Mais, ils se prennent parfois pour des policiers ou des gendarmes en faisant preuve d’arrogance. Cela s’améliore de plus en plus. Même si tout le monde sait que la circulation est une mangeoire. Suivez mon regard…»
Lancée à coûts de renforts médiatiques, l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité devait constituer un fleuron de lutte contre le chômage des jeunes. Jusqu’ici, pratiquement 10 mille jeunes ont réussi à s’insérer dans la vie active grâce à cet instrument. Mieux : Les statistiques, fournies par la direction de l’Asp, montrent que 109 étudiants en Licence-Master font partie de leur effectif. Il faut sans doute relativiser la présence de cette élite dans les effectifs de l’Asp. Longtemps secoué par l’incertitude de l’avenir, un jeune Asp a pris les raccourcis en intégrant ce «corps» en attendant de s’inventer un destin à la hauteur de son Cv : «Qu’est-ce que je gagne ici ? Rien du tout. J’essaie juste de m’occuper en attendant de trouver mieux sur le marché.» En regardant son parcours académique, il a du mal à s’accommoder des servitudes de ce job auxquelles il est astreint : «Je n’aime pas ce travail. Comme pratiquement tous les jeunes qui le font. Il n’y a rien de prestigieux avec ce rythme de travail. Je comprends certains collègues qui sont victimes dans des écarts. J’essaie de ne pas me compromettre parce que j’ai une carrière à gérer.»
Enquête de moralité
Ces «faits divers» semblent accréditer les appréhensions des personnes opposées à ce projet. Dans les commissariats, les brigades, ils sont préposés à des tâches régaliennes auxquelles ils ne sont pas habitués. Les errements actuels sont à ranger dans l’ordre de l’inexpérience. «Ils manquent terriblement d’expérience. Les gars font ce qu’ils peuvent mais je ne pense pas que ça soit un projet viable. De toute façon, ce sont des assistants qui ne peuvent croire qu’ils sont des agents assermentés. Il faut tout le temps contrôler certains parce que les tentations…», explique un agent de police.
Elles seraient sans doute provoquées par la précarité qui ronge ces éléments dont les émoluments ne dépassent guère 50 mille francs Cfa. Considérés comme des volontaires, ils souffrent en silence et supportent de façon stoïque cette situation. Ce trentenaire a été bluffé par le projet au moment d’abandonner son job dans une entreprise privée où il gagnait presque le double. «Je croyais que la situation était meilleure. Je me suis lourdement trompé mais je ne peux plus retourner en arrière. Nous sommes tous dans une précarité extraordinaire. Cette situation peut expliquer les travers actuels de certains collègues», explique-t-il.
Il crève les yeux que les dérives actuelles sont surtout liées à un manque de formation. Et aussi dans le choix des hommes. Dans les rangs des jeunes recrutés, certains ne disposent pas de certificats de bonne vie et mœurs. Dans ce pays, l’obtention d’un casier judiciaire, même si la peronne a un passé carcéral, est un jeu d’enfants. Un Asp, qui décline toute idée de jeter l’anathème sur certains collègues, crache ses vérités : «Il y a certains qui ne jouissent pas de bonne moralité. Mais, ils sont là par on ne sait quel miracle. Il n’y a eu aucune enquête de moralité. On a rassemblé des centaines de jeunes qu’on a envoyés sur le terrain. Certains ont un passé assez chargé.» «J’ai eu l’impression que tout cela a été bâclé pour vendre un projet. Ces errements nous rattrapent parce qu’il n’y a pas eu de rigueur dans le recrutement», se désole un flic qui met toujours «ses jumelles pour les surveiller».
Précarité et manque de formation
Il faut savoir que les agents présélectionnés ont juste subi une formation d’un mois. Il a été, en outre, mis en place un Comité pédagogique qui comprend le directeur de l’Ecole nationale de police, le chef de la division formation de la gendarmerie, le commandant du Groupement à la retraite et un inspecteur de l’éducation. Durant la formation, ils ont bénéficié de quatre modules : Les institutions de la République, un cours de droit pénal et de procédure pénale, un cours de morale et de déontologie et une formation technique sur le maintien de l’ordre. Le désordre s’installe….Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Source:http://www.lequotidien.sn/new/index.php/component/k2/item/778-trafic-de-drogue-extorsion-de-fonds-escroquerie-agents-de-securite-pourris
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