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Jeu, Nov

Sénégal - Le Kaolin, une “drogue” douce pour femmes : Manger du " Kew"

Sénégal - Le Kaolin, une “drogue” douce pour femmes

Sénégal - Le Kaolin, une “drogue” douce pour femmes

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Très peu de femmes y échappent. La consommation de kaolin ou “kew” (en wolof) est une vieille pratique au Sénégal. Surtout, pour les femmes enceintes. Un petit tour dans les dédales du marché Syndicat de Pikine révèle à quel point les sénégalaises en sont friandes. Une passion qui suscite de plus en plus l’inquiétude des services sanitaires.  Même si la consommation reste pour beaucoup taboue.

 

 Est-ce que vous vous êtes déjà laissé tenter par le kaolin, ces petits blocs de pierres blanches, que l’on vend à 5 ou 10 francs la pièce ? Argile blanche, friable et réfractaire, plus connu sous le nom wolof de « kew » est une denrée très prisée par les femmes. Singulièrement, par celles enceintes. Au goût indéfinissable, de couleur grise, parfois blanche, le commerce du “kew” est des plus lucratifs pour ses vendeurs qui se ravitaillent au marché « Syndicat » de Pikine. Cependant, il faut noter que trouver une vendeuse de kew n’est pas chose aisée. Tout comme certaines « drogues », le produit n’est pas présent sur tous les étals. Certains qui en disposent, en gardent jalousement pour leurs clients, pour éviter que les agents des services d’hygiène ne viennent rafler leurs produits, ont confié certaines consommatrices qui n’ont pas voulu épiloguer sur la question. Même si pour nombres d’entre elles, elles l’utilisent à des fins esthétiques. Car, le « kew » est destiné à l’application cutanée comme produit de beauté.  Mélangé à d’autres substances comme le citron ou le miel, le Kaolin, utilisé comme gommage, aiderait, selon certaines d’entres elles, à rendre la peau du visage plus lisse.

Cette sorte de petite roche très prisée par la gent féminine crée une sorte d’addiction pour bons nombres d’entre elles qui en consomment. Beaucoup disent en avoir consommé pour la première fois par simple curiosité. Ce qui s’est finalement mue en une sorte de dépendance. C’est le cas de Astou. Agent de la fonction publique, la quarantaine bien sonnée, elle avoue en avoir pris goût. «Je ne m’explique pas aujourd’hui ce qui me pousse encore à en acheter pour ma consommation propre. Au début, c’était par curiosité. En voyant certaines de mes amies, en état de grossesse, en manger, je me demandais ce  qui les attiraient au juste (rires), confie-t-elle. J’ai trouvé la réponse, lorsque je suis tombée enceinte. Me plaignant auprès de mes copines, de nausées et autres caprices dues à mon état, elles m’ont conseillé de manger un peu de kew. Ce que je n’ai pas hésité à faire. Et c’est tout naturellement qu’à force de taquiner la chose, en grignotant de petits morceaux que je suis devenue, je peux dire, une dépendante, en quelque sorte. Ne pensez pas que je le mange n’importe où. Je suis obligée de me cacher pour en grignoter quelques morceaux. Je suis consciente qu’elle ne m'apporte rien. Je sais aussi que c’est déconseillé par le personnel de santé, mais je n’y peux rien. C’est plus fort que moi».

 

« Quelque chose d’inexplicable a pris le dessus sur moi… »

 santé

Certains de ses proches qui sont au courant de son penchant pour le kew ont à plusieurs reprises tenté de l’en dissuader. «J’ai constaté, à plusieurs reprises, que des fouilles ont été opérées dans mes bagages. Il arrivait même qu’ils me soustraient de force mon stock pour le jeter aux toilettes. Mais, je ne leur en veux pas. Je sais qu’ils ont raison de faire cela d’autant qu’ils ne me veulent que du bien», confesse Astou.

 

Kiné, pour sa part, est de celle qui, par la force des choses, est devenue une addict de kew sans savoir comment elle a pu franchir le Rubicon. Vendeuse de cacahuètes, elle avoue en consommer quotidiennement. «Je n’avais jamais pensé qu’un jour, je ferai partie de ceux qui mangent du kaolin. L’appétit vient en mangeant, dit-on, moi je le confirme, (rires). Parce qu’au départ, j’en voulais même à celles qui l’achetaient pour le manger. Mais à force de m’en payer pour en faire une pâte, histoire de l’utiliser comme ‘’masque’’, j’ai fini par curiosité à tester le goût. Ce n’était pas agréable, ni acide, mais petit-à-petit, quelque chose d’inexplicable a pris le dessus sur moi. Depuis lors, j’en consomme», explique-t-elle. Kiné en connait un rayon sur le kaolin. Et dévoile même qu’elle connait beaucoup d’hommes  qui en consomment dont personne ne soupçonne leur penchant pour le kaolin.

 

Cause de plusieurs maladies et complications

 

Le kaolin fait ainsi partie des produits les plus consommés par les femmes au Sénégal. Considérée comme une « drogue pour femme », il est diagnostiqué comme étant la cause de plusieurs maux. Et comporterait d’énormes dangers pour la santé.  C’est ce qu’a révélé Mme Maïmouna Samb, sage-femme d’Etat qui informe que chez la femme, le “kew” engendre, entre autres, une infection intestinale, une parasitose, une anémie qui expose la femme enceinte à plusieurs risques (insuffisances cardiaques, insuffisances rénales), une constipation. Mais surtout une carence nutritionnelle. Le kaolin réduit également la capacité de la femme à fournir des efforts nécessaires au moment de l’accouchement. Le bébé dont la maman consommait du kew durant la grossesse aura également un retard de croissance intra-utérine, un faible poids à la naissance, mais aussi des troubles de développement psychomoteurs, renseigne la spécialiste. 

En effet, le “kew” ne renferme aucun élément nutritif, et peut être l’une des causes d’une grossesse avortée.

santé

 

Youssoupha MINE

 

source: http://www.seneweb.com/news/Societe/le-kaolin-une-ldquo-drogue-rdquo-douce-p_n_152264.html