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Sam, Nov

Sénégal - Education : Critères de passage en classe supérieure dans l’école Mamadou Talla décrète au forceps

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Sénégal - Education : Critères de passage en classe supérieure dans l’école Mamadou Talla décrète au forceps

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Après la suppression de plusieurs chapitres dans les programmes des disciplines, suivie d’un récent allègement du même programme annoncé, le ministre de l’Education nationale a décidé de faire passer d’office en classe supérieure, « tous les élèves des classes de CI, CE1 et CM1». Encore plus impressionnant, dans un communiqué signé par le patron dudit ministère, la moyenne d’admission retenue pour l’élémentaire (CP et CE2) est située entre 4 et 4,5/10 et entre 8 et 9 pour le moyen et le secondaire. Une décision désapprouvée au plus haut point par plusieurs acteurs de l’éducation DES MOYENNES DE PASSAGE EN CLASSE SUPERIEURE JAMAIS VUES…



Dans un communiqué parvenu à la rédaction du Sud Quotidien, le ministère de l’Education nationale informe sur les modalités de passage des élèves des classes intermédiaires. Daté du jeudi 16 juillet et signé par M. Talla, ledit communiqué renseigne que « pour l’élémentaire, une moyenne de 4,5/10 est retenue pour passer en classe supérieure.
Les élèves du moyen et du secondaire devront réunir une moyenne de 9/20 ». Par ailleurs, ajoute ledit communiqué « les élèves dont la moyenne est comprise entre 4 et 4,49 /10 pour l’élémentaire et entre 8 et 8,99/20 pour le moyen et le secondaire ont la possibilité de faire des réclamations auprès du directeur d’école ou du chef d’établissement ».

 Non sans préciser que « toute réclamation doit être étudiée par l’équipe pédagogique concernée qui devra soumettre l’élève à un test ». Une décision qui a « choqué » le directeur du Groupe scolaire les Génies. « C’est inadmissible de faire passer un élève sans qu’il ne soit évalué. Je me demandais déjà sur qu’elle base se fonde la décision du ministère de l’Education de faire passer les élèves de CI, CE1 et CM1 d’office. Mais pis, je suis choqué et indigner de signer le bulletin d’un élève et d’attester son admission en classe supérieure avec une moyenne de 04/10 ».

Sur ce même ton, de ses 21 ans d’expériences en tant qu’enseignante, Solange Diompy, qualifie cette modalité de passage en classe supérieure de véritable « poison » pour l’éducation du pays. Pour sa part, « c’est même une tragédie de lire de telles décisions. Déjà, avec les actuelles conditions d’admission en classe supérieure, les élèves trainent des lacunes et le taux de réussite aux différents examens en atteste. De ce fait, décider de faire passer un élève avec 04 ou 04,5/10 de moyenne, c’est purement et simplement acter la banalisation au plus haut point de l’éducation nationale ».
Et d’ajouter : « c’est une honte pour notre pays. Quelle image les autres pays auront du Sénégal ? C’est l’apothéose du désordre. Si tel était le pays de Senghor, on aurait eu jamais assez d’élite. L’éducation n’est pas un jeu politique, c’est l’avenir de tout un pays ».

LES CANDIDATS DU BACCALAUREAT DANS LE FLOU ET L’INQUIETUDE

A quelques jours du début des examens du baccalauréat, les candidats renseignent être « dans le flou et l’inquiétude totale ». Rencontré devant le Collège Sacré Cœur de Dakar, Jean-Luc Coly, élève en classe de Terminale L2 affirme qu’ « avec la pression et l’accumulation des cours, c’est très difficile d’envisager une issue heureuse pour l’examen du baccalauréat. Les professeurs sous la contrainte de finir le programme retenu par le ministère de l’Education nationale, ne prennent plus correctement le temps d’expliquer les cours ou de faire assez de séances d’exercices. Pis, nous n’avons que 04 heures de cours dans une journée, ce qui explique la vitesse de croisière adoptée par certains professeurs ».

Même son de cloche pour Mariama Touré, élève en classe de Terminale L2 au Collège Hyacinthe Thiandoum : « pour un examen, il faut avoir le temps de réviser, malheureusement nous sommes à quelques jours du début des examens et même les cours ne sont pas terminés. On a fait plus de 03 mois à la maison, comment peuvent-ils imaginer qu’on puisse restituer les acquisitions sans un minimum de temps de révision ? C’est tout simplement décourageant ».

La candidate estime aussi qu’il « aurait été mieux de déclarer cette année invalide que de nous faire subir de supplices juste pour sauver une année qui est déjà noyée. D’ailleurs, les politiciens ne veulent pas que le mandat de Macky soit entaché d’une année blanche ou invalide, raison pour laquelle cette réouverture a été forcée ».

Au Lycée Sergent Camara Laye, c’est l’insouciance totale. Trouvé en train de jouer au football avec ses amis, Mamadou Mané clame que « c’est déjà perdu pour cette année. C’est impossible, jure-t-il, de réviser tous ces cours avant les examens qui sont prévus dans quelques semaines. Nous ne sommes pas des robots ou des disques durs ou cartes mémoires. Les autorités oublient que nous utilisons un cerveau pour travailler. Raison pour laquelle j’ai jugé bon de ne pas me tuer à la tâche pour un sort déjà scellé».*

«ANNEE SCOLAIRE BANALISEE » ET «DIPLOMES A LA CARTE », DISENT DES ACTEURS

Une année scolaire tonitruante… Tous les indicateurs étaient négatifs. Plus de 03 mois de retard, une pandémie qui monte en flèche dans le pays, des enseignants contaminés, des dispositifs sanitaires jugés insuffisants ou inexistants, entre autres, mais le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, dans une opération solitaire de sauvetage coûte que coûte de cette année scolaire a opté pour la réouverture des écoles. En amont, si plusieurs voix se sont fait entendre pour dénoncer « une reprise sans préalable et dans le flou total », M. Talla a purement et simplement boycotté toutes ces recommandations venant d’experts en la matière pour marteler plusieurs fois sur des chaines de télévisions publiques qu’il « n’y aura pas d’année blanche » mais plutôt « une adaptation de stratégie dans un contexte particulier ». Une adaptation qui n’est ni du goût encore moins de l’avis du corps syndical qui estime que « toute décision doit être adoptée sur l’avis déterminé du Cnge. Nous avons aussi alerté sur les dangers qui pèsent sur la communauté éducative » a déclaré le secrétaire exécutif du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen et secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye. Et de poursuivre : « malgré nos recommandations, la date du 25 juin dernier a été adopté et nous n’avons pas été consulté pour l’élaboration du calendrier de la reprise ». C’est d’ailleurs dans la même foulée que le directeur du Collège Sacré Cœur, Marcelin Coly indique qu’il « y aura des répercussions sur le niveau des élèves et même sur leur diplôme ».

 « UNE ANNEE SCOLAIRE BANALISEE… DES DIPLOMES DISTRIBUES A LA CARTE »

 « Il est très important de savoir que les nombreux chapitres qui sont supprimés des programmes de différentes disciplines n’y étaient pas pour la forme. Ces programmes sont tout aussi essentiels que ceux qui sont conservés », fait remarquer le directeur du Collège Sacré-Cœur, Marcelin Coly.

Et de poursuivre : « Non seulement le quota horaire indiqué par le ministère de l’Education nationale est insuffisant pour arriver à terminer correctement les programmes mais il y aura des répercussions sur le niveau des élèves et même sur leur diplôme ».

Rappelons qu’après plus de 03 mois de retard, « sans aucune concertation avec les corps syndicaux », révèle le Secrétaire exécutif de Cusems, les services de Mamadou Talla ont tout simplement procédé à la suppression de 07 à 08 chapitres dans plusieurs disciplines afin que les enseignants puissent terminer les programmes de cours. Une couture qui a fait déchanter plusieurs acteurs de l’éducation et qui vraisemblablement n’a pas pu suturer le retard occasionné par les 03 mois de vacances forcées. « Il y aura un allègement des contenus pour terminer les programmes, sauf en mathématiques », avait annoncé le ministère de l’Education nationale lors d’une réunion avec le G7 par visioconférence.

Et de renseigner au sujet des conditions de passage en classe supérieure pour les classes intermédiaires, que « pas de redoublement pour les élèves en classe de CI, CE1 et CM1 ». Une décision qui a vu l’indignation de plusieurs acteurs qui délibérément parlent « d’une année scolaire banalisée » ou pis « des diplômes distribués à la carte ».

 

source: https://www.sudonline.sn/mamadou-talla-decrete-au-forceps_a_48708.html