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Les Assises nationales de l’éducation démarrent ce matin. Pendant trois jours, les acteurs de l’éducation à savoir l’Etat, les enseignants, les partenaires de l’école ainsi que des forces vivent vont réfléchir sur les maux qui gangrènent l’école sénégalaise. Avant de proposer des solutions de sortie de crise. Pour leur part, les syndicats d’enseignants, principaux acteurs, ont bien voulu partager avec l’opinion ce qu’ils pensent de cette école. Le Quotidien a rencontré 4 syndicats d’enseignants, le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants du moyen secondaire (Cusems), l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden), le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire/Cusems (Saems/Cusems) et le Syndicat unitaire des enseignants du Sénégal (Sudes). Ces syndicats ont diagnostiqué le mal. Proposé des solutions. Et livré des attentes sur ces assises qui constituent pour eux, une opportunité.
Awa Wade, secrétaire générale de l’UDEN : «Nous avons proposé des taxes sur les produits de luxe pour financer l’éducation»
«Nous avions commencé le diagnostic à travers les points de presse que nous avions faits. Le résultat du diagnostic c’est que l’école n’est plus performante, ça veut dire que les résultats scolaires sont catastrophiques. Mais nous sommes allés plus loin, parce que pour nous l’école a deux objectifs : sortir un bon citoyen qui se comporte bien dans la société, mais faire sortir aussi un travailleur productif sur le marché de l’emploi. Nous pouvons noter que c’est un échec en ce qui concerne ces deux objectifs assignés à l’école. Concernant la citoyenneté, ce n’est pas pour rien qu’on parle de nouveau type de sénégalais, notre rapport à la chose publique, notre rapport aux symboles de la Nation, notre rapport avec les valeurs morales. Chacun cherche de l’argent qu’importe la manière. Donc c’est l’échec total du côté de ce citoyen qui doit sortir de l’école. Du point de vue du productif également nous n’avons pas encore fait d’étude mais si vous faites le tour des entreprises, les jeunes qui sortent de l’école posent problème par rapport à leur employabilité. Tous les chefs d’entreprise, le plus souvent, sont obligés d’accompagner et de recycler. Il y a un problème d’adaptation de nos formations à nos réalités du moment. Nous qui sommes du corps de contrôle, nous voyons tous les jours un enseignant en classe qui a un problème par rapport au maniement de la langue, un problème par rapport à l’aspect pédagogique, et de transmission du savoir aux enfants. Notre diagnostic c’est ça, l’école n’est plus efficace relativement à son objectif : la préparation du citoyen et la préparation du productif.
Quand on parle d’éducation, nous avons l’habitude de donner le carré didactique. Il y a l’élève qui est central, c’est pour cela qu’on parle de centralité de l’élève. Le gouvernement forme des enseignants pour ce produit qu’il veut sortir l’élève, investit en biens immobiliers meubles, matériels didactiques parce qu’il tient à cet élève-là, met en place un environnement didactique. A part l’élève, le premier intra de qualité c’est l’enseignant, il y a aussi le contenu le savoir qu’on transmet à l’élève. Le quatrième élément c’est l’environnement didactique (les livres, la bibliothèque, l’infirmerie, tout ce qui participe à l’encadrement de l’élève). Aujourd’hui, il y a une nouvelle matière, la vie scolaire qui réglemente tout ça, c’est la raison pour laquelle, il y a des inspecteurs vie scolaire dans les collèges.»
«Taxes sur les produits de luxe pour financer l’éducation»
La première proposition c’est au niveau de la vision. C’est-à-dire le type d’homme que nous voulons former. Et nous avons pensé, vu le contexte actuel, qu’il nous faut avant tout un homme épris de paix et de justice en plus des autres aspects que les assises ont identifiés. Le deuxième élément c’est l’obligation scolaire de 10 ans. Nous on a dit obligation scolaire de 13 ans parce que l’éducation scolaire doit être un continuum du préscolaire au moyen-secondaire, encadrée par les mêmes personnes pour gérer les transitions. Nous avons également parlé du financement parce que les assises proposent une banque. A ce propos d’ailleurs, une taxe sur le tabac a été proposée dans les commissions pour un peu financer l’éducation. Mais nous pensons que ce n’est pas éthique. Le tabac ne doit pas financer l’éducation. Et c’est pourquoi, nous avons proposé des taxes sur les produits de luxe comme les produits électroménagers (les appareils électroniques, meubles importés. Ect.) pour un peu positiver. Il faut aussi mettre en place des activités de financement, des activités en faveur du jeune enfant, notamment par la création d’un fonds spécial pour la petite enfance, en mettant en place une organisation multisectorielle d’arbitrage et d’intégration des fonds destinés à la petite enfance. Pour la commission gouvernance, nous avons distingué gouvernance, gestion et aussi la motivation. Le respect de l’égalité des chances, de l’équité par la promotion d’une gestion de proximité avec l’Acte 3 de la décentralisation. Avec cette réforme, les collectivités locales doivent prendre totalement la petite enfance pour éviter des surcharges à l’Etat compte tenu de la raréfaction des ressources. Nous pensons également qu’avant le vote du budget participatif par l’Assemblée nationale, le ministre de l’Education doit donner son projet. Qu’on mette dans ce budget tout ce qui est salaires des corps émergents, indemnités de déplacement. C’est cela qui éviterait les retards de salaires. Nous avons également beaucoup insisté sur l’alphabétisation, c’est un problème parce que 57% des Sénégalais ne savent ni lire ni écrire dans aucune langue c’est catastrophique. Les assises doivent réfléchir sur ça. (…)
Les autorités en charge de l’Education nationale doivent comprendre qu’on est des partenaires. Nous attendons de ces assises des propositions concrètes, réalistes et réalisables pouvant nous permettre de sortir l’école de cette situation-là. Pour cette fois, nous devons éviter de tomber dans les détails parce que les assises livrent les grandes orientations. Après, il y aura la commission de réforme et une commission de suivi.»
Mamadou Lamine Dianté, secrétaire général du SAEMS/CUSEMS : «Le Sénégal a besoin d’une école refondée»
«Le diagnostic que nous avons fait est presque partagé par les acteurs de l’école. Nous avons constaté que l’école sénégalaise est dans une situation inquiétante même si la situation n’est pas irrécupérable. Il y a des problèmes partout notamment dans la gouvernance, dans la gestion des ressources allouées au système éducatif. Aussi dans le cadre de la formation du personnel enseignant, les conditions d’apprentissage ne sont pas les meilleures, le quantum horaire garant d’une éducation de qualité n’est jamais atteint dans tous ses aspects. Nous voyons que l’école traverse une période complexe. Mais pour compléter le diagnostic, il est important de voir d’où l’on vient et ce qui s’est passé entre temps. Car à un moment donné, l’école était dans une situation même enviable de la part d’autres pays africains. Entre temps, il y a eu les politiques d’ajustement structurel qui ont fait que face à un besoin très élevé en éducation des populations, le gouvernement, n’ayant pas les moyens de recruter, une nouvelle catégorie d’enseignants appelés les volontaires de l’éducation, les vacataires ont vu le jour. Il y a aussi les ailes de dinde et les «mosarts» et autres. De sorte que l’homogénéité qui devait avoir dans le corps enseignant avait complètement volé en éclats. Ce qui a amené l’essentiel des problèmes que l’école connaît actuellement.
Dans le même temps également, si on revisite les plateformes revendicatives présentées par les enseignants, la toile de fond de la revendication portait sur deux dimensions qui sont d’égale importance notamment la question pécuniaire, la formation et la composante, plan de carrière. Dans cette situation, il est impérieux de s’arrêter et de rectifier.
«Une école réconciliée avec sa communauté»
Les assises appellent à une refondation du système éducatif sénégalais à l’horizon 2035. Le Sénégal a besoin d’une école refondée répondant aux aspirations du Peuple et de ses dirigeants et une école réconciliée avec la communauté. Nous savons que certaines communautés ne veulent pas de l’école formelle telle qu’elle est pratiquait actuellement. Elles pensent qu’il faut tenir compte de l’enseignement religieux, de nos réalités et de nos traditions.
Donc, il faut d’abord régler ce problème de manière durable en tenant en compte des revendications de tous les acteurs, les élèves, les enseignants pour pacifier l’espace scolaire parce qu’on ne peut rien bâtir sur du sable mouvant. Il nous faut ensuite un dialogue social constructif, dynamique basé sur la confiance mutuelle. Aujourd’hui, il faut dire qu’il y a une crise de confiance. L’Etat ne fait pas confiance aux syndicats d’enseignants, les syndicats non plus ne font pas confiance au gouvernement. Plusieurs protocoles d’accord sont signés et sont restés sans suite malgré les engagements de l’Etat à les satisfaire. Aussi, nous souhaitons que la communauté se réapproprie l’école. Faire en sorte que ces assises ne soient pas des assises de trop. Certains ont même dit que le gouvernement a engagé ces réformes pour nous occuper nous syndicalistes afin qu’on n’aille pas en grève. J’ai dit si l’Etat le fait, ce serait une grosse erreur. Parce qu’on ne peut pas mobiliser toute cette énergie en termes de ressources humaines, financières, pendant plus d’une année, rien que pour chercher à tromper les Sénégalais. Nous avons vécu les états généraux de l’éducation en 1981. Etats généraux au lendemain desquels, l’école a pu être pacifiée pendant 10 ans. Mais malheureusement, l’essentiel des conclusions n’ont pas été appliquées. Aujourd’hui 33 ans après, et un an après les Concertations nationales sur l’enseignement supérieur, nous souhaitons que toutes les conclusions et recommandations qui seront issues de ces assises soient les plus consensuelles possibles dans lesquelles tous les acteurs et les parties prenantes vont se reconnaître. Cela est important. Au-delà de cet objectif, nous voulons que la méthode utilisée par les autorités pour faire appliquer les 78 recommandations issues des Concertations nationales pour l’enseignement supérieur ne soit pas la même pour ces assises. Il faut que des conclusions des assises soient utilisées en toute intelligence avec l’ensemble des acteurs qui ont contribué à formuler ces recommandations. Après avoir élaboré ces recommandations, qu’on se retrouve dans le cadre d’un comité de suivi et d’application des recommandations. Cela permettrait, à travers un échéancier clair, d’arriver aux résultats escomptés.»
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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/7238-ouverture-ce-matin-des-assises-de-leducation--lecole-pense-ses-maux