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La mafia italienne s'enrichit sur le dos des migrants

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économiePhoto : Des migrants sont regroupés par les autorités italiennes après avoir débarqué dans le port d'Augusta, en Sicile, le 17 janvier 2015.
 
A Lampedusa, l'île européenne la plus au sud du continent, les gardes-côtes italiens continuent leurs patrouilles. Pas de nouveaux arrivages de migrants en vue, pas d’alarme donnée, les sauveteurs sont toujours prêts à intervenir. Il y aura d’autres drames en mer, et les habitants de l’île n’ont aucune illusion : trop d’intérêts sont en jeu.

 

 

 

 
A Lampedusa, personne ne veut le dire devant un micro. Mais tout le monde en est convaincu : derrière les débarquements d'Africains, il y a des criminels des deux côtés de la Méditerranée.
 
Ici, à huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait déjà ses affaires en accueillant des migrants dans des centres exploités par des sociétés privées sur délégation de l'Etat. C'est toujours les mêmes qui gagnent les appels d'offre depuis des années.
 
Un migrant rapporte en subvention une trentaine d'euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de migrants, c'est un business en or, plus rentable même que le trafic de drogue, de l'aveu d'un gangster, piégé par des écoutes téléphoniques lors d'une enquête sur la corruption à Rome.
 
Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette organisation, c'est le scenario, toujours le même, qui précède les secours. A bord des rafiots pourris partis de Libye, il n'y a rien à manger ou à boire, pas d'essence, mais un téléphone satellitaire pour appeler au secours. Un équipement bien trop coûteux pour les passeurs.
 
A terre, les migrants fournissent une main d'oeuvre à bon marché. Dans l'agriculture pour les hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un véritable trafic d'esclaves, et les esclavagistes sont Africains et Italiens.
 
Habitants et immigrants, deux mondes à part
 
A Lampedusa, il y a deux communautés distinctes. D'un côté, les forces de l’ordre, à terre et en mer, les médecins et les travailleurs humanitaires qui s’occupent des migrants. De l'autre, les habitants d'un village de 5000 personnes avec son église, son terrain de foot, et ses soucis d’insulaires perdus au milieu de la Méditerranée. La vie est dure sur une île brûlée par le soleil, si éloignée du continent. La seule ressource, c’est le tourisme, pendant les mois d’été.
 
Ces deux mondes ne se rencontrent pas. Les insulaires ne s’occupent pas des migrants. Comme Catarina, ils ne les voient pas : « On se rend compte qu’il y a une urgence quand on commence à voir les camionnettes de la police qui vont dans tous les sens. Ou si on passe au port à ce moment, alors on comprend qu’il s’est passé quelque chose, si on se trouve là par hasard. Mais sinon, nous les habitants, nous ne savons rien du tout. Jusqu’à ce que la télé mentionne de nouveaux débarquements à Lampedusa, ou que la radio locale annonce que les vedettes rapides sont sorties en mer pour aller récupérer ces rafiots. »
 
En première ligne, il y a quand même toujours les quelques pêcheurs de Lampedusa, quand ils remontent un cadavre dans leurs filets. Leur bateau sera placé sous séquestre, la police ouvrira une enquête. Ce sont autant de jours de travail perdus. Alors pour éviter les ennuis, parfois ils rejettent les corps en mer. On n’en parlera jamais.

source: RFI