Comme l’avaient d’ailleurs souligné nos confrères du journal Libération hier, Bibo Bourgi a littéralement été confondu par les évidences glanées par les magistrats.
Alors que sa stratégie de départ était faite de dénégations, il a été contraint de changer son fusil d’épaule, et tenter de protéger son ami Karim Wade, qu’il a essayé d’exonérer de toute responsabilité.
Ainsi, s’agissant de la société d’intermédiation financière Black­pearl, créée à partir des parts que Karim Wade, Bibo Bourgi et Papa Amadou Pouye détenaient dans la société marocaine Bmce Capital, pendant longtemps ces deux associés de Wade avaient nié les évidences. De même qu’ils avaient toujours démenti avoir un quelconque intérêt dans la société Daport, qui devait prendre en charge la gestion de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. 
Les documents, issus des commissions rogatoires de Monaco et du Luxembourg, ne lui ont laissé d’autre choix que d’admettre que son engagement allait beaucoup plus loin que ce qu’il prétendait auparavant, à savoir qu’il n’était là que pour faciliter l’arrivée au Sénégal de la société allemande.
D’ailleurs, sur ce point, sa stratégie avait déjà été sérieusement mise à mal par les déclarations des autres mis en cause. Ainsi, l’ancien directeur de l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), M. Mbaye Ndiaye, avait témoigné devant la Crei, qu’il recevait souvent des instructions de Karim Wade pour payer les factures de Daport. L’ancien Dg avait même assuré qu’entre les deux tours de la dernière Présidentielle, Karim Wade lui avait donné l’ordre de régler une facture de 400 millions de francs Cfa à Daport. Cela venait fortement démentir l’assertion de Bourgi selon laquelle Karim Wade ne jouait aucun rôle dans la gestion de la compagnie «allemande».
Acculé par les preuves contenues dans les documents en provenance du Luxembourg et de Monaco, Bibo Bourgi ne pouvait plus continuer à nier. Ces documents ont établi par exemple, que c’est à travers la société Med Invest que Bibo Bourgi détenait des actions dans Bmce Capital, actions qu’il a fini par reverser dans Blackpearl, aux côtés de ses compagnons Papa Amadou Pouye et Karim Wade. Il faut se rappeler que parmi les «faits d’armes» de Blackpearl, il y a eu les levées de fonds à l’international, pour l’étude financière de l’aéroport Aibd ainsi que pour la restructuration financière de la Senelec. Toutes choses qui ont rapporté des milliards.
La journée du mardi 1er avril a donc été particulièrement longue pour Bibo Bourgi, qui a passé environ 10 heures de temps face aux teigneux magistrats du Parquet spécial près la Crei. Ces derniers, qui avaient déjà recueilli les dépositions de l’homme d’affaires Bara Tall, avaient établi la copropriété d’un terrain de 33 000 m² entre ce dernier, Bibo Bourgi et Karim Wade. Ces deux derniers étaient représentés dans cette copropriété par un certain Souleymane Sy, gérant de la société Dahilia, également domicilié dans des paradis fiscaux. Souleymane Sy avait eu le temps d’expliquer aux limiers qu’il n’était qu’un prête-nom. Ce qui a fait voler en éclats la défense de Bourgi. 
D’ailleurs, Bara Tall aurait également déclaré, selon le journal Libéra­tion, qu’il avait été spolié d’une partie de son patrimoine, sous le régime du Président Wade. Il a pu établir qu’il avait déjà entamé des travaux pour une valeur de 2 milliards de francs Cfa sur ce terrain, dont la propriété revient d’ailleurs à une société établie aux lieux de sa résidence, à Fann Résidence. 
Comme dit plus haut, Bibo Bourgi a néanmoins entamé un baroud d’honneur pour sauver la mise à son ami Karim Wade en voulant lui denier toute paternité dans les affaires citées, et porter seul le chapeau. Ce dernier sera, lui, entendu aujourd’hui par les magistrats.

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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6721-biens-mal-acquis-accule-par-le-parquet-special-bibo-endosse-le-krim