Depuis plus de 72h, cette nomination déroute certaines personnalités qui n’hésitent pas à lui ressasser son passé récent d’avocat de Bibo Bourgi, poursuivi pour complicité d’enrichissement illicite avant qu’il ne bénéficie de liberté provisoire pour raisons humanitaires. 
En se retrouvant de l’autre côté de la barrière, son ex-client Bibo Bourgi  devra se résoudre à se payer un nouveau conseiller. Il ne pourra plus compter sur l’expertise et le talent de Me Sidiki Kaba devenu nouveau ministre de la Justice du Sénégal chargé de poursuivre la politique de Mimi Touré qui coordonne l’action gouvernementale. 
A l’annonce de son arrivée au ministère de la Justice, certains hauts magistrats de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) se sont confondus en interrogations : Va-t-on changer de paradigme dans la conduite de la traque des biens présumés mal acquis ? Comment le nouveau ministre va-t-il conduire ces dossiers à la Crei ? Ces préoccupations de certains magistrats se mesurent à l’aune des plaidoiries de l’ex-président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh). Sans doute, le Procureur spécial près la Crei, Alioune Ndao, ne manquera pas de garder quelques souvenirs de Me Sidiki Kaba. 
L’avocat ne manquait pas d’adresse et d’articulations déroutantes contre la juridiction spéciale. Justement, le caractère exceptionnel de la Crei a  toujours été dans la ligne de défense de son client Bibo Bourgi. Devant Alioune Ndao,  l’avocat international a toujours décrié le renversement de la charge de la preuve en vigueur quand il  s’agit d’enquête de patrimoine.  Cette fois-ci, son idée sur la question ne peut pas évoluer au gré de ses fonctions.
Le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh) ne s’est jamais marré de soulever les exceptions dont se prévaut la Crei pour mener les enquêtes pour reconstituer le patrimoine présumé des anciens dignitaires et leurs hommes de paille. Au fond, tous ces propos seront désormais considérés comme paroles d’avocat payé à sortir son client du pétrin. 

Il maintient le cap
Les convictions qui  guidaient ses plaidoiries d’hier sont maintenant désuètes et malvenues. La position de Sidiki Kaba a changé en rejoignant ce gouvernement qui compte sur la traque des biens mal acquis pour conserver son aura dans l’opinion. L’Etat ne va pas changer de paradigme si on en croit le nouveau Premier ministre Aminata Touré. Le nouveau Garde des sceaux en est conscient. Assurant la tutelle de la Crei, il ne lui serait guère toléré de fragiliser les actions judiciaires en cours par des propos susceptibles de froisser les juges. Bien au contraire, il sera l’avocat politique de la Crei.  Même un silence du nouveau ministre de tutelle  sera  mal interprété. Le défenseur international des droits de l’Homme l’a intégré dans son agenda avant d’accepter ce poste. Dans son entourage, l’on soutient qu’il «ne va pas changer de paradigme et  il ne va pas modifier sa position  par rapport à la traque des  biens supposés mal acquis».  
Aujourd’hui, les autres questions comme la dépénalisation de l’homosexualité et son militantisme assumé pour la traduction de Hissein Habré devant la justice internationale semblent accessoires. L’homme aura à faire  pour construire une image qui passe aux yeux de la majorité des Sénégalais. 
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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6100-ancien-pourfendeur-nouvel-avocat-de-la-crei--le-paradoxe-sidiki-kaba