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Sam, Nov
vendredi, 20 juin 2014 00:00

La une "le quotidien" - DOSSIER - Abus dans l’octroi des libertés conditionnelles : L’exécutif, juge des peines

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La libération conditionnelle ou libération conditionnée ? A  y voir de plus près, les libérations conditionnelles ne sont pas escortées des rigueurs judiciaires requises dans son application. La Chancellerie n’hésite plus à fouler aux pieds les textes qui régissent cette mesure en zappant les juges d’application des peines au moment de renvoyer certains détenus en liberté. Par exemple, Abou Sow,  six jours après sa condamnation dans l’affaire de la Cncas de Touba, est «libéré». Cette décision est révélatrice de la façon dont cette mesure est accordée à certains détenus. Le débat est relancé. Et l’on redoute des connexions politico-judiciaires. Les magistrats ne sont plus en sécurité. Leur pouvoir s’effrite avec la libération conditionnelle.

Il est veinard. Abou Sow, finaud charlatan cité au cœur du scandale de la Caisse nationale agricole du Sénégal (Cncas) de Touba, est libre avant même l’épuisement de la procédure judiciaire pendante devant la Cour d’appel de Dakar. Il a évidemment bénéficié d’une liberté conditionnelle qui lui a permis de retrouver la chaleur de la vie.  Qui l’eût cru ?  
20 mai : Le verdict tombe. Le cerveau des escrocs de l’agence de la Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (Cncas) de Touba est condamné à 5 ans de prison ferme par le Tribunal correctionnel de Diourbel. Le lourd chef d’inculpation explique sans doute la peine maximale servie à la bande : Yaya Ahmet Diagne et ses complices Abou Sow et Oumar Chérif Aïdara sont épinglés pour association de malfaiteurs, détournement de deniers publics. Sans oublier les délits de recel de deniers publics, d’actes de charlatanisme et sorcellerie. Les peinards avaient puisé 1 721 363 000 francs dans les caisses de l’agence de la Cncas de Touba au courant de l’année 2010. Lors de son délibéré, le Tribunal correctionnel de Diourbel avait commandé ce «gang» à payer solidairement une amende de 10 millions. Le Tribunal a accepté de recevoir la constitution de partie civile de la Cncas en lui allouant la somme de 1, 200  milliard de Francs Cfa à titre de dommages et intérêts. Il a en outre ordonné l’exécution provisoire et fixer la contrainte par corps au maximum. Le juge avait, en outre, confirmé toutes les mesures conservatoires prises par le juge d’instruction. La sanction est exemplaire pour sans doute dissuader les détourneurs de deniers publics. 
Six jours après, coup de théâtre. Abou Sow, petit-fils d’un grand dignitaire religieux, quitte la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel laissant derrière lui l’ex-chef d’agence de la Cncas de Touba et Oumar Chérif Aïdara. C’est la stupéfaction dans le monde judiciaire du Baol.  Et des questions entourent cette décision «controversée» de la Chancellerie : «Comment se fait-il que la Com­mission d’attribution des libertés conditionnelles qui comprend en son sein des magistrats émérites pour la plupart des conseillers techniques au niveau de la Chancellerie ait pu violer les textes jusqu’à élargir de prison un détenu alors que la procédure n’est pas épuisée». Bien sûr ! Entre temps, Oumar Chérif Aïdara avait interjeté appel de la décision judiciaire qui le maintient en prison ? Il fallait attendre un mois pour qu’une nouvelle décision tombe. 
A la lumière de cette faveur accordée au charlatan, la liberté conditionnelle se dévoie quelques semai­nes après son début d’application. 
Depuis quelques mois, la Chancel­lerie a décidé d’appliquer la mesure dans toute sa rigueur pour décongestionner les prisons sénégalaises. «Nous avons vu que les prisonniers sont entassés. Cette situation appelle une réponse. L’action la plus envisagée est la construction de prison. Mais dans l’urgence qu’est-ce qu’il faut faire ? Lorsque nous avons fait l’audit des 37 prisons, nous avons constaté que 495 personnes étaient dans la situation de bénéficier d’une liberté conditionnelle. Nous nous sommes intéressés à des situations, non à des noms», précise le ministre. 
Dans ses explications, il soutient que les personnes coupables d’assassinat ou celles accusées de viol ayant occasionné des infirmités sont exclues de cette liste. Dès les premières heures de l’application de la mesure, le journaliste Cheikh Yérim Seck retrouve la liberté après une condamnation pour viol. Pour Me Sidiki Kaba, cela ne devrait choquer personne : «N’oubliez pas qu’il a été condamné par le Tribunal régional hors classe de Dakar. Et que cette peine a été réduite au niveau de la Cour d’appel. Et qu’il a purgé plus de la moitié de la peine. Il était condamné à 4 ans de prison et la Cour d’appel a ramené cette peine à 2 ans. Cela participe d’un esprit d’équité et de volonté de réhabilitation.» Après lui, le journaliste Tamsir Jupiter Ndiaye coffré pour 4 ans pour actes contre nature et coups et blessures volontaires. Interjetant appel, il se retrouve finalement avec deux ans pour les mêmes délits. La Chancellerie le sort du gnouf. Célèbre promoteur de lutte, Luc Nicolaï  jouit de cette mesure après avoir récolté  5 ans de prison pour détention de drogue, abus de confiance, association de malfaiteurs,  et extorsion de fonds.  Bref, une charge d’Assises. Ces libérations vitupèrent les habitués du Temple de Thémis qui encaissent mal cette libération conditionnelle moti­vée par don «bon comportement». Alors que  son jugement en appel n’était même pas programmé. Depuis lors, il coule ses jours heureux dans la station balnéaire de Saly, dans la localité de Mbour (70 Km de Dakar). Ce quota de célébrités bénéfice de la mesure annoncée par le ministère de la Justice qui a décidé la libération de pas moins de 1400 détenus pour décongestionner les prisons surpeuplées du Sénégal. Sainte mesure ?


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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6970-dossier-abus-dans-loctroi-des-libertes-conditionnelles--lexecutif-juge-des-peines

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