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Jeu, Nov
lundi, 10 novembre 2014 00:00

Kolda : déclarée morte de «cause inconnue et femme non-enceinte» la dame Malafy Touré accouche d’un mort-né à la morgue, 23h après

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   Très peu de gens, et très probablement, l’ont une fois vu ou entendu, mais l’immense majorité des citoyens du monde resteront interloqués d’apprendre l’horreur de cette dame. Malafy Touré, déclarée morte de «cause inconnue et femme non-enceinte» donne naissance à un garçon dans sa chambre froide de la morgue, le lendemain de son décès. La charade a lieu au Centre hospitalier de Kolda, vendredi dernier, 7 novembre 2014. Son époux ainsi que ses proches et alliés accusent l’hôpital de «non assistance à personne en danger» et décident de porter plainte pour «homicide volontaire».  

 

Encore une fois, une négligence ostensible est à l’origine d’un drame médical à Kolda (Sud). La dame Malafy Touré, âgée de 40 ans environs et originaire du village de Karcia, dans la région de Sédhiou (30 km de Kolda) a donné naissance à un garçon mort-né, 23H après sa mort dans la chambre froide même de la morgue où son corps a été déposé. Une vraie histoire à dormir debout. Et ce que le commun des mortels n’arrive toujours pas à comprendre, c’est l’attestation médicale du médecin traitant qui déclare les causes de la mort de la pauvre Malafy inconnues. Dans un document de demande d’autopsie adressée à monsieur Diatta, un chirurgien, d’après nos sources, et dont nous avons reçu copie, le gynécologue écrit ceci: «autopsie à ma patiente venant de Diana Bah /dyspnée + diarrhée – THA qui est arrivée Kolda le 6/11/14 à 17H. Cause: inconnue femme non-enceinte».

 

 
 
Le lendemain de la mort annoncée de cette femme, l’époux et autres parents qui s’apprêtaient à lui faire la toilette funèbre, furent abattus par une découverte inédite: le cadavre qui donne naissance, 23 heures après avoir été déposée à la morgue. Le bébé est «poussée» à la sortie jusqu’au niveau des reins où il est resté coincé dans le bassin de la maman.
 
Les témoignages à charge
 
Le mari de la défunte, du nom de Fodé Dabo du village de Karcia, a déclaré que «depuis que nous sommes arrivés ici, à l’hôpital régional de Kolda, le jeudi 6 novembre 2014, à bord de l’ambulance du poste de santé de Diana Bah, sur ordre de l’infirmier dudit établissement, personne n’a voulu ausculter mon épouse. Et quand nous leur  avons dit que Malafy est enceinte de 8 mois, le gynécologue a déclaré que c’est faux, elle ne présentait aucune grossesse alors que son carnet de visite prénatale que nous détenions par devers nous attestait une évolution de 8 mois».
 
Et Fodé Dabo de poursuivre: «ma femme souffrait de maux de tête et vomissait. Mais à Kolda, nous avons été négligés et traités comme des malpropres. J’ai suivi, impuissant, l’agonie de ma femme, jusqu’au dernier soupir, sans assistance des techniciens de santé de Kolda. C’est grave. Où est la justice sociale ? Y’a-t-il des Sénégalais mieux que moi en droit ?», s’interroge Fodé Dabo terminant par glorifier Dieu: «Allahou Akbarr» (Dieu est Grand). 
 
Lui emboitant le pas, Mouhamed Cissé, le maire de la commune de Diana Bah, par ailleurs président du Cadre régional de concertation et de coopération des ruraux de Kolda et de Sédhiou (CRCR), présent sur les lieux, confirme les accusations et cris de détresse de Fodé Dabo. «Personne n’est venu à notre secours, la femme est morte sans soutien médical». Un troisième témoin, Karamba Dabo, accompagnant de la femme, d’un ton très choqué lance: «le pire que je souhaiterai à un malade, c’est de se rendre à l’hôpital régional de Kolda où le sens du devoir et de l’humanisme ne trouve pas leur signification parmi ces blouses blanches».
 
Le doute
 
La famille de la défunte Malafy Touré doute toujours  sur la période déclarée de la mort de leur proche. Le facteur perturbateur est la naissance du bébé, 23 heures après admission de la femme à la morgue. «Comment un cadavre peut-il donner naissance, une journée après le trépas?», s’interroge-t-elle. Et le mari, Fodé Dabo de se laisser emporter l’incertitude, à savoir si vraiment sa femme était réellement morte au moment où elle a été déposée à la morgue. Car, au cas contraire, «comment peut-il y avoir une force émanant d’un corps inerte à propulser le bébé hors de l’utérus? Ma femme n’était-elle pas dans un état de coma avancé, lui permettant toutefois de produire une énergie à faire basculer vers le bas l’enfant? Je doute vraiment, surtout que nous avions été méprisés à l’accueil. Je doute, je suis un croyant, un musulman pratiquant, mais je doute». 
 
En attendant de voir plus claire par rapport à ces questionnements de la famille de Malafy Touré, l’administration de l’hôpital régional de Kolda qui répondait aux questions des journalistes de Kolda, le vendredi 07 novembre dernier, en fin d’après-midi, explique que la femme a été bel et bien prise en charge médicalement.
 
«NON-ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER» -  LA FAMILLE PORTE PLAINTE POUR HOMICIDE
 
La famille de la victime déclare avoir porté plainte contre l’administration de l’hôpital et, particulièrement, contre le gynécologue pour «non-assistance à personne en danger». Appuyant cette volonté de la famille, Momar Ndaw de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), réagissant à l’antenne de Sud-Fm samedi dans l’édition de la mi-journée, invite le procureur à «se saisir du dossier et ouvrir une enquête sérieuse pour démasquer les véritables coupables aux fins de sanctions».
 
A relever que des complaintes sont nombreuses au sujet des piètres conditions d’accueil dans cet hôpital régional de Kolda qui reçoit pourtant des patients venant de quatre pays, de par sa position carrefour, d’abord du Sénégal, en moyenne Casamance, de la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry. Cette région présente également de très nombreux points de concentrations humaines tels que le marché sous régional de Diaobé, les marchés hebdomadaires de Saré Yoba, Cabendou où des cas de référence affluent vers le Centre hospitalier en situation d’urgence. 
 
Nul doute que si l’accueil brise le moral du malade, la résignation au pire se dessine à ses yeux et les accompagnants prêts à se battre pour sauver l’affront d’un patient humilié. Ce mépris à l’endroit des malades n’est pas arrivé qu’à Kolda. N’a-t- on pas enterré des malades supposés morts faute du regard médical nécessaire? Où encore lui administrer des sois antinomiques à la vraie pathologie tel que nous le soulignions antérieurement dans un éditorial. C’est cela le virus de la négligence, plus létale que ceux médicalement en circulation.
 
LECTURE MEDICALE DU DRAME: GYNECOLOGUES ET CHIRURGIENS SONT FORMELS -  «IL N’Y A PAS EU EXAMEN MEDICAL DE LA FEMME, SINON…»
 
Plusieurs techniciens supérieurs de santé, avec des connaissances approfondies en gynécologie et chirurgie, sont formels: la femme n’a pas été examinée par les techniciens de Kolda. «Il y a des cas de rétention d’œuf mort (ROM) à la suite desquels la grossesse n’est plus évolutive à 4 mois au plus et peut donc faire une coagulo-pathie. Par contre, pour une grossesse de 8 mois, comme l’annonce le mari, et s’il y a eu diagnostic et suivi régulier, l’enfant  était viable à la naissance, même si certains organes tels que le poumon restera à achever le processus de maturité». 
 
S’agissant des craintes de l’époux et des proches sur l’admission de la femme à la morgue avant l’effectivité du décès, des médecins n’écartent pas cette piste. «Il peut y avoir vraiment négligence au point de ne même pas faire de diagnostic et assurer la surveillance. Et, dans ce cas, le processus d’expulsion de l’enfant peut commencer et, faute d’examen, se terminer effectivement après la mort à la morgue. Mais dans tous les cas, nous demeurons convaincus qu’il n’y a pas eu examen médical de la femme, sinon le gynécologue allait au moins déceler la grossesse», relèvent-ils.
 
SOURCE : http://www.sudonline.sn/la-dame-malafy-toure-accouche-d-un-mort-ne-a-la-morgue-23h-apres_a_21576.html
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