En paraphrasant Daniel Penac, dirait-on, pour faire l’histoire, il faut refaire la géographie. C’est la géographie qui nous condamne à vivre tel climat, tel relief ou … à avoir tel voisinage. Les grands hommes qui entrent dans l’histoire sont ceux qui parviennent à refaire leur géographie : par exemple en déviant des cours d’eau pour créer des fleuves ou des lacs artificiels pour vaincre la sècheresse et la faim, en faisant disparaître des montagnes pour l’habitat ou l’agriculture de leur peuple ou en agrandissant les frontières de leur pays, etc.
Sous ce rapport, ceux qui entrent dans l’histoire – disons les grands hommes alors ! - sont ceux-là qui parviennent à transformer un environnement naguère hostile en un milieu familier pour le plein épanouissement de leur peuple. Et s’il est vrai qu’on subit sa géographie, on peut tout de même refaire son histoire. En ce moment, ce que la géographie a de plus hostile pour les sénégalais, c’est le voisinage gambien qui tourmente les sénégalais. Avec ce blocus, le président Sall a l’occasion prodigieuse d’entrer dans l’histoire en réglant définitivement la fastidieuse question de notre voisinage avec cet Etat.
Si les positions géographiques de la Gambie et du Sénégal font que ces 2 peuples sont condamnés à être voisins, M. SALL peut tout de même renverser l’ordre – le désordre devrais-je dire ! - d’un voisinage hostile du fait d’un président pour qui le jeu favori est de tourmenter les sénégalais. Au pouvoir depuis 1994, il a réussi (jusque-là !?) à être le seul maître du jeu diplomatique entre les 2 pays. Tel quelqu’un qui détient un pantin, il a toujours réussi à tirer les ficelles en dictant presque sa loi aux présidents Diouf et Wade qu’il tenait en laisse pas parce qu’il était le plus intelligent mais simplement du fait qu’il leur faisait toujours miroiter un hypothétique pont qui, du reste, n’est qu’un mirage.
Macky SALL lui a réussi à mettre le couteau là où ça fait le plus mal pour la Gambie, véritable enclave du Sénégal : imposer un blocus à un voisin qui est comme un œuf dans une bouteille. Toutes raisons qui font que son Excellence le Président de la République doit maintenir le statut quo jusqu’à la construction du pont, sans toutefois y accorder une quelconque priorité, pas même une petite attention. Car c’est là surtout où réside le piège gambien : celui de nous faire croire à chaque fois que le pont sera érigé, et chaque président voulant comptabiliser la prouesse de le réaliser. Ce faisant, chaque chef d’Etat qui arrive, tel Sisyphe, passe tout son temps à rouler sans cesse la pierre devant Yaya. C’est pourquoi nous les casamançais et autres sénégalais qui empruntions la transgambienne soutenons cette posture adoptée par le Président Macky Sall avec une ferveur patriotique inébranlable. Et quelle que soit du reste la distance, quel qu’en soit le prix, nous demeurons déterminés à affronter 700km au lieu des 400 qu’offre la route gambienne. Par conséquent, nous avons choisi la voie du patriotisme pour protester contre les tracasseries et autres humiliations de cet acabit.
Si les autorités estiment qu’elles vont nous soulager en levant le blocus, elles font erreur du moment que le monstre va encore sévir, et sans pitié, aucune ! Car, les règles de préséance, de diplomatie…, bref de bon voisinage n’ont aucun sens pour ce chef d’Etat. Il ne s’agit pas ici de poser des conditions ou d’avoir des garanties : elles n’ont aucune valeur pour le maître de Banjul ! Avant tout rétablissement, il faudrait aller vers la construction du pont seul gage d’un retour à la normale. Si tel n’est pas le cas, Yaya Diamé va encore tourner en bourrique l’Etat sénégalais et narguer les usagers qui espèrent traverser le fleuve Gambie via un pont reliant Yelli Tenda et Bamba Tenda distant seulement de 942m. Ce que les différentes autorités depuis Diouf ne semblent pas avoir compris, c’est que tant Diamé est là il n’y aura point de pont. Ou du moins c’est son vœu secret. C’est la même conviction que j’ai. C’est une conviction fortifiée par les agissements de l’homme fort de Banjul.
C’est pourquoi le Président de la République entrerait dans l’histoire s’il réussit à refaire la géographie. Refaire la géographie, c’est assurer la continuité du territoire qui peut se réaliser en prenant compte les voies terrestres, maritimes et aériennes. Parmi les présidents sénégalais, c’est lui qui a eu la chance de séjourner un certain temps en Casamance où il a subi physiquement ces tracasseries. Nous attendons avec espoir de lui des solutions structurelles et non conjoncturelles.
Parmi lesquelles :
1 réaliser les véritables voies de contournement :: Kaffrine à Koungheul( 118,5 km à vol d’oiseau), Saré Alkaly à Koungheul qui fait gagner 100km, Pont de Gouloumbou à Nganda qui permettrait le contour des 27 km et fait gagner ainsi 184 km !
2 réaliser ce que j’appellerais « la ceinture gambienne ». Ce chantier consisterait à faire une route tout le long de notre frontière avec ce pays voisin. Une sorte de boucle qui part de l’Océan et revient sur l’Océan et qui sera donc parallèle à sa frontière. Cette route permettrait de mieux sécuriser les populations avec une voie d’intervention accessible, déblayée contre le trafic de bois, les contrebandiers….
3 Il faut aller vite vers la réalisation du chemin de fer à grand écartement Le chemin de fer couplé à un port moderne pourrait faire de Ziguinchor un pôle économique. Sa situation géographique lui permet de mieux faire une connexion entre ce qu’on appelle les 3 B : Banjul, Bissau, Bamako, voire Konakry
4 Mettre en ligne des avions à vols interrégionaux : dessertes Dakar-Ziguinchor –Sédhiou-Kolda.
5 mettre des bus climatisés pour desservir les principales villes de la partie méridionale du pays. Pour cela, il faut créer une compagnie de transport ou désigner Dakar Dem Dik pour sa matérialisation.
6 Subventionner le carburant pour les véhicules à caractère commercial comme les transports communs et les gros porteurs.
7 Achever dans les plus brefs délais la route entre Vélingara et Koukandé longue seulement de 28km
Si ces réalisations sont faites à court, moyen ou long terme selon les priorités, nous n’allons plus subir le jeu de Banjul Car, avec l’homme fort de Banjul, on ne sait jamais à quel chemin se vouer ! A titre d’illustration, le 4 mai dernier, toute la circulation de part et d’autre de la frontière était bloquée pendant 5h d’horloge avec comme raison évoquée :…Yaya est en tournée. Quand le maitre de la Gambie bouge… rien ne bouge ! Sans appel. Pour ces motifs, il relève de la souveraineté du Sénégal d’assurer la continuité du territoire et au président de la République de réaliser une voie la plus raccourcie possible pour soulager les usagers qui souffrent dans leur chair. Quelle que soit la distance, les casamançais préfèrent rallier le sud au reste du pays en restant dans leur pays sans essuyer les humeurs d’un chef qui laisse croire qu’il se plaît à faire souffrir ses seuls voisins : les sénégalais.
Sous ce rapport, Macky Sall entrerait dans l’histoire s’il réglait à jamais ce problème que nous impose notre géographie, non de manière conjoncturelle, comme c’est le cas souvent, mais de façon structurelle.
Makama Ibrahima Diakhaté,
Secrétaire Général du Conseil Départemental de SéCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.