Le Premier ministre, Abdallah Hamdok, a été arrêté lundi 25 octobre 2021 à son domicile, ainsi que les autorités civiles au sein de la cellule en charge de la transition. Un air de déjà vu au Soudan ? Oui, c’est un coup d’Etat militaire mené par le général Abdel Fattah Al-Bourhane.
Par Serges David
Lundi, lorsque le président du Conseil de souveraineté (l’autorité de transition soudanaise), le général Abdel Fattah Al-Bourhane apparaît à la télévision nationale, c’est pour annoncer l’arrestation par l’armée de la quasi-totalité des dirigeants civils de la transition en cours dans le pays. Le Soudan connaît alors le sixième coup d’Etat de son histoire.
MISE A JOUR MERCREDI 27/10/2021 :
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé mercredi de « suspendre » le Soudan des instances de l’UA jusqu’au retour au pouvoir d’un gouvernement de transition dirigé par les civils.
Mardi soir, le Premier ministre Abdallah Hamdok regagnait son domicile à Kafouri (nord-est de Khartoum), mais « sous surveillance renforcée ». « Des mesures de sécurité ont été prises dans le périmètre », en clair l’ex-Premier ministre est sous résidence surveillée. Pendant ce temps les arrestations continuaient dans le pays notamment à Khartoum la capitale.
Spontanément les Soudanais sont descendus par milliers lundi et mardi dans les rues pour exiger le retour des civils au pouvoir. A l’aide de barricades de briques et de pneus brûlés dressées, ils ont tenté d’affronter le déploiement des forces de sécurité venues en masse pour les réprimer.
Les Soudanais ne sont pas d’accord pour que l’armée caporalise le pouvoir car la direction du Conseil de souveraineté devait être transmise à une personnalité civile dans les prochains mois. C’est dans l’attente de la date exacte de cette passation de pouvoir qu’intervient ce coup de force des soldats. Qui avaient jusqu’ici affirmé leur volonté de respecter le processus de transition. Le seul moyen des Soudanais était de défiler dans les rues. Mal leur pris.
En quelques heures, ils ont été pourchassés par les forces de sécurité. Bastonnades, arrestations, tueries, les Soudanais n’ont pas été épargnés. Au total, mardi, on dénombrait au moins sept personnes abattues par des militaires et 140 autres blessées pendant des manifestations contre ce coup de force.
Le général Abdel Fattah al-Burhan ne cesse de répéter en maniant la carotte qu’il souhaite « une transition vers un État civil et des élections libres en 2023 », et le bâton en caporalisant le pouvoir « le gouvernement est dissout, de même que le Conseil de souveraineté (…) les préfets et ministres sont limogés, et l’état d’urgence est déclaré dans tout le pays ». L’Afrique renoue avec ses vieux démons : Mali, Tchad, Guinée-Conakry, Soudan…
Au même moment, les soldats ont été déployés en masse aux alentours du quartier général de l’armée, Al-Qiyadah, haut lieu du soulèvement populaire qui avait mené à la chute du président Omar Al-Bachir, le 11 avril 2019. La répression n’est pas prête de s’estomper. Pourquoi en est-on arrivé à ce point de radicalité ?
Le 21 septembre, un coup d’Etat échoue dans des circonstances floues au moment même où les civils accusaient les militaires de saper les efforts de construction nationale ; tandis que de leur côté les militaires poussaient au départ de ces mêmes civils avec notamment la formation d’un nouveau gouvernement fait de vassaux.
Ajouté à ce bras, de fer, la crise dans l’est du pays, les pénuries, les réformes économiques impopulaires imposées par le FMI, les réformes de l’État jamais mises en œuvre, les disputes politiciennes, les accords de paix très complexes signés à Juba, les divisions au sein des forces civiles également – les islamistes du JEM de Djibril Ibrahim et les forces de Minni Minawi avait récemment rompu avec le Premier ministre Abdallah Hamdok – ont précipité le pays dans l’actuelle situation.
Un mois après le putsch déjoué le 21 septembre, la transition donnait déjà des signes d’affaiblissement. Désormais ce n’est plus de l’affaiblissement, elle n’existe plus, cette transition.
Naturellement, la communauté internationale a condamné, comme à son habitude, ce coup d’État. Les Américains se sont dits « profondément inquiets », mettant en garde que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ».
L’Europe y est allée de sa chansonnette, la Commission européenne a appelé à la « libération rapide » des dirigeants civils du gouvernement du Soudan. L’Union africaine, UA, appelle au dialogue et exige « la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires » qui se partagent le pouvoir depuis 2019.
Quant à la Ligue arabe, elle se dit « préoccupée » et à travers son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit, elle exprime sa « profonde préoccupation face aux développements » au Soudan et appelle « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 après le renversement de Omar el-Béchir.
Pendant ce temps, le Premier ministre, Abdallah Hamdok, son épouse, ses ministres et tous les membres civils du Conseil de souveraineté – plus haute autorité de la transition – sont arrêtés. Les putschistes ont pris le contrôle de télévision d’État.
Leur chef le général Abdel Fattah al-Burhan ne cesse de répéter en maniant la carotte qu’il souhaite « une transition vers un État civil et des élections libres en 2023 », et le bâton en caporalisant le pouvoir « le gouvernement est dissout, de même que le Conseil de souveraineté (…) les préfets et ministres sont limogés, et l’état d’urgence est déclaré dans tout le pays ». L’Afrique renoue avec ses vieux démons : Mali, Tchad, Guinée-Conakry, Soudan…
@SD
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