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Jeu, Nov
lundi, 24 mars 2014 00:00

Le vol de bétail, un fléau qui tue l’élevage à petit feu

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Le vol du bétail est un phénomène récurrent observé quotidiennement dans les quatorze  régions du pays. Il est une des préoccupations des citoyens. Ceux-ci ont mal au cœur de voir leurs biens subtilisés par des gens connus, souvent des voisins, des parents, sans qu’il n’y ait  une juste réparation  à la hauteur du préjudice subi. Le vol du bétail accentue la pauvreté dans les campagnes et installe des milliers de propriétaires dans le désarroi.

RAZZIAS
L’élevage constitue, dans notre pays, un secteur très important et nourrit une filière où s’activent des dizaines de milliers de Sénégalais. Il connaît un développement qualitatif continu avec les techniques modernes comme l’insémination artificielle, la vaccination et la stabulation… de plus en plus adoptées par les éleveurs. 

Toutefois, ce sous-secteur qui contribue pour 4,8 du Pib national (et 35% de celui du secteur primaire) est confronté à un phénomène grandissant qui menace son existence : il s’agit du vol de bétail. Aujourd’hui,  les éleveurs ne dorment plus que d’un œil à cause des bandes de voleurs qui ratissent les campagnes et effectuent de véritables razzias. Très organisés, armés, ils bénéficient de complicités et agissent au sein de réseaux où les rôles sont partagés.

En 2009, au cours d’un reportage que nous effectuions au Saloum, la complainte des éleveurs de Mabo c’était le vol de bétail. « Il n’est plus possible d’élever un animal dans notre localité à cause des voleurs », disaient-ils. Beaucoup d’éleveurs ont ainsi étaient ruinés et de plus en plus de personnes ont peur d’investir dans l’élevage. Les pertes causées par le vol de bétail sont estimées à 2 milliards de Fcfa par an. Les risques de désorganisation de ce sous-secteur sont donc réels. Aussi, compte tenu de l’importance du secteur, l’Etat, grâce aux forces de sécurité, doit davantage prendre ce problème à bras le corps pour mettre hors d’état de nuire ces malfaiteurs.

Traditionnellement, c’est par le marquage que les éleveurs essayaient de lutter contre les vols qui, à l’époque, avaient surtout un soubassement culturel chez certaines ethnies. De nos jours, cela ne permet plus d’arrêter la nouvelle race de voleurs qui utilisent des camions et des armes à feu pour commettre leurs forfaits. En mars 2013,  l’ex- Premier ministre Abdoul Mbaye procédait, à Ndiaganiao, dans la région de Thiès, à l’installation officielle du comité de pilotage chargé de l’élaboration du code pastoral et du comité de réflexion sur la prévention et la lutte contre le vol de bétail. Pour lutter contre le fléau, il avait préconisé  l’identification du bétail, le principe de l’assurance du cheptel ; la mise en place de comités de vigilance contre le vol de bétail, à l’image des comités de sécurité de proximité prônés par le chef de l’Etat ; une lutte énergique contre les abattoirs clandestins qui accueillent les bêtes volées et mettent en danger les consommateurs de viande.

Tout cela devrait aboutir à l’établissement d’une véritable carte d’identité pour chaque animal d’élevage. En dehors de ces mesures dont la concrétisation immédiate est souhaitée, le délit de vol de bétail devrait être aggravé sur le plan pénal. Penser également à implanter des puces électroniques dans quelques animaux du troupeau pour faciliter leur géo-localisation serait une décision très dissuasive pour les voleurs d’autant plus qu’ils ne pourront pas savoir (du moins dans un premier temps) quelles bêtes en sont équipées.

L’Etat doit frapper vite et fort au risque de voir tout le sous-secteur de l’élevage de s’étioler malgré les efforts appréciables du ministre Aminata Mbengue Ndiaye. Sinon, le moment arrivera où contempler  des vaches paissant paisiblement dans un pré serait un spectacle de plus en plus rare.

Par Ibrahima MBODJ


LE VOL DE BÉTAIL, UN FLÉAU QUI TUE L’ÉLEVAGE À PETIT FEU
Vol betail 2Phénomène apparu au Sénégal, sous sa forme actuelle, après la grande sécheresse des années 1970, le vol de bétail connaît, aujourd’hui, une expansion fulgurante.

De la rude bataille que se livrent, au quotidien, populations spoliées de leurs biens, forces de l’ordre toujours sur le qui-vive et voleurs de bétail qui rivalisent d’ingéniosités, le dernier mot revient presque toujours, aux derniers cités. Ils sont, en fait, les vainqueurs d’une confrontation inégale qui ne livre pas toujours ses secrets. « Le vol du bétail que nous ne cessons de dénoncer depuis plus de vingt ans (1991) est pire que le cancer dans ses conséquences sur le développement national » : c’est un cri de cœur lancé par. Samba Kâ, vétérinaire de formation, aujourd’hui, responsable du Cadre régional de concertation des ruraux (Crcr) de Kaolack. Ses propos donnent la mesure de la persistance d’un mal qui puise toute sa force dans la détermination des voleurs de bétail à imposer leur loi et, surtout, à déjouer toutes les stratégies mises en place par les forces de l’ordre et les populations pour mettre fin à ces pratiques qui, à la longue, peuvent annihiler tout effort de développement.

M. Kâ est d’ailleurs catégorique : « nous n’avons cessé de répéter que le Sénégal aurait acquis des avancées beaucoup plus significatives dans la lutte contre la pauvreté, s’il avait pris à bras le corps le problème du vol de bétail ». Le phénomène sous sa forme actuelle n’existe que depuis quelques dizaines d’années, mais le vol du bétail proprement dit est observé depuis la nuit des temps. Autrefois, nous apprend Samba Kâ, très au fait des origines du vol du bétail au Sénégal et dans la sous région, il y avait ce qu’on appelle le « ruggo », qui peut être défini comme une razzia et le « caynagol ».

Le « ruggo » se faisait selon « une éthique » ; les femelles en gestation avancée n’étaient pas concernées de même que les veaux de moins d’un an. On ne prélevait jamais plus de la moitié de l’effectif. Le butin, une fois acquis, n’était jamais vendu mais constituait le bien du preux qui, parfois, perdait la vie dans l’opération. Beaucoup de troupeaux ont pour socle des animaux issus du « ruggo ». Ceux qui le pratiquaient étaient mystiquement préparés et pouvaient courir jusqu’à 80 km par jour. Cette pratique a disparu, il y a moins d’un siècle, nous a appris Samba Kâ.

Quant au « caynagol », notre interlocuteur souligne qu’il est devenu rare de nos jours, avec la diminution drastique de la taille des troupeaux. Samba Kâ souligne, en fait, qu’il consistait, pour un fils ou un neveu, à soustraire un taurillon de 2 à 3 ans du troupeau du père ou de l’oncle pour qui on travaille à plein temps. Le produit est vendu et sert soit à acheter des habits pour la fiancée ou l’épouse. Le responsable du « caynagol » finit toujours par avouer son acte. Tout se règle après en famille.

Jadis très rare, le vol est devenu présentement une activité quotidienne. Les nombreux avis et communiqués diffusés par les médias renseignent sur son ampleur. Aujourd’hui, dans le monde rural et parfois en milieu urbain, aucune  espèce n’échappe aux voleurs. Volaille, asins, bovidés, équins...tout y passe se lamente un groupe de pays trouvé à Deuk Bou Reille, un village situé dans la périphérie de Gapakh, à 10 kilomètres de Ndoffane.

Selon Ndéné Niane, agro pasteur dans cette contrée, les éleveurs entre autres investisseurs, n’osent plus investir dans l’élevage. Ce sentiment est largement, partagé par le chef du service de l’Elevage de Kaolack, Souleymane Diouf qui affirme que certaines personnes hésitent à investir dans l’agriculture par crainte, non seulement de se voir spolier de leurs biens, mais, surtout de perdre leur vie pour des animaux.

Mamadou Cisse


LE SINE-SALOUM CHAMP D’ACTION DES PRÉDATEURS
Avec 549 480 bovins, 2 472 500 petits ruminants et 209 910 chevaux, (recensement de 2012), l’ex-région du Sine-Saloum, composée aujourd’hui, des régions de Fatick, Kaolack et Kaffrine se positionne comme une zone d’élevage par excellence. Cependant, sa position stratégique de zone carrefour, située entre l’Est, le Sud, le Nord et les pays limitrophes du Sénégal, expose le Sine -Saloum au vol de bétail.

Un fait regretté par le chef du service régional de l’Elevage de Kaolack, Souleymane Diouf qui souligne que tous les efforts consentis par l’Etat, les éleveurs, les partenaires au développement, entre autres, risquent d’être annihilés par les proportions, aujourd’hui, prises par le vol du bétail, un phénomène aux effets incalculables sur l’économie et même la croissance. Rien qu’à son service, M. Diouf a enregistré, entre 2013 et 2014, des déclarations de vol de 125 bovins et 156 caprins et ovins, ceci compte non tenu des déclarations qui ont été faites à la gendarmerie et à la police et les avis et communiqués dans les médias.  Il faut dire que dans le Sine-Saloum, on n’a commencé à se préoccuper du phénomène qu’à partir de 1975/80, années pendant lesquelles, pratiquement,  tous les bœufs de labour passèrent à la trappe, renchérit Samba Kâ. On vit apparaître des receleurs ayant pignon sur rue et des intermédiaires, véritables éclaireurs, jaloux de la fortune des voisins ou des parents riches.

A Thioubène, village centre situé dans la communauté rurale de Guinth Kayes, (département de Nioro du Rip), localité qui souffre beaucoup du vol de bétail, le ou les voleurs n’opèrent  jamais en solitaires, selon des villageois. En effet, renseigne Djiby Diop qui, depuis pratiquement trois ans, passe la nuit auprès de son troupeau de bœufs, les voleurs ont besoin de renseignements sur les habitudes,  l’emploi du temps, la composition de la  famille du propriétaire, etc. avant de passer à l’action.

Ils ont aussi  besoin de relais et de receleur. Par conséquent, c’est une chaîne de complicités qui ne peut  être utile si un seul maillon y manque, fait noter le vétérinaire Kâ. Selon lui, les causes du vol sont multiples et variées. « Certaines ethnies comme les Peulhs, estime-t-il, sont connues pour être parmi celles qui pratiquent le plus le vol du bétail. Mais, comme disait l’autre, taquin et le verbe savoureux, si le voleur est peulh, l’intermédiaire est sérère, le receleur est wolof. C’est une mafia bien organisée, disposant d’avocats et d’appuis solides, des protecteurs insoupçonnés », a-t-il fait remarquer. Certain paysans pointent du doigt les transhumants considérés ici, en tout cas pour la plupart d’entre eux, comme étant des professionnels dans le vol du bétail.  Un chef de village au Saloum est catégorique : « ce sont les transhumants qui sont à la base de la disparition de l’essentiel de nos petits ruminants après l’hivernage », souligne Baba Badiane. Il soutient que les villageois, au moment des travaux de la terre, après les premières pluies, découvrent des peaux de chèvres et de moutons enfouies sous terre par les transhumants qui s’installent dans les champs. C’est dire que moutons et chèvres des villages qui s’aventurent dans les alentours, finissent le plus souvent leurs parcours dans les marmites des transhumants qui, pour mieux commettre leurs forfaits, loin de la vue de leurs hôtes, s’isolent en s’installant à l’écart du village.

Cela, les paysans ne s’en rendent compte qu’après le départ des transhumants et la fouille des habitations de fortune installées dans les champs. « Pour Ousmane Diop de Thioubène, cette transhumance a des zones d’ombre qui ne sont rien d’autre que le vol de bétail. Si non, pourquoi les transhumants qualifieraient-ils le Saloum « d’Espagne » ou d’Eldorado ?
Du côté des transhumants, ceci n’est qu’un procès d’intention fait à leur endroit. Originaire de Wéloumbel, village situé entre Dahra Djolof et Touba, Aliou Bâ soutient que tout ce qui préoccupe les transhumants, c’est de trouver du pâturage et de l’eau pour entretenir leur bétail. « Tout ce qu’on raconte sur nous n’est que chimère », souligne-t-il, ajoutant que les agriculteurs saloum-saloum ont besoin de transhumants pour enrichir leurs champs comme ces derniers ne peuvent pas se passer du Saloum pour sauver le bétail.

Autre facteur favorisant le vol du bétail, c’est le parc automobile qui se développe de manière exponentielle dans la zone sylvopastorale où pratiquement tous les éleveurs disposent de 4X4  camionnettes qu’ils conduisent eux-mêmes et les portables qui relient le voleur à son staff bien organisé. Ces deux éléments contribuent grandement au succès des prédateurs.

M. Cisse


DES ASSOCIATIONS DE VOLEURS OPÈRENT AVEC DES ARMES BLANCHE ET À FEU
Vol betail 3Premier vice-président de la fédération des Gie d’élevage du Sénégal, Djimory Kâ, par ailleurs président de la communauté rurale de Keur Momar Sarr, souligne que le vol du bétail n’épargne aucune localité au Sénégal et que même le Ferlo n’échappe pas à la règle. Il faudrait, selon lui, une véritable synergie, entre l’Etat, éleveurs et structures décentralisées pour lutter contre ce fléau et le terrasser. Sinon, ajoute M. Kâ, c’est toute l’économie rurale qui risque de s’effondrer.

Aujourd’hui, les associations de voleurs opèrent en groupe avec armes blanches et à feu qu’ils utilisent souvent sans hésitation, sans parler de  l’usage du mystique qui endort le propriétaire et sa famille, renchérit le président du Crcr de Kaolack. D’ailleurs, on a raconté, dans le Saloum qu’un riche laboureur qui, la nuit, parquait ses bœufs de labour dans sa chambre, sous l’effet mystique des grigris des voleurs, s’est endormis avec toute sa famille jusqu’aux environs de midi. Il a fallu l’intervention des voisins pour le « ramener sur terre ». Les voleurs ont, non seulement eu tout le temps d’emporter les bœufs, mais également de raser la barbe fournie du maître de céans.

M. Cisse


LA PAUVRETÉ, UN FACTEUR FAVORISANT
Une des causes du vol du bétail est la pauvreté née de l’abandon  de l’agriculture par les jeunes trop attachés aux « navétanes » (activités sportives pendant les vacances). Ils n’aiment plus la terre, encore moins le bétail regrette le vieux Samba Bâ du village de Keur Dé Sadio, communauté rurale de Guith Kayes, département de Nioro. « Les bonnes pratiques agropastorales ont disparu. « La terre n’est plus fouillée, elle est grattée », soutient-il, « Cette même terre, rajoute Samba Kâ, ne nourrit plus ses acteurs. L’association agriculture-élevage n’est plus de vogue. Les fils des pâtres ne sont plus attachés au bétail qui n’est plus sacralisé ».

Il y a une loi qui propose un arsenal de peines dissuasives. Elle criminalise même certaines formes de vol, nous apprend, M. Kâ qui souligne cependant que ce qui irrite tous les propriétaires, et cela beaucoup de victimes de vol de bétail le regrette, c’est qu’une fois au prétoire après que le voleur a été livré à la justice, leur confrontation n’accouche souvent que d’une  souris. Le propriétaire non habitué à la solennité des lieux se défend mal, face au délinquant multirécidiviste et assisté d’un conseiller. Les paysans du Saloum, dans leur grande majorité, s’offusquent de la multiplication des abattages clandestins. La libre circulation des viandes de louma en louma et le contrôle quasi inexistant du transport du bétail par camion profitent aux voleurs de bétail.

Pour le président de la maison des éleveurs de Kaolack, Kalidou Bâ, la circulation se fait nuitamment ; les corps du contrôle routier ne se hasardent jamais à se hisser sur des camions dont la carrosserie dépasse 4 mètres de hauteur. Il suffit donc que le convoi soit doté d’un laissez-passer (dont il faut revoir d’ailleurs le libellé) pour réussir son coup ! Les viandes foraines également passent à bord souvent de transport inapproprié, mais sans contrôle. A son avis, il faudrait mettre les agents chargés du contrôle, dans des conditions qui puissent leur faciliter, dans toute la quiétude requise, leur tâche.

M. Cisse


LA RÉGION DE THIÈS N’EST PAS AUSSI ÉPARGNÉE
La région de Thiès n’est pas épargnée par le vol de bétail. Même si elle n’est pas d’une ampleur inquiétante, il reVol betail 4ste que plusieurs affaires au rôle de la cour d’assises portent sur ce fléau qui préoccupe beaucoup les autorités qui, d’ailleurs, ont une bonne maîtrise de la situation.

Car, dans la région, il existe de très grands marchés du bétail, notamment : à Khombole, Touba Toul, Sandiara, Séwékhaye et qui sont très prisés. Surtout en période de fêtes religieuses particulièrement la Tabaski dont la préparation fait noter une bonne fréquentation. Au foirail de Séwékhaye, dans la  communauté rurale de Ngoundiane, par exemple, on peut dénombrer, à chacune de ces périodes, selon son Pcr, Mbaye Dione, «  plus de 150.000 moutons vendus à toutes les bourses ».

Ici, éleveurs sénégalais, maliens, mauritaniens et même venant d’autres pays de la sous-région, profitent de ce marché. Mieux, des Mauritaniens ont fini de s’établir dans cette localité. Et, l’on se souvient d’une des premières sorties du président Macky Sall dans la région de Thiès qui avait tenu à rendre visite à ces acteurs du secteur de l’élevage pour s’enquérir de leurs conditions de travail. Avec comme promesse ferme le renforcement de la sécurité pour lutter contre le vol du bétail et protéger les éleveurs. Une façon de répondre favorablement à leurs doléances dont, surtout, l’érection d’un foirail plus adapté à accueillir le bétail en période de Tabaski.

Des gangs opèrent souvent dans la périphérie
 Cheikhna Siby de la communauté mauritanienne et le président du conseil national des éleveurs du Sénégal, n’avaient pas manqué d’évoquer, devant le chef de l’Etat, cet épineux problème de sécurité et du vol de bétail et l’électrification du foirail de Séwékhaye. Car, des gangs de voleurs de bétail opèrent souvent dans les environs et l’on se souvient de celui qui a été récemment démantelé par la brigade de recherche du commissariat de Thiès après un coup au quartier Cité Lamy. Les malfaiteurs avaient alors emporté des moutons dont la valeur estimée à 7 millions de FCfa. Un gang de voleurs d’ailleurs qui semait la terreur dans la cité du rail en recourant, le plus souvent, à la violence pour prendre en otage ses victimes.

Les forces de sécurité renforcent leurs dispositifs
Mais il faut dire que les forces de sécurité veillent au grain. Que ce soit à la police ou à la gendarmerie, les dispositifs ont été renforcés. L’ouverture de postes de police de proximité participe à mieux contrôler la situation dans le périmètre communal de Thiès. Pendant ce temps, en zone rurale, la gendarmerie a aussi ouvert des postes  dont le dernier en  date  a été inauguré à Notto Djobass, une zone réputée très fréquentée par les voleurs de bétail.

Le ministre Alioune Sarr, par ailleurs président de cette communauté rurale, n’avait pas manqué de souligner, devant le haut commandant de la gendarmerie d’alors, le général Abdoulaye Fall qui présidait la cérémonie, « la situation de cette zone rurale, confrontée à une recrudescence du vol de bétail ». Il avait indiqué également la nécessité, pour les populations, de manifester leur volonté à bien collaborer avec les éléments de la gendarmerie pour mieux prendre en charge cette question de l’insécurité qui favorise le vol du bétail. Le lieutenant-colonel, Amacodou Fall, commandant de la légion de gendarmerie centre-ouest de Thiès, estime que « l’objectif des hautes autorités est d’arriver à mettre en place des postes de gendarmerie de proximité partout, pour un maillage systématique du territoire national afin de mieux lutter contre ce vol de bétail ».

Un foirail moderne à Séwékhaye
Par ailleurs, l’une des doléances des éleveurs, surtout ceux du village de Séwékhaye, sera bientôt satisfaite avec l’aménagement d’un foirail moderne. Les travaux de l’ouvrage lancés récemment par le ministre de l’Elevage, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, vont coûter 105 millions de Fcfa sur financement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dans le un programme de construction de marchés transfrontaliers à bétail et à céréales au Sénégal.  L’infrastructure sera édifiée sur une aire d’une dizaine d’hectares attribuée par le conseil rural de Ngoundiane qui abrite la localité. Elle comprendra des abreuvoirs, un parc de vaccination, un magasin de stockage, trois hangars de négoce, un box de pesage des animaux avec bascule, un bloc administratif, un logement de gardien, des latrines et un forage.

Le site de Séwékhaye fait partie des foirails les plus importants, surtout en période de Tabaski pendant laquelle, des vendeurs de bétail viennent de partout de la sous-région, particulièrement du Mali et de la Mauritanie, écouler leurs moutons. « Ce qui a favorisé ici un bel exemple d’intégration entre les différentes communautés », comme nous l’a indiqué le Mauritanien Cheikh Siby. Il souligne qu’à terme, le foirail moderne va améliorer leurs conditions de travail et mieux le conseil rural s’est engagé à accompagner les acteurs et en assurer la maintenance de l’infrastructure qui permettra aux populations de profiter des avantages de la diversification des activités porteuses, comme la restauration et le commerce, occupations potentielles pour les femmes et les jeunes.

Mohamadou SAGNE


FACTEUR DE DÉGRADATION DU SOL
Le vol a conduit à la dégradation avancée des sols, parce que ceux à qui il reste quelques têtes n’osent plus les parquer dans les champs pour obtenir la meilleure fumure qui doit, nécessairement, comprendre les urines riches en azote. Cette réflexion d’un spécialiste des questions de l’élevage, Samba Kâ, est largement partagée par le chef du service de l’Elevage de Kaolack,  Souleymane Diouf.

C’est pourquoi, souligne, M. Ka, on tire des « witndé » (parcage normal du bétail) des rendements supérieurs à 2 tonnes à l’hectare en mil ou sanio, parce qu’il n’y a pas de  Striga senegalensis (herbes sauvages nuisibles aux plantes). L’épandage du fumier récolté à base seulement de bouses, ne donne pas de bons rendements. « Le vol, installant la pauvreté, se  traduit par un environnement de plus en plus agressé. Tout le monde se transforme en vendeur de bois et même  en charbonnier, sans  compter l’action de la pharmacopée traditionnelle qui fait disparaître des  essences, au grand dam des autochtones qui n’arrivent plus à se soigner selon leurs connaissances  empiriques, souvent efficaces », déclare M. Samba Kâ. Ce dernier trouve que par conséquent, la grande épargne par le troupeau disparaît de plus en plus, parce qu’on assiste à chaque « louma »,  à la vente de troupeaux entiers pour ne pas les perdre.

Un phénomène aux conséquences désastreuses
Les difficultés d’accès au crédit pour les éleveurs qui ont investi des milliards à créer des Gie (60 000 frs/GIE tous frais compris) à ouvrir des comptes, à payer pour le montage de projets, sans aucun succès, ni auprès du Crédit agricole, ni des autres institutions financières, ont également été soulignées par les agropasteurs.

Quand nous avons accès au crédit (opération tabaski), c’est à un taux usuraire de 14% pour 6 à 9 mois, regrette, le président de la maison des éleveurs de Kaolack.

Allant plus loin, le responsable du Crcr de Kaolack trouve que « des projets comme le défunt Papel (Projet d’appui pour la promotion de l’élevage) avait domicilié une ligne de crédit de 200 millions de francs au Crédit agricole, mais sans résultats et que le Fondstab brandi tapageusement par le ministère de l’Elevage sous Wade, demeure une nébuleuse.

Le vol du bétail, bien entendu, ne peut pas être géré sur le plan local, mais national. Il est la source de la paupérisation des masses rurales, de l’exode de bras valides dont les activités contribuaient à l’effort national d’augmentation du produit intérieur brut (Pib) aussi bien de l’agriculture que de l’élevage.

Le vol a anéanti la petite épargne surtout celle basée sur les espèces à cycle court, « banque des femmes ».

L’élevage pris dans son ensemble nourrit  mal son homme. Ceux qui parlent d’un surplus de lait versé font de la surenchère. Ce qui est rarement versé, est le petit lait très acidulé, sous-produit après  le prélèvement de la crème qui sert à fabriquer le beurre de vache.

Dans la lointaine zone sylvopastorale, existe une organisation de la commercialisation laitière avec les épouses des éleveurs dont beaucoup disposent de véhicules qui écoulent le lait caillé dans des bidons de 10 ou 20 litres dans les « loumas » (marchés hebdomadaires) et autres grands centres. En zone centre, l’essentiel des troupeaux passe l’hivernage hors su Sine-Saloum.

Il n’y a donc pas satisfaction à la demande. Les rares fois que l’on verse le petit lait acidulé, on le fait respectueusement dans une mare où il sera bu par les animaux. Le lait est non seulement aliment complet mais il est sacré.

En conséquence, en diminuant numériquement et quotidienne l’effectif du cheptel national, le vol ne permettra jamais l’atteinte des objectifs du Millenium en produits laitiers et carnés.  A côté des 40 milliards de francs que le Sénégal paie chaque année en produits laitiers et environ des 30 milliards en moutons de Tabaski à des éleveurs des pays limitrophes, la tendance ne sera inversée que si le vol est éradiqué et cela est possible avec le gouvernent du  président Macky Sall, a fait noter, Samba Kâ.

Pour Souleymane Diouf, chef du service régional de l’élevage de Kaolack, si chaque famille au Sénégal élevait un mouton par an, les difficultés connues pendant les fêtes de tabaski disparaitront. Mais, malheureusement, souligne-t-il, les voleurs de bétail empêchent toutes ces projections.

M. Cisse


EN NET RECUL À ZIGUINCHOR
Vol betail 5A Ziguinchor, on n’enregistre plus de vols de troupeau de bétail en masse, traversant les frontières du Sénégal. Avec l’accalmie, corrélative à la dynamique de paix qu’on est en train de vivre dans la région, les producteurs ont repris courage pour s’adonner à l’élevage.

Selon le chef du service régional de l’Elevage, Dr. Baba Kamara, le vol de bétail a toujours existé ici, comme partout ailleurs dans le pays. Mais, avec la crise trentenaire qui y a sévi, le phénomène s’est accentué, faisant de la région méridionale le terreau fertile des bandits. Ces derniers qui n’opéraient uniquement que la nuit et sans arme, avaient fini par introduire le vol à main armée, parfois même en plein jour et souvent, avec mort d’homme (propriétaire ou berger du bétail). Cela avait découragé les producteurs à faire de l’élevage. Car, après le passage des voleurs, ils se retrouvaient sans bétail. Sinon, il ne leur restait que quelques têtes. Finalement, ils n’étaient plus enclins à élever des animaux. Avec l’accalmie qu’on observe maintenant, ils ont de plus en plus le courage de se livrer à leur activité de façon passionnée.

En fait, l’enlèvement de grands troupeaux qu’on avait l’habitude de voir, jusqu’à un passé assez récent, a disparu. Les vols massifs de bétail à main armée ont aussi baissé considérablement. Mais, on rencontre des cas isolés de vols, dans certaines localités, de même que des vols simples par-ci par-là et quelques rares vols internes, dans les familles et entre les éleveurs. Dr. Baba Kamara a estimé qu’il est impossible d’enrayer le vol de bétail à 100 % au Sénégal. « Ce qu’il faut faire, dit-il, c’est de réduire à sa plus faible expression, en rendant les sanctions pénales plus sévères ». Il n’a pas manqué de faire remarquer que Ziguinchor – pour ne pas dire l’ensemble de la Casamance naturelle – est  une des régions les plus riches en potentialités agrosylvopatorales où, l’élevage pouvait se développer le mieux.

Moussa SADIO


AMINATA MBENGUE NDIAYE, MINISTRE DE L’ELEVAGE: « DES ASSISTANTS DE SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ SERONT MIS À LA DISPOSITION DU MINISTÈRE DE L’ÉLEVAGE »
Aminata Mb Ndiaye ElevageEn ouvrant, en début 2013 à Koungkou Dian sérère, dans le département de Kaolack, la campagne de vaccination du bétail, le président de la République voulait donner un signal fort de sa politique d’élevage en général, mais également des actions de sauvegarde du cheptel. Cependant, il avait beaucoup insisté sur la lutte contre le vol du bétail et depuis, le département de l’Elevage que dirige Madame Aminata Mbengue Ndiaye, s’est inscrit dans cette dynamique, faisant de cette question une priorité.

Dans un entretien qu’elle nous a accordé, Aminata Mbengue Ndiaye qui a annoncé l’affectation de volontaires de la sécurité de proximité dans son département, est revenue sur les grands axes de son ministère qui, sur la question du vol du bétail, est allé jusqu’à créer une cellule de lutte dont la principale mission est de coordonner et d’impulser toutes les actions allant dans le sens d’une lutte efficace et concertée contre ce phénomène.

Le Sénégal, selon le ministre, vient d’avoir son plan « Sénégal émergeant » qui a été accepté  par les partenaires au développent. Mais avant, a-t-il ajouté, il a été apprécié et approprié par les Sénégalais. Ce qu’il faudrait, selon elle, c’est un réarmement moral du personnel et des acteurs du secteur. Une manière de montrer à nos partenaires que c’est sur cette base que le président de la République a pris l’initiative de faire de l’agriculture et de l’élevage les moteurs de l’énergie et du développement du pays. Aussi déclare Mme Aminata Mbengue Ndiaye, « il faudrait, par conséquent, que nous qui sommes dans ce secteur, que nous puissions jouer pleinement notre rôle ».

Et pour ce qui est du vol du bétail qui occupe une place centrale dans ce schéma, « nous avons penché sur la réglementation parce qu’il y avait des textes qui existaient déjà. Nous avons essayé, dans ce sens, de voir quelles étaient les faiblesses de ces textes et qu’est-ce qu’il faut faire dans la filière bétail/viande pour que ce problème puisse être résolus », explique le ministre. En plus des sanctions prise, nous sommes en train de voir quelles sont les lois, les décrets, les arrêtés à prendre pour que ce secteur puisse être mieux surveillé, mieux contrôlé, a souligné cette dernière, selon qui, son département a, par ailleurs et dans ses stratégies, proposé le renforcement et la création  de brigades de lutte contre le vol de bétail dans tous les villages et quartiers du Sénégal. « C’est seulement à ce prix, souligne-t-elle, que nous pourrons juguler le mal ». Des autorités administratives nous ont appris que dans leur département, ils ont les numéros de téléphone de tous les chefs de village, a dit Mme Ndiaye qui trouve cela très important pour faire l’alerte précoce. Le ministre déclare avoir pris en compte cet exemple qui sera intégré dans le plan stratégique de son ministère. D’ailleurs, des missions d’information et de sensibilisation travailleront dans ce sens dans toutes les régions où sévit le mal, a dit Mme Ndiaye. « Nous allons y associer les radios, les journalistes, les communicateurs traditionnels, les Imams qui vont d’ailleurs bénéficier de programme de renforcement de capacités afin de mieux, non seulement les réarmer, mais les impliquer davantage ».

Il y a eu, en outre, la création, au ministère, de la cellule de lutte contre le vol du bétail que le département de l’élevage partage avec d’autres départements ministériels. Et dans cette structure, la gendarmerie est largement représentée, le ministère des Forces armées, le ministère de l’Intérieur et l’Agence de la sécurité de proximité. Lorsque le président de la République a parlé de cette agence, il faisait allusion, principalement, au vol de bétail, a dit le ministre. « Nous travaillons déjà avec le directeur de l’agence et dans les jours à venir, nous allons, bientôt le recevoir avec les volontaires qu’il a mis à la disposition  du ministère de l’Elevage, pour la lutte contre le vol de bétail.

Mamadou CISSE

DES INITIATIVES LOCALES POUR FREINER LA RECRUDESCENCE À TAMBACOUNDA
Aminata Mb Ndiaye Elevage 2Le vol de bétail transfrontalier et l’action néfaste des transhumants, avaient fini de menacer ce secteur névralgique de l’économie  de la région de Tambacounda. Mais, depuis 2002, des initiatives hardies comme la mise en place des comités villageoises de défense et la création d’une commission technique mixte et paritaire entre le Sénégal et le Mali, ont permis d’améliorer, notablement, la sécurité à la frontière. Aussi, la gestion des ressources naturelles et l’accès aux services sociaux de base aura beaucoup contribué à faire reculer ce mal. Il y a également eu l’appel à la mobilisation de tous lancé par le président de la République qui a eu beaucoup d’effet.

Les départements de Tambacounda et de Koumpentoum détiennent près de 60% du cheptel de la région, contre 39% pour Bakel et Goudiry. La région compte 723.300 bovins, 1.231.320 ovins, en plus de 1.124.800 caprins, 21.500 équins et 40.570 ânes. Pour le chef de service régional de l’Elevage de Tambacounda, Mame Birane Bodian, presque tous les jours,  des plaintes atterrissaient dans  son bureau faisant cas de vol de bétail. Mais les nombreuses séances de sensibilisation qui ont permis la mise en place  de comités de vigilance dans les villages, ont fait diminuer le phénomène. Aussi, la sortie du chef de l’Etat sur la question a apeuré les voleurs qui ont eu la conscience que désormais, le vol sera sévèrement puni. Et Mame Birane Bodian insiste sur la nécessite de spécialiser les structures de lutte contre le vol de bétail.

Quant à Demba Sow, le responsable du  foirail de gros ruminants, il a salué les efforts des différents acteurs, autorités administratives et éleveurs dans leur recherche de l’autosuffisance  en viande, en lait et en moutons de tabaski. Mais, à son avis, le vol de bétail risque de compromettre cette dynamique bien enclenchée dans la région.

C’est la raison pour laquelle des démarches ont été effectuées auprès des autorités administratives pour parler de ce phénomène récurrent qui hante le sommeil, a souligné Bemba Keita. L’appel du chef de l’Etat a mis du baume sur le cœur des éleveurs, « ce qui signifie que le phénomène que nous avons toujours décrié peut trouver une solution », indiquent Issa Coulibaly de Kandery et Ousmane Diallo de Sarre Issa. Ils souhaitent, cependant, le renforcement des comités de vigilance dans les villages et localités et au niveau des points de passage, des routes et autres axes de contournement. Lama Bâ, responsable régional des brigades de surveillance, invite au respect de la loi et de la dignité humaine.  Les recommandations faites par le président de la République invitant les éleveurs à prendre à bras le corps cette difficulté sont à saluer, selon Amadou Diallo, le président de la maison régionale des éleveurs. Il a insisté sur les instructions fermes données par le chef de l’Etat lors du lacement de la campagne de vaccinations pour la sécurisation du bétail et au cours de la rencontre au Ranch de Dolly.

La région de Tamba connaît également des problèmes de transhumance avec ces éleveurs venus du Nord du Sénégal qui, selon Amadou Agne, sont à la base de la disparition de beaucoup de petits ruminants.

Pape Demba Sidibe


SAMBA KA, VETERINAIRE, PRESIDENT DU CRCR DE KAOLACK: « IL FAUT ENVISAGER D’ENVOYER CERTAINS VOLEURS DEVANT LA COUR D’ASSISES »
Samba Ka betail« Le cheptel du pays est un bien national, commun à tous. Il  crée une plus-value et occupe une place importante dans le produit intérieur brut. A ce titre, l’Etat doit soumettre à l’Assemblée nationale un projet de loi qui protège ce cheptel qui appartiendra dorénavant à tout le peuple en corsant les peines ».

En effet, selon Samba Kâ, les voleurs, receleurs et intermédiaires sont organisés en une mafia. Ils sont spécialisés par espèces et agissent selon des catégories dont les unes s’occupent de restitution du bétail, mais sans dénoncer les voleurs, soutient-il, avant d’ajouter que si certaines assurent le transport, d’autres se chargent de l’acheminement des viandes foraines.

Selon lui, il faudra donc que l’Etat crée une agence nationale de lutte contre le vol du bétail qui fera des propositions concrètes dont le recensement par  collectivité ou zone de tous les voleurs, intermédiaires et receleurs connus des populations ou des services de l’ordre.

Il faudra, aussi, mettre à contribution les services de téléphonie pour mieux suivre leurs activités et sévir avec toute la rigueur possible  contre les délinquants qui seront mis à nu à travers les médias et leur  peine communiquée partout où besoin sera. Pour M. Kâ, il faudra également recenser tous  les couloirs de  passage qui sont empruntés par les voleurs. En effet, les voleurs empruntent toujours les mêmes couloirs parce qu’ils y bénéficient de complicités d’où la nécessité de recenser également, toutes les caches (fourrés, carrière abandonnée, certaines maison des grandes villes), mais aussi, réglementer le mouvement du bétail, notamment le transport par camion en créant un corps de contrôleurs  du mouvement  du bétail (Cmb) qui opérera à côté des services de l’ordre. Il s’agira de recruter des fils d’éleveur sachant lire et écrire, qui descendront à l’intérieur des camions pour contrôler les laissez-passer qui devront comporter plusieurs volets (1 volet/animal) portant le signalement de chaque tête, trouve-t-il.

L’interdiction systématiquement des abattages clandestins devrait également être de mise, mais surtout réprimer fortement, la circulation des viandes foraines. Il s’agira également, selon le président du Crcr de Kaolack, de créer les conditions d’un accès assez facile au crédit avec un taux d’intérêt de 3 % environ, pour une durée d’une année au moins en s’assurant au préalable, d’un remboursement complet.

« Nous pensons que l’indentification reste une priorité », a-t-il dit avant de proposer le marquage au fer chaud en bas de cuisse. « Ma seule préoccupation, est de servir de passerelle entre les populations qui ont dos au mur et l’Etat garant de la protection des personnes et  des biens. Le peuple sénégalais, très affecté par ce fléau, sait pouvoir compter sur le président Macky Sall, porteur de son espoir », soutient-il, enfin.

Mamadou CISSE


DOCTEUR ABA LEYE SALL, COORDONNATRICE DE LA CELLULE DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BÉTAIL: « NOTRE PLAN DE LUTTE PEUT VENIR À BOUT DU VOL DU BÉTAIL »
Abba Leye Sall betailStructure directement rattachée au cabinet du ministre de l’élevage, la cellule de lutte contre le vol de bétail est une institution phare mise en place dans un contexte où ce phénomène a atteint, dans toutes les régions du Sénégal, des proportions pour le moins inquiétantes. Selon sa  coordonnatrice, Docteur Aba Leye Sall, la création de cellule entre dans les nouvelles stratégies imaginées par l’Etat du Sénégal pour prendre à bras le corps, la lutte contre ce fléau.

Sa mission demeure, pour autant, le développement des réformes et des politiques qui vont gérer les questions liées au vol de bétail, a fait noter, Madame Sall selon qui, le vol de bétail est devenu un fléau qui s’attaque aux couches les plus vulnérables de notre société.

« Les voleurs, en général, s’attaquent aux petits ruminants, bien que le gros bétail n’est pas épargné. Mais, le gros de la troupe qui n’échappe nullement à la trappe et qui est le plus visé, est constitué, surtout, de petits ruminants, moutons, chèvres et autres qui paient le plus lourd tribut », a-t-elle fait savoir.

Voilà autant de raisons qui justifient la mise en place de cet instrument de réflexion et d’action qu’est la cellule qui doit, dans cette dynamique, jouer un rôle primordial, selon sa coordonnatrice.

D’ailleurs pour beaucoup, mais surtout pour les éleveurs et autres agropasteurs qui sont les principales victimes, la cellule de lutte contre le vol de bétail est venue à son  heure et peut constituer un élément déterminant dans cette volonté de l’élimination du fléau. Car, déclare Docteur Aba Lèye Sall, les voleurs se sont, aujourd’hui, constitués en réseau, de pisteurs, de receleurs, d’abatteurs clandestins entre autres intermédiaires, une véritable force, disposant de tout un arsenal qui leur permet de déjouer les stratégies les plus affutées.

Ainsi, dans le cadre de la cellule, la réflexion qui a été menée a permis de se rendre compte que la non identification du bétail, constitue un facteur favorisant ainsi que l’absence de textes réglementaires qui régissent l’organisation de la filière bétail-viande. Il y a aussi l’absence de statistiques fiables sur notre cheptel national, mais surtout, la légèreté des peines infligées aux voleurs de bétail. 
Pour la coordonnatrice de la cellule de lutte contre le vol de bétail, la question des statistiques fiables a déjà été prise en compte avec le recensement de la population qui avait un volet élevage.

Pour ce qui est de l’identification du cheptel, la cellule est en train de se concerter pour voir la méthode appropriée et consensuel afin de l’adopter au niveau national, a-t-elle souligné.

Toujours dans la recherche de solutions à apporter, les acteurs de la réflexion se sont rendus compte que la légèreté des peines, constituait un facteur favorisant le vol du bétail et qu’il fallait, d’ors et déjà, penser à leur alourdissement. Dans ce cadre, des propositions de loi ont été faites pour leur insertion dans le code pénal et le code de procédure pénal en cour de révision, a dit Madame Sall qui ajoute que dans ces propositions de loi, il y a l’augmentation des peines de 5 à 10 ans pour les voleurs. Et ce sont ces mêmes peines qui doivent être appliquées aux receleurs et aux pisteurs. Ces derniers sont des complices qui demandent de l’argent aux victimes pour retrouver des troupeaux volés, a fait noter Aba Leye Sall.

Elle a, cependant, insisté sur l’adhésion des populations à l’identification du bétail et à leur bonne compréhension de l’assurance du bétail.  La sécurisation du cheptel en dépend, souligne-t-elle avant de plaider pour les méthodes intensives d’élevage, les quelles méthodes, participent à la sécurisation du cheptel.

La cellule, toujours selon son responsable, trouve que la contribution de la population pourrait, par conséquent, porter sur l’amélioration de l’habitat du cheptel, mais également l’augmentation sensible des heures de gardiennage.

M. CISSE


BÊTES VOLÉES ET RETROUVÉES: LES GENDARMES DE KAOLACK ET TAMBACOUNDA SUR LA BRÈCHE
Vol betail 6Un des maillons centraux du programme de lutte contre le vol de bétail, la gendarmerie nationale, consciente de l’ampleur pris par le phénomène, est, aujourd’hui, un exemple à citer en termes de résultats.

La compagnie de Kaolack qui regroupe l’ensemble des brigades des régions de Kaolack et Kaffrine, est constamment sur la brèche comme nous l’a souligné, le commandant de cette compagnie, le capitaine Malick Faye. « La mission de la gendarmerie est d’œuvrer pour la protection des personnes et de leurs biens. Et comme le bétail fait partie des biens, nous faisons de notre mieux pour marquer notre présence sur le terrain de la lutte contre le vol du bétail qui a pris de l’ampleur et qui est difficile à combattre », a-t-il soutenu.

Pourtant, en termes de résultats, les statistiques parlent d’eux-mêmes. En effet, du 1e janvier au 20 décembre 2013, 119 cas de vol de bétail ont été signalés au niveau de la compagnie de Kaolack pour 601 bêtes volées. De ce nombre, 431 bêtes ont été retrouvées et 165 personnes arrêtées. Ces opérations concernes les brigades de Kaolack avec 23 cas de vol déclarés, Guinguénéo, 17 cas, Nioro 24 cas, Kaffrine 21 cas, Koungheul 18 cas et Birkelane 16 cas.

Mais le capitaine Faye de souligner que ces chiffres concernent uniquement les déclarations de vol enregistrées au niveau de la gendarmerie et qui, certainement, ne tiennent pas compte des cas recensés dans d’autres structures comme la police en ce qui concerne le milieu urbain etc.

Il faut dire que le nombre de bêtes retrouvées par rapport au nombre d’animaux volés, atteste de l’engagement des gendarmes à faire face délinquants organisés en véritable réseau, selon le commandant de la compagnie. « Comme écouler un animal volé n’est pas facile, souligne, le capitaine Faye, le ou les voleurs s’attachent les services d’un complice qui vient proposer à la victime de lui retrouver ses bêtes volées moyennant une certaine somme d’argent ». Dans ce cadre, la gendarmerie peut parvenir à remonter jusqu’aux voleurs en procédant à l’arrestation des maîtres-chanteurs qui, toujours prennent le soin de mettre en garde les victimes en les menaçant de représailles en cas de dénonciation.

Pour le capitaine Malick Faye, c’est là où réside toute la difficulté, certaines victimes refusant de coopérer avec les gendarmes. Cependant, il y en a qui sont très courageux et qui n’hésitent pas à balancer les maîtres-chanteurs.  Cumulativement à ces actions, la compagnie de gendarmerie de Kaolack a multiplié ses opérations de prévention en descendant, nuitamment au niveau de certaines communautés rurales, particulièrement celle de Latmingué qui est le point noir du vol du bétail. Selon le commandant de cette compagnie, les gendarmes ont opté pour le déplacement en charrettes, à la place des véhicules qui font trop de bruits, en tout cas suffisamment assez pour faire capoter les plans. Par le biais des présidents de conseil rural, les populations mettent à notre disposition des charrettes, ce qui nous a permis de mettre la main sur des suspects, mais également des détenteurs de chanvre indien, ou d’armes blanches etc., a indiqué M. Faye qui envisage d’étendre l’expérience des charrettes à toutes les brigades de la compagnie.

Les mêmes efforts fournis à Kaolack, sont à signaler au niveau de Tambacounda où la compagnie de gendarmerie a, également réalisé de bon résultats en termes de lutte contre le vol du bétail.

Selon le capitaine, Abdourahmane Pam, commandant de la compagnie, les patrouilles-éclairs et simultanées, la surveillance des points de vente, le tout associé à l’implication des différents acteurs, sont privilégiées dans le cadre de la lutte. Les résultats ne se sont pas fait attendre avec 57 bêtes volées qui viennent d’être retrouvées et remis à leurs propriétaires.

Dernièrement, la gendarmerie de Tamba a restitué à leurs propriétaires 2.328 bêtes sur les 4.924 volées. Pour le commandant Pam, c’est là, la résultante de la volonté affichée par les autorités qui est en train de prendre forme, avec la multiplication des initiatives et des décisions hardies pour traquer les malveillants. Le combat contre le vol du bétail, Tambacounda la porte au-delà des limites de la région. « Dans nos intervention, nous mettons à contribution les populations que l’on place au cœur du dispositif, ce qui nous permet d’engranger des résultats tangibles », a souligné le capitaine Pam.  Pour preuve, le mois dernier, 29 bêtes récupérées en Mauritanie, ont été remises à la brigade de gendarmerie de Bakel. 22 autres volées dans le Goudiry, ont été retrouvées par celle de Kounkané  remises aux autorités.

Pape Demba SIDIBE
et Mamadou CISSE
SOURCE: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=37657:le-vol-de-betail-un-fleau-qui-tue-lelevage-a-petit-feu&catid=78:a-la-une&Itemid=255
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